Appel à communication
Aux marges du marché
Acteurs et échanges non institutionnels dans les économies préindustrielles
Journées d’étude, 2-3 octobre 2014,
Marseille
LABEXMED – Aix-Marseille Université – Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme – Atelier Thématique de Recherche
Interdisciplinaire “Systèmes productifs, circulations, interdépendances” (ATRI 1). Projet Espace, Limite, Identités.
CNRS, UMR 7299 CENTRE CAMILLE JULLIAN
CNRS, UMR 7303 TELEMME
L’objectif de ces journées d’étude est d’interroger la pertinence d’une approche, sur le temps long, des relations économiques « non
institutionnelles », « marginales » ou parallèles en regard de marchés construits par les normes et les institutions. Bien que les historiens de l’économie aient longtemps
concentré leurs travaux sur les aspects légaux de l’échange, l’économie informelle et illicite suscite de plus en plus, après celui des sociologues et des économistes, l’intérêt des chercheurs
travaillant sur les périodes préindustrielles. Plusieurs travaux, portant en particulier sur l’époque moderne, tendent ainsi à montrer le caractère structurel, bien plus qu’anecdotique, de
l’économie illicite et les liens étroits qu’elle entretenait avec l’échange légal. Pour ce qui est des périodes les plus anciennes, la question se pose – étant donné la nature des sources – de la
possibilité même d’accéder aux pratiques et aux acteurs qui se situent en marge de l’économie licite. En cela, une démarche transdisciplinaire prend pleinement sens, puisqu’il s’agit d’interroger
la transposabilité de questionnements et de concepts d’une période à l’autre. L’objectif de ces journées d’étude est par conséquent de favoriser la confrontation et le dialogue entre historiens
de toute période préindustrielle, de l’Antiquité grecque et romaine à l’époque moderne.
Dans cette perspective, il s’agira plus particulièrement d’envisager les relations économiques « non institutionnelles » à
travers leurs acteurs et leur rapport à l’espace. Si la question du statut juridique, civique et politique de ces acteurs constitue un élément essentiel pour interroger leur position dans
l’économie, il s’agit de partir de l’échange en acte, en particulier dans les cas limites de conflit, de rupture ou de transgression. La rencontre vise ainsi à développer une réflexion en termes
de situations concrètes, d’expériences, plutôt qu’en termes de catégories préétablies d’exclus ou de marginaux de l’échange (femmes, mineurs, étrangers etc.).
Ces situations sont en effet particulièrement révélatrices des contraintes qui pèsent sur les acteurs engagés dans des relations économiques,
mais aussi des ressources leur permettant de défendre leurs intérêts et leurs droits, selon leur âge, leur appartenance sociale, de leur ancrage dans la communauté etc. À travers
l’analyse des rapports de force en jeu dans ces situations limites, l’objectif sera d’interroger les capacités d’action (agency) des individus qui se situent aux marges institutionnelles
du marché, les configurations de pouvoir dans lesquelles ils sont enserrés, la manière dont à l’occasion des conflits ils deviennent pour l’autorité sujets de droit, leur éventuelle habileté,
enfin, à exploiter ou à contourner les normes en vigueur et les contraintes qui pèsent sur eux.
Ainsi, sur le plan méthodologique, il s’agira d’interroger l’intérêt heuristique d’une exploitation des cas limites, des situations de conflit
ou de transgression, dans la compréhension des mécanismes de construction et d’appropriation de territoires économiques – qu’ils soient matériels ou symboliques.
Pour ce faire, trois axes principaux ont été retenus :
1. Les espaces de l’échange informel et la construction de territoires économiques
Si, dans les sociétés contemporaines, l’étude des ancrages territoriaux des phénomènes économiques et sociaux est désormais fondamentale,
cette démarche est moins habituelle pour l’étude des sociétés préindustrielles. Il semble ainsi nécessaire d’ouvrir une réflexion sur la construction de l’espace par les pratiques et les
circulations économiques, licites ou illicites.
2. Les conditions de l’échange dans une « économie du face à face »
L’économie des sociétés préindustrielles étant d’abord une économie du face à face, on s’intéressera particulièrement aux techniques
développées, à différentes époques et dans le cadre de ces échanges « marginaux », pour minimiser le risque économique en construisant des mécanismes destinés à produire de la confiance
: présence de garants, de témoins, de « tuteurs » pour les femmes ou les enfants mineurs, prestation de serments, recours aux sûretés mobilières et foncières et le cas échéant à leur saisie,
etc.).
3. Les conflits et leurs résolution : transgression, réinvention des normes
Au-delà des seuls corpus juridiques, qui ne sont d’ailleurs pas présents à toutes les époques mais témoignent souvent d’un droit vivant plus
que figé, il semble pertinent d’étudier les processus d’élaboration et d’évolution de la norme dans les situations de ruptures, de conflits qui donnent lieu à des phénomènes d’emprunts et de
transferts souvent encore peu étudiés. Les modes de construction ou de redéfinition des normes qui régissent les usages économiques de l’espace peuvent ainsi être observés dans les situations
d’appropriation de territoires, à l’échelle des États comme des cités.
Les communications pourront en particulier aborder les points suivants (les approches transversales sont évidemment les
bienvenues) :
– Les secteurs d’activité « réservés » en
fonction des statuts (ex. métèques, « étrangers », femmes, mineurs etc.).
– Les géographies de l’informel : quartiers ou
zones spécifiques aux activités informelles/clandestines/illicites.
– La différenciation ou la superposition des espaces
de l’économie officielle/légale et de l’économie informelle/illicite.
– Les formes de réduction du risque :
cautionnement, garants, garanties, présentation de soi, mécanismes formels ou informels de construction de la confiance.
– Les actions en justice (plaintes, procès…) et la
résolution des conflits (arbitrages, règlements, conventions, obtention de lois et privilèges).
– La réécriture formelle ou factuelle des normes et
leur circulation.
Modalités de soumission :
Les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge. Les propositions de communication en français ou en anglais (max. 500 mots),
accompagnées d’une courte présentation biographique (avec mention des publications) sont à envoyer avant le 15 Février 2014 à l’adresse suivante : ecomarges@mmsh.univ-aix.fr
Lieu et date :
Marseille, jeudi 2-vendredi 3 Octobre 2014
Calendrier :
Clôture des soumissions : 15 Février 2014
Notification d’acceptation :
5 Mars 2014
Envoi des textes des interventions : 1er Septembre
2014
Comité d’organisation :
Eleonora Canepari (University of Oxford, Italian Studies at Oxford)
Julien Dubouloz (Aix-Marseille Université, UMR 8210 ANHIMA)
Anne Montenach (Aix-Marseille Université, UMR 7303
TELEMME)
Isabelle Pernin (Aix-Marseille Université, UMR 7299 Centre Camille Jullian)
Contacts : ecomarges@mmsh.univ-aix.fr