Modifié le 30 mai 2014.
63% des entrepreneurs interrogés par Valexcel, ne ressentent pas la crise actuelle comme une menace*
Le jeudi 2 février a eu lieu le colloque organisé par le cabinet de conseil Valexcel,
autour du thème « L’entrepreneur et la peur ». Cet événement a accueilli près de 200 entrepreneurs et a permis d’ouvrir la réflexion sur ce que sont les réalités de l’entrepreneuriat français
aujourd’hui. A cette occasion, une enquête a été réalisée auprès des entrepreneurs. Ses enseignements vont à l’encontre de certaines idées reçues : si les peurs font légitimement partie de
l’environnement de l’entrepreneur, la crise n’est en revanche pas perçue comme un évènement négatif. De quoi insuffler un vent d’optimisme pour l’ensemble des agents économiques
français…
Les retours d’expérience | La peur vue par les dirigeants
Pour Olivier Menu, associé fondateur de Valexcel et initiateur du colloque, les peurs du
dirigeant d’entreprise existent indépendamment d’un contexte économique donné. « On peut s’apercevoir que le chef d’entreprise rencontre ses propres peurs, structurelles, lors du lancement ou
même de la transmission de son entreprise. Cette démarche est comparable à un retour sur-soi : beaucoup de questionnements, des doutes et un chemin vers quelque chose d’inconnu, donc d’anxiogène
».
Lors du colloque, Elodie Brasile, jeune créatrice de l’agence de communication
Freetouch, a fait part de ses peurs très pratiques, mais constructives. « J’ai rencontré la peur à plusieurs étapes de la vie de mon entreprises, à l’occasion d’un contrôle fiscal ou de
levées de fonds périlleuses. Jusqu’à présent, je l’ai toujours partagée avec mon équipe de travail pour puiser les ressources nécessaires et rebondir. A chaque fois, la peur s’est révélée comme
un tremplin pour réinventer le modèle de l’entreprise et avancer ! »
Christophe Caupenne, ex-Commandant chef de groupe Négociation au Raid, a défini la peur
de l’entrepreneur dans ces composantes physiologiques, la comparant aux ressorts à l’œuvre lors des interventions de ses équipes sur des théâtres d’opérations. « La peur doit aider à
identifier les sources de risque, explique-t-il. Et elle ne peut être dépassée que par le collectif. C’est alors qu’elle devient un levier pour mener à bien une mission (ou un projet
entrepreneurial) ».
Corinne Pichard, dirigeante de SSIRCA, dont l’activité est fondée sur la gestion
des problématiques humaines dans l’environnement professionnel, affirme que « les peurs reflètent la vision du monde de
chacun et révèlent en creux leurs propres envies. Le rôle du dirigeant consiste dès lors à co-construire un projet entre des individus dont les peurs reflètent des visions et des envies
différentes, à accompagner les collaborateurs dans leurs propres peurs et de ne leur transmettre que la peur « utile », celle où ils disposent d’une réelle marge de manœuvre
».
De son côté, Vincent Gruau le Président de Majencia a livré une réflexion
iconoclaste : « il n’y a pas de place pour la peur chez l’entrepreneur » estime t-il. « Dès lors que
le chef d’entreprise commence à ressentir la peur dans son expression la plus physique, par le blocage de la réflexion, de la décision et de la mise en action, c’est qu’il doit passer la main. Ma
pire crainte est finalement de ne pas déceler ce signal, ce moment clé! ».
Cette approche du rapport à la peur est en partie partagée par, Pierre Moret
dirigeant de Verand’Art, qui a décidé de reprendre l’entreprise à un moment où tout son entourage le lui déconseillait vivement. « Là où mes proches décelaient un risque, je percevais, moi, une opportunité ». Pierre Moret reconnaît percevoir encore la peur à certains moments chez ses salariés. Lui n’a pas
particulièrement peur pour son entreprise au regard du contexte économique. « Mon unique peur est relative à l’humain, à
l’intégrité physique des mes équipes sur les chantiers. Mon rôle de dirigeant est de protéger mes salariés pour qu’ils rentrent entiers chaque soir ».
Le Chiffre | 63%*
Pour 63% des entrepreneurs
interrogés, la crise actuelle n’est pas ressentie comme une menace. Ils sont même 53% à considérer que la crise constitue une réelle
opportunité.
Si les entrepreneurs ne se sentent pas particulièrement exposés à l’angoisse eux-mêmes
(54% d’entre eux disent ne pas avoir été sujet à l’angoisse dans
le cadre professionnel, au cours de ces derniers mois), ils ont en revanche conscience de l’environnement anxiogène actuel. En effet, une très large majorité (74%) observe régulièrement des manifestations de peur autour d’eux, dans leur environnement professionnel.
* Enquête qualitative réalisée par Valexcel du 23/01/2012 au 02/02/2012 dans le cadre du colloque « L’entrepreneur et la
peur », auprès de 69 entrepreneurs.