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Liberté d’expression et pluralisme de la presse : « la culture domine tout »

Notre revue s’est impliquée dans une information sur les États généraux de l’information (EGI) que le président de la République française a lancé à l’automne 2023. Malgré la mort, le 8 juin, de notre confrère Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières et délégué général des États généraux de l’information, la réflexion s’est poursuivie et a abouti à une présentation le 12 septembre 2024.

https://doi.org/10.3917/rsg.328.0046

Cinq groupes de travail ont travaillé sur des propositions sur des thèmes précis. 22 assemblées citoyennes et évènements ont eu lieu en hors de Paris où se sont tenues les 174 auditions. Enfin 76 contributions écrites ont été reçues et La Revue des Sciences de Gestion s’est fait l’écho de certaines et les a publiées.

Liberté d’expression et pluralisme de la presse sont les points d’ancrage de la réflexion, même si l’empreinte de l’idéologie ambiante, amplifiée par le poids des nominations par la « macronie » peuvent inciter tout chercheur à un recul épistémologique nécessaire.

Quinze propositions

Il ressort du rapport présenté quinze propositions (9 pour préserver « l’espace public français » et 6 pour « préserver l’espace public européen ») professionnels de l’information » !

  1. Faire de l’éducation à l’esprit critique et aux médias à l’école une priorité ;
  2. Neutraliser la désinformation par une sensibilisation préventive à grande échelle (pre-bunking) ;
  3. Étendre la qualité de société à mission aux entreprises d’information ;
  4. Améliorer la gouvernance des médias d’information ;
  5. Renforcer la protection du secret des sources et légiférer contre les procédures-bâillons ;
  6. Proposer une labellisation volontaire des influenceurs d’information ;
  7. Créer une nouvelle responsabilité : la responsabilité démocratique ;
  8. . Redistribuer une partie de la richesse captée par les fournisseurs de services numériques en faveur de l’information ;
  9. Assurer le pluralisme des médias dans le cadre des opérations de concentration ;
  10. Pour une reconnaissance européenne du droit à l’information ;
  11. Instaurer un pluralisme effectif des algorithmes ;
  12. Rendre le marché de l’intermédiation publicitaire en ligne plus concurrentiel pour permettre un partage de la valeur équilibré ;
  13. Instaurer une obligation d’affichage des contenus d’information pour les très grandes plateformes ;
  14. Rendre effectives les responsabilités des grandes plateformes dans la lutte contre la désinformation et le cyberharcèlement en préparant un « acte II » du Règlement sur les services numériques (DSA),
  15. Consolider une politique de lutte contre la désinformation à l’échelle européenne.

Deux recommandations aux professionnels

S’y ajoutent deux « recommandations aux professionnels de l’information !

  1. La profession devrait s’engager dans une démarche volontaire et plurielle de labellisation. Il est à noter que la Création en 2019 du Conseil de Déontologie journalistique et de Médiation (CDJM) à laquelle La Revue des Sciences de Gestion a adhéré dès l’origine semble bien avoir précédé cette nécessaire recommandation
  2. La profession devrait commencer à construire un outil de gestion collective pour les médias d’information.

La Revue des Sciences de Gestion s’inscrit parfaitement dans cette logique

La Revue des Sciences de Gestion s’inscrit parfaitement dans cette logique de l’information qui passe nécessairement par la formation. On distingue assez mal à propos une presse d’information souvent événementielle et très vite datée voire démodée si elle se contente des faits et de légers commentaires et la presse de la culture et de la formation. C’est une vison erronée et courte puisque la culture et la formation par la réflexion de fonds sont étroitement liées à l’information puisque sans elles, cette dernière est vaine et creuse !

Comme nous le rappelions dans l’éditorial, page 2, le Général de Gaulle que nous reprenons dans le titre, déclarait le 15 mai 1965, à Bourges, devant André Malraux : « L’esprit, c’est-à-dire la pensée, le sentiment, la recherche et les contacts entre les hommes. C’est pourquoi, encore une fois, la culture domine tout. Elle est la condition sine qua non de notre civilisation d’aujourd’hui, comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là. »[1]

L’information ne peut se distinguer de la culture et séparer les deux presses est une incongruité ridicule !


[1] https://www.elysee.fr/charles-de-gaulle/1965/05/15/discours-prononce-par-le-general-de-gaulle-president-de-la-republique-a-loccasion-de-linauguration-de-la-maison-de-la-culture-de-bourges-cher-15-mai-1965#:~:text=L’esprit%2C%20c’est,qui%20ont%20pr%C3%A9c%C3%A9d%C3%A9%20celle%2Dl%C3%A0.

CDJM : Webinaire « Comment faire progresser la déontologie des médias » le 17 juin

Créé en décembre 2019, le CDJM entend contribuer au dialogue et au retour de la confiance entre le public, les journalistes et les médias. Outre le recours offert au public lorsqu’il s’interroge sur le respect des règles déontologiques, il se veut aussi un lieu d’échange et de réflexion. Dans ce cadre, il organisera régulièrement des webinaires ouverts au public et/ou aux professionnels.

Ce premier rendez-vous sera l’occasion d’échanger avec l’équipe, faire le point sur les seize premiers mois d’activité du CDJM, ses décisions, les attentes du public ou encore les interrogations des professionnels.

Jeudi 17 juin 2021,
de 18 heures à 19 h 30.

Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est en place

La Revue des Sciences de Gestion est très heureuse de vous faire savoir qu’un mois après sa création le 2 décembre 2019, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a tenu sa première réunion de travail le 14 janvier dernier.

Le Conseil d’administration a procédé à l’élection du Bureau, dont les membres sont :

  • Président (public), Patrick Eveno
  • Vice-présidente (éditeurs), Kathleen Grosset
  • Vice-président (journalistes), Jérôme Bouvier
  • Secrétaire (public), Manola Gardez
  • Secrétaire adjoint (éditeurs), Boris Bizic
  • Secrétaire adjointe (journalistes), Dominique Pradalié
  • Trésorier (éditeurs), Thierry Borde
  • Trésorier adjoint (public), Bernard Angaud
  • Trésorier adjoint (journalistes), Jennifer Deschamps

Le CDJM dispose d’un site internet cdjm.org sur lequel le public peut d’ores et déjà le saisir sur toutes les questions de déontologie journalistique qu’il souhaite voir examiner.

Le CDJM est une association totalement indépendante, tripartite (trois collèges, public, journalistes et éditeurs).

Le CDJM n’est ni un conseil de l’ordre, ni un « tribunal de la pensée », il se prononce sur les seules questions de respect de la déontologie journalistique, mais en aucun cas sur les questions qui relèvent de la liberté éditoriale de chaque média.

La France est ainsi le 18e pays de l’Union Européenne à se doter d’un tel outil de médiation entre les journalistes, les éditeurs et leurs publics au service de la qualité de l’information.

Pour un Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) !

Dans une intervention publique dans un colloque à Arras en 2006, reprise par une publication en 2007[1], je m’exprimais ainsi : « Il convient donc que dans les pays libres, la profession s’organise et se légitime par un ensemble de principes dits éthiques et de règles dites déontologiques valables pour toutes les familles de médias. Ces principes et règles constituent des repères de l’exercice responsable de la liberté d’informer dans une société où, tant du côté des pouvoirs publics que de la justice, persiste une vieille tendance, héritée du passé mais toujours prête à resurgir, à instrumentaliser la Presse ou à limiter la liberté des journalistes et à préserver leurs sources.

Pour ce faire, il sous semble qu’il faut concilier le contrôle de la déontologie et des informations grâce à des observatoires indépendants[2] et, et cela est parfaitement complémentaire, comme le disait l’un des plus grands professionnels de l’information, Jean Miot[3], mettre en place « la labellisation de l’information (qui) permettra (seule) de sauver le métier d’informer »[4] !

C’est dire, si notre revue s’est associée à cet « Austerlitz » pour la déontologie de la presse en France, ce 2 décembre 2019, qu’est la création d’un Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM).

Bien entendu, les résistances sont nombreuses et parfois inattendues de la part de personnalités ou d’organes dont on pouvait penser qu’elles avaient le souci de la liberté de la presse qui s’assortit toujours de l’indépendance que donne un organisme paritaire par rapport à toute autre structure, y compris la Justice. L’histoire nous enseigne que cette dernière suit souvent plus la mode ou les pouvoirs que le droit à la liberté.

Il y a ceux qui veulent croire à l’organisation autonome de la profession et les tenants d’un immobilisme du quant à soi. Même si quelques impulsions sont venues de l’actuel gouvernement français, nous pensons préférable de choisir, dans l’esprit de 1945, une structure paritaire librement consentie que le carcan toujours insupportable des interventions étatiques.

Se cacher derrière la formule : « Ce sont les lecteurs qui jugent les journalistes, pas les journalistes qui se jugent entre eux.[5] » est oublié que selon le rapport du Reuters Institute[6], 24% de nos concitoyens font confiance aux médias… donc de moins en moins de lecteurs …

Invoquer « une norme artificielle de déontologie », est tout simplement nier toute valeur à une affirmation de principes de Droits et d’éthique ce qui est un non-sens grave en démocratie. Il y a bien une déontologie professionnelle, indépendante de celui à qui elle est adressée. Le nier est aussi stupide que de prétendre que seule l’appréciation du malade vaut pour l’éthique ou la déontologie médicales par exemple.

La presse et les médias renforceront leur liberté et leur crédibilité en concourant à participer à cette construction collective et paritaire qu’est le Conseil de déontologie journalistique et de médiation. La RSG en est un membre fondateur au titre des éditeurs de presse et à sa place et avec toutes les parties prenantes souhaite un plein succès à cette initiative que nous appelions de nos vœux déjà, il y a plus de 10 ans.

Philippe NASZALYI


[1]. Philippe Naszalyi, 2007. “La gestion de l’information en cas de crise la responsabilité des médias (Information management in a situation of crisis the responsability of media),” Working Papers 150, Laboratoire de Recherche sur l’Industrie et l’Innovation. ULCO / Research Unit on Industry and Innovation. https://ideas.repec.org/p/rii/riidoc/150.html

[2]. On citera parmi les observatoires qui se sont mis en place pour vérifier et dénoncer les dérives d’information en France : Acrimed, http://www.acrimed.org/ ou l’Observatoire français des Médias, http://www.observatoire-medias.info/ ou Media ratings : http://www.m-r.fr/accueil.php

[3]. Jean Miot (1939-2017) Directeur du Figaro (1979-1980), Président de l’Asssociation Presse-Enseignement, Président de la FNPF, Directeur de l’AFP….

[4]. Jean Miot, « La déontologie du Net », in La gazette de la presse francophone, N°124, octobre-novembre 2005, page 4. Jean Miot a été, notamment : directeur du Figaro, de l’Agence France Presse (AFP), de la Fédération Nationale de la Presse française (FNPF) et de l’Association Presse Enseignement (APE) …

[5] https://blogs.mediapart.fr/la-sdj-de-mediapart/blog/291119/conseil-de-deontologie-pourquoi-nous-n-y-participerons-pas?utm_source=Newsletter+Nationale&utm_campaign=59201a5c5c-EMAIL_CAMPAIGN_2019_12_07_11_39&utm_medium=email&utm_term=0_d0b9b5b5b8-59201a5c5c-76887663&mc_cid=59201a5c5c&mc_eid=c5a1508e41

[6] https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/sites/default/files/2019-06/DNR_2019_FINAL_0.pdf