Modifié le 17 janvier 2021.
Cette année, la journée d’études des doctorant.e.s de l’Association française de l’histoire des mondes du travail (AFHMT) portera sur le thème “Écrire le travail”. Elle se déroulera au Campus Condorcet Paris-Aubervilliers, 8 cours des Humanités, 93300 Aubervilliers le mercredi 1er avril 2020 de 9h à 17h.
Appel pour la journée d’étude des doctorant.e.s de l’AFHMT : Écrire le travail.
La journée d’études aura lieu le mercredi 1er avril 2020 au Campus Condorcet, à Aubervilliers (métro Front Populaire)
Chaque intervention sera discutée par des professeur.e.s invité.e.s pour l’occasion (les textes devront être transmis une semaine avant aux organisateurs et organisatrices qui se chargeront de les faire parvenir aux discutant.e.s).
Les propositions de communications (moins de 5000 signes) sont à envoyer avant le 15 février 2020 à Romain Castellesi (romain.castellesi@gmail.com), Amandine Tabutaud (amandine.tabutaud@orange.fr) et Adeline Blaszkiewicz (blaszkiewicz.adeline@gmail.com).
Pour leur rendez-vous annuel, les doctorant.e.s de l’AFHMT proposent de questionner la question de l’écriture du travail. Cette journée d’étude s’inscrit dans une actualité politique, sociale et historiographique qui donne une acuité particulière à cette question[1]. Le succès d’ouvrages de travailleurs et/ou sur les travailleurs, à l’instar Joseph Ponthus, A la ligne[2], montre la diversification des écritures sur le travail à l’épreuve de ses formes les plus contemporaines, comme le développement de l’intérim. Ces œuvres montrent que la mise en récit des expériences au et/ou de travail, contribue à rendre visible des acteur.rice.s dont la voix est habituellement peu ou pas audible, en raison de leur position subalterne dans la société (appartenance de classe, de genre, de race). Aussi, ces récits constituent des sources singulières pour les chercheurs lorsqu’il s’agit de saisir la parole et les pratiques ouvrières notamment.
Cette journée d’étude accueillera prioritairement mais non exclusivement, et sur toutes les périodes de l’histoire, les communications portant sur les écrits produits par les travailleurs et travailleuses eux-mêmes. Ces écritures peuvent être de nature diverse (carnets, journaux, autobiographies, romans, écrits collectifs…) et revêtir des objectifs eux-mêmes variés, qu’il s’agisse d’écrits à vocation de témoignage, ou d’entreprises de nature philosophique, anthropologique, voire politique, et que leurs auteur.e.s aient cherché à publier ou non. Les communications pourront interroger plusieurs axes de réflexions.
Les communications pourront s’attacher à étudier la nature de l’écriture du travail qu’elle soit littéraire, sociale ou politique, ou que ces objectifs soient mêlés.
La question de l’expérience de l’écriture pour celui ou celle qui prend la plume pourra aussi faire l’objet d’une attention particulière. L’écriture ouvrière, d’abord individuelle, peut s’incarner dans l’expérience collective, et être le support de mobilisation de nouvelles identités professionnelles et collectives.
On pourra également s’interroger sur l’expérience de l’écriture elle-même, notamment les contextes de prise de plume ainsi que les pratiques et les modalités de l’écriture du et sur le travail. Pourquoi un.e auteur.e – ou un.e travailleur.euse – se met-il/elle à écrire ? Comment écrit-il ? Dans quelle forme ? A quel rythme ?, etc. L’expérience personnelle, sociale et politique de l’écriture recouvre en effet des actions d’écriture et des temporalités multiples qu’il est pertinent de repérer dans les textes et les paratextes.
Une attention particulière peut être portée aux discours produits par les textes des travailleurs.euses. À travers les souvenirs, les réflexions, les visions et les appréciations sur le travail, les auteurs apportent des connaissances sur les univers sociaux, professionnels et politiques auxquels ils appartiennent comme ils contribuent à en véhiculer de nouvelles représentations.Les discours construits par les auteurs sont également des manières différenciées de se représenter et de penser une condition de travailleur. La manière dont ces écritures opèrent une transformation du rapport au travail pourra également être étudiée. Elles peuvent entraîner tantôt une distanciation par rapport au travail, être un vecteur d’émancipation ou de mobilisation politique.
Enfin, les écritures de la fin du travail ou de son absence, produites dans un contexte de chômage ou de désindustrialisation par exemple pourront également être étudiées, comme révélatrices de la centralité du travail dans les interactions sociales des individus.
Les écrits à propos du travail tels que les enquêtes, les rapports, le regard des chercheurs ou des écrivains auront également leur place dans cette journée d’études, dans la lignée du récent ouvrage collectif dirigé par Eric Geerkens, Nicolas Hatzfeld, Isabelle Lespinet-Moret et Xavier Vigna consacré aux enquêtes sur les mondes ouvriers dans l’Europe contemporaine[3].
Dans l’esprit ayant présidé aux précédentes journées d’études, nous souhaitons donner à voir un ensemble de travaux, dont les spectres chronologiques, thématiques, spatiaux et disciplinaires sont délibérément ouverts. Ils reflèteront ainsi la diversité des écritures du travail, et ouvriront un débat scientifique et méthodologique.
[1] La parution de l’ouvrage collectif dirigé par le sociologue Marc Loriol « Écrire à propos du travail[1] », en plein mouvement des gilets jaunes en 2019 a donné une nouvelle occasion aux chercheurs et chercheuses en sciences humaines de déconstruire les discours produits sur les classes populaires par des acteurs qui lui sont extérieurs, qu’ils soient politiques ou médiatiques. En ce sens, Xavier Vigna a mis en avant deux pôles structurants entre lesquels oscillent les écritures de la classe ouvrière et les écritures sur la classe ouvrière, à savoir l’espoir et l’effroi, selon le titre de son ouvrage éponyme dans son ouvrage L’espoir et l’effroi. Luttes d’écritures et luttes de classes en France au XXe siècle, Paris, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 2016.
[2] Joseph Ponthus, A la ligne, La table ronde, 2019.
[3] Eric Geerkens, Nicolas Hatzfeld, Isabelle Lespinet-Moret et Xavier Vigna, Les enquêtes ouvrières dans l’Europe contemporaine, Paris, La Découverte, 2019.