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Le Spiil réagit aux propositions des États généraux de l’information

LaRSG adhère également au Syndicat de la Presse Indépendante d’Information. C’est donc tout naturellement que nous présentons, la réaction in extenso de notre organisation professionnelle, après celle de la FNPS.

Le Spiil a accueilli avec intérêt les conclusions des États généraux de l’information tout en relevant quelques points de vigilance et quelques omissions. Il se félicite que certaines de ses propositions, comme la création d’un Centre national de l’information, aient trouvé un écho favorable dans les propositions des parlementaires, et appelle le gouvernement à se saisir sans délai de ces travaux.

Après plusieurs mois de travail, les États généraux de l’information ont présenté leurs conclusions le jeudi 12 septembre dernier. Les parlementaires du groupe « médias, informations de la majorité présidentielle », constitué lors de la précédente législature, ont quant à eux partagé leurs propositions le 17 septembre dans le cadre d’un livre blanc. Le Spiil rejoint les constats posés par les groupes de travail et partage l’appel de Bruno Patino à œuvrer collectivement au sein de la filière pour réaffirmer le rôle central d’une information fiable et de qualité dans notre société démocratique. 

  • Le Spiil, qui défend de longue date une actualisation de la loi Bichet à l’ère du numérique, accueille avec enthousiasme l’obligation pour les plateformes d’afficher de façon non discriminatoire les contenus informationnels et la proposition de dégroupage des algorithmes afin de redonner aux internautes l’accès à une pluralité de contenus et la maîtrise du flux informationnel qui se présente à eux.
  • Le Spiil se réjouit du volontarisme affiché par le comité de pilotage pour réguler les plateformes. L’instauration d’une contribution obligatoire des plateformes sur la publicité numérique constitue une proposition intéressante, à articuler avec les droits voisins, en intégrant la nouvelle dimension de captation de valeur générée par le recours à l’intelligence artificielle. 
  • Le Spiil approuve également l’encouragement à la fédération entre producteurs d’information, pour constituer un front uni face aux plateformes et pour réfléchir ensemble aux enjeux qui bouleversent l’écosystème de l’information. Cet appel au rassemblement est au cœur du projet du Spiil de créer un Centre national de l’information, pour permettre à la profession de se réunir et de porter des propositions communes. Le Spiil se félicite que les parlementaires aient repris cette proposition dans leur livre blanc. 
  • Le Spiil partage l’ambition des États généraux d’ériger l’éducation aux médias et à l’information (EMI) au rang de priorité, à l’école, mais aussi pour toutes les générations, et de s’appuyer sur les médias pour atteindre cet objectif. Le Spiil, qui a récemment rejoint l’Apem (Association pour l’éducation aux médias) y prendra toute sa part. Les compétences des journalistes professionnels les désignent tout particulièrement pour réaliser des interventions d’EMI. Toutefois, ces dernières ne doivent pas se faire sans contrepartie. Le Spiil est donc favorable aux propositions formulées dans le livre blanc des parlementaires, pour permettre aux médias de concilier les interventions auprès du public avec le travail quotidien dans les rédactions, par le biais de mécanismes de compensation financière ou la mise en place d’un fonds pour assurer les remplacements des journalistes occupés par les missions d’EMI. Par ailleurs, l’éducation aux médias ne saurait être pleinement efficace si elle ne s’accompagne pas de mesures pour renforcer la visibilité des médias professionnels auprès du grand public. Veiller à inclure plus largement les contenus de presse dans le Pass Culture y contribuerait utilement. 
  • Le Spiil prend acte des réflexions du comité du pilotage pour renforcer la protection de la liberté d’informer, notamment en clarifiant le périmètre de « l’impératif prépondérant d’intérêt public », en prévoyant que tout acte d’enquête ou d’instruction devra être préalablement autorisé par un juge des libertés et de la détention, ou en fixant dans la loi une définition précise des procédures bâillons. Néanmoins, le Spiil appelle à aller beaucoup plus loin pour garantir aux journalistes que certaines situations inacceptables dont ils ont pu être victimes par le passé (mise sur écoute, placement en garde à vue, etc.) ne se reproduiront plus. Le Spiil regrette que certaines idées mises en avant dans le cadre des groupes de travail, qui auraient été de nature à apporter de telles garanties, aient été écartées par le comité de pilotage. Face à la recrudescence des atteintes à la liberté d’informer par le recours à la loi sur le secret des affaires, le Spiil se prononce en faveur de l’opposabilité du droit à l’information dans les instances judiciaires concernées et plaide pour le renforcement de la protection du secret des relations entre les journalistes et les sources internes aux entreprises. 
  • Le Spiil observe avec intérêt les propositions pour responsabiliser l’ensemble des acteurs, telles que la labellisation des influenceurs d’information s’engageant à respecter des bonnes pratiques en matière de transparence et de déontologie. En revanche, le Spiil est plus réservé sur la proposition du livre blanc des parlementaires consistant à octroyer une reconnaissance « d’organe de presse » aux créateurs de contenus quand bien même ces derniers sont uniquement présents sur les réseaux sociaux. Cette proposition risque de renforcer la dépendance aux plateformes, contre laquelle le Spiil s’érige en accompagnant ses membres vers le développement de leur propre vecteur numérique (site, newsletter ou appli mobile).
  • Le Spiil est sensible à la notion de « responsabilité démocratique » visant à inciter les annonceurs à dépenser de la publicité dans les médias plutôt que sur les plateformes. Le Spiil appelle néanmoins à assortir cette mesure d’une incitation à privilégier plusieurs supports afin d’inciter au pluralisme, ainsi que d’une vigilance en cas de dépenses publicitaires d’un annonceur dans des médias dont il serait propriétaire.
  • La création d’un statut de « société à mission d’information » appelle également notre vigilance quant à la capacité de tous les éditeurs, y compris les petites structures, à s’engager dans cette démarche. En ouvrant droit à une bonification des aides, elle risque d’être discriminante et d’engendrer des distorsions de concurrence à leur détriment.
  • Le Spiil observe par ailleurs que le sujet de la concentration verticale, poussée par la prise de contrôle de titres par des groupes dont l’activité principale se situe hors du champ de la presse, n’a été que marginalement abordé. Le Spiil accueille toutefois favorablement la recommandation du comité de pilotage de nommer, au sein des groupes multimédias, un administrateur indépendant chargé de veiller à la prévention des conflits d’intérêts.
  • Le Spiil regrette que les EGI ne se soient pas penchés sur l’architecture générale des aides à la presse, pour sortir d’une vision en silo qui n’est plus adaptée à la convergence entre canaux de diffusion, gagner en clarté et en visibilité pour les éditeurs. Enfin, le Spiil regrette que la question des coûts croissants de la distribution de la presse en ligne (référencement, serveurs, maintenance des sites, etc.) n’ait pas été abordée dans les discussions. Au même titre qu’il existe un soutien public à la distribution de la presse imprimée, il nous semble légitime de poser la question d’une aide à la distribution de la presse en ligne. 

Le Spiil, qui a largement pris sa part aux États généraux de l’information, entend s’impliquer tout aussi activement dans le dialogue interprofessionnel et dans les concertations menées par les pouvoirs publics pour concrétiser les propositions.

https://www.spiil.org/s

La FNPS prend position sur les propositions des États Généraux de l’Information (EGI) et des députés de la majorité présidentielle

Adhérente au Syndicat de la Presse économique, juridique et politique, un des sept syndicats professionnels de la Fédération Nationale de la Presse d’information Spécialisée, LaRSG, a tenu à publier la position de cette dernière. Pour clarifier la lecture pour tous, la rédaction a apporter des explicitations et des notes.

https://doi.org/10.3917/rsg.328.0076

La FNPS tient à remercier les différents contributeurs aux États Généraux de l’Information pour leur travail approfondi et rigoureux sur le monde de l’information, qui s’est efforcé de prendre en compte toutes les sensibilités des acteurs concernés. Nous avons également pris connaissance des 100 propositions présentées par les députés groupe de travail Médias et informations de la majorité présidentielle (MIMP) qui, pour partie, font les mêmes constats et préconisent les mêmes solutions que ceux contenus dans le rapport des EGI afin de consolider et renforcer le droit à l’information.

De manière générale, nous nous félicitons des pistes proposées pour promouvoir l’éducation aux médias afin de lutter contre la désinformation. Nous sommes également favorables aux dispositions visant à renforcer la confiance dans l’information et nous considérons que les démarches de labellisation, s’appuyant en premier lieu sur la reconnaissance délivrée par la CPPAP (Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse), sont à développer pour mettre en avant des critères de qualité tout comme la certification JTI (Journalism Trust Initiative)[1] le propose également.

Nous soutenons toutes les propositions visant à garantir un meilleur partage de la valeur générée par l’exploitation des contenus d’information des éditeurs, en particulier par les GAFAM[2].

L’instauration d’une contribution obligatoire sur la publicité digitale est une piste intéressante, mais elle ne doit pas gêner le processus fragile de mise en œuvre du droit voisin.

A ce titre, nous encourageons la recommandation formulée par les EGI de créer un outil de gestion collective pour les médias d’information, dans la mesure où l’efficacité de la défense de nos droits et intérêts vis-à-vis des grands acteurs de la tech repose sur une union la plus large de toutes les formes de presse, et ce d’autant plus que l’IA se développe rapidement. De même, nous soutenons la proposition du groupe MIMP[3] (n°14) de faire de la reconnaissance par la CPPAP la clé de voûte de l’éligibilité aux droits voisins pour mettre un terme aux manœuvres dilatoires des redevables.

Par ailleurs, l’incitation des annonceurs à orienter leurs investissements publicitaires vers les médias d’information répond également à cette nécessité de juste contribution de tous les acteurs, privés et publics, au développement de la presse, outil indispensable pour renforcer la connaissance et le savoir et donc la démocratie.

Sur la question de la gouvernance des rédactions, la renonciation à la mise en place systématique d’un droit d’agrément du directeur de rédaction répond à notre demande de tenir compte des spécificités propres à l’organisation et aux enjeux des TPE/PME qui composent la très grande majorité des éditeurs de presse. Nous regrettons toutefois que nos propositions d’aménagement de la clause de cession n’aient pas été retenues, faisant peser un risque disproportionné sur la pérennité de ces mêmes entreprises au moment de leur transmission.

La FNPS attend désormais que les pouvoirs publics s’emparent de ces propositions et portera une attention toute particulière à ce que les mesures retenues respectent l’équité entre les différentes familles de presse. Une exigence d’autant plus forte que l’avènement du digital a donné naissance à un marché globalisé de l’information sur lequel il convient d’éviter toute distorsion de concurrence entre les différents acteurs.


[1] La Journalism Trust Initiative (JTI) est une norme internationale, un label, pour mettre en valeur et avantager un journalisme digne de confiance.

[2] Acronymes reprenant l’initiale des « géants du net ». Ces lettres font référence aux cinq plus grosses entreprises du secteur, des technologies de l’information et de la communication les plus puissantes multinationales. Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft.

[3] Groupe MIMP – Médias & infos : Pour une presse libre et de qualité, constitué de parlementaires.

Francophonie : la terminologie de l’économie et de la gestion s’est enrichie cet été 2024

Dans l’édition du 16 juillet 2024, le Journal officiel a publié une nouvelle liste officielle au vocabulaire de l’économie et de la finance[1]. Toujours soucieux de diffuser notre information dans le vocabulaire le plus adapté et le plus précis possible, nous présentons ces éléments.

https://doi.org/10.3917/rsg.328.0014

1. La démarche préparatoire à l’acte de vente qui peut être décomposée en 4 phases en retenant l’ordre chronologique d’emploi des termes[2] :

  • 1re phase, contact commercial, contact pour suspect, targeted client : « personne physique ou organisation avec laquelle une entreprise cherche à entrer en relation parce qu’elle est susceptible d’être intéressée par son offre commerciale. »
  • 2e phase, contact confirmé, pour lead : « contact commercial qui a manifesté son intérêt pour l’offre commerciale d’une entreprise » ; et le coût par contact confirmé pour cost per lead : « mode de tarification de la publicité en ligne où l’annonceur rémunère le support en fonction du nombre de contacts confirmés que ce dernier lui amène. »
    Note : On trouve aussi le terme « coût par lead », qui est à proscrire.
  • 3e phase, client, -e potentiel, -elle pour prospect, équivalent admis : « contact confirmé dont l’intention d’acquérir un produit ou un service donné est attestée. »
    Note : Un client potentiel peut avoir participé à une présentation de l’offre ou demandé un devis.
  • 4e phase, maturation du client potentiel pour lead nurturing : « processus par lequel un client potentiel, souvent professionnel, est progressivement transformé en client par la proposition de contenus commerciaux pertinents et diversifiés. »
    Note : Les contenus commerciaux proposés en vue de la maturation du client potentiel peuvent être des infolettres, des vidéos, des conférences en ligne ou des publications sur les réseaux sociaux. Cette clarification est due à l’arrivée d’un intrus, le lead, dans les années 2010/2020, qu’il s’agissait de traiter. L’artisan principal en a été Guy Nouailhat, expert auprès du collège d’Économie et Finances.

2. Les 12 autres termes de la liste

  1. Contrat d’intéressement social (CIS) pour social impact bond (SIB): « contrat passé entre un investisseur privé et un organisme public pour financer un projet social, qui prévoit que l’organisme public rémunère l’investisseur enfonction du taux de réalisation des objectifs contractuels. »
  2. Habillage éthique pour fairwashing : « stratégie de communication d’une entreprise ou d’une organisation qui cherche à améliorer son image de marque en se réclamant abusivement de valeurs éthiques. »
  3. Méthode d’actualisation des flux (MAF) pour DCF method, discounted cash flow method (DCF) : « évaluation d’un actif ou d’un passif par la somme des flux actualisés de recettes et de dépenses qui lui sont associés. »
  4. Obligation à coupon réinvestissable pour bunny bond, guaranteed coupon reinvestment bond, multiplier bond : « obligation dont le coupon peut être payé, au choix du détenteur, soit sous forme numéraire, soit sous forme d’une fraction d’une nouvelle obligation possédant les mêmes caractéristiques. »
  5.  Obligation de projet, obligation liée à un projet d’intérêt public (OPIP) pour project bond: « obligation émise par une entité ad hoc pour financer un projet d’infrastructure d’intérêt public. »
  6. Option binaire pour binary option: « option négociable donnant à l’acheteur le droit de recevoir un montant fixe si le cours de l’actif sous-jacent dépasse un certain seuil à la hausse, dans le cas d’une option d’achat, ou à la baisse, dans le cas d’une option de vente. »
  7. Plateformisation, n.f. pour platformization : « transformation des relations entre acteurs économiques qui s’opère par le recours à des plateformes en ligne mettant ces acteurs en contact.»
  8. Prestataire de services liés aux actifs numériques (PSAN), pour crypto-asset service provider (CASP), crypto exchange, crypto trading platform: « entreprise qui propose des services financiers relatifs aux actifs numériques. »
  9. Tout-à-la-demande, n.m. pour everything as a service (XaaS) : « modèle d’entreprise fondé sur une offer d’infrastructures à la demande qui permet à une organisation cliente de bénéficier de moindres coûts du fait de leur mutualisation, d’une forte évolutivité de services et d’une facilité de changement d’échelle. »
  10. Travail à la tâche pourgig economy : « régime économique qui repose sur une contractualisation tâche par tâche
  11. entre des donneurs d’ordre et des exécutants, souvent mis en relation au moyen de plateformes en ligne. »
  12. Utilisateur, -trice pionnier, -ière pour lead user : « utilisateur régulier et averti d’un bien ou d’un service, qui est sollicité par l’entreprise produisant ce bien ou ce service pour contribuer, par des suggestions, à son évolution. »
  13. Vote sur les enjeux climatiques pour say on climate, say on climate vote : « vote, par l’assemblée générale des actionnaires d’une entreprise, d’une résolution portant sur les incidences climatiques de la stratégie de cette entreprise ; par extension, cette résolution elle-même. »

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049990742

[2] Source : La Nouvelle lettre du français des affaires LALFA n° 9 – août 2024 – ISSN 2968-4358, www.apfa.asso.fr

Liberté d’expression et pluralisme de la presse : « la culture domine tout »

Notre revue s’est impliquée dans une information sur les États généraux de l’information (EGI) que le président de la République française a lancé à l’automne 2023. Malgré la mort, le 8 juin, de notre confrère Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières et délégué général des États généraux de l’information, la réflexion s’est poursuivie et a abouti à une présentation le 12 septembre 2024.

https://doi.org/10.3917/rsg.328.0046

Cinq groupes de travail ont travaillé sur des propositions sur des thèmes précis. 22 assemblées citoyennes et évènements ont eu lieu en hors de Paris où se sont tenues les 174 auditions. Enfin 76 contributions écrites ont été reçues et La Revue des Sciences de Gestion s’est fait l’écho de certaines et les a publiées.

Liberté d’expression et pluralisme de la presse sont les points d’ancrage de la réflexion, même si l’empreinte de l’idéologie ambiante, amplifiée par le poids des nominations par la « macronie » peuvent inciter tout chercheur à un recul épistémologique nécessaire.

Quinze propositions

Il ressort du rapport présenté quinze propositions (9 pour préserver « l’espace public français » et 6 pour « préserver l’espace public européen ») professionnels de l’information » !

  1. Faire de l’éducation à l’esprit critique et aux médias à l’école une priorité ;
  2. Neutraliser la désinformation par une sensibilisation préventive à grande échelle (pre-bunking) ;
  3. Étendre la qualité de société à mission aux entreprises d’information ;
  4. Améliorer la gouvernance des médias d’information ;
  5. Renforcer la protection du secret des sources et légiférer contre les procédures-bâillons ;
  6. Proposer une labellisation volontaire des influenceurs d’information ;
  7. Créer une nouvelle responsabilité : la responsabilité démocratique ;
  8. . Redistribuer une partie de la richesse captée par les fournisseurs de services numériques en faveur de l’information ;
  9. Assurer le pluralisme des médias dans le cadre des opérations de concentration ;
  10. Pour une reconnaissance européenne du droit à l’information ;
  11. Instaurer un pluralisme effectif des algorithmes ;
  12. Rendre le marché de l’intermédiation publicitaire en ligne plus concurrentiel pour permettre un partage de la valeur équilibré ;
  13. Instaurer une obligation d’affichage des contenus d’information pour les très grandes plateformes ;
  14. Rendre effectives les responsabilités des grandes plateformes dans la lutte contre la désinformation et le cyberharcèlement en préparant un « acte II » du Règlement sur les services numériques (DSA),
  15. Consolider une politique de lutte contre la désinformation à l’échelle européenne.

Deux recommandations aux professionnels

S’y ajoutent deux « recommandations aux professionnels de l’information !

  1. La profession devrait s’engager dans une démarche volontaire et plurielle de labellisation. Il est à noter que la Création en 2019 du Conseil de Déontologie journalistique et de Médiation (CDJM) à laquelle La Revue des Sciences de Gestion a adhéré dès l’origine semble bien avoir précédé cette nécessaire recommandation
  2. La profession devrait commencer à construire un outil de gestion collective pour les médias d’information.

La Revue des Sciences de Gestion s’inscrit parfaitement dans cette logique

La Revue des Sciences de Gestion s’inscrit parfaitement dans cette logique de l’information qui passe nécessairement par la formation. On distingue assez mal à propos une presse d’information souvent événementielle et très vite datée voire démodée si elle se contente des faits et de légers commentaires et la presse de la culture et de la formation. C’est une vison erronée et courte puisque la culture et la formation par la réflexion de fonds sont étroitement liées à l’information puisque sans elles, cette dernière est vaine et creuse !

Comme nous le rappelions dans l’éditorial, page 2, le Général de Gaulle que nous reprenons dans le titre, déclarait le 15 mai 1965, à Bourges, devant André Malraux : « L’esprit, c’est-à-dire la pensée, le sentiment, la recherche et les contacts entre les hommes. C’est pourquoi, encore une fois, la culture domine tout. Elle est la condition sine qua non de notre civilisation d’aujourd’hui, comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là. »[1]

L’information ne peut se distinguer de la culture et séparer les deux presses est une incongruité ridicule !


[1] https://www.elysee.fr/charles-de-gaulle/1965/05/15/discours-prononce-par-le-general-de-gaulle-president-de-la-republique-a-loccasion-de-linauguration-de-la-maison-de-la-culture-de-bourges-cher-15-mai-1965#:~:text=L’esprit%2C%20c’est,qui%20ont%20pr%C3%A9c%C3%A9d%C3%A9%20celle%2Dl%C3%A0.

Pensées critiques et enjeux mémoriels

Les 8, 9 et 10 novembre 2023, s’est tenu, à l’Université Clermont-Auvergne (UCA) à Clermont-Ferrand et à la Maison Heinrich Heine (Paris), un colloque organisé par Philippe Mesnard, Professeur des Universités en littérature comparée, (Université Clermont-Auvergne, Institut Universitaire de France) et Dominique Viart (Professeur des Universités en littérature française contemporaine, (Université Paris Nanterre, Institut Universitaire de France).

Avec l’aimable autorisation de Philippe Corcuff, Professeur des Universités en science politique à l’IEP de Lyon, nous reproduisons ici l’argumentaire qu’il a co-écrit avec Philippe Mesnard et qui est publié sur le site de « Mémoires en jeu » du 15 avril 2024, https://www.memoires-en-jeu.com/dossier/pensees-critiques-et-questions-memorielles/

Nous les remercions vivement et nous pensons que ce texte mérite d’être lu également par des gestionnaires pour amener un débat qui s’inscrit dans la logique de l’éditorial de ce numéro : Démocratiser la gestion ou Gérer la démocratie ?

Ce colloque invite à interroger les questions et les pratiques mémorielles de notre temps au regard des pensées, des positionnements et des discours critiques avec lesquels elles sont régulièrement en rapport. Il s’agit moins de considérer des événements passés en tant que tels – sur les plans factuel ou historiographique – que leurs reconfigurations et usages mémoriels. Cela conduit à un état des lieux de la critique, suivant ses différents usages et acceptions, au regard d’un domaine aussi sensible que celui de la mémoire historique engageant le monde commun.

À peine postérieur au 7 octobre et à leurs conséquences, il n’a pas été question, à quelques digressions près, de la façon dont les mémoires étaient et allaient être interpellées et convoquées par ces événements.

Toutefois, une deuxième manifestation étant déjà prévue pour l’automne 2024, ces questions-ci en sont devenues l’enjeu.

Mais voici déjà, en guise d’invitation à débattre, trois courtes problématisations : standardisation, positionnement critique et ambivalence et dépossession critique.

Standardisation

Le recours au témoignage comporte une portée critique face aux croyances et aux pouvoirs illibéraux et criminels. La mémoire de faits, d’événements ou de situations historiques, politiques ou socio-économiques permet, à partir de pratiques d’archivage, de création et de transmission de dénoncer des atteintes à la dignité humaine, généralement associées à des systèmes coercitifs. Elle est en cela un moyen de prise de conscience et un ressort de la justice et de l’émancipation.

Toutefois, en devenant un des fondements de nos espaces démocratiques contemporains, cette vocation du témoignage et de la mémoire s’est dédoublée. Les questions mémorielles se sont converties en un vaste dispositif d’interprétation des violences qui élabore des normes, engage à les instituer et porte des valeurs – d’ordre généralement moral mais aussi esthétique – pour tenter de régler notre rapport éthique à l’autre.

Un tel dispositif contribue largement à l’institution dans nos sociétés occidentales de cadres d’expression forts – du fait de leur charge morale – avec leurs lieux communs, leurs topoï et leurs figures symboliques dont la victime, définie à partir de la vulnérabilité, est l’un des exemples majeurs. Ainsi, comme on parle de « bonnes pratiques », les bonnes production et réception des témoignages,et leur visibilité, aussi bien médiatique que scientifique, tiendraient à leur conformité aux cadres de l’expression mémorielle [S. Lefranc ; Ph. Mesnard]. La standardisation qui en résulte, entamant la portée critique des questions mémorielles, mettrait en veilleuse les potentiels du passé [W. Benjamin] à produire des étincelles permettant d’interroger et de réinterroger le présent, sans complaire à son horizon d’attente et à ses codes.

De prime abord paradoxale avec l’idée sensible que l’on se fait du rapport au passé, la standardisation dont il s’agit passe en fait par des registres extrêmement variés d’émotions sur lesquels se trouvent précisément à spéculer les sociétés capitalistes contemporaines [E. Illouz]. La normalisation des expressions mémorielles participerait alors d’une forme de raison instrumentale intimement élaborée [question évidemment explorée par l’École de Francfort, de T.W. Adorno et M. Horkheimer à A. Honneth] à laquelle les productions ou les créations intellectuelles et artistiques s’intéressant au passé devraient se confronter. En ce sens, il faut prendre la mesure de cette interpellation par le passé qui nous requiert au niveau de notre langage, de notre histoire familiale, de nos identités sociale, culturelle et intellectuelle, de notre espace de vie, de notre monde commun.

Ainsi, cette standardisation ne concernerait pas seulement les commémorations, les musées ou les discours et les représentations médiatiques, elle plonge plus profond pour étendre son institution au-delà et en-deçà de ces espaces symboliques. Il n’est qu’à regarder comment toute une part de la littérature et du cinéma fait du passé son sujet, certes, parfois avec une grande intelligence, mais empruntant très souvent de mêmes voies, de mêmes modèles et modesde subjectivation. Ceux-ci sont si facilement repérables que l’on peut se demander s’il ne faut pas y voir une forme, non plus de production, mais de reproduction – en l’occurrence concertante [D. Viart]– renforçant les cadres mémoriels actuels au risque de neutraliser aussi bien l’autoréflexivité que l’esprit critique sous couvert de faux-semblants [T.W. Adorno].

L’enquête, le cadre familial et les figures des grands-parents que l’on a eus ou non, les révélations de papiers et de photos jadis égarés, la réparation de l’autre, voire du monde – non sans générer une sorte de fantasme rédempteur de toute-puissance –, de soi et d’entre soi, avec les morts et les vivants, tous ces thèmes, procédés ou dispositifs se présentent comme des passages « obligés » non seulement de l’expression mémorielle, mais d’une réception favorable, nécessairement à interroger pour ne pas céder à la complaisance. On peut même se demander si ce mémoriel-ci et, coextensivement, la question du soin – plus souvent dénommée care – ne sont pas devenus une planche de salut éthique à laquelle on est invité à se raccrocher dans un monde en complète dérégulation.

Positionnements critiques

On mesure facilement les enjeux critiques que véhicule le souci testimonial et mémoriel en tournant son regard vers l’extérieur des espaces démocratiques, qu’il s’agisse des persécutions des Ouighours en Chine, des Rohingyas en Birmanie ou, dans un tout autre registre, des révisions idéologiques de l’histoire en Pologne et, mutatis mutandis, en Russie cautionnant pour cette dernière un système criminel. Il en est de même pour les pays du « Printemps arabe » dont l’ensemble est désormais sous la coupe de pouvoirs répressifs, face auxquels réagissent des contrecultures où la mémoire des exactions est archivée et transmise souvent à travers les domaines artistiques [G. Fabbiano].

Mais à l’intérieur de nos espaces démocratiques, les pratiques mémorielles ne sont pas non plus épargnées par les critiques.

Comment celles-ci se manifestent-elles ?

Elles peuvent venir des études postcoloniales et de genre, intersectionnelles ou de ce qui a été étiqueté par leurs adversaires comme « cancel culture ». À ce titre, le déboulonnage ou le taguage des statues n’auraient-ils pas mis en lumière, tout autant que le passé peu illustre de « grands hommes » et l’essoufflement démocratique [L. Murat], la faiblesse critique des études de mémoire ?

Autre exemple, alors même que Michael Rothberg est identifié originellement à son appartenance aux Memory studies, la controverse qu’il a portée en Allemagne entre 2021 et 2022 à propos de la mémoire de la Shoah, le rapproche des études postcoloniales auxquelles appartient Achille Mbembe dont il a pris la défense à cette occasion. Sa thèse de la multidirectionnalité mémorielle ne conduit-elle pas finalement, à l’instar d’autres courants, à une contestation d’une mémoire taxée d’européo-centrée, voire occidentalo-centrée[1] ?

Tout se passerait comme si, finalement, c’était à l’extérieur des limites que traçait la mémoire, devenue un enjeu et, à la fois, un ressort de normalisation morale, que des pensées critiques qui s’appuient sur le passé cherchaient à s’exprimer pour défaire les attentes et remettre en question, aussi bien les idées reçues que l’institution de savoirs perpétuant directement ou indirectement des enjeux contemporains de pouvoir. Parmi ces enjeux, et pas des moindres, on peut compter la mise à l’écart de mémoires militantes historiquement liées à des mondes du travail, notamment ouvrier, et la relégation, avec toute une pensée néomarxiste, d’interprétations en termes de rapports de classe. On peut ainsi se demander si des passerelles sont possibles – ou s’il y a incompatibilité structurelle – entre les études mémorielles et des pratiques militantes que l’on a tendance aujourd’hui à muséifier ou à stigmatiser si elles sont encore trop manifestement associées à des actions violentes [C. Brun ; O. Penot-Lacassagne].

Toutefois, les questions mémorielles sont aussi animées, à l’intérieur de milieux historiquement concernés par de fortes crises qui illustrent ce que l’on qualifie communément de conflits, guerres, concurrences des mémoires (ou concurrences de victimes, puisque l’on associe généralement mémoire et victime). Mais ces crises émanent-elles d’une réflexion critique ? En suscitent-elles ?

Ne reproduisent-elles pas plutôt des logiques de rejet et d’invisibilisation ? Il en est ainsi de la façon dont la prison de Montluc est devenue un enjeu mémoriel [M. André] où une part importante de son histoire liée à la guerre d’Algérie est reléguée à l’arrière-plan au profit des années 1943-1944, exemplaires de la répression de la Gestapo. En ce qui concerne les concurrences publiques entre la traite négrière et l’esclavage, d’une part, et la Shoah, d’autre part, cela ne conduit-il pas, subrepticement et de manière non intentionnelle, à homogénéiser par avance les rapports mémoriels à deux tragédies historiques plutôt que de permettre de penser tout à la fois leur proximité et leur différence[2] ? Ces oppositions, parfois d’une grande violence verbale, n’ont-elles pas précisément pour effet de faire de la polémique un mode de neutralisation, voire de réification, des perspectives critiques et créatrices que véhicule potentiellement le passé ? C’est là que l’on se retrouve à interroger, d’une part, les logiques de reconnaissance et la possibilité de leur perversion instrumentale, d’autre part, le rôle des subjectivations identitaires nourrissant des processus de discrimination.

Ainsi, l’approche de la reconnaissance et de la visibilité [A. Honneth], comme de la mésentente et de la subjectivation [J. Rancière] sont des théories critiques à mettre en dialogue, non seulement l’une avec l’autre, ce qui a déjà été réalisé [K. Genel et J.-Ph. Deranty], mais avec de tels phénomènes mémoriels.

Ambivalences et dépossessions critiques

Le rapport que l’on entretient avec la réflexion mémorielle et ses objets est complexe et ambivalent, chacun d’entre nous y étant subjectivement partie prenante.

Aussi dire que ce qui relève du mémoriel est « normatif » avec une connotation péjorative et est devenu comme un lieu commun. Très facilement, l’on critique – au sens où l’on porte un jugement négatif – la mémoire et son « devoir », la victimisation, la repentance. De même, on moque les raouts mémoriels qu’ils soient académiques, comme ceux de la fameuse Memory Studies Association rassemblant des milliers de chercheurs, ou politiques, comme les grands spectacles commémoratifs. Mais cela n’empêche pas d’y être attentifs et de les suivre. Parfois malgré soi, on véhicule le discours mémoriel et on incline à en respecter les conventions et les tendances sacralisatrices, en prévention de toute forme de négationnisme. Car la normalisation des questions testimoniales et mémorielles ou, plutôt, leur traitement comme levier normalisateur est aussi une réaction aux tentatives de révision de l’histoire qui visent, en niant des crimes, leurs intentions ou leurs systèmes, à promouvoir des visions racistes, antisémites, nationalistes et inégalitaires. Et la légitime et nécessaire critique de la standardisation mémorielle a donc pour obligation éthique et politique de ne pas alimenter les diverses formes contemporaines de relativisme et de négationnisme.

Car, ajoutant un degré de complexité, c’est dans ce cas du côté de l’extrême droite qu’il faut regarder, non pour souligner ses affinités et prises de positions historiques avec les falsificateurs de l’histoire, mais pour constater à quel point l’extrême droite et, plus largement, les courants ultra-conservateurs jouent sur la confusion [Ph. Corcuff] avec des positionnements qu’ils présentent comme « critiques » tout en empruntant des stratégies et un discours culturel de normalisation [N. Lebourg et J. Fourquet]. On assiste ainsi régulièrement à des logiques de réappropriation de signes émanant d’une gauche intellectuelle et politique qui a elle-même perdu, avec ses pratiques militantes, nombre de ses positionnements critiques ou les a appauvris. Les schémas conspirationnistes, la mise en cause de ce qui est stigmatisé en tant que « politiquement correct » et la haine des médias se présentent comme trois moteurs rhétoriques de cet hypercriticisme d’extrême droite, sur la base de la dissociation du couple nouant historiquement dans l’imaginaire de gauche critique sociale et émancipation Or, cet hypercriticisme ultra-conservateur s’attaque justement aussi, d’une manière sélective propre à son identitarisme et aux logiques discriminatoires qu’il promeut, aux cadres mémoriels dits « politiquement corrects ». Plus, complotisme, provocations du « politiquement incorrect » et dénonciations manichéennes des médias participaient déjà à certains discours critiques de gauche [M. Angenot], et constituent alors des zones de porosité confusionniste particulières favorisant l’extrême droitisation idéologique.

Ce contexte appelle une clarification des postures critiques sur la base d’une réassociation de la critique et de l’émancipation dans une perspective cosmopolitique. Cela suppose de mieux lier critique du discours mémoriel et horizon d’émancipation sociale, à la fois individuelle et collective. Ce qui fait que, moins que jamais, la critique scientifique ne peut perdre de vue des appuis éthiques et politiques. Avec pour base, ces trois problématisations, ce colloque des 8, 9 et 10 novembre ouvre à une réflexion multidisciplinaire sur la capacité des dispositifs mémoriels contemporains à développer une vision critique sur leur propre rapport au passé. Pari initial auquel s’ajoute la multidisciplinarité comme condition de dépasser les fréquents cloisonnements disciplinaires auxquels sont assignées les questions mémorielles.

Bibliographie

Adorno, Theodor W., 1951, « Critique de la culture et société », 1986, Prismes [1955], Paris, Payot.

Adorno, Theodor W. et Horkheimer, Max, 1947, La Dialectique de la raison, trad. allemande de E. Kaufholz, Gallimard, 1974.

André, Marc, 2022, Une Prison pour mémoire. Montluc, de 1944 à nos jours, Lyon, ENS éditions.

Angenot, Marc, 1982, La parole pamphlétaire. Contribution à la typologie des discours modernes, Paris, Payot.

Benjamin, Walter, 1940, Über den Begriff der Geschichte,

Brun, Catherine (co-dir. avec Elara Bertho & Xavier Garnier), 2021, Figurer le terrorisme. La Littérature au défi, Paris, Karthala.

Corcuff, Philippe, 2021, La Grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées, Paris, Textuel.

Fabbiano, Giulia (dir.), 2023, dossier : Contre-archives. Poétiques, pratiques et politiques de la trace, Mémoires en jeu, n° 19.

Genel, Katia et Deranty Jean-Philippe, 2020, Reconnaissance ou mésentente ? Un dialogue critique entre Jacques Rancière et Axel Honneth, Paris, Éditions de la Sorbonne.

Honneth, Axel, 2008 [2006], La Société du mépris, Vers une nouvelle Théorie critique, Paris, la découverte.

Illouz, Eva, 2019, Les marchandises émotionnelles : l’authenticité au temps du capitalisme, Paris, Premier Parallèle.

Lebourg, Nicolas (avec Jérôme Fourquet), 2017, La Nouvelle guerre d’Algérie n’aura pas lieu, Paris, Fondation Jean Jaurès ; 2022, « La guerre d’Algérie et les extrêmes droites : six décennies de “contre-terrorisme” ? », in Giulia Fabbiano & Abderahmen Moumen (dir.), Algérie coloniale. Traces, mémoires et transmission, Paris, Le Cavalier bleu éditions, p. 123-145.

Lefranc, Sandrine, 2022, Comment sortir de la violence ? Enjeux et limites de la justice transitionnelle, Paris, CNRS éditions.

Mesnard, Philippe, 2021, Les Paradoxes de la mémoire. Essai sur la condition mémorielle contemporaine, Lormont, Le Bord de l’eau.

Murat, Laure, 2022, Qui annule quoi ? Paris, Le Seuil, Libelle.

Penot-Lacassagne, Olivier, 2021, « La cause des peuples », in E. Bertho, C. Brun & X. Garnier, Figurer le terrorisme. La Littérature au défi, Paris, Khartala, p. 43-60.

Rancière, Jacques, 1995, La Mésentente, Paris, Galilée.

Rothberg, Michael, 2009, Multidirectionnal Memory. Remembering the Holocaust in the Age of Decolonization (Cultural Memory in the Present), Stanford University Press.

Viart, Dominique, 2009, « Le silence des pères au principe du “récit de filiation” », Études françaises, 45(3), 95-112. https://doi.org/10.7202/038860ar ; 2019, « Comment nommer la littérature contemporaine ? », l’Atelier de théorie littéraire de Fabula.

Le retour d’une belle organisation : l’APFA

L’Association de personnes et de professionnels, (elles) francophones et francophiles dans les activités d’échange des biens et des services en enrichissant notre langue !

Après quelques années où nous cherchions, en vain, les actions pour promouvoir le français des affaires, c’est le retour de son ancien président, Jean-Marcel Lauginie[1] qui permet de ré-espérer en un français ingénieux et innovant pour la création de mots liés notamment aux techniques et technologies nouvelles dans le monde fluctuant des affaires, c’est-à-dire de l’économie et de la gestion notamment.

La Commission d’enrichissement de la langue française travaille à cette question et l’APFA en est un des relais avec la participation à la diffusion des créations comme « jeunes pousses[2] », toile mondiale, lac des données et leur moissonnage, la mercatique prospective et la proxivision, le numérique et les objets connectés ou encore, le tourisme doux et durable. Plus de 2 000 termes recommandés éclairent les échanges commerciaux dans l’espace francophone.

Prenons quelques exemples empruntés là encore à l’ALFA[3]. L’arrivée dans les ports des voitures électriques chinoises, l’acronyme anglais « ro-ro » pour roll on-roll off réapparaît après un long sommeil. Or, cet acronyme est depuis près de quarante ans remarquablement traduit par roulage défini comme une « technique de chargement ou de déchargement des navires par rampes d’accès qu’empruntent tous engins sur roues, automoteurs, tractés ou poussés » et par roulier qui est un « navire conçu pour le chargement et le déchargement par roulage »[4].

Enfin, la Commission d’Enrichissement de la Langue Française (CELF) a publié au JORF du 1er juin 2023, une recommandation pour remplacer les acronymes NIMBY (Not In My Back Yard) par NAPI (Non Au Projet Ici) et NIABY (Not In Anybody’s Back Yard) par NINA (Ni Ici et Ni Ailleurs).

Rappelons à notre caste aux affaires qui se croit élite et qui n’illustre en fait que l’ouvrage toujours actuel de Julien Benda, La Trahison des clercs (1927), que nos amis francophones, notamment québécois, veillent mieux que nous sur notre langue commune. Ce n’est pas pour rien que nous organisons notre deuxième Colloque sur la démocratie en santé, le 13 juin 2024 avec les Universités du Québec[5] !

Ainsi, une coédition de l’Office québécois de la langue française et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, réalisée en partenariat avec le réseau des Organismes francophones de Politique et d’Aménagement Linguistique OPALE, avec la participation de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ainsi que de l’Association pour Promouvoir le Français des Affaires (APFA), a permis la réunion de 529 fiches de terminologies « Au fil de 2000 termes » qui montrent l’inventivité et la vitalité de notre langue commune dans la mondialisation.

Les principales actions de l’APFA en 2024-2025

Les Pionniers de l’Observatoire du français dans le commerce (Ofc) : d’avril à janvier 2025, inscription par courriel à l’adresse : apfa.lemotdor@orange.fr

Devenus Pionniers de l’Ofc, vous participerez à la création et à l’application d’une méthode pour observer et quantifier dans le commerce :

  • l’emploi des termes recommandés par la Commission d’Enrichissement de la Langue Française (CELF) ;
  • la présence d’intrus. Un intrus est un « élément qui n’est pas à sa place dans un ensemble cohérent ». Le Nouveau LITTRÉ, Éditions Garnier, Paris 2005. Les intrus, dans notre domaine, continuent à relever essentiellement du franglais, de termes anglais ou américains, d’anglicismes, d’américanismes et d’une anglomanie périodique.

Le traitement de chaque intrus éclaire les échanges commerciaux dans la francophonie tout en évitant l’appauvrissement de la langue française

Le Mot d’Or de la francophonie 2025 de Jean-Marc Chevrot pour les élèves, les étudiantes et étudiants le mardi 18 mars 2025 de 14 heures à 15 heures, inscription à l’adresse : https://www.apfa.asso.fr/historique/motdor/motdor.htm

Le Mot d’Or de la francophonie 2025 de Jean-Marc Chevrot : La Dictée du Mot d’Or pour le grand public et les formations universitaires en FLE : https://www.apfa.asso.fr/historique/motdor/presenta/presenta.htm#grandpublic

Pour ceux qui veulent organiser l’épreuve dans leurs locaux : laisser un message à apfa01@orange.fr

35e Journée du français des affaires et des Mots d’Or de la francophonie à Paris : vendredi 21 mars 2025, inscription par courriel à l’adresse : apfa.lemotdor@orange.fr


  1. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET Cachan), J.-M. Lauginie est professeur agrégé des Techniques économiques de gestion. Il a été inspecteur pédagogique régional, inspecteur d’académie à Orléans-Tours et membre de la Commission ministérielle de terminologie économique et financière. Il est le créateur de l’A.P.F.A. en 1984, sous le patronage de la Délégation générale à la langue française et en a été président jusqu’en 2016. Il en est redevenu le président en mars 2022 avec l’objectif de mettre en œuvre un plan de quatre ans ! Rappelons que l’association a pour objectifs de faire connaître la langue des affaires, d’appliquer à celle-ci la démarche de la mercatique et de montrer que chaque langue est susceptible de traduire avec son génie propre les termes du monde des affaires. On doit à J.-M. Lauginie plusieurs ouvrages, dont Action commerciale : Enseignement technique supérieur, édition en anglais en 1982 ; Économie de l’Entreprise, tomes 1 et 2 en 1984 avec Michel Darbelet…
  2. Qui valut à notre revue son deuxième « Mot d’Or du français des affaires », pour un article écrit avec Philippe Naszályi et François Rossi : « Comment investir en Chine », (Direction et gestion des entreprises, n° 166, juillet-août 1997, pages 57-66, et n° 167, septembre-octobre 1997, pages 57-74 qui donne lieu à une conférence le 26 novembre 1998 au Ministère de l’Industrie à Paris sur « Les sociétés à parapluies chinoises », où la conclusion est toujours de pleine actualité : « La politique de la Chine est celle de la bicyclette condamnée à rouler pour ne pas tomber. Elle peut donc aller très loin » ! Tout cela est encore bien actuel au moment où la France reçoit le Président chinois ! http://www.apfa.asso.fr/
  3. LALFA N° 8, mai 2024, ISSN 2968-4358
  4. Arrêté du 28 novembre 1985, JORF du 21 décembre 1985, révisé au JORF du 22 septembre 2000.
  5. « Pouvoir d’agir des usagers en France et au Québec : partage de connaissances pour une plus grande démocratie en santé » https://culture.cnam.fr/juin/pouvoir-d-agir-des-usagers-en-france-et-au-quebec-partage-de-connaissances-pour-une-plus-grande-democratie-en-sante-1461843.kjsp. Gratuit, sur inscription auprès de sandra.bertezene@lecnam.net. Date limite des inscriptions au colloque : 10 juin 2024.

États-généraux de l’information : suite et pas encore fin

Après avoir donné la parole au Conseil de Déontologie journalistique et de médiation et à la Commission de la Carte dans le numéro 324, nous donnons la parole aux journalistes dont les organisations signataires ont adressé cette participation à la réflexion globale dont la synthèse rappelons le devrait paraître en juin 2024.

États généraux de l’information : faire entendre la voix des journalistes

Garantir le droit à « une information libre, indépendante et fiable » : c’est l’enjeu des « États généraux de l’information », promis par Emmanuel Macron au printemps 2022, finalement lancés le mardi 3 octobre dernier. Cinq groupes de travail seront constitués afin de plancher sur les défis de notre profession. Lutte contre la désinformation et les ingérences étrangères, rôle de l’information dans la qualité du débat démocratique, ou encore « avenir des médias et du journalisme » seront, entre autres, au menu des échanges qui devront déboucher sur des propositions de réformes à l’été 2024.

Confrontés à la défiance croissante du public, aux atteintes au secret des sources, à la remise en cause de leur indépendance, les journalistes sont demandeurs d’évolutions législatives leur permettant d’exercer leur profession dans de bonnes conditions, pour délivrer une information de qualité, au profit des citoyens.

Pourtant, alors qu’ils sont concernés au premier chef, les journalistes et leurs représentants n’ont à aucun moment été associés à la préparation de ces États généraux. Certes, les professionnels peuvent déposer une contribution… au même titre que n’importe qui, la « participation citoyenne » étant ouverte à tous. Les organisations syndicales représentatives des journalistes, déjà, s’en sont émues dans un communiqué commun.

Nous, associations de journalistes, rassemblons des professionnels de tous horizons, généralistes ou spécialisés, exerçant dans tout type de médias. Chacune à notre façon, nous œuvrons à l’amélioration de nos pratiques professionnelles. Actions de formation ou de sensibilisation, rencontres entre pairs ou avec des experts, retours d’expériences sont autant de moyens d’aider nos consœurs et confrères à progresser, et à délivrer au public une information de qualité.

À ce titre, nous demandons à pouvoir porter la voix des journalistes dans le cadre des États généraux.

Signataires (par ordre alphabétique)

  • Association des diplômés de l’IJBA et de l’IUT de journalisme de Bordeaux
  • Association française des journalistes agricoles, de l’alimentation, de l’environnement et de la ruralité (Afja)
  • Association des journalistes antiracistes et racisé•e•s (Ajar)
  • Association des journalistes de la construction et des activités de la maison (Ajcam)
  • Association des journalistes européens (AJE France)
  • Association des journalistes de l’éducation (Ajéduc)
  • Association des journalistes économiques et financiers (Ajef)
  • Association des journalistes de l’habitatet de la ville (Ajibat)
  • Association des journalistes de l’information sociale (Ajis)
  • Association des journalistes d’information sur les religions (Ajir)
  • Association des journalistes du jardin et de l’horticulture (AJJH)
  • Association des journalistes médias (AJM)
  • Association des journalistes médicaux de la presse grand public (AJMed)
  • Association des journalistes des petites et moyennes entreprises (AJPME)
  • Association des journalistes de la presse scientifique d’information (AJSPI)
  • Association des journalistes du tourisme (AJT)
  • Association des journalistes pour la transparence (AJT)
  • Association nationale des journalistes de l’assurance (Anja)
  • Association de la presse ministérielle ou accréditée
  • Collectif Tu piges
  • Fédération internationale des journalistes (FIJ)
  • La Chance
  • Profession Pigiste