Modifié le 10 mai 2016.
Nous informons notre lectorat d’un message du SNESUP à propos de la nouvelle liste de revues de la Section 37 (Eco-Gestion) du CNRS
Section 37 du CNRS élabore une nouvelle liste
“La Section 37 du CNRS (économie-gestion) vient d’adopter une nouvelle révision de sa liste de revues avec 9 voix pour, 4 contre et 3 absentions dont l’utilisation porte à conséquences pour la communauté des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Cette révision intervient alors que les réformes gouvernementales visent à systématiser le recours à la bibliométrie dans l’évaluation des collègues et à faire de cette évaluation un instrument de sanction.
Comme lors des révisions précédentes, le classement de certaines revues a été modifié et de nouvelles revues sont rentrées dans cette liste révisée, désormais complétée par une liste de revues dites émergentes, non catégorisées, et une liste de revues Multidisciplinaire et Autres Disciplines (MAD), elles aussi non catégorisées. Dans son ensemble, cette révision renforce l’incitation à privilégier la publication dans des revues anglo-saxonnes.
En 2004, la première liste de la section 37 avait été élaborée sur la base d’une consultation des Directeurs d’Unité et, on peut le supposer, des membres des unités de recherche rattachées. La 1re révision, adoptée en 2008, avait fait l’objet d’une consultation, certes imparfaite, mais d’une consultation tout de même de la communauté (réunion des économistes du 16 février 2007). La dernière révision a encore rétréci le champ de la consultation. La section a ouvert une boite mail dédiée pendant 3 ans pour recueillir l’avis de la communauté sur sa liste. Cette procédure ne peut être assimilée à un processus démocratique.
Le rôle de la liste de la section 37, depuis sa première version, a fondamentalement changé. Il structure désormais l’évaluation du travail de la communauté scientifique, individuellement et collectivement, très au-delà de la question du recrutement et de la gestion de la carrière des chercheurs CNRS. Cette communauté, dans sa majorité, n’a jamais eu l’occasion de s’exprimer et donc d’orienter le contenu de la liste.
Or, l’évaluation a elle aussi beaucoup changé depuis la 1re liste. Aujourd’hui, la majorité des membres de cette communauté subit donc les effets, qui peuvent être lourds, d’un outil qui lui est totalement extérieur. C’est un déni de démocratie.
Le Snesup, sans méconnaître le travail des membres de la section 37, s’élève contre l’adoption d’une liste de revues dont l’usage est donc désormais structurant pour la communauté des chercheurs et des enseignants-chercheurs sans que les principaux intéressés n’aient été associés à son élaboration.
Parce que la décision doit finalement revenir à la communauté à laquelle elle s’applique, il est temps de lui rendre l’initiative pour que soient définis collectivement la finalité de l’évaluation, son mode opératoire et ses supports. Sur la liste elle-même, le Snesup a toujours considéré que l’existence même d’une liste qui fournit un classement selon un jugement de valeur sur la qualité supposée ex-ante des articles publiés renforce potentiellement des effets pervers bien connus (étouffement du pluralisme, dérive bibliométrique de l’évaluation, constitution d’un marché de chercheurs, ou de primes de productivité individuelles, etc..;
Le Snesup appelle donc la communauté et ses représentants à se mobiliser pour que chacun soit réellement consulté sur l’évaluation, son rôle et ses modalités. Nous voulons que la communauté puisse les définir en toute transparence dans le cadre d’un débat démocratique.”