n°273-274 « Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

Modifié le 10 mars 2024.

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« Tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Philippe Naszalyi LaRSG

Ce numéro double du cœur de l’année du cinquantenaire et qui paraît avec retard, est symbolique de ce que notre revue depuis sa création en 1965, a toujours essayé de faire : Produire une recherche et non pas des publications.

C’est une lourde de tâche que de « tenir toujours fortement comme les deux bouts de la chaîne quoiqu’on ne voit pas toujours par où l’enchaînement se continue » pour reprendre la formule célèbre de Bossuet[1].

Telle est la tâche de la rédaction, et notamment de sa rédactrice en chef qui, après trois ans pleins de travail bénévole, est appelée à nous quitter, pour de nouvelles fonctions au sein de son université[2]. Remercions Aude d’Andria qui a bâti les numéros de cette année 2015 qui s’égrène devant nous.

Mais que sont donc ces « deux bouts de la chaîne » ?

La réponse est simple et masque le travail à accomplir. En cette année du cinquantenaire, la revue a souhaité démontrer qu’elle est toujours, la première revue francophone de management.

De par la date de sa création, elle l’est par l’âge. Mais ce n’est pas seulement par l’ancienneté qu’elle entend le rester.

Lorsque « le meilleur économiste de France », Raymond Barre, alors Premier ministre, lui a décerné ce titre, c’était parce qu’elle se distinguait de ces consœurs, par une originalité, une liberté de ton et un choix de faire de la gestion une matière vivante en phase avec les évolutions des entreprises – rappelons qu’elle s’appelait alors : direction et gestion des entreprises.

Depuis 1989, je veille à tenir ces « deux bouts de la chaîne » qui en font parfois crisser certains, mais nous maintiennent dans le peloton de tête des revues à l’étranger.

Cette année particulière, la Rédaction a entendu que chacun des numéros qui paraissent à partir du cœur de l’année, celui-ci est donc le premier, comporte à la fois les articles sélectionnés par trois évaluateurs, dont un étranger, et un cahier, issu d’un colloque.

Il ne s’agit pas ici de la publication de colloques comme certains le font, par manque de matières, mais bien d’une volonté de s’inscrire dans la meilleure part de la production vive que donne un lieu où s’expose et se débat la recherche en action, mais avec les filtres que nous imposons à tout article avant sa publication.

Nous avons un peu, présumé de nos forces, car ce long travail d’évaluation, ne permet pas le respect des dates précises de publication. Nous présentons pour cela nos excuses aux auteurs et à vous, lecteurs !

Nous sommes toutefois rassérénés de faire en conscience, un travail qui ne se fait nulle part ailleurs.

En effet, pour assurer la qualité de la production, aux trois évaluateurs, nous ajoutons deux réviseurs. Ils vérifient et contrôlent chacune des références bibliographiques de chaque article.

Nos auteurs publiés le savent bien, lorsqu’ils reçoivent un courriel assez impératif de ma part, pour valider et vérifier les remarques des réviseurs !

La qualité que nous vous devons, ne l’est pas au nom de normes ou de procédés d’évaluation externes, mais bien au nom du respect que l’on doit à celui qui nous fait confiance, qu’il soit auteur ou lecteur.

Nous ne sommes toutefois pas à l’abri de quelques mystifications ou indélicatesses ! Grâce à des lecteurs attentifs, venus de Tunisie, nous venons de faire supprimer de la base de Cairn, deux articles qui avaient considéré des masters d’étudiants, comme pouvant être empruntés partiellement, mais sans citation des auteurs réels.

C’est une chose particulièrement lâche et écœurante que de s’approprier le travail d’autrui, surtout lorsqu’il est en position de dépendance comme l’est un étudiant face à un enseignant. Nous laissons ainsi à de « grands penseurs », Alain M… ou Jacques A….., « conseillers des princes » qui nous gouvernent, le redoutable écueil moral du plagiat !

Ce numéro 273-274 présente donc en troisième partie, un cahier de recherche, fruit d’un colloque. Nous le devons à une collaboration entre un laboratoire universitaire jeune, le Litem, ici sa branche Tem, conduite par Jean-Luc Moriceau et Isabela Paes et un laboratoire privé, Umalis sous la conduite de Julien Billion et de Géraldine Guérillot. Il traite de La déconstruction créatrice du travail : Innovations, opportunités et pièges. Les six articles sélectionnés, émanent de jeunes chercheurs, et sont à bien des égards, décoiffants. Ils apportent une réflexion pluridisciplinaire que nous ne cessons d’appeler de nos vœux pour sortir de la « scolastique » éculée, néo-libérale ou néo-marxiste.

L’on peut même ajouter qu’on y trouve dans ce cahier et chez un jeune auteur, ce qui ne peut que ravir « un amateur de cabinet de curiosités » cette suprême délectation de l’académicien, ou ce plaisir indicible de sentir un fumet raffiné. En un mot, ce goût du travail bien fait qui sait interroger « la racine noble : ἔργον », avec son accentuation grecque, et qui ne réduit sûrement pas à la moderne « ergonomie », ou qui se plonge dans la « racine sombre : tripalium » qui ne peut se résumer à des délices recherchés par les sectateurs du divin marquis !

En un mot, un travail profond et éclairant, encore possible, mais pour si peu de temps, puisque nous n’avons pas encore été complètement inféodés à l’inculture que les programmes qui vont être imposés aux collégiens, nous promettent. En privant, les jeunes « têtes blondes », de ce qui fut l’honneur de l’école de République, on coupe un enracinement classique, réellement démocratisé puisqu’il était offert à toutes et à tous !

Quand on invoque tant ces valeurs, il vaut mieux ne pas en détruire les assises, si l’on veut rester crédible !

Clin d’œil également, car ces articles innovants, se placent à la fin d’un numéro dont le premier dossier, est justement consacré aux normes et mesures. Aucune contradiction dans ce choix, mais l’application des « deux bouts de la chaîne ». Cinq forts articles charpentent cette réflexion où « normes et mesures » valident ou non, la performance dans le cadre multipolaire des économies régionales du monde.

Le lien entre les « deux bouts de la chaîne », que sont le dossier initial et le cahier final, est naturellement constitué par une transition sur l’entreprise. Entreprendre et environnement turbulent est un petit bijou enchâssé. Les trois articles que l’on doit à des auteurs éprouvés, traitent successivement de l’entrepreneuriat dans son concept, de problèmes de finance notamment dans ce qui constitue la base de l’entrepreneuriat que sont les TPE, et « finis coronat opus », assure la transition avec le cahier final, par une remarquable analyse de discours…pour les plans dits de sauvegarde de l’emploi. L’initiative créatrice, les moyens et les hommes pour la mettre en action, c’est bien l’entreprise !

Deux autres cahiers de recherche suivront. Mais d’ores et déjà, nous vous confions ces « deux bouts de la chaîne » !

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[1] Jacques Bénigne Bossuet, « du Libre arbitre », chapitre IV, Paris 1677.

[2] Aude d’Andria a été nommée « chargée de mission entrepreneuriat » à l’Université d’Evry-val d’Essonne et notamment dans le cadre de l’entrée de cette université dans l’Université Paris-Saclay.

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