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n°297-298 – LaRSG.fr

LaRSG.fr

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Depuis 2005, grâce à Yves Soulabail, notre société d’édition avait mis en place un site que connaissent tous ceux pour qui la recherche et les informations en sciences de gestion veut dire quelque chose dans l’espace académique et des entreprises francophone.

Notre rédaction a décidé en juin de passer une étape et de faire de ce site une publication à part entière aux côtés de la revue papier qui elle, existe depuis 1965, 54 ans.

En France, pour bénéficier du régime de la presse, il faut que la CPPAP, une instance composée à parité de représentants de l’administration de l’État et de professionnels de la presse, reconnaisse au demandeur « la qualité la qualité de service de presse en ligne (SPEL) »[1].

Appuyés sur les conseils de notre Fédération de presse (FNPS) nous avons déposé un dossier et La RSG.fr a été agréé le 4 juillet 2019…

Comme « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », selon la formule célèbre de la pièce « Bruis et Palaprat » de Charles-Guillaume Etienne[2], il nous semble important de présenter rapidement LaRSG.fr, car cette reconnaissance ne constitue que les prémisses d’un projet éditorial d’une plus grande envergure et sur lequel désormais nous travaillons. Nous y associerons toutes les bonnes volontés.

LaRSG.fr est née de cette idée de partir d’une revue académique et internationalement reconnue de recherche, pour présenter une information destinée à un public plus diversifié et plus vaste. En effet, on le voit tous les jours « Tout se gère »[3].

C’est cette réalité profonde et ancienne qui a constitué l’idée que, par-delà les limites socio-culturelles et sémantiques, le terme « gestion », concerne bien toutes les actions de l’information dans une société économique développée. On gère certes les entreprises, mais aussi les associations, les administrations, les collectivités territoriales et même l’Etat (et souvent très mal d’ailleurs) … On voit fleurir partout des masters de gestion des activités sportives, des activités culturelles, de la santé …

En en mot, la gestion concerne bien la politique, la société en général. On fait de la gestion comme M. Jourdain faisait de la prose.

LaRSG.fr, est déjà un site qui totalise 2 369 textes en accès gratuit, ainsi que deux années d’articles téléchargeables de la revue, bien entendu payants et sous format PDF, en dehors des éditoriaux de la publication qui sont en accès libre.

LaRSG.fr à la mesure des moyens qui sont les siens souhaite étendre son rôle pour devenir une, voire la passerelle c’est-à-dire ce passage entre un monde de la gestion (enseignement comme entrepreneurial) et des activités dans toutes les domaines : diffuser de manière large dans tous les champs de la société pour informer et distraire, mais aussi pour contribuer à faire prendre en compte des réalités et forger un esprit critique et citoyen sur des problèmes généralement laissés aux spécialistes ou ignorés du plus grand nombre.

Une source d’innovations pour que la pensée francophone de management !

C’est ce vaste chantier qui va occuper la rédaction élargie durant les mois qui viennent. Il fait de notre revue qui est déjà pratiquement la seule à être une publication répondant aux normes et aux exigences de la presse, une source d’innovations pour que la pensée francophone de management ne soit pas enfermée dans les combines de copinages que sont les pseudo classements qui ont paru eux-aussi cet été. On reviendra dans un numéro prochain sur celui de Shanghai.

Depuis des années, ces manœuvres lilliputiennes, « je crée une « association de recherche », qui imprime une revue et je deviens de cette sorte membre d’un comité Théodule qui attribue un classement aux revues » sont la pratique du classement des revues de gestion en France. C’est la magnifique ritournelle enfantine, « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».

Notre revue n’appartient pas à ce petit cénacle de l’entre soi et ne grouillotte donc pas pour s’y faire reconnaître.

Elle avance des arguments sérieux : une triple évaluation des articles, puis s’ils sont acceptés une double relecture pour vérifier toutes les sources bibliographiques. Aucune autre revue n’a ce degré de qualité. Notre revue est reconnue par la Commission paritaire des publications, aucune des autres revues ne l’est. Est-il utile de conclure sur ces classements et leur légitimité ?

Déjà pratiqué par nombre de « comités de sélection », ces pratiques incestueuses ont été dénoncée par nombre d’entre nous sans que la puissance publique qui pourtant sait mettre en place des instances de régulation à la hauteur, la CPPAP que nous citions plus haut en est un exemple, ne s’en émeuvent.

C’est sans doute que dans l’esprit d’une partie de la caste aux affaires, la publication en français n’est pas digne d’intérêt.

Contre cette nouvelle « trahison des clercs », nous prétendons que penser et publier dans la 3e langue la plus parlée au monde, n’est en rien dépassé.

Robert Aron, journaliste et chercheur, disait qu’ « il n’y aura jamais de repos sur la terre pour les hommes de bonne volonté ![4] »

C’est un encouragement pour LaRSG.fr


[1] http://www.cppap.fr/

[2] Bruis et Palaprat, comédie en un acte, Masson Libraire,1807

[3] Philippe Naszalyi, Editorial Direction et gestion des entreprises n°159-160, mai-août 1996.

[4] https://www.ina.fr/video/CPF86655907

Lorsque des membres du gouvernement font de dangereux amalgames sur la Liberté d’expression

La Revue des Sciences de Gestion, membre du SPIIL, adhère totalement au communiqué que vient de diffuser le Syndicat de la Presse Indépendante d’Information en Ligne. C’est un fait que les récentes déclarations de deux membres du gouvernement, la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le secrétaire d’État chargé du numérique Cédric O, alimentent de dangereuses confusions dans un débat public, par ailleurs légitime, sur la propagation de propos haineux, la diffusion massive de fausses nouvelles, les opérations d’influences étrangères destinées à peser sur des résultats électoraux, et l’un des fondements de la démocratie, à savoir la liberté de la presse.

SPIIL, le  Syndicat de la Presse Indépendante d'Information en Ligne
SPIIL, le Syndicat de la Presse Indépendante d’Information en Ligne

Pour éviter les amalgames

Tous ces sujets sont certes liés au numérique, mais chacun d’eux relève de logiques différentes, et mérite des réponses spécifiques. Le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil) estime que les amalgames entretenus par le gouvernement montrent une méconnaissance grave des problèmes soulevés, ce qui risque d’engendrer des évolutions législatives qui, in fine, iront à l’encontre des principes démocratiques prétendument défendus.

  • Préservons la loi de 1881 sur la liberté de la presse

En associant étroitement l’injure et la diffamation dans son projet de réforme de la loi 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (Le Journal du Dimanche du 15 juin), la ministre de la Justice mélange deux concepts juridiques bien distincts. La diffamation s’appuie sur des données factuelles, alors que l’injure ne renferme l’imputation d’aucun fait. 

Plus grave : dans la réalité numérique actuelle, l’injure et les propos haineux sont essentiellement diffusés sur les réseaux sociaux, et dans la très grande majorité des cas, de manière anonyme. Donc en toute impunité. La diffamation, en revanche, est typiquement un délit de presse, intervenant dans un cadre réglementé. Chaque organe de presse est légalement tenu de publier des “mentions légales” comprenant une adresse physique, un hébergeur et un directeur de publication qui est juridiquement responsable de toutes les informations publiées sur son site. 

De fait, les journaux sont très exceptionnellement condamnés pour injure, mais peuvent l’être pour diffamation. En mettant en avant les propos injurieux pour mieux faire sortir la diffamation du cadre de la loi de 1881, afin de l’intégrer au droit commun, Mme Belloubet porte gravement atteinte au droit de la presse, fondement de notre démocratie depuis… 138 ans. 

Contre un Conseil de l’ordre des journalistes

En préconisant la création d’un Conseil de l’ordre des journalistes qui serait chargé de recommander au gouvernement de l’interdiction de tel ou tel organe de presse (Reuters du 25 juin), M. Cédric O s’engage sur une pente encore plus dangereuse. Le fait qu’il ait fait machine arrière le 27 juin sur France Culture en affirmant que ses propos n’engageaient que lui et non le gouvernement, ne change rien au fait qu’il s’agit bien de la position d’un ministre en exercice.

Cedric O ignore notamment qu’une instance officielle, la Commission paritaires des publications et agences de presse (CPPAP), composée à égalité de membres de l’administration et de représentants des organisations professionnelles d’éditeurs, est chargée depuis 1945 d’attribuer l’agrément “presse” aux publications qui répondent à un nombre de critères très précis. 

Il ignore également que l’ancien patron de l’AFP, Emmanuel Hoog, a remis au gouvernement, au mois de mars, un rapport préconisant la création d’un Conseil de déontologie des médias, qui serait une instance d’autorégulation de la profession, de facto une autorité morale sans aucun pouvoir de coercition. À l’opposé d’un Ordre qui, comme pour les avocats et les médecins, dispose d’un pouvoir de sanction. 

Un tel niveau d’ignorance se double d’un raisonnement confus et dangereux préconisant de faire des journalistes des auxiliaires de police du gouvernement, en leur demandant de dénoncer les médias qui “fragilisent la démocratie”, un concept pour le moins fourre-tout.

Pour une régulation des plateformes

Pour défendre sa position, Cédric O donne comme exemple le fait que les chaînes russes RT et Sputnik sont mieux référencées sur YouTube que BFM ou CNews. Et il estime que c’est aux journalistes d’y mettre fin ! Dans un bel aveu d’impuissance, le secrétaire d’État chargé du numérique oublie avec légèreté que YouTube n’est pas un organe de presse et que la régulation des grandes plateformes relève de sa compétence.

Cédric O ne devrait donc pas se réfugier derrière la responsabilité des journalistes, mais s’interroger sur les meilleurs moyens d’obtenir de ces plateformes véhiculant haine, propagande, et injures, qu’elles assurent une certaine transparence quant à leurs algorithmes ainsi qu’une plus grande responsabilité juridique des contenus qu’elles diffusent.

Le Spiil ne conteste pas la nécessité d’un débat sur la nécessaire adaptation de la loi de 1881 à l’ère numérique, sur la création éventuelle d’un Conseil de déontologie de la presse, et sur l’obligation de réguler des plateformes dont la puissance de diffusion fait qu’elles devraient assumer une responsabilité juridique sur leurs contenus.

C’est pourquoi le Spiil fera prochainement des propositions concrètes. Il apportera ses connaissances et son expertise de dix ans de défense de la déontologie de la presse numérique à un débat complexe, soulevant des questions inédites, mais qui ne peuvent souffrir d’approximations, de propos simplistes ou encore d’injonctions contradictoires.

n°296 – Au secours le ‘scientisme’ est de retour !

Au secours le « scientisme » est de retour !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Il fallait s’y attendre, mais est réapparu dans les bagages des idées néolibérales, habitées toujours au fond par le mythe de l”homo economicus, le scientisme et sa volonté de tout expliquer par une raison qui n’a que de très loin rapport avec une méthodologie cartésienne bien comprise.

Ad veritatem per scientiam, lisait-on au fronton de l’observatoire de Camille Flammarion, il y a deux siècles. Être moderne désormais, du moins en France, consiste donc à ressasser les idées développées par quelques physiocrates de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et quelques rationalistes du siècle suivant !

Les attendus et arguments qui justifient les récentes ordonnances réformant le droit du travail en France, sont à peu de chose près les mêmes que ceux de l’Édit de Turgot de février 1776 puisque comme de nos jours, les « codes sont obscurs » ! À l’instar de nos juges prud’homaux, les jurés d’alors ont besoin d’être encadrés pour éviter que des sommes importantes soient dilapidées dans des procès (sic).

Bien entendu la liberté de circulation de la main-d’œuvre est une bonne chose et il ne faut pas craindre « que l’affluence subite d’une multitude d’ouvriers nouveaux ruine les anciens, et occasionne au commerce une secousse dangereuse ». L’accueil des travailleurs anglais, non pas chassés par le Brexit, mais alors par l’Indépendance des colonies américaines, est une opportunité du moment qui justifie des mesures particulières… « S’il y a un moment où l’on puisse espérer d’attirer en France beaucoup d’ouvriers anglais, et avec eux une multitude de procédés utiles inconnus dans nos fabriques, c’est celui-ci ! ».

L’innovation n’est pas non plus en reste dans cet argumentaire contre l’organisation du travail qu’on veut disqualifier car il existe des « difficultés multipliées que rencontrent les inventeurs auxquels différentes communautés disputent le droit d’exécuter des découvertes qu’elles n’ont point faites ». Même aussi et déjà, sont remises en cause certaines formations professionnelles jugées inutiles, en 2016 c’était notamment celles des coiffeurs[1], car « fermant la porte à tout ouvrier qui n’a pas passé par de longues épreuves, et en général aux étrangers » écrit Turgot. Quant à Madame de La Fayette, elle n’a qu’à bien se tenir[2] !

On pourrait s’en arrêter là, dans ce rapide et instructif comparatif entre les textes dits modernes et leurs devanciers d’il y a trois siècles que l’on vient de citer. Ce serait oublier cette croyance, cette conviction même et affirmée en la régulation optimale par le marché : « dans les lieux où le commerce est le plus libre, le nombre des marchands et des ouvriers de tout genre est toujours limité et nécessairement proportionné au besoin, c’est-à-dire à la consommation ».

L’étude de l’actualité est devenue un bain de jouvence pour un « moderniste » voire pour un « contemporanéiste » au sens des historiens français, et qui les change de l’habituelle référence aux années 1930, toujours largement exploitées par une caste politique qui ignore généralement ce qui s’est passé avant. Les imbéciles et les ignares croient toujours que leurs idées sont neuves et qu’ils sont des innovateurs ! Les plus cyniques exploitent la méconnaissance générale et la crédulité publique grâce à la complicité des médiocrates que l’information en continu devenue un produit à vendre et donc une communication, a érigé en arbitre d’un prêt à penser réduit aux émotions et aux lynchages.

À ce plagiat des idées libérales initiées notamment par un Clicquot de Blervache dont le mémoire sur les « obstacles que les corps de métiers apportent au travail et à l’industrie, avait été primé par l’Académie d’Amiens », (l’histoire offre quelques clins d”œil) en 1757, ce que l’on nomme néolibéralisme de nos jours, s’ajoute naturellement car ils sont fils d’une même pensée, cet autre sophisme qu’est le « scientisme » ! Même si l’école autrichienne en économie a essayé de faire passer cette doctrine pour celle du clan haï des « planificateurs » ou « collectivistes », il faut bien constater, tout en restant le plus impartial qui soit, que les justifications « scientistes » se trouvent le plus souvent dans ceux qui apportent de l’eau au moulin des produits les moins défendables des firmes industrielles ! Car c’est effectivement dans le domaine de la santé que cette alliance contre nature fleurit le plus et depuis bien longtemps. Les comités Théodule dits de déontologie sont aussi myopes que des taupes (celui de l’administration française semble vouloir s’illustrer par son aveuglement) et sauf très rares exceptions, les déclarations obligatoires de liens d’intérêts sont autant d’inutiles prétextes à une bonne conscience pharisaïque.

Mais les scientistes en santé, ne sont pas seulement des affidés plus ou moins stipendiés des grands groupes ou leurs dévots soumis par une mauvaise compréhension du « doute méthodique », ils professent en outre « qu’en dehors de la connaissance scientifique, aucune autre forme de connaissance n’est légitime[3] ». L‘on est confondu devant tant de suffisance et de prétention alors que le cerveau humain est encore si vaste à explorer, les interactions entre molécules si inconnues qu’elles permettent une crise sanitaire comme celle du Levothyrox[4], que les pratiques médicales des autres civilisations échappent pour beaucoup à nos perceptions comme celles des médecines « dites alternatives » dont fait partie l’homéopathie…

L’appel des 124 « médecins et professionnels de santé[5] » contre les médecines alternatives, appelées « fake médecines » vaut son pesant de suffisance, de vision limitée à un scientisme qui exclut toute ouverture à des pistes à venir et des découvertes dans des champs jusqu’ici inconnus. Ce relent de « vraie foi », qui en fait de véritables émules de Torquemada, nous rappelle avec sourire que le Dr Georges Clemenceau, fier de son titre de médecin, fut avec nombre de professionnels de santé, y compris de l’Académie de Médecine, un virulent propagandiste de la « théorie de la génération spontanée » contre la « découverte » des microbes de Pasteur, à qui on reprochait de n’être même pas médecin ! Contre ces nouveaux inquisiteurs agissant au nom des vérités qu’il faudrait démontrer avec une seule méthode, c’est un rejet de tout découverte hors du connu.

Devant les plaies, Saint Thomas a cru, mais un scientiste ne l’aurait pas fait car son présupposé l’aurait empêché de faire même le constat puisqu’il va contre la vérité scientifique du moment !

On est affligé devant tant de suffisance qui démontre tant de vacuité et qui empêche en fait l’expérimentation, le doute et la marche en avant. « Nous n’avons pas le droit d’avoir un désir, quand la raison parle ; nous devons écouter, rien de plus ; prêts à nous laisser traîner pieds et poings liés où les meilleurs arguments nous entraînent » disait déjà Renan[6].

Ce n’est évidemment pas cette religion de substitution qui rend serf que nous avons voulu développer dans ce numéro en plaçant l’Intelligence comme principe, l’« intelligence des choses » est bien autre et bien plus riche que ces quelques 124 Diafoirus devenus Trissotin et il y a fort à parier que quelque ministre ou Haute Autorité ne serve de Vadius !

Ce qui est indémontré avec nos modestes connaissances du moment ne peut être voué aux gémonies par quelque pédant ou quelque ayatollah !

C’est donc avec cette approche ouverte sur la multiplicité que nous continuerons à rejeter cette science-là en ne séparant pas ce qui la connaissance du laboratoire et celle du terrain ce que dénonce comme nous, Boris Cyrulnik car « Il n’y a pas d’intelligence froide. Il n’y a d’intelligence qui si elle est éveillée. Pour cela, il faut qu’il y ait des émotions et une relation ».

C’est ce que les deux dossiers de ce numéro présentent :

– « Intelligence et perceptions » entend intégrer différentes approches fondées sur la diversité des points de vue pour pouvoir appréhender cette part essentielle dans les organisations que sont :

– « Investissements et gouvernance », un lien ténu, lui-aussi circonstanciel du fait des différentes cultures entrepreneuriales dans le temps et dans l’espace.

« Je crois que 2 et 2 sont 4 et 4 et 4 sont 8 » répond Don Juan à Sganarelle[7] qui demandait à son maître à quoi il croyait.

Eh bien, en ce qui nous concerne et parce que pour paraphraser Térence tout ce qui est humain ne nous est pas étranger, et est aussi sciences de gestion, nous pensons aussi que 1 et 1 sont parfois 3 et que 2 et 2 sont parfois 5, et que tout cela est Intelligere : comprendre, penser, réfléchir, estimer, évaluer, percevoir… en fait tout sauf rejeter l’altérité !

Et nunc, reges, intelligite, erudimini, qui judicatis terram[8] !


[1]. https://www.ladepeche.fr/article/2016/03/14/2303393-macron-defrise-les-coiffeurs.html

[2]. https://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/03/29/et-nicolas-sarkozy-fit-la-fortune-du-roman-de-mme-de-la-fayette_1500132_3476.html.

[3]. Marie-Hélène Parizeau, Biotechnologies, nanotechnologies, écologie, entre science et idéologie, éd. Quae, 2010.

[4]. http://sante.lefigaro.fr/article/levothyrox-un-nombre-inedit-d-effets-indesirables/ , 30/01/2018.

[5]. http://sante.lefigaro.fr/article/l-appel-de-124-professionnels-de-la-sante-contre-les-medecines-alternatives-/, 27/02/2018.

[6]. Ernest Renan, Examen de conscience philosophique, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 94, 1889 (p. 721-737).

[7]. Don Juan ou le Festin de pierre, III, 1.

[8]. « Et maintenant, rois de la terre, instruisez-vous, vous qui décidez du sort du monde ! » Psaumes, 2, 10, cité par Bossuet dans son oraison funèbre d’Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, 16 novembre 1669.

n°295 – De nouvelles représentations

De nouvelles représentations

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

L’affaire des « gilets jaunes » qui fleurit en France depuis la mi-novembre et semble vouloir durer au moins jusqu’à la fin de ce l’on appelle le « Grand Débat », pose à l’évidence, même si les élus poussent des cris d’orfraie, le principe de la représentation, de sa légitimité, de sa durée et de ce fait de sa révocabilité.

Des tombereaux d’injures et d’invectives se déversent de part et d’autre et n’enrichissent pas le débat qui repose sur les questionnements de marketeurs aux ficelles trop grosses pour ne pas être vues même des plus partisans favorables !

« Plus c’est gros, mieux ça passe » du langage populaire qu’avait repris Jacques Chirac est avec la poursuite de la « politique du pire » une des réponses classiques. En effet, la poursuite de la confrontation violente pour retrouver le soutien de ce que l’on peut appeler la « petite bourgeoisie pusillanime » a souvent été utilisée en histoire, lorsque se pose un problème de légitimité du pouvoir.

L’histoire du XVIIIe siècle nous rapporte que déjà en 1757, Simon Clicquot de Blervache, avait remporté le prix de l’Académie d’Amiens (ça ne s’invente pas !), en fustigeant les « obstacles que les corps de métiers apportent au travail et à l’industrie ». On récompensait déjà les auteurs « libéraux » appelés alors physiocrates dans la lignée de Gournay et Turgot… qui écrivait que « Les hommes sont puissamment intéressés au bien que vous voulez leur procurer, laissez-les faire, voilà le grand, l’unique principe »!

Devant la crise qui montait avec le déficit du pays, on envisagea tout, des «assemblées de notables » d’abord, en 1786-87 qui firent remonter certes des préoccupations, mais perdirent toute autorité car engluées dans leurs divergences et le maintien de leur « autorité ». Les Parlements, alors hautes assemblées de justice, comme le sont notre conseil constitutionnel ou notre Conseil d’État, apparurent vite comme les défenseurs de leur caste et perdirent leur influence… Il ne resta plus que les états-généraux avec la suite qu’on connaît. L’histoire ne se reproduit jamais à l’identique, mais les problèmes de légitimité de la représentation sont toujours les plus graves et ne se résolvent que par une action en profondeur.

C’est pour cela que ce 1er numéro de 2019, entièrement dédié au Marketing, s’ouvre par un dossier consacré aux innovations en marketing : « Un nouveau Business Model pour réussir la transition énergétique : quels impacts sur les relations producteur/ client ? » est d’une actualité brûlante, mais il se veut comme tous les articles choisis par les évaluateurs et la rédaction comme porteur de « durabilité » par une redéfinition de la relation producteur-client comme une combinaison de ressources à susciter et organiser et sur l’introduction de la notion de service orienté résultat nécessitant de revoir le jeu des parties prenantes en y introduisant tous les acteurs institutionnels et territoriaux de l’efficacité énergétique. Le e-marketing dans les associations et la prise en compte du rôle des femmes dans les conseils d’administration sont deux aspects développés chacun dans un article permettent d’introduire les représentations dans le marketing : le rôle de la mémoire des enfants dans le prix, l’image du point de vente, la personnalité de la marque, et l’uniformisation des services télécoms sont autant de points saillants qui permettent tout en nous situant dans une actualité brûlante d’apporter une méthodologie et des réponses adaptées et éclairantes dans un univers en recherche. C’est dans cet esprit que vient opportunément la chronique bibliographique : L’économie comportementale : entre faiblesses méthodologiques et idéologie que Bruno Tinel, fait à partir de l’ouvrage, paru aux éditions Charles Léopold Meyer de Jean-Michel Servet : L’économie comportementale en question !

Il est toujours utile de confronter les idées et de ne pas se contenter des apparences simplificatrices !

n°294 – À la poursuite du management !

À la poursuite du management !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Une idée neuve, comme le bonheur, selon la formule de Saint-Just, remis au goût du jour par quelque révolutionnaire d’antichambre, telle est aussi, comme on l’a vu dans le précédent numéro, le MANAGEMENT.

Il nous a donc paru cohérent pour terminer l’année 2018, d’en explorer deux autres aspects afin de rester dans une démarche propédeutique.

Rappelons que pour l’essentiel des TPE et PME, le management reste une idée vague, mal comprise et parfois rejetée comme propre aux « gros » ou aux « grands » !

Telle n’est pas notre conviction et les articles que nous proposons à la lecture, permettent une grille de lecture éclairante et adaptable à toutes les organisations, petites et grandes.

Le premier dossier : Contrôle et droit des entreprises, rappelle que le droit n’est pas autre chose qu’un élément de gestion de l’entreprise, même si dans de nombreux enseignements de gestion, on l’oublie…Le droit n’est pas que l’affaire du spécialiste, et nombre d’entrepreneurs l’apprennent souvent trop tard. Ivan Tchotourian et Jérôme Turcotte, de l’Université de Laval au Canada, en décrivant « Le droit des sociétés au service d’une gouvernance d’entreprise sociétalement responsable », ne décrivent pas seulement des sociétés et un droit qui nous seraient étrangers, ils démontrent que tout cela est le fruit d’une idéologie « qu’il convient de remettre en cause pour que les entreprises de demain soient vectrices de progrès économiques, environnementaux et sociétaux. » Voilà bien un apport concret à un Débat national, aux questions biaisées de mauvais marketeurs, qui oublient, mais savent-ils réellement ce qu’est le management, les vraies questions fondées sur de vraies compétences. Emmanuel Bayo, l’un des meilleurs connaisseurs français du droit des coopératives, souvent de petites et moyennes tailles, indique que celles-ci semblent mieux résister aux défaillances que les sociétés financières, pourtant seul modèle de Bruxelles et de ses sectateurs les plus zélés. Y aurait-il des solutions de pérennité des PME qui seraient plus profitables à l’économie que celles des adorateurs du « veau d’or » du courant dominant ? Une jeune chercheuse, enfin, a le courage, en s’appuyant sur la littérature et des entretiens avec des professionnels du secteur agroalimentaire, de proposer des solutions pour une gestion durable de la chaîne logistique. Au moment où les scandales du lait, de la viande de cheval, et bien d’autres cachés ou à venir, viennent démontrer les limites de la régulation par le marché, pourtant seule solution vantée comme la panacée par des candides et sans doute beaucoup de pervers !

« Réflexions sur la prise de décision » en découle logiquement. Le management a bien pour fonction de « faire avancer dans une direction précise ». Que la planification puisse être une échelle de mesure avec son apport multidimensionnel, ou que l’africanité puisse avoir une incidence sur la prise en compte de la RSE dans la performance globale, posent des modèles et tentent d’apporter des « boîtes à outils », au manager. Deux chercheurs de cette nouvelle Lotharingie souhaitée par Charles le Téméraire (Université de Franche-Comté et de Université de Bourgogne), démontrent le rôle de l’attractivité affective du pays d’origine dans la démarche d’achat et ouvrent ainsi des pistes au marketing international ! L’histoire et les rêves territoriaux ne sont donc pas vains ! Les deux derniers articles du dossier[1], ont été sélectionnés lors de la 9è édition de l’International Finance Conference qui s’est tenue à l’ISC Business School[2] que nous présentions dans le numéro précédent, se sont parfaitement insérés. Le premier, par une étude de cas, nous apporte une vision un peu moins officielle sur l’indépendance et la compétence des comités d’audit de nombreuses d’entreprises françaises. Le second analyse le dispositif de Bâle 2 concernant la détermination du capital réglementaire des banques. Tous ces éléments qui importent à la prise de décisionhttps://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf.

Notes

  1. https://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf
  2. https://thema.u-cergy.fr/evenements/workshops-colloques-conferences/article/the-9th-edition-of-international-finance-conference-ifc9

n°293 – Le management : une question neuve !

Le management : une question neuve !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

«Tout comme M. Jourdain faisait de la prose, le mot d’origine anglaise, mais parfaitement inséré dans notre langue française, management, est suffisamment vaste pour qu’on puisse tous à un moment donné, le pratiquer sans le savoir. Le bien pratiquer est une autre affaire !

Qui n’a en mémoire, l’impressionnante idée d’« entreprise sans usine » du brillant polytechnicien Serge Tchuruk, qui permit à Alcatel de disparaître en tant que « leader mondial des télécoms »!

Car depuis l’américain Taylor, le français Fayol, ou l’autrichien Peter Drucker, « Pape du management », il est bien clair que le management est bien l’ensemble des processus combinant la compétence, la capacité d’innovation et une organisation du travail en fonction du facteur humain permettant de faire progresser une organisation.

POCCC : Prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler, symbole des fonctions du « manager », telles qu’Henry Fayol, reprises par L. Urwick, les a décrites, sont devenues classiques. On exhorte aujourd’hui les entreprises à faire preuve d’innovation en termes de management.

5, 6… 8 fonctions clés… ?

Si ces notions ont un sens et même sont pratiquées par certains grands groupes, grâce aux brillantes cohortes de diplômés de MBA qu’ils recrutent, avec les succès qu’on connait parfois, comme aime à le souligner Henry Mintzberg, qui a toujours notre adhésion, les fonctions mêmes du management sont généralement méconnues des TPE et des PME.

Le management : une question (toujours) neuve ?

Voilà pourquoi ce numéro essaie, à sa modeste place, après une remise en perspective que présente Baptiste Rappin, Brève Histoire cybernétique du management contemporain, de placer trois illustrations concrètes visant à faire comprendre la richesse du management. Grace Moussaid, publie un processus repreneurial original, celui de la veuve. Cet article passionnant est émouvant puisqu’il est aussi le dernier que notre ami, le professeur Robert Paturel, nous avait adressé avant sa tragique disparition. Deux jeunes auteurs prometteurs, formés sous le harnais de Jean-Marie Peretti, nous rappellent que le management concerne aussi les collectivités territoriales et que l’employabilité et la fidélisation des agents sont une question sensible ! Ce dossier se termine par les travaux de Joël Gouteron, en marketing, sur l’attachement ou de l’implication ?

Fidèle à notre ouverture à la recherche qui se fabrique, nous présentons dans ce numéro, un dossier sur la « gestion des réseaux » par trois contributions sélectionnées[1] lors de la 9e édition de l’International Finance Conference qui s’est tenue à l’ISC Business School[2].

Finalement le management a pour fonction de diriger : « faire avancer dans une direction précise », et gérer, c’est- à-dire direction et gestion…

Notes

  1. https://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf
  2. https://thema.u-cergy.fr/evenements/workshops-colloques-conferences/article/the-9th-edition-of-international-finance-conference-ifc9

n°291-292 – Au service des entrepreneurs !

Au service des entrepreneurs

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Quel est l’impact de la recherche sur les managers ? Telle était la question que cherchait à élucider l’enquête FNEGE [1] sur l’influence de la recherche en management réalisée par Michel Kalika [2], Sébastien Liarte [3], et Jean Moscarola [4], à partir de ces questions :

  • Quels sont les auteurs et les connaissances que les managers considèrent comme utiles pour leurs pratiques ?
  • Sont-ils informés sur la recherche en management ?
  • Comment et qu’en pensent-ils ?

L’étude des 1557 réponses obtenues [5], a permis d’appréhender la manière dont l’impact de la recherche est perçu par les managers.

La RSG se place en 4e position du TOP 10 des revues les plus reconnues par les entrepreneurs : pas mal pour la seule revue indépendante d’une fondation ou d’une association, et la seule gérée comme une entreprise ! L’étude ne mesure pas l’impact à l’étranger qui nous aurait renforcés encore.

Il y a plus de 10 ans, à l’occasion de la parution de la traduction française de l’ouvrage de deux professeurs de Stanford aux Presses de Harvard Business School, Jeffrey Pfeffer et Robert Sutton, nous regrettions avec le préfacier de « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense » que les « pratiques managériales ne font qu’un usage très limité des connaissances accumulées par la recherche en management [6] » ?

Les choses auraient-elles donc changé et la recherche académique inspirerait-elle enfin, un peu… beaucoup ou guère, sinon pas du tout, les actions des entrepreneurs ?

L’enquête ne va pas jusqu’à apporter une réponse construite et étayée à cette question existentielle ? En effet, publier pour publier comme le souligne pour en dénoncer la pratique Sylvie Chevrier [7] qui est aussi membre de notre Conseil de rédaction, n’est ni de la recherche ni d’un quelconque apport pour la gestion des organisations… en fait, un enseignement qui « n’estoit que besterie, et leur sapience que moufles, abastardissant les bons esperitz et corrompant toute fleur de jeunesse » pour reprendre avec son style, la critique que Rabelais faisait déjà en son temps à ces connaissances hors-sol et inutiles !

Être scientifiquement promoteur et pouvoir influer le cours des activités des entreprises en inspirant les entrepreneurs, est une forme de quadrature du cercle qui nécessite sans cesse une interrogation sur le pourquoi de nos choix, sur la pérennité des articles et l’apport réel de ces contributions.

Le vrai principe n’est pas de se faire gloire d’éliminer un très fort pourcentage de propositions. C’est à la portée de tous et c’est être bien présomptueux sur son propre jugement. Partir du principe que plus que de modélisation, cette technique qui a tué la science économique, comme les sophismes dénoncés déjà par Rabelais, c’est l’approche humble du terrain qui permet, comme l’historien le fait, de fonder des connaissances et d’apporter un éclairage utile à tous, à commencer par les entrepreneurs.

Elie Cohen a déjà répondu à notre interrogation : « En fin de compte, l’affirmation de la gestion dans ses développements cognitifs, comme dans ses réalisations instrumentales est sans doute vouée à s’accomplir dans une tension permanente entre l’ambition généralisante et la recherche de relations causales stables d’une part, et le souci de prendre en compte, sinon en charge, les problèmes réels auxquels sont confrontées les entreprises et les organisations d’autre part [8]. »

Cette « tension permanente » est ce qui préside au choix de nos publications : « Avec l’apport des diverses disciplines scientifiques, et des techniques nouvelles qui en sont résultées, ces méthodes de gestion tendent à se multiplier en se spécialisant. Ce faisant, elles deviennent plus hermétiques et plus disparates.

Il est de plus en plus difficile de les relier entre elles, d’en délimiter les champs d’application, d’en apprécier les possibilités d’utilisation.

Or, tout Cadre de Direction (manager) doit être en mesure, de situer dans une perspective globale, non seulement les problèmes de l’entreprise, mais également, les méthodes permettant de les résoudre.

C’est pourquoi, il nous a paru nécessaire, à côté des revues spécialisées consacrées à ces différentes méthodes, d’offrir à l’ensemble des Cadres de Direction une publication qui en fasse une synthèse, utile également pour le spécialiste », c’était déjà le propos de notre revue lors de la parution de son 1er numéro en 1965.

Être la plus ancienne revue francophone, avoir reçu du grand universitaire et homme d’État, Raymond Barre, la qualification de « 1re revue francophone de management » oblige et fixe la ligne de crête pour « être au service des entrepreneurs ».

Voilà pourquoi exceptionnellement, à côté des recensions bibliographiques de nos collaborateurs attitrés (page 157), nous présentons brièvement en clin d’œil, un ouvrage sur le parcours de 20 entrepreneurs (page 101).

Trois dossiers thématiques entendent répondre également à cette préoccupation permanente par leur diversité et leur lien avec le terrain, d’étude, d’expertise, de synthèse.

  • « Géographie et entreprises »,ouvre ce numéro double du cœur de l’été, en privilégiant l’environnement territorial, régional voire immatériel.
  • « Collaborations et coopérations», ce dossier découle naturellement du fait des contraintes des évolutions des technologies notamment de l’information, et de la nécessaire utilité de trouver des fondements économiques et sociologiques aux défis de la mondialisation.
  • « Mesures et contrôles »,est le dernier dossier. Il aborde par des cas souvent très orignaux, une logique d’évaluation nécessaire à tout acte d’« administration » pour reprendre le vocabulaire du père du management qu’est Henri Fayol dont l’objectif était déjà de placer sa publication « au service des entrepreneurs » !

 

Notes

[1] FNEGE : Fondation nationale pour les études de gestion.

[2] Professeur à l’IAE Lyon, BSI.

[3] Professeur à l’Université de Lorraine.

[4] Professeur à l’Université de Savoie.

[5] Enquête FNEGE, menée en partenariat avec Sphinx Institute, http://www.lesphinx-developpement.fr/wp-content/uploads/2016/05/Communiqu%C3%A9_Enqu%C3%AAte_FNEGE-Sphinx-Institute_OK.pdf.

[6] Naszályi Philippe, « Faits et Foutaises dans le Management » ou « Hard Facts, dangerous half-truths & total nonsense », La Revue des Sciences de Gestion, 2007/6 (n°228), p. 5-6. DOI : 10.3917/rsg.228.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-6-page-5.htm.

[7] Chevrier Sylvie, « Publish… and perish ! », Annales des Mines – Gérer et comprendre, 2014/1 (N° 115), p. 18-21. DOI : 10.3917/geco.115.0018. URL : https://www.cairn.info/revue-gerer-et-comprendre1-2014-1-page-18.htm.

[8] Elie Cohen, (1997), Épistémologie de la gestion, article 59 dans Encyclopédie de la gestion, Simon, Yves et Joffre, Patrick (dir.) Paris, Economica. page 1059.

n°289-290 – « Objets inanimé, avez-vous donc une âme »

« Objets inanimé, avez-vous donc une âme », ou Psyché en sciences de gestion

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Faire cohabiter Lamartine avec John Venn est en quelque sorte le pari de ce numéro qui inaugure 2018. Il y a bien longtemps que les sciences de gestion utilisent le diagramme que ce mathématicien britannique mit au point et publia en 1881 [1]. Pour mémoire, et sans aucun rapport apparent, c’est cette même année que le Législateur français instituait enfin, la liberté de la presse.

Il y a malgré tout plus d’un lien entre les deux. D’abord, La RSG est, depuis sa création en 1965, ce qui en fait la plus ancienne revue académique francophone de gestion, un organe de presse. Cela en fait une rareté au milieu du paysage des autres publications.

Certains évaluateurs ont tendance à ne pas prendre en considération cette particularité lorsqu’ils s’avisent de classer les revues. C’est à coup sûr une grave méconnaissance des réalités ou plus grave, une volonté de les ignorer. Respecter depuis 52 ans les obligations qu’on exige, et de plus en plus, de la presse, est un facteur qui garantit déontologie et indépendance. Nous ne sommes pas l’excroissance plus ou moins cachée d’une quelconque institution, si honorable soit-elle. Si nous devons notre naissance en partie à l’Institut de contrôle de gestion (ICG), devenu Institut français de gestion (IFG), nous en sommes séparés depuis 1985 et sommes, fait encore plus rarissime, une société et non une association, une entreprise donc qui remplit là aussi les obligations de transparence que l’on exige d’elle.

Connaître la gestion de l’intérieur et répondre au cahier des charges de la Commission paritaire des publications et agence de presse (CPPAP) qui tous les 5 ans vérifie que La RSG est bien organe de presse, est bien notre caractère propre.

C’est cette indépendance qui amène nombre d’auteurs à nous soumettre par priorité leurs papiers pour que nos TROIS évaluateurs, dont l’un est hors de l’Hexagone, valident leur recherche. Qui d’autres ?

C’est cette volonté de qualité que nous avons imposée à toute contribution acceptée, d’être l’objet d’une double relecture pour que toutes les sources citées soient vérifiées. Qui d’autres ?

Publier à La RSG, est donc un long chemin, plus long que chez nombre de nos consœurs, et en tout cas plus difficile aussi que chez plusieurs revues anglo-américaines, dont le seul fait d’être publié en anglais, est considéré comme un critère qualifiant, alors qu’il n’est qu’un aveu de veulerie de ces classeurs. « La trahison des Clercs » n’est plus celle que J. Benda dénonçait en 1927, mais elle est toujours la tentation devant l’apparent plus puissant devant lequel s’agenouille toujours le colonisé en esprit.

C’est cette indépendance qu’en France ou hors de France, ceux qui entendent se tourner vers une recherche originale ou innovante, que demandent les institutions qui sollicitent notre partenariat pour organiser un colloque ou des journées d’études. Nous sommes parcimonieux et c’est gage de qualité pour nos lecteurs.

Nous sommes heureux et fiers, par exemple d’avoir compris avant bien d’autres, l’importance de la RSE et d’avoir été les seuls à ouvrir nos colonnes à l’ADERSE pour publier les actes de son premier congrès[2].

Indépendance et qualité sont donc congénitalement notre marque de fabrique. C’est pour cela que nous sommes toujours inquiets que l’on cherche à restreindre cette liberté de la presse déjà pas mal entamée depuis 30 ans sous des prétextes plus spécieux les uns que les autres !

Indépendance et qualité sont aussi un challenge qu’il faut relever à chacune de nos parutions et sont les épreuves qu’à l’instar de Psyché, mais sans l’aide d’Aphrodite, de l’aigle de Zeus ou de Perséphone, nous devons accomplir.

Cette parution qui ouvre 2018, placé sous le signe de Psyché, le « principe pensant » pour Aristote, confronte les sciences de gestion avec les horizons des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité. Ouvert par le travail sur le contrat psychologique, fondamental en RH, de François Renon et d’Anne Goujon-Belghit, chercheurs à la Chaire de Capital Humain et de Performance Globale de l’Université de Bordeaux, ce numéro présente deux dossiers thématiques : Psyché et la consommation et Psyché et la gouvernance.

Le poids des seniors grandissant en économie touristique qu’étudient Amélie Clauzel et Caroline Riché, les tensions identitaires et les stratégies de résolution des consommateurs responsables confrontés à leur comportement réel d’achat, analysées par Naouel Makaoui et Ludovic Taphanel, la mesure de l’insatisfaction des consommateurs des prestataires de formation que présente Bruno Samba, et la peur de mourir face aux médicaments contrefaits des populations à faible revenu, décrite, par Bertrand Sogbossi Bocco, sont les quatre chapitres de ce dossier constitué d’études de terrain.

La gouvernance est d’abord un terme qui nous vient de la finance. À partir d’un échantillon international de 730 banques entre 2008 et 2012, Renald Guiselin et Jérôme Maati, étudient l’influence des mécanismes de gouvernance d’entreprise confrontée aux normes de la transparence de l’information comptable. Cette compatibilité en juste valeur pourrait bien être court-termiste, c’est la question que posent Samira Demaria et Sandra Rigot. Janus, autre référence mythologique, est évoqué par Tawhid Chtioui et Stéphanie Thiéry Dubuisson, pour démontrer, à travers une revue exhaustive de la littérature, que maîtriser une organisation ne peut se limiter aux aspects formels du contrôle (hard controls). Mettre à mal la « théorie de l’agence », est le résultat d’une étude sur 300 entreprises familiales (Chypre, Égypte, Jordanie, Liban, Turquie), que présentent Catherine Mercier-Suissa, Laura Salloum et Charbel Salloum, Nous ne pouvons que nous en réjouir. Nejib Fattam et Gilles Paché à partir dans études de 47 entreprises, définissent 3 modèles d’affaires dans le cadre d’une étude des services 4PL, enfin, véritable intégration de parties prenantes logistiques. Très rare est l’analyse que fait Simon Wangani sur ces PME que sont les cabinets médicaux libéraux confrontés à la problématique de la mise en place d’un système de contrôle de gestion stratégique.

Rationalité selon J. Venn, notamment et variétés des cultures, ici symbolisés par les alphabets grecs, latins et cyrilliques, et si loin du main stream sclérosant, nous semblent résumer psyché et ses nombreuses déclinaisons en sciences de gestion.

Tout n’est-il pas symbole ?

Diagramme de Venn


[1] Venn, John (1881), Symbolic Logic, London, Macmillan and Company. ISBN 1-4212-6044-1.

[2] La Revue des Sciences de Gestion, n°205, janvier-février 2004, pages 59-142.

n°287-288 – « Une Macédoine »

« Une Macédoine »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovationsSe référer à Philippe et à son fils, le grand Alexandre, n’est évidemment pas pour nous déplaire ! Rappeler que sous une même langue, la diversité culturelle des peuples qui connurent la puissance des rois macédoniens, est restée riche et variée et non uniformément monochrome, est à l’évidence ce qui caractérise notre revue.Comment nos traducteurs en anglais et en espagnol[1], vont-ils traduire ce titre à la fois simple et énigmatique ?

Six articles clôturent ce numéro. Ils ont été intégrés comme des « Études de cas multiculturelles ». Ils constituent cette « macédoine » au sens littéraire[2] du terme comme Bachaumont en a utilisé le vocable, pour la première fois en 1786. Il traitait alors du Bayard de Monvel. « Sans peur et sans reproche » à l’instar du célèbre chevalier, vainqueur des Suisses à Marignan, est un clin d’œil qui n’échappera pas aux esprits les plus affûtés de nos lecteurs.

Ce ne sont pas seulement les deux rives de la Méditerranée qui se trouvent ainsi réunies comme le prime abord croirait le résumer, mais ce sont les fruits d’une variété d’organisations qui enseignent la gestion qui se trouvent ainsi dans ce « mélange » au sens le plus académique du terme et aux thématiques diverses :

– Finance, bien sûr avec la première étude de cas, présentée par Ikram Radhouane, Mehdi Nekhili, Haithem Nagati et Gilles Paché sur la « divulgation environnementale et (la) performance financière des grandes entreprises françaises » (page 89). L’université du Maine, y cotoie une école de commerce, l’ICD, et se fondent au même creuset qu’Aix-Marseille université !

– De l’autre côté de la Méditerranée, deux chercheuses tunisiennes, Safa Dargachi et Hajer Ben Lallouna Hafsia attestent à leur manière, d’une forme de « globalisation » des comportements déviants des usagers dans le « secteur hospitalier ». Ce dernier en effet, en France comme en Tunisie, souffre considérablement des réformes des comptables béotiens et aveugles, ces fameux malades atteints de la « gestionite[3] », qui sont la cause de la « mauvaise qualité de service » (page 99). Voilà qui pourrait être donné à méditer à ces faux-sages de la rue Cambon, notamment !

– L’étude de cas suivante due à Amir Louizi, enseignant-chercheur à l’IDRAC Business School (page 107) appliquée à l’analyse de la gouvernance d’entreprises françaises, me ravit par l’une de ses conclusions : « les entreprises performantes n’ont pas forcément une bonne gouvernance. […] les entreprises performantes ont tendance à avoir une structure diffuse. » Sans résumer par cet extrait, l’analyse de l’auteur, son étude, avec des perspectives d’approfondissement et de diversification des échantillons nécessaires, constitue malgré tout une bouffée d’ouverture face à ceux, souvent dans les enceintes académiques, qui pensent que modélisation homogénéisée est la voie unique. Cela évoque immédiatement quelqu’économiste récemment propulsé à la chancellerie des universités de Paris et dont la nomination augure très mal d’un « nouveau monde » proclamé, mais qui s’éclaire aux plus vieilles lucarnes de la pensée morte et mortelle !

– L’étude de marketing sensoriel qui suit, nous situe toujours dans la recherche de qualité culturelle que notre revue place au cœur de ses valeurs, lorsque Rabiaa Daghrir et Azza Frikha dans leur conclusion constatent que « le phénomène de la madeleine de Proust, longuement évoqué dans les recherches interdisciplinaires, est peu exploité dans les recherches marketing » (page 128). On peut comme ces enseignantes de l’ISC-Tunis, auteures de cette étude sur « les senteurs d’ambiance… », (page 119) le regretter !

– L’entrepreneuriat est le thème des deux dernières études de cas de ce dernier dossier :

  • Yassine Laib et Rédha Benredjem, chacun enseignant de part et d’autre de la Mare nostrum, l’un à Lyon, capitale des Gaules et l’autre venu de l’ancienne Cirta, devenue Constantine par la volonté d’un empereur romain, se penchent sur « la promotion de l’entrepreneuriat en Algérie ».
  • Tandis que l’étude finale réside en un compendium du « contexte institutionnel dans les économies émergentes ». On le doit à un auteur marocain Salah Koubaa et une chercheuse française, Mounia Benabdallah.

On pourra s’étonner que nous ayons commencé par la fin, c’est-à-dire le 3e dossier de ce numéro, avant que de souligner les apports des deux premiers.

C’est l’avantage de la macédoine, qu’elle soit de fruits ou de légumes, que de pouvoir être dégustée, et les plus grands cuisiniers s’y sont consacrés, sans qu’aucun ordre ne s’impose !

De plus, insister sur la richesse des enseignements que peuvent apporter par leurs études de cas les entreprises et les organisations, nous semble une excellente introduction au 1er dossier qui, proche des sciences de l’éducation, propose trois études originales qui caractérisent bien que rien de ce qui concerne la gestion ne nous est étranger, si j’ose paraphraser Terence[4].

L’apprentissage n’est pas encore bien entré dans l’esprit de tous les universitaires dont certains s’y opposent par une idéologie surannée et mortifère ou, pour les moins courageux, par prétérition. C’est notamment le cas de notre économiste entré, on ne sait toujours pas au nom de quoi dans la chancellerie des universités parisiennes ! Discours « pro business » et structure du pouvoir sont donc des choses bien différentes, toujours !

Il n’est pas sûr non plus, à force de mesures dispersées, contradictoires et archaïques durant le quinquennat précédent que toutes les organisations qui devraient massivement concourir à la formation diplômante des jeunes ne soient pas encore bien méfiantes.

En 1992, direction et gestion déjà, sous la plume de René Hugonnier[5], dressait un constat : « les plus hautes autorités de l’État s’inquiètent de notre déficit en qualification professionnelle et dénoncent l’inadaptation de nos moyens de formation professionnelle. Il s’agirait là d’une faiblesse grave, d’un handicap majeur dans la compétition économique de plus en plus vive à laquelle nous conduit l’abaissement et, dans certains cas, la disparition des frontières.

On nous a répété que nous sommes engagés dans une guerre économique. Celle-ci, moins douloureuse qu’une guerre véritable, est sans doute aussi inexorable, et peut-être plus grave dans ses conséquences à terme. On peut d’ailleurs penser que dans certains secteurs professionnels les déclarations officielles ne témoignent que partiellement d’une réalité plus sévère.

Si nous sommes en guerre, il faut s’en donner les moyens. Si l’apprentissage est un des facteurs-clés de la bataille il faut, dans les délais les plus brefs reconstruire des structures et des méthodes dignes d’un tel effort[6]. » C’était, il y a 35 ans et l’article que le jeune directeur de la revue que j’étais alors, avait choisi de publier, a gardé toute son acuité.

Jean d’Ormesson, qui vient de nous quitter, lui qui dirigea l’un des grands journaux français, constate que « ce qui sépare le journaliste de l’écrivain, c’est le mystère du temps. Le temps passe et il dure. Le temps du journaliste (j’ajouterais aussi du mauvais homme politique) est tout entier du côté du temps qui passe. L’écrivain est tout entier du côté du temps qui dure[7] ».

Sans nous hausser au rang d’écrivains, gageons que notre revue, véritable organe de presse en faisant émerger la recherche actuelle, entend ne retenir que des auteurs durables. C’est ambitieux, mais je constate à la lecture de tous ces noms qui ont confié, souvent à leurs débuts, une contribution à notre revue… que nous sommes bien dans notre ambition !

Les auteurs du dossier « Enseignement et entreprise » poursuivent donc notre volonté de travailler sur les questions originales et de fond en sciences de gestion : Dominique Siegel aborde « le recours à des apprentis du supérieur » (page 13), Alexandra Couston et Isabelle Pignatel s’interrogent sur « l’adéquation de la formation doctorale en France aux besoins de l’entreprise » (page 23) et Aurélien Rouquet et Jean-Baptiste Suquet, à l’instar d’Alfred Carrard[8], modèle s’il en est de la formation des formateurs, s’inquiètent de la pauvreté de la réponse académique sur l’immersion dans une organisation de l’enseignant-chercheur de gestion (page 31).

Enfin, le deuxième dossier de ce numéro : « Innovations et finance ». Dans ce domaine à la fois si classique et si décrié qu’est, du fait de sa place devenue omniprésente, la finance, il nous a semblé utile de souligner quelques avancées ou étapes novatrices. « Les IAS/IFRS apportent-elles une amélioration ? » est la question que posent Gaëlle Lenormand et Lionel Touchais (page 43) tandis que Marion Goffin dresse un très utile état des lieux du marché des obligations callables des firmes américaines durant les 40 années qui viennent de s’écouler (page 51). Loredana Cultrera, Mélanie Croquet et Jérémy Jospin apportent un appareil d’analyse pour « la prédiction des faillites » grâce à leur étude des PME belges (page 63).

Situé de fait, au cœur de ce numéro, le dernier article de ce dossier de finance traite d’un sujet à la fois d’une ardente actualité « le microcrédit personnel » destiné à des publics fragilisés et d’une interrogation de fond sur la pauvreté qui ne cesse de s’accroître du fait de l’innommable inégalité d’un système économique injuste et donc inefficace ! Valérie Billaudeau, Elizabeth Poutier, Pascal Glémain et Emmanuel Bioteau, (page 79) venus d’horizons différents, présentent cette réponse innovante de « Ma tante[9] » et du Crédit Municipal de Nantes, institution datant de 1813 qui « proposent des produits et services résolument différents des autres banques… » !

Les chroniques bibliographiques sont ouvertes à l’un de nos partenaires traditionnel, le Cercle Turgot, aux sympathies libérales connues et qui doit tant à son président Jean-Louis Chambon. Nous les ouvrons une deuxième fois, en souhaitant que cela ne soit pas une seconde, à Jean-Michel Servet, Professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève pour présenter son analyse de l’ouvrage de Pierre Dockès : « Comment une histoire des crises peut/doit (re)constituer un enseignement pour notre temps »

« Diversité c’est ma devise » est le vers de La Fontaine[10], que Pigault-Lebrun place en exergue de son ouvrage « Une Macédoine », publié en 1811… Qu’écrire de plus ?

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[1]. Nos lecteurs auront remarqué que l’indigne comportement, qui rappelle ceux d’avant 1975, du Gouvernement actuel de l’Espagne, nous a fait retirer le drapeau de la couverture de ce numéro, mais bien entendu en conserver la langue qui est celle de nombreux peuples amis.

[2]. Louis Petit de Bachaumont, (1788), « Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, depuis MDCCLXII jusqu’à nos jours : ou, Journal d’un observateur », chez J. Adamson, page 251.

[3]. Philippe Naszályi, (1996), « La Gestionite », direction et gestion des entreprises, n° 155-156, pp. 6-7.

[4]. Homo sum, nihil humani a me alienum puto.

[5]. Né en 1921, apprenti à 16 ans, ouvrier ajusteur, licencié en psychologie et diplômé de la Business School de Cornell (États-Unis), il est devenu président du Groupe Convergence et conseil d’entreprises en 1958. Auteur de divers ouvrages, dont Former des chefs, promouvoir les hommes (Dunod, 1964), il a également enseigné à l’Institut de contrôle de gestion (ICG) le cours de direction des entreprises et été conférencier à l’École supérieure de Guerre.

[6]. René Hugonnier, (1992), « Quand nous savions mieux que les Allemands, former les apprentis… », Direction et gestion des entreprises, n° 134, pp. 9-14.

[7]. Jean d’Ormesson, « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle », Nrf, Galllimard, 2015, 485 p., page 341.

[8]. Alfred Carrard, Ingénieur suisse (Montreux 1889-Lausanne 1948), fondateur de l’Institut de psychologie appliquée de Lausanne, il a largement contribué à développer les méthodes et les techniques de formation professionnelle et de perfectionnement des adultes. On pourra lire avec intérêt : Alfred Carrard (1940), « Méthode de formation professionnelle : pour la spécialisation rapide de manœuvres à former pour des travaux définis d’ajustage, de fraisage et de tournage », Institut de psychologie appliquée de Lausanne, 64 pages.

[9]. On doit ce surnom du « Mont-de-piété », créé en 1637, et devenu depuis 1918, le Crédit municipal de Paris au Prince de Joinville qui, refusant d’avouer à sa mère, la reine Marie-Amélie qu’il avait « mis au clou » sa montre » pour payer ses dettes de jeu, préféra indiquer qu’il l’avait oubliée chez « sa tante » !

[10]. Jean de La Fontaine, Contes et nouvelles en vers (1665-1674), Pâté d’anguille.

n°285-286 – « Un trait d’Union ! »

« Un trait d’Union ! »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Au moment où de nombreux signes laissent à penser qu’enfin, notre plus fidèle ennemi, songe à prendre le large en bénéficiant de son insularité, la plus ancienne des revues francophones académiques de gestion, décide de tenter un « trait d’union » en publiant, pour la 1re fois un cahier en langue anglaise, consacré justement à « cultures and management ».
Il faut bien reconnaître que l’utilisation par l’anglais de ces deux mots d’origine latine ne peut qu’inciter à se laisser convaincre.

Le numéro précédent (284) était une porte ouverte sur la « philosophie et le management », ce numéro (285-286) ouvre une deuxième et certainement pas une seconde, porte culturelle.

J’ai tenu à ce qu’elle prenne tout son sens en enserrant ce cahier anglais, de deux dossiers où les Hommes (sans « écriture inclusive ») sont au centre des réflexions comme cela devrait l’être dans toute action humaine : « Hommes et entreprises » et « les commerces et les hommes », petit clin d’œil au magazine des anciens élèves d’HEC.

Ce cahier en langue anglaise, je l’ai confié à une femme, Mounia Benabdallah comme rédactrice en chef invitée car elle a su proposer un trait d’union entre les deux rives de la Manche ou de l’Atlantique, par la langue, mais aussi, entre les rivages lumineux de la Méditerranée. Les six articles proposés le sont au bout de la sélection assez impitoyable et longue de La RSG. C’est la cause de nos retards à publier, fréquents.

L’évaluation des papiers, avec une triple sélection constitue notre originalité. Elle est le gage que nous respectons les canons de la recherche, la vraie, pas la publiométrie.

Cette dernière est appelée à court terme à faire « flop », comme toutes les bulles malsaines. Ne dit-on pas en langage boursier : « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! Il y a 10 ans tout juste dans un éditorial sur la crise financière que nous pensions, mieux que les Attali, Minc et autres, devoir advenir , « la banqueroute est au coin de la rue », nous évoquions déjà cette vérité cousue au coin du bons sens[1] .

La faute par excellence, depuis l’ὕϐρις (hybris) des tragiques grecs, la démesure,  toujours et sans cesse recommencée, amène les idiots utiles de toutes les collaborations, de tous les colonialismes, de tous les renoncements à chercher à inventer des tabourets pour essayer d’être enfin, un peu, quelque chose, puisqu’être quelqu’un leur est définitivement fermé.

Les classements, les rankings, les awards sur tous les sujets, les records, mêmes les plus stupides qui ravalent parfois l’homme à la bête, sont ces choses inutiles et dangereuses qui servent de tabourets pour ceux qui s’adjugent un pouvoir de classer les autres !

Tant que comme l’enfant, nous n’ouvrirons pas les yeux pour dire tout simplement « le roi est nu », nous continuerons, comme des sots à faire la cour ou à révérer ces monstres de vacuité que sont ces différentes « agences ou officines de notation » dont quelqu’un enfin posera t’il la question de leur légitimité.

On enseignait jadis dans les écoles publics de la République, cette célèbre réplique du vigoureux comte Adalbert de Périgord à son nouveau roi Hugues Capet « qui t’a fait roi ? »

Il manque à ce temps pas mal de vigueur et de courage !

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[1] « La banqueroute est au coin de la rue ou les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ! » du n° 224-225, mars-juin 2007, pages 5 à 8,

n°284 – « Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher… »

« Que personne, parce qu’il est jeune, ne tarde à philosopher, ni, parce qu’il est vieux, ne se lasse de philosopher  »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

« L’animal homo sapiens aurait cessé d’exister, s’il n’avait pas créé en même temps, à travers je ne sais quel processus, probablement une sorte de processus de sélection néo-darwinienne, quelque chose de radicalement nouveau dans tout le domaine naturel et biologique, à savoir la société et les institutions. Et l’institution impose à la psyché la reconnaissance d’une réalité commune à tous, régulée, n’obéissant pas simplement aux désirs de la psyché[1].

Comme toutes les sciences qui s’intéressent aux communautés humaines, la gestion (ou le management) n’est pas exempte de s’interroger sur son propre construit social et ses valeurs. Tout comme « l’homo economicus », cher aux néo-libéraux est un mythe, hélas toujours révéré par quelques idiots utiles parfois encore proches du pouvoir, il existe bien une mythologie ou des postulats en management comme James G. March [2] l’a fort bien démontré dans son excellente métaphore avec le Don Quichotte.

Dans ses enseignements, il démontre bien que le manageur ne peut pas, et loin de là, se contenter d’apprendre les techniques de gestion. Il doit se confronter aux questions fondamentales de l’existence, et celles-ci sont mieux abordées dans les grandes œuvres de la littérature que dans les manuels de gestion. Ainsi, la lecture de Guerre et Paix et de Don Quichotte permet-elle de développer une capacité d’appréciation critique qui complète les techniques.

Comme dans toute organisation politique, les cadres dirigeants rencontrent des dilemmes moraux liés au pouvoir, des questions d’équilibre entre la vie privée et les devoirs publics, entre l’habileté et l’innocence, entre la diversité et l’intégration, entre l’ambiguïté et la cohérence, entre l’expression de la sexualité et son contrôle. Ils doivent considérer les moyens d’encourager l’exploration d’idées déviantes souvent mauvaises et presque toujours inefficaces à court terme, mais qui permettent à l’organisation de s’adapter à un environnement changeant et de surmonter les crises.

Face à l’hostilité du monde et à l’insignifiance de leurs actions, les manageurs que nous montre James G. March ne sont pas mus par l’espoir de conséquences favorables et de récompenses mais par les plaisirs quotidiens de l’action qui leur permet de découvrir, d’affirmer et de faire partager une identité et une interprétation du monde enthousiasmantes [3].

C’est aussi la pensée d’un philosophe contemporain François Jullien lorsqu’il constate que « l’efficacité est d’autant plus grande qu’elle est discrète. Le sage transforme le monde parce qu’il laisse émaner de sa personnalité, de jour en jour, de proche en proche, sans avoir à se faire valoir ni à se poser en exemple [4] ».

Les 10 et 11 mai 2016 se tenait à Metz, le 4e Congrès Philosophie(s) du Management à l’ESM-IAE sur le thème « Management et philosophies de l’Antiquité ».

Parce que notre revue est curieuse de tout ce qui concerne les sciences de gestion et cela depuis plus de 52 ans, nous avons tout naturellement répondu très favorablement aux organisateurs et accepté de publier dans nos colonnes les meilleures communications.

Le Comité scientifique du colloque et nos évaluateurs, rappelons que seule de toutes les revues, nous procédons à 3 évaluations dont au moins une par un spécialiste qui n’est pas hexagonal, ont retenu 7 des 75 communications qui ont été présentées…

Qui dira plus sélectif dans ce monde du classement où la légitimité des institutions qui s’autorisent à classer les autres est plus qu’à démontrer… et il n’y a pas que Shanghai !

Pour introduire ce numéro spécial enchâssé dans La RSG, et en partenariat avec notre consœur la RIPCO [5], nous avons confié à Baptiste Rappin le soin de l’orchestrer.

Pour commencer, nous avons souhaité intégrer trois articles initiaux à cette thématique :

  • une réflexion très actuelle sur « reconnaissance de la propriété intellectuelle des enseignants-chercheurs » se complète
  • d’une étude de « l’impact de l’acculturation sur le changement de matérialisme » et s’achève
  • par une analyse éthique sur les déterminants de la communication responsable sur internet… pour les entreprises françaises.

Défendre une autre idée de la publication en management et son excellence, la vraie, pas celle de la bibliométrie et quelqu’autre re-construction du gigantisme de l’Armée rouge au nom de l’insertion dans des classements bidons, est bien notre « génome » !

Empruntons encore au philosophe et sinologue qu’est François Jullien, la morale de ce numéro lorsqu’il répondait à une question de journaliste : « « D’autre part, « défendre », je l’ai dit, s’entend de façon active. Y compris sur des points qui paraîtront minimes : le subjonctif, la classe de philosophie et le latin. On a abandonné le latin et le grec par paresse et complaisance idéologique. Pourtant, il y a là une ressource essentielle, qu’on a expérimentée aussi en banlieue. L’épreuve de philosophie au bac me paraît aussi ressource. Non au nom d’une singularité française mais parce qu’apprendre à disserter, en envisageant le pour et le contre, forme à la citoyenneté. Une ressource n’a pas besoin d’être vantée, elle se mesure au profit que l’on peut en tirer. »

Décidément, avec Aristote, nous pouvons conclure « s’il ne faut pas philosopher, il faut encore philosopher [6] ».

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* Épicure, Lettre à Ménécée (122) : Μήτε νέος τις ὢν μελλέτω φιλοσοφεῖν͵ μήτε γέρων ὑπάρχων κοπιάτω φιλοσοφῶν. ; Ἐπίκουρος ; ΕΠΙΣΤΟΛΗ ΠΡΟΣ ΜΕΝΟΙΚΕΑ.

[1] Cornélius Catosriadis (1986), Les carrefours du labyrinthe II, Le Seuil, 1986, p 40

[2] James G. March. (1999), Les mythes du management », Gérer et comprendre, n°57, p. 4-12.

[3] Thierry Weil (2004), Le leadership dans les organisations : Un cours de James March, préface de JC Thoenig, Les presses de l’Ecole des Mines de Paris

[4] François Jullien, (1992), La Propension des Choses, Paris, Le Seuil, 320 pages

[5] Revue Internationale de Psychosociologie et de Gestion des Comportements Organisationnels

[6] [pour démontrer qu’il ne faut pas philosopher]. Protreptique, Frag. 2 Ross

n°283 – « Gouverner, c’est prévoir ! »

« Gouverner, c’est prévoir ! »

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Tout le monde connaît ou presque cette maxime ! Peu sans doute savent qui en est l’auteur. Il mérite pourtant notre reconnaissance en cette période où s’affrontent en France presqu’une demi-grosse de candidats dans une imprévisibilité de destin que même les nombreuses manipulations des officines sondagières n’arrivent pas à clarifier.

Il ne sera pas indifférent à nos lecteurs de savoir que l’auteur, surnommé le « Napoléon de la presse » par son idée géniale de créer « La Presse » en 1836, avait commencé par un titre, ô combien évocateur en ces temps de campagne : « Le Voleur » !

Ce journal fondé sur « l’emprunt des articles » à d’autres, aurait convenu à nombre de nos contemporains supposés « penseurs », qui, comme Attali, Minc et consorts sortent volontiers à l’occasion de la campagne présidentielle française, comme de nouveaux Hippias, cet « homme pour qui la vérité ne compte pas[1] ». Leur fonds de commerce qui les rend si « bankables » pour nombre de chaînes d’« Info », mais aussi d’antennes, jadis sérieuses, toutes emportées qu’elles sont par la recherche de ce nouvel animateur de plateau qu’est « l’expert », leur permet de distiller la vacuité intéressée de leurs propos, ceux en tout cas qu’ils n’ont pas plagiés.

« La Presse » donc, domine alors ses concurrents car proposée à demi-tarif, déjà le low cost, elle est financée par la publicité introduite alors et, pour fidéliser les lecteurs, des romans-feuilletons écrits par (excusez du peu !) : Balzac, Dumas, Lamartine, Théophile Gautier ou George Sand.

Cet entrepreneur de presse est aussi un homme d’honneur, – ce qui n’a plus guère cours. Attaqué de toutes parts et notamment sur ses origines, par la gauche d’alors, « les républicains », il se bat en duel contre le directeur du « National » dont le nom n’est passé à la postérité que du fait d’avoir été blessé mortellement à cette occasion et que nous ne retiendrons donc pas !

Parmi les calomnies qui s’étaient répandues sur lui, une, entre autres, mérite notre attention. En effet, son élection de député avait été contestée à cause de sa naissance illégitime qui n’en faisait pas aux dires de ses détracteurs républicains, un « français » à part entière ! Moderne interrogation qui surgit toujours dans nos débats pour les rabaisser et nous confirme que l’instrumentalisation de la justice et les attaques ad hominem, ne sont évidemment pas propres à notre époque et ne signifient donc pas une dépravation plus grande de nos mœurs actuelles.

Seuls, les tenants de la videocrazia qui n’est hélas pas le propre de l’Italie berlusconienne, peuvent sentencieusement parler d’éthique, le grec fait souvent plus savant que le latin, pour masquer leur parfaite ignorance du passé et de ses faits. Tous ces fameux imbéciles qui pensent que le monde commence avec eux puisqu’ils en ignorent l’histoire.

Né comme Victor Hugo, « ce siècle avait deux ans », Émile de Girardin, puisque c’est de lui dont nous parlons, peu politisé au fond, épouse par la suite, la cause républicaine. Créateur notamment du « Petit Journal », titre toujours évocateur, il s’éteint le 27 avril 1881, quelques mois avant que cette grande loi du 29 juillet n’instaure, même si elle a subi depuis de graves atteintes, la liberté de la presse en France !

La Revue des Sciences de Gestion s’inscrit dans cette organisation de la presse à laquelle elle appartient de plein droit puisqu’elle en respecte les règles. Certes, elle n’est pas un organe de presse politique au sens, le plus basique, celui que de petits comptables ministériels serviles veulent imposer. Ils aiment tant tout catégoriser pour introduire de fait, une nouvelle censure rampante, qui est le classement de la presse à partir du fond des articles.

N’ont-ils pas poussé leur vergogne ignare jusqu’à refuser de reconnaître qu’à côté de la presse d’information politique générale (IPG) sous perfusion permanente de fonds publics de la part des politiques dont elle nous abreuve des moindres faits et gestes, il y a bien une autre presse une presse soucieuse non pas de l’éphémère, mais de durable.

En effet, le 15 juin 2016, « après six mois de tergiversations stériles, le ministère de la Culture (nom bien usurpé en ces temps) et de la Communication s’apprête, en violation des engagements pris, annoncés et solennellement entérinés en Conseil des Ministres, à ne pas reconnaître la presse « de la Connaissance et du Savoir[2] ».

La connaissance et le savoir, ces deux grandes valeurs jetées aux orties « pour cette mascarade qui bafoue l’autorité publique en dilapidant l’argent du contribuable versé aux propriétaires mécènes de titres qui s’adressent au très cher citoyen électeur[3] ». Voilà bien un manquement à ses engagements qui en préfigure d’autres du Premier ministre d’alors !

Il est vraisemblable aussi qu’à l’ENA, comme dans bien des endroits du pouvoir, on a oublié si jamais on l’a su, qui peut bien être « la mère des arts, des armes et des lois » et que du Bellay en fut son chantre !

Le fait que LaRSG se rattache à cette presse-là et que par là, elle se distingue ainsi des innombrables revues liées à des associations, fondations ou autres officines, n’a pas d’importance non plus pour d’autres trissotins plus ou moins officiels, ceux de « la piste aux étoiles[4] ». C’est pourtant là encore, une grossière erreur, née de leur ignorance du monde des entreprises. Ces béotiens qui s’intitulent « gestionnaires », mais surtout se targuent d’être les évaluateurs reconnus de la qualité de la publication en gestion, ne comprennent pas qu’être juge (c’est-à-dire une structure publiant une revue…) et partie (c’est-à-dire une des revues qu’on évalue) pose un sérieux problème éthique et de crédibilité pour toute la recherche française ! La qualité d’entreprise de presse nous confère cette indépendance qu’ils ne peuvent avoir, outre le fait qu’elle nous apporte de plus, un peu d’expérience en gestion d’entreprise ! Pour en parler c’est souvent mieux !

Voilà pourquoi, Émile de Girardin, par sa vie et son œuvre d’entrepreneur de presse, au service des idées, nous paraissait mériter qu’on en parlât en ce premier numéro de 2017. En cette année électorale, c’est la temporalité de fournir des informations aux lecteurs pour les mettre au même niveau de connaissance. C’est, dans ce numéro le questionnement sur le gouvernement des entreprises et les méthodes de recherche de partenaires et de coopérations qui sont nos dossiers de fond et sont notre référence durable. Information et formation, les deux axes de la « connaissance et du savoir » qui induisent la démocratie

Ajouter :

  • que Girardin fut un adversaire de Guizot, celui du fameux « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne », incarnation de cet orléanisme louis-philippard, qui sans cesse tente de revenir « vêtu de lin blanc et de probité candide[5]  »,
  • que ce « conservateur » fut également le seul, en février 1848 à proposer que la femme puisse être chef de famille (ce qui avait pour effet de supprimer la bâtardise) et à réclamer l’égalité civile des femmes et leur droit de vote, ce que Radicaux et Républicains (leurs héritiers actuels oublient bien de le rappeler) refusèrent constamment !
  • que cet homme d’entreprise était favorable à l’impôt sur le capital, comme une « prime d’assurance proportionnelle à la valeur du capital détenu », plaidait aussi pour l’instauration des congés de maladie, la retraite des travailleurs et la journée de travail de huit heures !
  • enfin que bien avant beaucoup, « Émile », du nom de son premier « best-seller » a prôné l’abolition de la peine de mort, des travaux forcés, de la déportation et de la prison…, n’est pas sans nous déplaire !

En 1995, autre année qui nous paraissait importante en ce qui concerne la fin d’un cycle politique puisque François Mitterrand quittait l’Élysée après deux septennats, nous avions rencontré alors chacun des candidats putatifs à l’élection présidentielle et avions recueilli leurs réponses à nos questions[6].

L’entrée dans la temporalité électorale se fait indirectement cette année qui nous paraît aussi celle d’un changement de cycle politique. Poursuivant donc notre cheminement pré-électoral, comme dans le dernier numéro de 2016, nous avons ouvert nos colonnes à des questions posées aux candidats par des acteurs originaux. Elles nous semblaient en effet suffisamment solides pour intéresser nos lecteurs. Ce sont celles qu’oublient les médias de cette presse IPG[7], si chère aux politiciens de tout poil comme on la vu plus haut, qui évitent au maximum de traiter du fond tant ils pensent leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs incapables d’en comprendre le sens !

« La place de l’Union européenne dans le monde », réflexion de fond que nous propose avec sa grande connaissance du continent de l’Atlantique à l’Oural, Claude Martin ouvre ce numéro composé de deux dossiers : « Gouvernement d’entreprise » et « partenaires et coopérations ». Ils s’inscrivent bien dans cette logique sans épouser jamais l’évanescence de l’actualité.

Les systèmes nationaux de gouvernance, la gouvernance de l’entreprise et le « contrôle inter-organisationnel », l’évolution du rôle du conseil d’administration dans les mutations du capitalisme et une analyse de débats bien actuels sur la diversité de genre mesurée dans les organes de direction des grandes entreprises belges constituent ce premier dossier.

Le deuxième réunit plusieurs approches partenariales autour d’exemples : les négociations collectives, les coopérations dans les réseaux de santé gérontologiques avant de traiter de ce secteur de l’ESS que sont les coopératives avec leur rôle dans le processus d’appropriation de la RSE dans le secteur végétal que précède une analyse de la stratégie entrepreneuriale d’une petite cave coopérative vinicole !

Nous n’imaginons pas que les candidats, pris par leur campagne liront le moindre de ces articles, mais l’espérance qui nous anime nous fait penser que malgré l’extrême médiocrité de la réflexion politique (à quelque exception près, notamment chez quelques (petits) candidats) quelques-uns de leur entourage pourront enfin y puiser quelque enseignement à mettre en œuvre pour sortir notre société de la fange où on l’a menée.

Un brillant et très éminent membre de l’Académie des Sciences morales et politiques qui fut mon professeur en Sorbonne, m’a écrit que « nos dirigeants auraient intérêt à lire (notre) revue » tant il « craint une catastrophe en 2017 ! »

Puisse ce grand homme de science et de culture être entendu !

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[1]. Henri-Irénée Marrou (1954), De la connaissance historique, Éditions du Seuil, Paris, p. 221).

[2]. Newsletter FNPS du 20 juin 2016 / Catégorie de la presse du savoir et de la connaissance.

[3]. Christian Bruneau, Président de la FNPS, 17 juin 2016.

[4]. Gérard Charreaux et Michel Gervais, (2007), Editorial : La « piste aux étoiles » – un commentaire sur le dernier classement des revues élaboré par la section 37 du CNRS. https://www.researchgate.net/publication/4874819_EditorialLa_piste_aux_etoiles_-_un_commentaire_sur_le_dernier_classement_des_revues_elabore_par_la_section_37_du_CNRS.

[5]. Victor Hugo, Booz endormi.

[6].  Philippe Naszályi (1995), entretiens avec : Jacques Chirac, Édouard Balladur, Lionel Jospin, Robert Hue, PCF, Jean-François Hory, Radical, Arlette Laguiller, Lutte Ouvrière, Jean-Marie Le Pen, Front National, Philippe de Villiers, Mouvement pour la France, Antoine Waechter, écologiste ; direction et gestion des entreprises n°150-151, (novembre 1994-février 1995) pp. 7-52.

[7]. http://www.humanite.fr/medias/la-presse-ipg-vient-de-creer-son-association-496722.

n°281-282 – Innovation(s)

Innovation(s)

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

L’innovation est au cœur de la vie des entreprises comme des sociétés. Elle n’en demeure pas moins fort difficile à définir comme le souligne notamment Claude Rochet (2013) en présentant les derniers développements en théorie de l’innovation à partir du programme canadien de recherche Management of Innovation in the New Economy (MINE) dirigé par le professeur Roger Miller[1].

Ce numéro situe les exemples d’innovation présentés dans un écosystème où la puissance publique est loin d’être absente. En cette période où la France, entre dans une période électorale de première importance, il nous a paru logique de nous faire l’écho des questionnements légitimes qu’entrepreneurs, chercheurs, enseignants posent au monde politique. Ainsi, et en premier lieu, j’ai limité cet éditorial introductif pour laisser place (page 2) et ainsi montrer ma solidarité à l’appel que fait l’AFEP (Association Française d’Économie Politique) pour qu’(enfin) en France, on reconnaisse le pluralisme en économie !

Notre revue depuis son origine et plus encore sous mon impulsion, a toujours pensé que les doxa quelles qu’elles soient, ne sont que des vérités temporelles car en recherche et surtout en science humaine, il n’y a pas de vérité intangible ! Il ne peut non plus y avoir de progrès et donc d’innovation sans une remise en cause permanente des concepts admis. Cela a été vrai du modèle communiste, cela est vrai aussi du modèle « néo-libéral » dominant. Voir un certain nobélisé (avec les limites qu’on connaît à ce pseudo prix Nobel) s’ériger en « Grand Inquisiteur », et qui pis est, être écouté des Gouvernants actuels, pour pourfendre les doctrines économiques hétérodoxes, montre à tous que le péril est grand et l’obscurantisme toujours devant nous. Rappelons que la science n’est pas affaire de majorité, sinon Galilée comme Pasteur auraient eu tort !

Toujours cohérents avec ce pluralisme que nous revendiquons, nous offrons (pages 73-74) au Président-fondateur du cercle Turgot, une tribune libre pour le président attendu… Enfin, et particulièrement liés à notre sujet dominant, nous relayons (page 22) l’appel à candidature du RRI (réseau de recherche en Innovation) et (pages 75-76) les « 7 questions fondamentales sur l’Innovation aux candidats à l’élection présidentielle » posées par le très nouveau et considérable « Collectif innovation 2017 ». Laissons au Général de Gaulle, « un homme qui n’appartient à personne et qui appartient à tout le monde[2] », le soin de conclure sur les enjeux de notre époque : « Culture, science, progrès.

Voilà ce qui, à notre époque au lieu des rêves de conquête et de domination d’antan, appelle et justifie les ambitions nationales. Voilà sur quoi doivent se rencontrer les peuples d’où procède la civilisation moderne ». C’était en 1966, à l’Université de Moscou[3], et cela, est toujours d’actualité !

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[1] Claude Rochet (2013), L’innovation dans l’innovation : De Schumpeter 1.0 à Schumpeter 3.0, Conférence à IONIS Business School, 16 avril 2013.

[2] Conférence de presse du 19 mai 1958, Palais d’Orsay.

[3] Discours à l’Université de Moscou, 22 juin 1966.

 

Le droit de la presse menacé par le projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté

Le projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté, tel qu’issu de la commission spéciale du Sénat, comporte plusieurs dispositions qui mettent en danger la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Les organisations professionnelles de la presse alertent sur la nécessité de préserver la cohérence de cette loi, qui organise l’équilibre entre les garanties individuelles et la protection des libertés fondamentales en démocratie, toujours pertinente à l’ère des médias numériques.

Comme l’ensemble des syndicats d’éditeurs de presse l’ont encore souligné l’année dernière, la loi de 1881 est régulièrement menacée, dans une inspiration qui traduit une certaine méfiance à l’égard de l’information en ligne. Ses dispositions en matière de défense de la liberté d’expression comme d’engagement de la responsabilité des médias sont pourtant essentielles à notre vie démocratique. Son équilibre complexe, validé par une abondante jurisprudence, doit être pleinement préservé, comme le Conseil Constitutionnel et la Cour européenne des droits de l’homme le rappellent régulièrement.

Une perte d’autonomie du droit de la presse en élargissant la compétence du juge civil

Le texte en discussion prévoit de permettre au juge civil de requalifier un délit de presse. Le Sénat y ajoute la possibilité d’une réparation des préjudices nés des abus de la liberté d’expression sur le fondement de la responsabilité civile de droit commun (article 1382 du Code civil), alignant de ce fait les délais de prescription.

Ainsi  pourraient être attaqués tous les propos ou articles estimés négatifs ou péjoratifs qui ne constitueraient pas une infraction à la loi sur la presse.

La nature pénale et la philosophie de la loi de 1881, basée sur une énumération d’infractions très précises, seraient ainsi entamées. Elles sont pourtant fondamentales à la protection de la liberté de la presse, par les garanties que les procédures offrent à la défense.

Une modification dangereuse du délai de prescription pour la presse en ligne

Aujourd’hui, le délai de prescription en matière de délit de presse (papier ou numérique) court à compter du premier jour suivant la mise à disposition des utilisateurs du message.

Le projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté issu de la commission spéciale repousse, pour la presse numérique uniquement, le point de départ du délai de prescription au jour où cesse la mise à disposition du public du contenu mis en cause.

Cette disposition est doublement dangereuse :

  • Elle crée une discrimination injustifiée entre presse imprimée et numérique.
  • Dans les faits, elle supprime la prescription, puisqu’une publication en ligne a vocation à rester accessible sans limite de temps. Ce faisant, elle porte gravement  atteinte  aux équilibres du droit de la presse, sans atteindre le cœur du problème : les abus sous couvert d’anonymat.

Cette modification est en contradiction avec la décision du Conseil constitutionnel qui avait censuré une disposition identique dans la loi pour la confiance dans l’économie numérique.

Si les abus constatés sur les réseaux sociaux appellent une réponse adaptée, cet objectif poursuivi par les sénateurs ne saurait être mis en œuvre au détriment de l’exercice de la liberté de la presse qui, elle, s’exerce en toute transparence.

Toute évolution de la loi de 1881 ne saurait en outre être élaborée sans concertation avec ses parties prenantes.

Les organisations professionnelles de la presse demandent donc au Parlement et au Gouvernement de ne pas porter atteinte à ces équilibres essentiels à la liberté d’information au détour d’une loi adoptée en procédure accélérée dont l’objet est éloigné du droit de la presse.

droit-de-la-presse

Communiqué commun du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR), du Syndicat de la presse quotidienne départementale (SPQD), du Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), de la Fédération nationale de la presse spécialisée (FNPS), de la Fédération de la presse périodique régionale (FPPR), du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil) et du Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (GESTE)