La FNEGE vient de présenter les résultats de sa dernière étude, intitulée « Les institutions d’enseignement supérieur de gestion et leur corps professoral » (60 €ttc). Alors que le recrutement, l’évaluation et la gestion de carrière des enseignants-chercheurs font partie des sujets les plus sensibles du débat français qui accompagne le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche, cette étude avance des pistes de réflexion utiles à l’action pour l’ensemble des acteurs du secteur.
Un sujet d’actualité, dans une période placée sous le signe du changement Selon les auteurs de cette étude, Jacques Thevenot, Professeur à ICN Business School et Anne-Laure Boncori, Professeur assistant à INSEEC Business School, la bonne gestion de la relation entre les institutions d’enseignement supérieur et le corps enseignant s’avère un facteur clé pour le bon fonctionnement des établissements et un climat social favorable. Face aux enjeux actuels (tensions institutionnelles liées à la recherche de la taille critique, la course à l’excellence et à l’internationalisation, le contexte très concurrentiel), cette relation doit évoluer différemment. Mais dans quel sens ? L’objectif de l’étude de la FNEGE est deproposer une grille de lecture ouverte à la communauté, de lancer une interrogation collectivepermettant aux établissements, à leurs parties prenantes, aux responsables, à leurs réseaux, de mieux prendre en compte les enjeux et les opportunités à saisir et, ainsi, de « retrouver du sens » et sortir de la crise.
L’étude s’articule autour de trois points essentiels :
1. une comparaison internationale des modèles de la relation institutions d’enseignement supérieur de gestion-corps professoral qui montre qu’en la matière il n’existe pas de « one best way » mais des traditions différentes ;
2. un retour sur les raisons historiques qui expliquent notre modèle actuel, dans lequel l’ADN des établissements joue un rôle fondamental ;
3. la formulation de pistes pour une sortie de crise qui passe par une réflexion sur le positionnement des établissements et par l’alignement de leur stratégie en interne en prenant en compte les mutations et attentes de l’environnement.
Pour évoluer dans le bon sens, chaque acteur doit prendre en compte « trois facteurs dont la portée est stratégique pour l’avenir de tout établissement d’enseignement supérieur en gestion » : la qualité, l’implication et la fidélisation du corps professoral ; l’ancrage dans le territoire (local, régional, national, international) ; l’insertion dans des réseaux nationaux et internationaux. Les décisions que chaque responsable d’établissement pourra prendre, les normes que chaque acteur de l’évaluation pourra concevoir, devraient ainsi combiner, de manière cohérente et différenciée selon les établissements et leurs caractéristiques, enseignement, recherche et impact sur le territoire et ses acteurs, concluent les auteurs.
Des pistes de réflexion et des propositions concrètes
Plusieurs pistes de réflexion et d’action peuvent s’offrir à chaque responsable d’établissement, et ce, selon les caractéristiques du modèle dans lequel s’inscrivent l’établissement et sa stratégie :
Ø redéfinir leur stratégie et leur positionnement en réalisant des choix conformes à leurs moyens et à leurs objectifs ;
Ø mettre en question leur propre mode d’évaluation et envisager des modalités de différenciation entre les écoles ;
Ø revenir, avec l’ensemble des parties prenantes des établissements, à une vision réaliste tant pour les différents projets d’orientation des jeunes que pour offrir aux employeurs bien plus qu’un modèle unique ;
Ø contribuer à l’évolution des critères d’évaluation des institutions d’enseignement supérieur en gestion pour une plus grande transparence, lisibilité et pertinence des classements.
Suite à la réflexion sur le métier d’enseignant-chercheur et ses missions, les auteurs de l’étude de la FNEGE proposent des mesures concrètes. Citons-en quelques-unes :
Ø Revaloriser l’image de l’enseignant-chercheur auprès des candidats potentiels (étudiants en Master), auprès des divers publics (entreprises, étudiants, médias) et encourager les études en doctorat pour développer le vivier.
Ø Renforcer les compétences des enseignants-chercheurs dans d’autres domaines : pédagogie, formation à l’entreprise (stage d’immersion), aux NTIC, des séjours à l’étranger, etc.
Ø Créer des conditions de travail favorables à l’efficacité en pédagogie et en recherche, en passant par une aide logistique renforcée en faveur de l’innovation et de l’ouverture du corps professoral à l’international.
Ø Créer les meilleures conditions pour que le climat social soit favorable : accueil et intégration des nouveaux enseignants, communication interne, participation à la décision, etc.
Ø Modifier et rendre transparentes les règles d’évaluation de l’enseignant–chercheur pour reconnaitre et valoriser ses compétences et ses activités.
Les auteurs ont également porté une réflexion sur les caractéristiques et le mode de fonctionnement des institutions, sur l’environnement des établissements d’enseignement supérieur en gestion en matière de systèmes d’évaluation et de certification, ainsi que sur l’organisation du secteur. Par exemple, à la question « faut-il réguler les mouvements de recrutement des enseignants-chercheurs au sein du secteur ? », l’étude révèle que l’adoption de mécanismes de marché (du type « mercato ») ne serait pas adapté au système français et qu’une autre piste serait de mettre en place des règles de déontologie et une éthique de recrutement des professeurs, dans un souci de transparence de l’information.
Du point de vue méthodologique, souligne Jacques Thevenot, « cette étude se fonde sur la compilation de nombreuses études et documents existants, sur le travail de réflexion réalisé par un groupe de responsables d’établissements et les échanges issus de la réunion des directeurs (…), sur une analyse comparative de cette relation avec le corps professoral entre les systèmes français, allemand et
québécois, ainsi que sur de nombreux entretiens individuels. »
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