Modifié le 21 novembre 2016.
Journée de recherche interdisciplinaire de l’IUT de Sceaux
L’obsolescence et ses déclinaisons : quels regards sur le progrès ?
Lundi 19 juin 2017
« Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes ».
Günter Anders, L’obsolescence de l’homme : sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, 1956, éd. française 2011.
L’IUT de Sceaux organise chaque année une journée de recherche interdisciplinaire autour d’un thème fédérateur. L’objectif d’une telle journée est de permettre à des chercheurs de partager leur manière d’appréhender un concept avec leurs homologues, issus de disciplines sans lien apparent avec la leur. L’expérience montre que ce type de croisement disciplinaire est généralement très fécond et permet d’engager des échanges très stimulants.
L’appartenance disciplinaire n’a pas d’importance ; elle peut relever aussi bien des sciences formelles (chimie, informatique, mathématiques, physique, etc.) ou de la nature (agronomie, biologie, géologie, etc.) que des sciences humaines et sociales (économie, gestion, histoire, etc.). La finalité d’une telle journée est d’ouvrir de nouveaux champs de réflexion pour chacun et de décloisonner les approches méthodologiques et les disciplines scientifiques. L’objectif est de nous donner à penser autrement et différemment nos propres champs de recherche. Tel un laboratoire d’idées, ce moment partagé doit permettre de faire émerger une pluralité de définitions établies, de défricher ensemble de nouveaux possibles, d’interroger nos certitudes et d’élaborer des pistes nouvelles de réflexion. Toutes les contributions sont donc bienvenues avec un seul impératif : rendre accessible ses connaissances pour qu’elle puisse être l’objet de discussions et d’interrogations de la part de chacun, avec la bienveillance indispensable à un échange fécond et constructif.
Si vous souhaitez assister à la journée, vous devez adresser un mail à nicolas.praquin@u-psud.fr avant le 10 juin 2017. La journée est gratuite mais l’inscription obligatoire.
Le thème de cette année est consacré au concept d’obsolescence(s) (cf. texte ci-dessous).
Texte introductif
Dans le langage commun, l’obsolescence, ou désuétude, désigne l’état de ce qui a perdu son utilité et n’est plus employé.
Transversale, la notion est régulièrement employée dans différentes disciplines. En linguistique par exemple, elle renvoie à la disparition de mots ou d’expressions, soit car le signifiant a été abandonné, soit car le signifié a lui-même disparu. En sociologie, elle renvoie à la disparition de certaines pratiques, coutumes ou usages sociaux. En droit, elle concerne certains textes de lois, progressivement abandonnés. En gestion, elle désigne la perte de valeur résultant de facteurs internes ou externes à l’entreprise. En philosophie, elle a été pensée dans sa globalité en considérant que la modernité a pour corollaire la désuétude de tout ce qui constitue notre histoire et donc notre présent.
Au nom commun peut être accolé un adjectif qualificatif afin de mieux en déterminer la nature. Ainsi, l’obsolescence peut être dite « économique » car liés à des facteurs extérieurs à l’objet lui-même, « fonctionnelle » car déterminés par son inadaptation partielle ou totale aux besoins actuels, ou encore « programmée » car décidés par le concepteur de l’objet. Ce dernier cas a fréquemment attiré l’attention des pouvoirs publics, des associations de consommateurs ou, plus largement du grand public, car l’obsolescence n’est alors plus déterminée par l’objet ou son environnement, mais résulte d’une action délibérée visant à augmenter la fréquence d’achat et de renouvellement du bien considéré.
Quels que soient son objet et le domaine dans lequel elle se manifeste, l’obsolescence s’inscrit dans une perspective dynamique : la plupart du temps, elle implique à la fois un abandon mais aussi un renouvellement.
Un tel constat conduit à interroger différentes disciplines (sociologie, gestion, économie, , linguistique, épistémologie…) pour comprendre les tenants et les aboutissants de la désuétude, qu’elle soit naturelle ou planifiée.
Reposant à la fois sur les idées de disparition et de nouvellement, la désuétude est-elle une conséquence inévitable de l’évolution et du progrès ? Est-elle légitime, c’est-à-dire dans l’ordre « naturel » des choses ? Sur quels fondements et pour quelles raisons peut-on parfois la refuser ? Quels en sont alors les risques ?
Si vous souhaitez soumettre une communication, vous devez envoyer votre projet (2 pages maximum) à nicolas.praquin@u-psud.fr avant le 15 mai 2017. Vous serez averti avant le 5 juin 2017 si votre communication est retenue ou pas. Votre projet doit notamment comporter l’indication de votre spécialité scientifique, vos coordonnées, votre laboratoire de recherche et votre institution de rattachement.