Pour sa 18e édition le Prix d’histoire François Bourdon, dans son titre entier “prix d’histoire de l’Académie François Bourdon-Le Creusot et de la Fondation Arts et Métiers : « François Bourdon, Techniques, entreprises et société industrielle »”, doté d’une somme de 1 500 €, a été attribué à Pierre Judet pour son mémoire inédit de HDR, Faire de l’histoire économique et sociale territorialisée. Apogée et éclatement de la nébuleuse métallurgique alpine (Savoie-Dauphiné, XIXe siècle), Université Lumière Lyon 2.
Cette année, les membres du jury ont également décidé d’attribuer une Mention spéciale à Audrey Millet pour sa thèse, Les dessinateurs de fabrique en France (1750-1860), Université Paris 8 et Université de Neuchâtel. Le jury avait récompensé l’année passée trois candidats.
Les membres du jury se félicitent de la diversité des écrits reçus pour cette 18e édition qui permet au Prix d’histoire François Bourdon de s’ancrer plus fortement encore dans l’ensemble des domaines de l’histoire industrielle et des entreprises et plus généralement de la société industrielle.
Comme le veut le principe du prix, le seizième jury était composé d’industriels et d’universitaires. Participaient à ce jury mesdames Claudine Cartier, Conservateur général honoraire du patrimoine, Anne Dalmasso, professeure d’histoire à l’Université de Grenoble-Alpes ; Dominique Varinois, IA-IPR, rectorat de Bordeaux; Gérard Chrysostome, ingénieur centralien ; Nicolas Coupain, Directeur du patrimoine chez Solvay, Jean-Claude Daumas, professeur émérite à l’Université de Franche-Comté ; François Labadens, ancien secrétaire général d’USINOR ; Philippe Mioche, professeur d’histoire émérite à Aix-Marseille Université ; Pascal Raggi, maitre de conférences en histoire à l’Université de Lorraine ; Serge Wolikow, professeur d’histoire émérite à l’Université de Bourgogne.
Les gagnants du Prix d’histoire François Bourdon
Pierre Judet, Faire de l’histoire économique et sociale territorialisée. Apogée et éclatement de la nébuleuse métallurgique alpine (Savoie-Dauphiné, XIXe siècle), Université Lumière Lyon 2 : Désignée depuis le 19e siècle comme une alternative à la Révolution industrielle anglaise puis au Fordisme, l’approche localisée des faits économiques permet d’enrichir la connaissance des sociétés à l’heure de la globalisation. Le terrain montagnard qui majore l’importance du local offre un bon terrain pour construire une méthode de travail. Etendue de Grenoble-Rives à Annecy, la nébuleuse métallurgique alpine constitue un territoire industriel transfrontalier qui connaît son apogée vers 1850 et qui éclate ensuite en raison des transformations de l’économie globale. Ses composantes connaissent des évolutions diverses en fonction de leur structuration sociale : désindustrialisation sèche (Maurienne), reconversion vers l’entreprise moderne (Forges de Cran), spécialisation agricole (Bauges). Ce travail s’efforce de montrer la cohérence de ce territoire jusque vers 1850 et d’évaluer les capacités de reconversion de ses sous-ensembles par une démarche à plusieurs échelles du local au global.
Audrey Millet, Les dessinateurs de fabrique en France (1750-1860), Université Paris 8 et Université de Neuchâtel : La première industrialisation, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, s’est appuyée sur ce que l’historiographie récente appelle « la révolution des consommateurs » : une consommation et une circulation accrue de tous les objets du quotidien, ces « choses banales » (selon le terme de Daniel Roche). La course à la novation pour séduire la clientèle devient un enjeu majeur pour les manufacturiers. Le dessinateur occupe une place essentielle dans cette compétition, puisque la première phase du processus de production, avant celle de la fabrication et de la commercialisation, est celle de la création, du design du produit. À partir d’une base de données de 4 000 dessinateurs, nous avons reconstitué le parcours, la formation en situation ou en apprentissage, le statut dans l’entreprise, le degré des mobilités et des circulations de savoir-faire.