La Banque de France et Toulouse School of Economics (TSE) ont organisé une cérémonie à Paris le mardi 18 juin 2024 pour remettre le Prix en Économie Monétaire et Finance, récompensant six chercheurs pour les années 2022 et 2024. Ces prix honorent des travaux de recherche qui améliorent les actions des banques centrales.
La liste des lauréats
Pour l’année 2022, les lauréats sont :
Ricardo Caballero, qui a reçu le Prix Senior en Économie Monétaire et Finance.
Ulrike Malmendier, lauréate du Prix Junior Finance.
Benjamin Moll, récipiendaire du Prix Junior Monnaie et Macroéconomie.
Pour l’année 2024, les prix ont été décernés à :
Hélène Rey, pour le Prix Senior en Économie Monétaire et Finance.
David Sraer, pour le Prix Junior Finance.
Matteo Maggiori, pour le Prix Junior Monnaie et Macroéconomie.
De g. à d. : David Sraer, Ricardo Caballero, Angès Bénassy-Quéré, François Villeroy de Galhau, Jean Tirole, Ulrike Malmendier et en arrière plan Matteo Maggiori
Le déroulement de la cérémonie
La cérémonie a été précédée d’une conférence qui a mis en lumière les contributions académiques des lauréats dans le contexte actuel des banques centrales. Les chercheurs ont participé à deux tables rondes, abordant les flux mondiaux de capitaux post-pandémie et les défis de la politique monétaire après le pic d’inflation de 2022-2023.
Ces discussions ont été suivies d’une session de questions-réponses ouverte au public, avec un replay de la cérémonie disponible en ligne. François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, Agnès Benassy-Quéré, co-présidente du jury et seconde Sous-Gouverneur de la Banque de France, et Jean Tirole, co-président du jury et lauréat du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel 2014, ont présidé l’événement.
Agnès Benassy-Quéré a souligné l’importance de la recherche économique pour l’action des banques centrales, notamment en matière de stabilité monétaire et financière, ainsi que pour la résilience des systèmes de paiement. Elle a déclaré que ces prix, décernés conjointement avec TSE, encouragent une recherche académique de qualité, pertinente pour les banques centrales et au service du bien commun.
Jean Tirole a exprimé sa conviction que la recherche académique en économie monétaire et finance peut enrichir les réflexions des banques centrales. Il a affirmé que ces prix récompensent des universitaires dont les travaux facilitent le dialogue entre le monde académique et les décideurs économiques.
Lors de chaque édition de cette cérémonie, un prix senior en économie monétaire et finance ainsi que deux prix juniors sont décernés. Les prix juniors récompensent des chercheurs ayant obtenu leur doctorat depuis moins de vingt ans, l’un en finance et l’autre en économie monétaire et macroéconomie. Les lauréats 2022 et 2024 ont été distingués pour la qualité scientifique de leurs travaux et leur pertinence pour les décisions de politiques économiques.
L’Association Française d’Histoire Économique (AFHé) a décidé lors de son dernier comité directeur de la création de deux bourses à destination des jeunes chercheuses et chercheurs.
Les deux bourses de l’Association Française d’Histoire Économique
La première, la bourse Pierre Léon, d’un montant de 800 €, sera attribuée à des doctorantes et doctorants, ou à des titulaires de thèses ne bénéficiant pas d’un poste dans l’enseignement supérieur, afin de financer leur participation à des congrès ou colloques à l’étranger. Deux bourses seront attribuées chaque année. Les candidatures doivent parvenir au secrétariat de l’AFHé pour le 15 octobre 2024 (1e session) ou le 15 mars 2025 (2e session), à l’adresse suivante : afhe.secretariat@gmail.com
la seconde, la bourse Ernest Labrousse, d’un montant de 1000 €, sera attribuée à des étudiantes et étudiants en M2 ou en doctorat, afin de financer une campagne de recherche en archives. Deux bourses seront attribuées chaque année. Les bénéficiaires d’une bourse Ernest Labrousse viendront présenter leur projet de recherche lors de l’Assemblée générale de l’AFHé du 6 décembre 2024. Leurs frais de déplacement éventuels seront pris en charge. Les candidatures doivent parvenir au secrétariat de l’AFHé pour le 15 octobre 2024, à l’adresse suivante : afhe.secretariat@gmail.com
Les conditions détaillées des candidatures sont disponibles, auprès de l’Association Française d’Histoire Économique, via les liens respectifs suivants : – Bourse Pierre Léoni – Bourse Ernest Labrousse
Intitulé du poste : Poste d‘ATER en Economie / Gestion de l’innovation Les candidat(e)s devront obligatoirement candidater sur la base de recrutement de l‘ULCO (Université du Littoral Côte d’Opale) : https://recrutements-enseignants.extranet.univ-littoral.fr/et faire parvenir impérativement les pièces demandées pour le 27/06/2024 à 16h00 (date d’envoi électronique faisant foi) à l’adresse mail suivante : recrutement.enseignant@univ-littoral.fr
Filières de formation concernées
Le / La candidat(e) retenu(e) s’impliquera dans la Licence 1, Licence 2 et Licence 3 « Economie Gestion » pour assurer des cours d’Economie à Dunkerque et à Boulogne-sur-Mer (cours : d’Atelier de Méthode, Introduction à l’analyse économique, Econométrie, management de projet, PPP, etc.).
La personne recrutée devra participer également aux enseignements de spécialités en Master, en particulier en Master SIDE (Stratégies d’innovation et dynamiques entrepreneuriales). Le /La candidat.e sera sollicité.e au sein de ce Master pour des cours de management de projets innovants (outils d’aide à la décision dans le cadre des projets innovants ; internationalisation des PME), l’économie de l’innovation et les nouveaux modèles économiques en lien avec l’économie circulaire et le développement durable.
Objectifs pédagogiques et besoins d’encadrement
Elle /il sera également chargé.e de l’appui à l’insertion professionnelle et de l’encadrement des étudiants dans le cadre des stages et de l’alternance ainsi que, dans le cadre du master Side, de l’organisation de journées sur les thèmes de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Une bonne capacité à enseigner en anglais est essentiel pour le/la candidate, dans le contexte du Certificat IDEA (Innovation Development and Entrepreneurial Awareness) associé notamment au master Side. La candidat(e) encadrera des mémoires en Licence 3 et de master.
Recherche
En matière de recherche, le/la candidat.e intègrera l’équipe ISI (Centre de Recherche sur l’Innovation et les Stratégies Industrielles, ULCO), dont les thèmes principaux sont l’économie de l’innovation et de l’entreprise (start-up, PME/PMI, grandes entreprises). Il/elle sera impliqué.e dans les programmes de recherche sur les thèmes de la valorisation de la recherche universitaire et du transfert de technologie, des stratégies d’innovation des entreprises (R&D, open innovation, agilité), dans le contexte de l’émergence de nouvelles trajectoires liées au développement durable (stratégie d’éco-innovation, économie circulaire et écologie industrielle) et de la réindustrialisation et de la décarbonation des territoires industriels. Il/elle sera aussi impliqué.e dans le développement de programmes de recherche nationaux et internationaux sur ces thèmes. Une maîtrise des techniques d’enquêtes quantitatives et qualitatives est souhaitée, ainsi qu’une capacité à réaliser la recherche en anglais.
Il y a quelques années (en 1996), peut-être un peu trop péremptoirement, un éditorial de direction et gestion des entreprises(1), le titre initial de notre revue, déclarait : Tout se gère. Quelques-uns des propos avaient alors mécontenté un économiste qui m’avait fait savoir qu’il résiliait son abonnement !
Et pourtant peut-on dire, près de vingt ans plus tard, que c’est bien la gestion qui, « du fait de son objectif, est la résolution de problèmes pratiques et précis » ? Car on le voit tous les jours, notamment avec ce mortifère New Public Management, sévir ce que j’appelais la maladie de la gestion : la gestionite(2). Il s’agit bien d’une « … maladie épidémique dont on ne se relève que très diminué… lorsque l’on s’en relève(3) ». Elle gangrène nos économies et nombre de nos organisations !
Mais, notre propos n’est pas seulement ici de gérer une structure si vaste soit-elle comme celle de l’Éducation nationale ou de la protection sociale, mais au moins dans notre deuxième assertion, d’envisager l’organisation même des pouvoirs publics qui régissent tout !
Notre problématique comporte donc au moins deux approches qui ne coïncident apparemment pas complètement.
Démocratiser la gestion. C’est par excellence, l’idéal de l’Économie Sociale et Solidaire. C’est aussi, et on le sait moins, celui de la « participation » au sens gaullien du terme. En 1948, dans un discours aujourd’hui hélas bien oublié, Charles de Gaulle énonçait ce programme. Pompidou et Giscard le torpillèrent en 1969, puis ce dernier l’enterra avec Chirac en 1974 qui trahissait ainsi le gaulliste, Jacques Chaban-Delmas aux élections présidentielles. « Oui ! » disait le Général, « nous voulons l’Association du travail, du capital, de la direction […], dans le cadre de l’entreprise […]. »
« Quelle forme prendra l’Association ? […] celle de contrats de société, passés sur pied d’égalité entre les divers éléments, […] mais, ceci posé, le contrat devra prévoir et régler la rémunération de chacun, […] en fonction du rendement collectif de l’entreprise constaté périodiquement par l’assemblée des participants(4). »
Et de poursuivre, « Nous voulons faire en sorte que les travailleurs valables deviennent des sociétaires, au lieu d’être des salariés. »
« Sociétaires », ce terme alors utilisé par Charles de Gaulle raisonne favorablement également à l’oreille d’un tenant de l’économie sociale et solidaire. Il s’utilise notamment dans les coopératives, les anciennes coopératives ouvrières (SCOP) devenues Sociétés Coopératives et Participatives ou caricatural lorsqu’une banque coopérative bien connue, le Crédit Mutuel, à chaque printemps, c’est-à-dire à l’approche des assemblées générales des caisses locales, inonde de publicités sur le rôle des sociétaires et du pouvoir qu’ils exercent dans les décisions de la banque dont ils sont théoriquement les propriétaires. Michel Abhervé tout comme Thomas Regazzola, ont dénoncé cette « captation abusive d’image » des grands groupes coopératifs qu’ils soient bancaires(6) ou agricoles(7).
Si même dans les formes d’organisation dont le principe initial : « un homme, une voix », la démocratie réelle laisse à désirer, alors a fortiori, cette dernière, ne peut guère espérer trouver sa place dans les sociétés de capitaux. On les appelle d’ailleurs par facilité : « les entreprises », alors que seule la possession du capital y donne le pouvoir, et encore ! Nous savons en effet que les actionnaires ne sont déjà pas égaux. Il existe des actions sans droit de vote et d’autres avec un vote double. De plus, tout cela ne dépend que de la bonne information(8) des (petits) actionnaires. Quant à des sociétés comme Stellantis, le siège étant à Amsterdam, le vote des actionnaires à Paris, notamment sur la rémunération du dirigeant, le fameux say on pay(9) est purement consultatif !
Cette information qui doit être égale pour tous s’exprime dans la connaissance des documents comptables. Hors, comme le fait remarquer Daniel Bachet : « adopter un langage comptable plutôt qu’un autre, c’est adopter une représentation de l’entreprise, de l’efficacité et des rapports de pouvoir » puisqu’il n’a pour finalité que « des bénéfices potentiels y compris grâce à une évaluation subjective sans référence au marché(10) ».
Donner un pouvoir aux salariés, comme le prônait la participation gaullienne, serait une priorité. Pour ce faire, il faut d’abord refonder le système d’information comptable pour éviter que les salariés ne soient conduits à s’aligner sur la seule logique financière favorable aux intérêts des détenteurs de capitaux comme le souligne encore Daniel Bachet(11).
Tout cela est bien actuel lorsque l’on prend conscience que la recherche immédiate du profit, si chère aux fonds de pension, est totalement contradictoire avec les enjeux écologiques planétaires, mais aussi régionaux. La fuite des compagnies d’assurance devant les catastrophes naturelles, déjà en France, coopératives de production, une fois dépouillées en 1978 de leur statut « ouvrier » de 1947, comme dans les (SCIC) Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif, créées en 2001 ! Un rapport du Sénat, lorsque ce dernier travaillait de manière sérieuse et ouverte, mérite d’être consulté à ce sujet(5).
Mais même dans cette forme, on est souvent très loin de la démocratie voulue. D’abord parce que la démocratie ordonne que chacune des parties prenantes ait le même degré d’information économique et qu’il est rare que les « sachants », ou soi-disant « sachants », partagent l’information ! Cela dévient démontre combien la réforme des retraites imposées au forceps par le Gouvernement macronien n’est pas seulement inique, mais totalement court-termiste. Elle offre à l’épargne privée assurantielle les retraites des catégories les plus aisées ! Une politique de gribouille là aussi terriblement dangereuse pour ces très mauvais gestionnaires qui sont aux affaires !
Gérer la démocratie semble bien alors s’imposer ! Oui, mais comment ? « Vaste programme ! » aurait répondu sans doute le Général ! Il est de bon ton en effet, de fustiger en France, la constitution de la Ve République en oubliant qu’elle n’est justement plus, et de loin, celle de ses fondateurs.
Depuis 1974, les réformes progressives ont visé à dénaturer la démocratie, parfois qualifiée par les plus hostiles de « plébiscitaire », pour imposer une forme devenue omnipotente : l’« État de droit ». Il ne se fonde pourtant que sur l’exacerbation de l’individualisme, « atomiste », dans sa conception libérale qui atteint son paroxysme dans la réforme sarkozyste, mais inspirée du socialiste Badinter avec la QPC (Question Prioritaire de Constitutionalité). Cette dernière fait ployer les votes démocratiques devant l’intérêt particulier au nom d’un principe supposé immanent, mais bien humain. La Cour de Justice de l’Union européenne ne juge pas autrement d’ailleurs en bafouant tous les votes des assemblées démocratiquement élues par les peuples au nom de ce fameux droit.
Or ne nous trompons pas, ce droit « immanent » n’est, comme tous les droits, qu’une opportunité du temps. Sans entrer dans un marxisme militant qui n’est pas nôtre, il suffit d’apprécier à l’aune des enjeux économiques et politiques, les décisions y compris récentes du Conseil constitutionnel. En effet, et cela accentué depuis la présidence de ce Conseil par J.-L. Debré, seul le droit de propriété a été considéré comme absolu. Cela s’est illustré notamment dans le cadre de la transmission des entreprises avec le possible droit de préemption par les salariés en cas de cession(12)(13). La Loi Hamon de 2014, même après les coupes effectuées par le cabinet du ministre de l’Économie Moscovici d’alors, prévoyait l’information « préalablement à la cession d’une entreprise afin de permettre aux salariés de présenter une offre ». Il ne restait pourtant plus que cette mesure, devenue croupion après l’élimination de riches propositions prévues dans le projet de la Loi Hamon auxquelles notre revue avait tenu à s’associer(14), y compris en étant auditionnée en commission au Sénat(15). Et bien même cela a été censuré à la suite d’une QPC, dès le 17 juillet 2015.La « liberté d’entreprise » sanctifiée l’emporte évidemment sur le droit des salariés ! « En l’absence d’homogénéité sociale, l’égalité formelle la plus radicale se transforme en l’inégalité la plus radicale et la démocratie formelle en dictature de la classe dominante(16). »
Il est évident encore que les réformes comme celles qui découlent des ordonnances Juppé obèrent depuis 1996, la démocratie paritaire voulue en 1945, privant les partenaires sociaux de gérer les budgets les plus importants de la société qui sont ceux de la protection sociale au profit de la bureaucratie étatique ! Et pourtant l’AGIC-ARRCO comme celle de l’UNEDIC montrent ô combien, que la gestion paritaire est saine et préserve l’intérêt des cotisants !
Il est manifeste également que la création de la LOLF, le 1er août 2001 qui annule l’ordonnance du 2 janvier 1959 pour les finances publiques, instaure une logique de performance parfaitement néo-libérale. La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) du sarkozyste-macronien Woerth a montré toutes ses limites et son effectivité destructrice pour l’appareil de l’État, et tout particulièrement dans les territoires. La révolte des « Gilets jaunes », comme celle du monde rural, relayée par nombre d’élus locaux et d’associations a montré cette générale déréliction !
Il est certain enfin que la réforme 2008, qui semble limiter l’usage du fameux article 49-3 à chaque session parlementaire, est en fait un magnifique leurre qui permet d’imposer toutes les mesures économiques et financières, même en l’absence de vote du Parlement. La meilleure illustration en a été la Réforme des retraites en 2023. Tout cela a été déclaré conforme à la Constitution par un tour de passe-passe qui montre toutes les limites du fameux « État de droit » ! C’est la réalisation que « toute idéologie doit pour se réaliser en tant qu’action politique et sociale, créer et utiliser des institutions et des techniques adaptées à ses principes(17) ». On pourrait ajouter une autre fourberie de cette réforme de 2008, puisque désormais les ministres qui quittent le Gouvernement retrouvent automatiquement leurs sièges de parlementaires alors que sous de Gaulle, au départ du Gouvernement, il fallait aux excellences repasser par la case élection. Un recul de la démocratie en catimini qui n’a rien à envier à la IVe de nos républiques.
Aussi, dire que ces pratiques sont celles de la Ve République est donc risible, injuste et preuve d’une inculture ou d’une rare mauvaise foi quand on se réfère, comme on l’a vu précédemment, aux intentions du premier Président qui ne s’accrocha pas à son fauteuil, lui, après un vote négatif !
Il faut donc revenir non pas aux institutions, mais bien à ceux qui les utilisent, les hommes et les femmes. Le gestionnaire a une vision pragmatique qui peut alors être utile devant cette transgression des institutions par des hommes et des femmes qui n’atteignent pas le pouvoir pour les raisons que l’on serait à bon droit d’attendre d’eux !
On peut imaginer quelques pistes simples :
Interdire aux hauts fonctionnaires de devenir des élus. Administrer nécessite le sens du service et la neutralité. Les allers-retours entre cabinets, Grands Corps ou Grandes entreprises est le signe d’une véritable cleptocratie. Comment peut-on imaginer qu’un ministre de la Santé, ayant précédemment gouverné une Agence Régionale de Santé(18), puis le cabinet de la Cheffe du Gouvernement, puisse redevenir Conseiller d’État et donc conseiller ou juger en toute impartialité ? Et ce n’est qu’un exemple ! Cette mesure existe déjà pour les militaires en activité et ne suscite pas de controverse.
On peut aussi ne valider les élections, et cela serait sain dans les collectivités territoriales, que lorsque les élus ont obtenu au moins la moitié des voix en comptant les électeurs inscrits. Cela éviterait sans aucun doute leur procès en illégitimité et la violence que cela suscite. Une « délégation spéciale(19) » sous l’autorité du Préfet est déjà prévue en cas de démission d’un conseil municipal. Paris sous toutes les Républiques et jusqu’en 1977, et cela au mieux de l’intérêt général, n’avait pas de maire ! Cela ne veut pas dire qu’il faille restreindre la démocratie locale, bien au contraire. Cela oblige à susciter une approbation majoritaire et à responsabiliser électeurs comme élus.
Il est certain enfin que quelques règles morales, faute d’être pratiquées à l’évidence par la caste kakistocratique qui est aux affaires depuis quelque temps, doivent être imposées. Ce n’est pas la présence d’ailleurs hypothétique des anciens présidents de la République qui fait honte au Conseil constitutionnel, mais sa composition de copinage éhontée. Un ministre en exercice ne devrait pas pouvoir quitter son maroquin pour y siéger…
ce fut le cas notamment de son actuel président, comme d’autres moins compétents en droit encore par la suite. On peut aussi imaginer que le fait d’avoir fait voter des lois ou pris des ordonnances notamment sur la Sécurité sociale, comme Juppé, empêchent de se prononcer sur la constitutionalité de la réforme des retraites, par une loi justement créée par ces textes et rendue accessible au 49-3 par une réforme constitutionnelle lorsque l’on était justement au Gouvernement.
Ce ne devrait pas être un problème de texte d’abord, mais un problème de respect de soi et des autres ! C’est donc d’abord le signe d’une absence totale de morale de ces hommes qui incarnent cette cacocratie que dénonce André Maïsseu(20).
Repenser l’État au XXIe siècle(21) est un sujet qui concerne tous les courants de pensée et nous sommes heureux de contribuer à faire partager les idées les plus variées sans les épouser obligatoirement (voir page 68). C’est cela le fondement d’un débat démocratique qui semble bien devenu caricatural et donc sectaire en maints endroits ! De même que les Anciens égorgeaient les porteurs de mauvaise nouvelle, comme en témoigne le célèbre tableau de Lecomte de Nouÿ(22), les modernes font des « réseaux sociaux », le bouc émissaire de tous les dérèglements. Un article hors dossier nous apporte les éléments pour comprendre qu’on peut aussi y trouver les raisons de la « formation de l’intention d’agir » (page 75).
Mais il n’appartient pas à un éditorial d’apporter les réponses.
Il doit juste introduire la réflexion.
Ainsi, notre revue a-t-elle tenu à s’ouvrir à une forme nouvelle de démocratie qui a bien du mal à émerger. C’est la démocratie de la santé.
Un premier colloque a été organisé en 2023, Démocratie en Santé et pouvoir d’agir des usagers en partenariat avec le Cnam-Paris. Il a rencontré un succès qui nous a étonné par le nombre des participants et des propositions d’intervention.
Mais, cela nous a confirmé dans l’idée que les gestionnaires avaient raison de s’intéresser à la démocratie.
Un deuxième colloque aura lieu en partenariat toujours avec le Cnam-Paris en y ajoutant nos amis québécois, le 13 juin 2024 en visioconférence. Son programme est déjà établi sur le thème du Pouvoir d’agir des usagers en France et au Québec : partage de connaissances pour une plus grande démocratie en santé(23) (page 5).
Mais en attendant cet événement, Sandra Bertezene qui dirige la chaire de « Gestion des services de santé » avait posé les bases épistémologiques du sujet(24). Elle a coordonné uncahier spécial des meilleurs articles en matière de sciences de gestion de l’édition 2023 qu’elle présente dans ce numéro (page 15).
Un ouvrage que nous coordonnerons, paraîtra en 2025, pour l’anniversaire des 60 ans de notre revue, La RSG. Il présentera les contributions retenues dans toutes les thématiques qui ne sont pas « gestionnaires » au sens strict. Cela permettra d’apporter un appareil complet de réflexion sur le droit des citoyens en matière de santé.
C’est dire qu’aussi bien pour démocratiser la gestion que pour gérer la démocratie, il y a vraiment du « pain sur la planche », si l’on me pardonne cette formule imagée et que nous sommes légitimes en sciences de gestion !
1. Philippe Naszályi (1996). Éditorial, Direction et gestion des entreprises, 159-160.
2. Philippe Naszályi (1995). « La gestionite », direction et gestion des entreprises, 155-156, 6-7. J’aurais sans doute été mieux inspiré d’écrire « gestionnite » !
3. Philippe Naszályi (2016). « Et si l’on faisait (enfin) appel à un gestionnaire ! », La Revue des Sciences de Gestion, 278-279, 1-2.
4. Plaidoyer pour l’association dans les entreprises, au Vélodrome d’hiver, le Général de Gaulle s’adresse aux délégués des groupes d’entreprises du R.P.F., 14 décembre
5. « Les coopératives en France : un atout pour le redressement économique, un pilier de l’économie sociale et solidaire », Rapport d’information n° 707 (2011-2012), déposé le 25 juillet 2012. http://www.senat.fr/notice-rapport/2011/r11-707-notice.html
6. Michel Abhervé, (2015). « Les banques coopératives, des banques comme les autres ? », Revue Projet, 345, 73-79. https://www.cairn.info/revue-projet-2015-2-page-73.htm
7. Thomas Regazzola (2023). « Les grands groupes coopératifs agricoles français : une captation abusive d’image », https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2023/06/15/les-grands-groupes-cooperatifs-agricoles-francais-une-captation-abusive-d-image-une-nouvelle-contribution-de-thomas-regazzola
8. Christoph van der Elst (2016). Empowering the audit committee and the auditor in related party transactions, https://research.tilburguniversity.edu/en/publications/empowering-the-audit-committee-and-the-auditor-in-related-party-t
9. Randall S. Thomas et Christoph Van der Elst (2015). « Say on Pay Around the World », Vanderbilt Law and Economics Research Paper 14-10, Washington UniversityLaw Review, 92, 653, https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2401761
10. Daniel Bachet (2020). « Système d’information comptable et démocratie dans l’entreprise », Accounting information system and corporate democracy. http://openscience.fr/IMG/pdf/iste_roisi20v1n1_4-2.pdf
11. Daniel Bachet (2020), op.cit.
12. Avec les équipes d’AP2e, menées par Sylvie Mayer, nous avions travaillé à préparer dans la Loi Hamon des articles prévoyant Une législation adaptée au rachat coopératif : https://www.humanite.fr/-/philippe-naszalyi/une-legislation-adaptee-au-rachat-cooperatif-est-une-innovation-creative, 25 juillet 2013.
13. Le projet de proposition de loi du collectif Ap2E : « Un droit de préemption pour les salariés, accession à la propriété économique et juridique par les salariés, à la cession et à la poursuite d’activité d’une entreprise » https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-1-page-77.htm, « L’actualité de la gestion. Universités – Grandes Écoles – Entreprises – Institutions… », La Revue des Sciences de Gestion, 2013/1-2, 259-260, 77-80. DOI : 10.3917/rsg.259.0077. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-1-page-77.htm
14. Philippe Naszályi, (2013). « Le lancinant problème de la transmission des entreprises… Des pistes innovantes pour maintenir l’emploi et l’activité économique : La transmission aux salariés… », La Revue des Sciences de Gestion, 2013/1-2, 259-260, 1-3. DOI : 10.3917/rsg.259.0001. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-1-page-1.htm
15. Proposition de loi facilitant la reprise d’entreprise sous forme de société coopérative de production, présentée par Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris (enregistré à la Présidence du Sénat le 30 mai 2013), « L’actualité de la gestion. Universités – Grandes Écoles – Entreprises – Institutions… », La Revue des Sciencesde Gestion, 2013/3-4, 261-262, 77-79. DOI : 10.3917/rsg.261.0077. URL : https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-3-page-77.htm
16. Karl Loewenstein (1953) « Die radikalste formale Gleichheit wird ohne soziale Homogenität zur radikalsten Ungleichheit und die Formaldemokratie zur Diktatur der herrschenden Klasse », (H. Heller, « Politische Demokratie und soziale Homogenität » (1928)), in GS II, p. 430.
17. « Les systèmes, les idéologies, les institutions politiques et le problème de leur diffusion », Revue française de science politique, 1953, 3-4, p. 677-698.
18. Philippe Naszályi (2020). « Gestion du Covid-19 : un modèle de Kakistocratie, où règnent les médiocres ! », Revue Politique et Parlementaire, https://www.revuepolitique.fr/gestion-du-covid-19-un-modele-de-kakistocratie-ou-regnent-les-mediocres/
19. Article L.2121-35 et 36 du Code général des collectivités territoriales (CGCT).
20. André Maïsseu (2020). « De la féodalité à la cacocratie » notamment tome III : Le Paradigme victorien « À la recherche des savoirs », les éditions Persée.
24. Sandra Bertezene et Fatima Yatim (2023). « Quel cadre épistémologique pour la démocratie en santé ? », La Revue des Sciences de Gestion, 324, 11-26. https://www.cairn.info/revue–2023-5-page-11.htm
« La Fédération Hospitalière de France (FHF) dénonce l’allocation de ressources exceptionnelles au profit du secteur privé commercial et demande la totale transparence sur le financement de ces mesures et des mesures supplémentaires pour l’hôpital public »
Depuis plusieurs semaines les représentants des cliniques privées menacent d’une fermeture totale de leurs établissements à compter du 3 juin, exigeant un soutien financier exceptionnel de l’État au détriment des budgets spécifiquement dédiés aux établissements publics. Aujourd’hui, les suites données à ce chantage créent un précédent inédit qui ne sera pas sans conséquences, et ce, dans un contexte de mobilisation nationale à la fois sur les enjeux de santé publique et à la veille des Jeux Olympiques et Paralympiques.
La FHF regrette une volte-face incompréhensible et injuste et demande des garanties fortes pour l’hôpital public
À la découverte de cet arbitrage financier, la FHF ne peut qu’exprimer sa forte inquiétude et demande la totale transparence sur le mécanisme et l’origine du financement de ces mesures.
La FHF demande avec la plus grande fermeté trois garanties :
Premièrement, la FHF demande la garantie que ce choix n’entrave en rien le financement des hôpitaux publics et de leurs missions ;
Deuxièmement, le budget voté par le Parlement à l’automne 2023 pour les établissements de santé n’étant pas augmenté, la FHF considère qu’il ne peut être que dépassé au regard de ces annonces. En conséquence, la FHF demande la garantie immédiate que la part du budget de l’hôpital public qui a été mise de côté en début d’année par le Gouvernement pour s’assurer contre un dépassement du budget public aux établissements publics et privés lui sera restituée intégralement en fin d’année, y compris en cas de dépassement de l’enveloppe des cliniques privées commerciales ;
Troisièmement, parce que tous les chiffres vérifiés attestent qu’en raison de leurs missions de service public, la situation budgétaire des CHU et des CH – avec un déficit de l’ordre de 1,7 milliard – est bien plus difficile que celles des cliniques, la FHF demande dès à présent des engagements clairs en matière de soutien à l’investissement et de couverture de l’inflation pour l’hôpital public. À ce stade, la FHF rappelle qu’un milliard d’euros manquent toujours au sein de l’ONDAM « établissements de santé » pour compenser l’inflation à l’hôpital public.
Les 8, 9 et 10 novembre 2023, s’est tenu, à l’Université Clermont-Auvergne (UCA) à Clermont-Ferrand et à la Maison Heinrich Heine (Paris), un colloque organisé par Philippe Mesnard, Professeur des Universités en littérature comparée, (Université Clermont-Auvergne, Institut Universitaire de France) et Dominique Viart (Professeur des Universités en littérature française contemporaine, (Université Paris Nanterre, Institut Universitaire de France).
Avec l’aimable autorisation de Philippe Corcuff, Professeur des Universités en science politique à l’IEP de Lyon, nous reproduisons ici l’argumentaire qu’il a co-écrit avec Philippe Mesnard et qui est publié sur le site de « Mémoires en jeu » du 15 avril 2024, https://www.memoires-en-jeu.com/dossier/pensees-critiques-et-questions-memorielles/
Nous les remercions vivement et nous pensons que ce texte mérite d’être lu également par des gestionnaires pour amener un débat qui s’inscrit dans la logique de l’éditorial de ce numéro : Démocratiser la gestion ou Gérer la démocratie ?
Ce colloque invite à interroger les questions et les pratiques mémorielles de notre temps au regard des pensées, des positionnements et des discours critiques avec lesquels elles sont régulièrement en rapport. Il s’agit moins de considérer des événements passés en tant que tels – sur les plans factuel ou historiographique – que leurs reconfigurations et usages mémoriels. Cela conduit à un état des lieux de la critique, suivant ses différents usages et acceptions, au regard d’un domaine aussi sensible que celui de la mémoire historique engageant le monde commun.
À peine postérieur au 7 octobre et à leurs conséquences, il n’a pas été question, à quelques digressions près, de la façon dont les mémoires étaient et allaient être interpellées et convoquées par ces événements.
Toutefois, une deuxième manifestation étant déjà prévue pour l’automne 2024, ces questions-ci en sont devenues l’enjeu.
Mais voici déjà, en guise d’invitation à débattre, trois courtes problématisations : standardisation, positionnement critique et ambivalence et dépossession critique.
Standardisation
Le recours au témoignage comporte une portée critique face aux croyances et aux pouvoirs illibéraux et criminels. La mémoire de faits, d’événements ou de situations historiques, politiques ou socio-économiques permet, à partir de pratiques d’archivage, de création et de transmission de dénoncer des atteintes à la dignité humaine, généralement associées à des systèmes coercitifs. Elle est en cela un moyen de prise de conscience et un ressort de la justice et de l’émancipation.
Toutefois, en devenant un des fondements de nos espaces démocratiques contemporains, cette vocation du témoignage et de la mémoire s’est dédoublée. Les questions mémorielles se sont converties en un vaste dispositif d’interprétation des violences qui élabore des normes, engage à les instituer et porte des valeurs – d’ordre généralement moral mais aussi esthétique – pour tenter de régler notre rapport éthique à l’autre.
Un tel dispositif contribue largement à l’institution dans nos sociétés occidentales de cadres d’expression forts – du fait de leur charge morale – avec leurs lieux communs, leurs topoï et leurs figures symboliques dont la victime, définie à partir de la vulnérabilité, est l’un des exemples majeurs. Ainsi, comme on parle de « bonnes pratiques », les bonnes production et réception des témoignages,et leur visibilité, aussi bien médiatique que scientifique, tiendraient à leur conformité aux cadres de l’expression mémorielle [S. Lefranc ; Ph. Mesnard]. La standardisation qui en résulte, entamant la portée critique des questions mémorielles, mettrait en veilleuse les potentiels du passé [W. Benjamin] à produire des étincelles permettant d’interroger et de réinterroger le présent, sans complaire à son horizon d’attente et à ses codes.
De prime abord paradoxale avec l’idée sensible que l’on se fait du rapport au passé, la standardisation dont il s’agit passe en fait par des registres extrêmement variés d’émotions sur lesquels se trouvent précisément à spéculer les sociétés capitalistes contemporaines [E. Illouz]. La normalisation des expressions mémorielles participerait alors d’une forme de raison instrumentale intimement élaborée [question évidemment explorée par l’École de Francfort, de T.W. Adorno et M. Horkheimer à A. Honneth] à laquelle les productions ou les créations intellectuelles et artistiques s’intéressant au passé devraient se confronter. En ce sens, il faut prendre la mesure de cette interpellation par le passé qui nous requiert au niveau de notre langage, de notre histoire familiale, de nos identités sociale, culturelle et intellectuelle, de notre espace de vie, de notre monde commun.
Ainsi, cette standardisation ne concernerait pas seulement les commémorations, les musées ou les discours et les représentations médiatiques, elle plonge plus profond pour étendre son institution au-delà et en-deçà de ces espaces symboliques. Il n’est qu’à regarder comment toute une part de la littérature et du cinéma fait du passé son sujet, certes, parfois avec une grande intelligence, mais empruntant très souvent de mêmes voies, de mêmes modèles et modesde subjectivation. Ceux-ci sont si facilement repérables que l’on peut se demander s’il ne faut pas y voir une forme, non plus de production, mais de reproduction – en l’occurrence concertante [D. Viart]– renforçant les cadres mémoriels actuels au risque de neutraliser aussi bien l’autoréflexivité que l’esprit critique sous couvert de faux-semblants [T.W. Adorno].
L’enquête, le cadre familial et les figures des grands-parents que l’on a eus ou non, les révélations de papiers et de photos jadis égarés, la réparation de l’autre, voire du monde – non sans générer une sorte de fantasme rédempteur de toute-puissance –, de soi et d’entre soi, avec les morts et les vivants, tous ces thèmes, procédés ou dispositifs se présentent comme des passages « obligés » non seulement de l’expression mémorielle, mais d’une réception favorable, nécessairement à interroger pour ne pas céder à la complaisance. On peut même se demander si ce mémoriel-ci et, coextensivement, la question du soin – plus souvent dénommée care – ne sont pas devenus une planche de salut éthique à laquelle on est invité à se raccrocher dans un monde en complète dérégulation.
Positionnements critiques
On mesure facilement les enjeux critiques que véhicule le souci testimonial et mémoriel en tournant son regard vers l’extérieur des espaces démocratiques, qu’il s’agisse des persécutions des Ouighours en Chine, des Rohingyas en Birmanie ou, dans un tout autre registre, des révisions idéologiques de l’histoire en Pologne et, mutatis mutandis, en Russie cautionnant pour cette dernière un système criminel. Il en est de même pour les pays du « Printemps arabe » dont l’ensemble est désormais sous la coupe de pouvoirs répressifs, face auxquels réagissent des contrecultures où la mémoire des exactions est archivée et transmise souvent à travers les domaines artistiques [G. Fabbiano].
Mais à l’intérieur de nos espaces démocratiques, les pratiques mémorielles ne sont pas non plus épargnées par les critiques.
Comment celles-ci se manifestent-elles ?
Elles peuvent venir des études postcoloniales et de genre, intersectionnelles ou de ce qui a été étiqueté par leurs adversaires comme « cancel culture ». À ce titre, le déboulonnage ou le taguage des statues n’auraient-ils pas mis en lumière, tout autant que le passé peu illustre de « grands hommes » et l’essoufflement démocratique [L. Murat], la faiblesse critique des études de mémoire ?
Autre exemple, alors même que Michael Rothberg est identifié originellement à son appartenance aux Memory studies, la controverse qu’il a portée en Allemagne entre 2021 et 2022 à propos de la mémoire de la Shoah, le rapproche des études postcoloniales auxquelles appartient Achille Mbembe dont il a pris la défense à cette occasion. Sa thèse de la multidirectionnalité mémorielle ne conduit-elle pas finalement, à l’instar d’autres courants, à une contestation d’une mémoire taxée d’européo-centrée, voire occidentalo-centrée[1] ?
Tout se passerait comme si, finalement, c’était à l’extérieur des limites que traçait la mémoire, devenue un enjeu et, à la fois, un ressort de normalisation morale, que des pensées critiques qui s’appuient sur le passé cherchaient à s’exprimer pour défaire les attentes et remettre en question, aussi bien les idées reçues que l’institution de savoirs perpétuant directement ou indirectement des enjeux contemporains de pouvoir. Parmi ces enjeux, et pas des moindres, on peut compter la mise à l’écart de mémoires militantes historiquement liées à des mondes du travail, notamment ouvrier, et la relégation, avec toute une pensée néomarxiste, d’interprétations en termes de rapports de classe. On peut ainsi se demander si des passerelles sont possibles – ou s’il y a incompatibilité structurelle – entre les études mémorielles et des pratiques militantes que l’on a tendance aujourd’hui à muséifier ou à stigmatiser si elles sont encore trop manifestement associées à des actions violentes [C. Brun ; O. Penot-Lacassagne].
Toutefois, les questions mémorielles sont aussi animées, à l’intérieur de milieux historiquement concernés par de fortes crises qui illustrent ce que l’on qualifie communément de conflits, guerres, concurrences des mémoires (ou concurrences de victimes, puisque l’on associe généralement mémoire et victime). Mais ces crises émanent-elles d’une réflexion critique ? En suscitent-elles ?
Ne reproduisent-elles pas plutôt des logiques de rejet et d’invisibilisation ? Il en est ainsi de la façon dont la prison de Montluc est devenue un enjeu mémoriel [M. André] où une part importante de son histoire liée à la guerre d’Algérie est reléguée à l’arrière-plan au profit des années 1943-1944, exemplaires de la répression de la Gestapo. En ce qui concerne les concurrences publiques entre la traite négrière et l’esclavage, d’une part, et la Shoah, d’autre part, cela ne conduit-il pas, subrepticement et de manière non intentionnelle, à homogénéiser par avance les rapports mémoriels à deux tragédies historiques plutôt que de permettre de penser tout à la fois leur proximité et leur différence[2] ? Ces oppositions, parfois d’une grande violence verbale, n’ont-elles pas précisément pour effet de faire de la polémique un mode de neutralisation, voire de réification, des perspectives critiques et créatrices que véhicule potentiellement le passé ? C’est là que l’on se retrouve à interroger, d’une part, les logiques de reconnaissance et la possibilité de leur perversion instrumentale, d’autre part, le rôle des subjectivations identitaires nourrissant des processus de discrimination.
Ainsi, l’approche de la reconnaissance et de la visibilité [A. Honneth], comme de la mésentente et de la subjectivation [J. Rancière] sont des théories critiques à mettre en dialogue, non seulement l’une avec l’autre, ce qui a déjà été réalisé [K. Genel et J.-Ph. Deranty], mais avec de tels phénomènes mémoriels.
Ambivalences et dépossessions critiques
Le rapport que l’on entretient avec la réflexion mémorielle et ses objets est complexe et ambivalent, chacun d’entre nous y étant subjectivement partie prenante.
Aussi dire que ce qui relève du mémoriel est « normatif » avec une connotation péjorative et est devenu comme un lieu commun. Très facilement, l’on critique – au sens où l’on porte un jugement négatif – la mémoire et son « devoir », la victimisation, la repentance. De même, on moque les raouts mémoriels qu’ils soient académiques, comme ceux de la fameuse Memory Studies Association rassemblant des milliers de chercheurs, ou politiques, comme les grands spectacles commémoratifs. Mais cela n’empêche pas d’y être attentifs et de les suivre. Parfois malgré soi, on véhicule le discours mémoriel et on incline à en respecter les conventions et les tendances sacralisatrices, en prévention de toute forme de négationnisme. Car la normalisation des questions testimoniales et mémorielles ou, plutôt, leur traitement comme levier normalisateur est aussi une réaction aux tentatives de révision de l’histoire qui visent, en niant des crimes, leurs intentions ou leurs systèmes, à promouvoir des visions racistes, antisémites, nationalistes et inégalitaires. Et la légitime et nécessaire critique de la standardisation mémorielle a donc pour obligation éthique et politique de ne pas alimenter les diverses formes contemporaines de relativisme et de négationnisme.
Car, ajoutant un degré de complexité, c’est dans ce cas du côté de l’extrême droite qu’il faut regarder, non pour souligner ses affinités et prises de positions historiques avec les falsificateurs de l’histoire, mais pour constater à quel point l’extrême droite et, plus largement, les courants ultra-conservateurs jouent sur la confusion [Ph. Corcuff] avec des positionnements qu’ils présentent comme « critiques » tout en empruntant des stratégies et un discours culturel de normalisation [N. Lebourg et J. Fourquet]. On assiste ainsi régulièrement à des logiques de réappropriation de signes émanant d’une gauche intellectuelle et politique qui a elle-même perdu, avec ses pratiques militantes, nombre de ses positionnements critiques ou les a appauvris. Les schémas conspirationnistes, la mise en cause de ce qui est stigmatisé en tant que « politiquement correct » et la haine des médias se présentent comme trois moteurs rhétoriques de cet hypercriticisme d’extrême droite, sur la base de la dissociation du couple nouant historiquement dans l’imaginaire de gauche critique sociale et émancipation Or, cet hypercriticisme ultra-conservateur s’attaque justement aussi, d’une manière sélective propre à son identitarisme et aux logiques discriminatoires qu’il promeut, aux cadres mémoriels dits « politiquement corrects ». Plus, complotisme, provocations du « politiquement incorrect » et dénonciations manichéennes des médias participaient déjà à certains discours critiques de gauche [M. Angenot], et constituent alors des zones de porosité confusionniste particulières favorisant l’extrême droitisation idéologique.
Ce contexte appelle une clarification des postures critiques sur la base d’une réassociation de la critique et de l’émancipation dans une perspective cosmopolitique. Cela suppose de mieux lier critique du discours mémoriel et horizon d’émancipation sociale, à la fois individuelle et collective. Ce qui fait que, moins que jamais, la critique scientifique ne peut perdre de vue des appuis éthiques et politiques. Avec pour base, ces trois problématisations, ce colloque des 8, 9 et 10 novembre ouvre à une réflexion multidisciplinaire sur la capacité des dispositifs mémoriels contemporains à développer une vision critique sur leur propre rapport au passé. Pari initial auquel s’ajoute la multidisciplinarité comme condition de dépasser les fréquents cloisonnements disciplinaires auxquels sont assignées les questions mémorielles.
Bibliographie
– Adorno, Theodor W., 1951, « Critique de la culture et société », 1986, Prismes [1955], Paris, Payot.
– Adorno, Theodor W. et Horkheimer, Max, 1947, La Dialectique de la raison, trad. allemande de E. Kaufholz, Gallimard, 1974.
– André, Marc, 2022, Une Prison pour mémoire. Montluc, de 1944 à nos jours, Lyon, ENS éditions.
– Angenot, Marc, 1982, La parole pamphlétaire. Contribution à la typologie des discours modernes, Paris, Payot.
– Benjamin, Walter, 1940, Über den Begriff der Geschichte,
– Brun, Catherine (co-dir. avec Elara Bertho & Xavier Garnier), 2021, Figurer le terrorisme. La Littérature au défi, Paris, Karthala.
– Corcuff, Philippe, 2021, La Grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées, Paris, Textuel.
– Fabbiano, Giulia (dir.), 2023, dossier : Contre-archives. Poétiques, pratiques et politiques de la trace, Mémoires en jeu, n° 19.
– Genel, Katia et Deranty Jean-Philippe, 2020, Reconnaissance ou mésentente ? Un dialogue critique entre Jacques Rancière et Axel Honneth, Paris, Éditions de la Sorbonne.
– Honneth, Axel, 2008 [2006], La Société du mépris, Vers une nouvelle Théorie critique, Paris, la découverte.
– Illouz, Eva, 2019, Les marchandises émotionnelles : l’authenticité au temps du capitalisme, Paris, Premier Parallèle.
– Lebourg, Nicolas (avec Jérôme Fourquet), 2017, La Nouvelle guerre d’Algérie n’aura pas lieu, Paris, Fondation Jean Jaurès ; 2022, « La guerre d’Algérie et les extrêmes droites : six décennies de “contre-terrorisme” ? », in Giulia Fabbiano & Abderahmen Moumen (dir.), Algérie coloniale. Traces, mémoires et transmission, Paris, Le Cavalier bleu éditions, p. 123-145.
– Lefranc, Sandrine, 2022, Comment sortir de la violence ? Enjeux et limites de la justice transitionnelle, Paris, CNRS éditions.
– Mesnard, Philippe, 2021, Les Paradoxes de la mémoire. Essai sur la condition mémorielle contemporaine, Lormont, Le Bord de l’eau.
– Murat, Laure, 2022, Qui annule quoi ? Paris, Le Seuil, Libelle.
– Penot-Lacassagne, Olivier, 2021, « La cause des peuples », in E. Bertho, C. Brun & X. Garnier, Figurer le terrorisme. La Littérature au défi, Paris, Khartala, p. 43-60.
– Rancière, Jacques, 1995, La Mésentente, Paris, Galilée.
– Rothberg, Michael, 2009, Multidirectionnal Memory. Remembering the Holocaust in the Age of Decolonization (Cultural Memory in the Present), Stanford University Press.
– Viart, Dominique, 2009, « Le silence des pères au principe du “récit de filiation” », Études françaises, 45(3), 95-112. https://doi.org/10.7202/038860ar ; 2019, « Comment nommer la littérature contemporaine ? », l’Atelier de théorie littéraire de Fabula.
La Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH) est une association reconnue d’utilité publique. Ses buts sont notamment de faire rayonner la France, ses valeurs et sa culture et de mettre en œuvre des actions éducatives vers la jeunesse. C’est à ce dernier titre que les Olympiades de la Jeunesse 2024 sont organisées.
Olympiades de la Jeunesse 2021 – Best Of
Les Olympiades de la jeunesse 2021
À l’occasion de son centenaire, la Société des membres de la Légion d’honneur lançait la première édition des « Olympiades de la Jeunesse ».
Cette grande compétition, en ligne et en présentiel, réunissait lors de son dénouement à Paris – dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides – près de 1 000 jeunes de toute la France et de l’étranger autour de 80 ateliers ludiques sur les thématiques de la solidarité, de l’engagement, de la transmission des valeurs et des savoir-faire français.
Cette compétition est une déclinaison du concept original des Emploi-Games – imaginés par Alexandre Drouot – pour la société Initialis et développés depuis 2012.
Il s’agit d’une compétition, qui débute sur une plateforme numérique dédiée, où les équipes s’affrontent à distance sur l’intégralité des activités proposées (stands virtuels) et prennent connaissance du contenu des partenaires. La compétition s’achève en présence, dans le cadre d’un événement d’ampleur nationale, pour confronter les compétiteurs autour d’ateliers et de défis pour faire vivre les valeurs d’engagement et de collectif.
Une approche inédite des forums de recrutement qui n’aura pas échappée à l’Amiral (2s) Alain Coldefy, président de la Société des membres de la Légion d’honneur, qui précise : « Cela fait partie de nos missions de la Société des Membres de la Légion d’Honneur. Il y a les valeurs à préserver, le prestige à préserver […] On essaye de tisser un lien social entre les différentes générations »*.
Les Olympiades de la Jeunesse pour 2024
Après le succès de la première édition, la Société des membres de la Légion d’honneur renouvelle ses Olympiades de la Jeunesse, le 26 mai 2024 de 9h à 17h45, au stade Charlety à Paris XIIIe.
Sous le Haut Patronage d’Emmanuel Macron, Président de la République française, et présidées par l’Amiral (2s) Alain Coldefy, les Olympiades de la jeunesse réuniront cette fois 2 500 lycéens français et 400 de leurs enseignants de tous les territoires, de l’Hexagone et de l’Outre-mer mais aussi de l’étranger (Japon, Norvège, Thaïlande, Pologne, notamment) autour de 120 partenaires, acteurs de la France d’aujourd’hui et de demain sur les terrains de la solidarité, de l’excellence, de la culture et de l’histoire de notre pays.
On retrouve ainsi parmi les partenaires, des fédérations sportives (dont handisport), des institutions (Assemblée nationale, Sénat, armées, pompiers, police, etc.), des fondations et associations diverses ainsi que les métiers (MOF, BTP, cuisine, etc.) qui témoignent de l’excellence et de la générosité de la France, ce pays de génies sous toutes ses formes.
La phase de compétition en ligne
La compétition – du 31 janvier jusqu’au 15 mai 2024 – a été ouverte aux équipes constituées par les établissements scolaires ou de formation de niveau lycée et rassemblent chacune 8 jeunes (7 ou 9 tolérés) ainsi qu’à des structures constituées (cadets de la défense, jeunes pompiers, EPIDE, etc.).
Les équipes ont pu engranger des points au fil des QCM et sont classées en continu. Le classement est consultable en temps réel sur un site dédié. Le classement final détermine le choix des 6 à 8 stands physiques que l’équipe rencontrera le 26 mai à Paris, chaque stand de partenaire ayant préparé un petit défi collectif de 30 minutes, abordable par tous.
Le rendez-vous du 26 mai au Stade Charléty
La compétition se poursuit, en physique cette fois, le 26 mai au stade Charléty. Les Olympiades impliquent la participation de 200 à 300 équipes départementales, chacune engageant les jeunes autour des 120 ateliers thématiques visant à développer leurs connaissances et leur cohésion. Ces ateliers reflètent les valeurs promues par la SMLH et l’olympisme, telles que l’excellence, l’amitié et le respect.
La 2e édition des Olympiades de la Jeunesse promet d’être un événement mémorable, offrant aux jeunes une occasion unique de se rassembler, de concourir et de célébrer l’excellence et la solidarité dans un esprit d’amitié et de respect.
Le programme comprend des temps forts :
la remise de la médaille des athlètes pour la Paix à Charles Coste, doyen des médaillés olympiques et champion olympiques aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 ;
une conférence sous forme de table ronde avec plusieurs médaillés olympiques et paralympiques ;
la remise solennelle de l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur à Ryadh Sallem, champion handisport ;
un concert de musique classique produit par un orchestre symphonique de 30 musiciens sous la direction de la cheffe d’orchestre Aytèn Inan ;
une table ronde de blessés de guerre, avec des temps d’échanges prévus avec près de 800 jeunes ;
des prestations de parachutistes (arrivée de la coupe par les airs) ;
des prix (voyages, invitation à des événements, embarquement sur des bâtiments de combat, etc.) sont remis aux meilleures équipes en fin de journée par les autorités invitées.
La Société des membres de la Légion d’honneur
La Société des membres de la Légion d’honneur est une organisation française qui vise à promouvoir les valeurs de la Légion d’honneur et à encourager l’esprit de solidarité et d’entraide au sein de la société. Depuis sa création, elle s’engage à soutenir les actions en faveur de la jeunesse et de l’excellence, incarnant ainsi les principes fondamentaux de la République française.
Elle rassemble près de 40 000 adhérents, dont 2000 à l’étranger.
C’est le lundi 29 avril 2024 que la Public Factory – un lieu qui vise à créer des liens entre étudiants, chercheurs et acteurs publics – recevait lors d’une soirée de présentation et de discussion les auteurs de l’ouvrage “Repenser l’État au XXIe siècle. Libertaires et pensées critiques”.
Le débat public de “Repenser l’État au XXIe siècle”
Présentation des auteurs de l’ouvrage
Le débat public sur le livre du séminaire ETAPE Repenser l’État au XXIe siècle. Libertaires et pensées critiques aura rassemblé de gauche à droite sur le plateau :
Philippe Zittoun, directeur de recherche en science politique au LAET (Laboratoire Aménagement Economie Transport, UMR 5593, CNRS-Université Lyon 2-ENTPE) et secrétaire général de l’Association Internationale de Politique Publique (IPPA) ;
Irène Pereira, professeure des universités en sciences de l’éducation et de la formation à l’ Université de Rouen Normandie, philosophe, sociologue ;
Philippe Corcuff, co-auteur de l’ouvrage, et professeur des universités en science politique à Sciences Po Lyon et membre du CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux, Université Paris Cité/Université Sorbonne Nouvelle/CNRS, UMR 8070).
Un débat animé par Christian PAUL, comme coordonnateur de la Chaire Transformations de l’action publique. Christian Paul a exercé des responsabilités à tous les niveaux de l’action publique, dans les collectivités et au sein de l’Etat, comme ancien Ministre. Il a cofondé la 27e Région, laboratoire de transformation de l’action publique, qui a depuis plus de dix ans un rôle pionnier dans le domaine du design des politiques publiques et de l’innovation dans les territoires.
En présence et avec le soutien notamment de :
Martine Huyon, responsable de la Public Factory de Sciences Po Lyon ;
Jeanne Deveaux, chargée des partenariats et du mécénat – Fondation Sciences Po Lyon ;
Ce livre collectif, réalisé par le séminaire ETAPE (Explorations Théoriques Anarchistes Pragmatistes pour l’Emancipation, co animé par Philippe Corcuff), procède à une actualisation des analyses de l’État, dans la confrontation avec des approches libertaires et des pensées critiques. L’ouvrage s’intéresse, entre autres, aux apports de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault ainsi que des anthropologies politiques anarchistes de David Graeber et James C. Scott. Il explore aussi différents outils (décolonialisme, intersectionnalité, démocratie radicale…) et terrains (école, racismes, culture, économie sociale et solidaire…) contemporains.
Ces dernières années ont témoigné de mutations profondes dans nos sociétés : changement climatique, nouvelles formes d’organisation du travail, de pratiques de distribution et de consommation, digitalisation massive et importance stratégique des données, intrusion des nouveaux outils de communication, prise en compte de la diversité au sein des organisations et de la société, santé au travail, inégalités croissantes au sein des sociétés, interrogation sur la légitimité des formes de pouvoir, demande d’une plus grande transparence… pour ne citer que les mutations les plus visibles.
Pour les organisations, il est urgent de repenser leurs façons d’agir. La crise sanitaire amplifie le phénomène en affectant nos conditions de vie, nos pratiques de consommation et nos modes de fonctionnement dans les organisations comme dans nos domiciles, devenus lieux de travail, d’enseignement et de réunion. Nous risquons de n’être qu’au début d’un processus dont nous ne connaissons pas toutes les conséquences.
Ces modifications touchent l’ensemble des disciplines de la gestion : l’entrepreneuriat, le marketing, la finance, la stratégie, la RH…
Quelle que soit l’approche théorique (déterministe versus volontariste) ou méthodologique (qualitative et / ou quantitative) mobilisée, ou encore le niveau d’analyse étudié (exogène, endogène), les chercheurs sont toujours confrontés à la réalité complexe et protéiforme du changement.
C’est dans ce cadre que s’inscrit ce dossier spécial de La Revue des Sciences de Gestion.
Les deux premières contributions sont dans le champ disciplinaire du marketing. Justine Estarague focalise son propos autour de l’humour. S’il est difficile à appréhender, il est connu que son utilisation pertinente est un moyen d’apaiser les comportements et les situations difficiles. Face à un environnement turbulent et incertain, Justine Estarague, dans son article intitulé : « De l’humour à l’appel publicitaire humoristique », réalise une analyse détaillée de l’humour, tant dans la recherche que dans la communication, avant de mettre en lumière les différents moyens de le mobiliser. Toujours dans lechamp du marketing et de la communication, Oliviane Brodin et Jean-François Toti, dans le travail intitulé « Les détournements publicitaires militants : quels sont les effets de l’indignation morale sur la cause défendue, l’ONG impliquée et la marque objet du détournement », s’attachent aux détournements de publicités à objectif militant, en particulier via les réseaux sociaux où ils peuvent circuler largement. Les auteurs étudient les effets de ces détournements sur la cause défendue et mettent en évidence le rôle de l’indignation morale dans ces effets sur les attitudes et l’engagement, en prenant en compte la radicalité de l’association et le ton du message.
S’il est un domaine où la mutation et les changements sont prégnants, c’est bien dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Amina Rouatbi, dans son article : « Entrepreneuriat féminin et performance. Impact de la crise de la Covid-19 sur la perception de la performance auprès des femmes entrepreneures » s’attache à l’impact du Covid-19 chez les femmes entrepreneures.
Le changement est ici considéré au travers du prisme sanitaire. Cette crise questionne très largement les Sciences de Gestion. L’auteur cherche à comprendre comment les femmes définissent la performance et comment ces référentiels ont évolué avec la crise de la Covid-19.
Les résultats mettent en évidence que la crise de la Covid-19 a renforcé l’importance des critères de performance non financière pour les femmes entrepreneures, en particulier le soutien aux communautés locales dans lesquelles le projet entrepreneurial s’inscrit. Ce soutien est un facteur de résilience face aux crises. Enfin, Hadj Nekka et Soukaina Chit s’interrogent sur les nouvelles façons d’aborder le travail au travers de leur contribution intitulée : « L’espace de coworking comme dispositif au service de l’entrepreneur : quels avantages par rapport à l’accompagnement traditionnel ? ».
En effet, un des changements majeurs de notre époque tient, à tous les niveaux, dans le développement de l’accompagnement.
Les auteurs font ressortir que les espaces de coworking peuvent être des facilitateurs et des contributeurs à la réussite des projets entrepreneuriaux. Pour autant, l’accompagnement est complémentaire aux dispositifs traditionnels et certains types d’espaces de coworking peuvent être plus efficaces que d’autres pour accompagner les entrepreneurs.
Ces différentes productions présentent un double intérêt.
Le premier est pratique. Face à un contexte de plus en plus incertain et complexe, les auteurs mettent en évidence les mutations des comportements face à des mutations fortes et toujours plus rapides. Le deuxième est scientifique, et tient dans la capacité du chercheur à circonscrire le phénomène du changement de la façon la plus complète possible.
Nous souhaitons à toutes et tous une très bonne lecture.
Le mot du Directeur de la publication : Esprit en management
Philippe Naszályi
Qu’il me soit permis de mettre en lumière les remarquables contributions du colloque que notre Rédacteur en Chef a organisé : Comprendre et agir dans une société en mutation. Elles ont passé tous les filtres de notre publication et s’ouvrent par l’Humour !
Avoir de l’humour c’est aussi avoir de l’esprit et le second dossier de ce numéro y fait appel également en invoquant si j’ose cette hardiesse, l’Esprit en management par quatre approches venues de tous horizons ! Cela commence d’abord par un court article de mise au point sur les métaphores, Le sens de l’engagement de quatre générations poursuit cette vie de l’esprit dans une présentation qui n’a pas manqué de rebondissements avant d’être publiée. Elle se décline ensuite par un état des lieux sur le management des talents qui se prolonge dans l’analyse des caractéristiques cognitives du conseil d’administration. Nos lecteurs anglophones trouveront en fin, dans cet idiome, même si l’article émane de chercheurs francophones une étude sur les freins au développement du jugement éthique des auditeurs dans les entreprises familiales tunisiennes.
Un tour du monde comme toujours illustre notre ligne éditoriale permanente, celle d’une science de gestion ouverte et multiculturelle.
L’Union nationale des associations familiales (Unaf) et la Banque de France ont renforcé ce lundi 6 mai 2024 leur coopération en faveur des personnes en difficulté financière.
De g. à d. : Mme Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf, et M. Hervé Gonsard, Directeur général des Services à l’économie et du réseau de la Banque de France
Les représentants de l’Unaf et de la Banque de France ont procédé ce lundi 6 mai à la signature d’une convention de partenariat, pour une durée de trois ans, renouvelable. Ce partenariat vise à faire converger les actions de la Banque de France et du réseau UnafUdaf pour venir en aide aux personnes en difficulté financière, notamment en les orientant vers la procédure de surendettement, en les accompagnant tout au long de la procédure, et en les informant sur leurs droits et sur les dispositifs qui peuvent améliorer leur situation : droit au compte, plafonnement des frais d’incidents bancaires, accès à l’offre clientèle fragile, microcrédit personnel, Points conseil budget, etc.
De façon concrète, la Banque de France s’engage à proposer des formations aux salariés des Unions départementales des associations familiales (Udaf) et à orienter les personnes pouvant avoir besoin d’un accompagnement budgétaire vers les Udaf.
L’Unaf, de son côté, s’engage à inciter les Udaf à informer leurs bénéficiaires sur les dispositifs gérés par la Banque de France, à transmettre à la cellule alerte inclusion de la Banque de France les éléments relatifs à des situations individuelles en cas de difficultés constatées en matière d’identification d’une situation de fragilité financière ou d’application de frais bancaires ou encore à prendre part activement à la stratégie nationale EDUCFI.
« Je me réjouis de la signature de cette convention avec l’UNAF, qui vient formaliser un travail partenarial mené, depuis de nombreuses années, entre la Banque de France et l’UNAF, au niveau national comme sur le terrain. Avec cette convention de partenariat nous allons poursuivre et amplifier nos engagements respectifs, quotidiens, notamment en informant les personnes en difficultés financières et en mettant en œuvre, à leur profit, les dispositifs d’inclusion financière. »
Hervé Gonsard, Directeur général des Services à l’économie et du réseau.
« Ce partenariat va nous permettre de mieux accompagner encore les familles surendettées ou en situation d’exclusion bancaire. En cette période où des millions de ménages vivent avec des ressources faibles ou des budgets très contraints, il est essentiel de travailler ensemble. »
Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf.
Les Udaf sont très impliquées dans la prévention et la lutte contre le surendettement.
Le surendettement est un sujet éminemment familial tant il peut avoir des conséquences sur l’ensemble du ménage. Ainsi, les représentants familiaux siègent dans 75 commissions de surendettement afin de défendre les intérêts des ménages surendettés. Dans leurs services, les Udaf accompagnent au quotidien les ménages rencontrant une difficulté financière au travers de leurs 230 Points conseils budget (PCB) et de leurs 40 services d’accompagnement au microcrédit personnel. Le réseau des Udaf est aussi le premier réseau associatif de services mandataires judiciaires à la protection des majeurs. La Banque de France, qui préside l’Observatoire de l’inclusion bancaire (OIB) dont l’Unaf est membre, et les conseils départementaux d’inclusion financière (CDIF), assure la gestion de la procédure de surendettement, du droit au compte, des fichiers d’incidents de paiement, ainsi qu’une activité d’information générale du public sur les opérations et les pratiques bancaires et d’assurance (service Info Banque Assurance).
La Banque de France est joignable au 34 14, son numéro d’appel unique ; via ses unités présentes dans chaque département et via son site Internet https://www.banque-france.fr/fr
L’Association de personnes et de professionnels, (elles) francophones et francophiles dans les activités d’échange des biens et des services en enrichissant notre langue !
Après quelques années où nous cherchions, en vain, les actions pour promouvoir le français des affaires, c’est le retour de son ancien président, Jean-Marcel Lauginie[1] qui permet de ré-espérer en un français ingénieux et innovant pour la création de mots liés notamment aux techniques et technologies nouvelles dans le monde fluctuant des affaires, c’est-à-dire de l’économie et de la gestion notamment.
La Commission d’enrichissement de la langue française travaille à cette question et l’APFA en est un des relais avec la participation à la diffusion des créations comme « jeunes pousses[2] », toile mondiale, lac des données et leur moissonnage, la mercatique prospective et la proxivision, le numérique et les objets connectés ou encore, le tourisme doux et durable. Plus de 2 000 termes recommandés éclairent les échanges commerciaux dans l’espace francophone.
Prenons quelques exemples empruntés là encore à l’ALFA[3]. L’arrivée dans les ports des voitures électriques chinoises, l’acronyme anglais « ro-ro » pour roll on-roll off réapparaît après un long sommeil. Or, cet acronyme est depuis près de quarante ans remarquablement traduit par roulage défini comme une « technique de chargement ou de déchargement des navires par rampes d’accès qu’empruntent tous engins sur roues, automoteurs, tractés ou poussés » et par roulier qui est un « navire conçu pour le chargement et le déchargement par roulage »[4].
Enfin, la Commission d’Enrichissement de la Langue Française (CELF) a publié au JORF du 1er juin 2023, une recommandation pour remplacer les acronymes NIMBY (Not In My Back Yard) par NAPI (Non Au Projet Ici) et NIABY (Not In Anybody’s Back Yard) par NINA (Ni Ici et Ni Ailleurs).
Rappelons à notre caste aux affaires qui se croit élite et qui n’illustre en fait que l’ouvrage toujours actuel de Julien Benda, La Trahison des clercs (1927), que nos amis francophones, notamment québécois, veillent mieux que nous sur notre langue commune. Ce n’est pas pour rien que nous organisons notre deuxième Colloque sur la démocratie en santé, le 13 juin 2024 avec les Universités du Québec[5] !
Ainsi, une coédition de l’Office québécois de la langue française et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, réalisée en partenariat avec le réseau des Organismes francophones de Politique et d’Aménagement Linguistique OPALE, avec la participation de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ainsi que de l’Association pour Promouvoir le Français des Affaires (APFA), a permis la réunion de 529 fiches de terminologies « Au fil de 2000 termes » qui montrent l’inventivité et la vitalité de notre langue commune dans la mondialisation.
Les principales actions de l’APFA en 2024-2025
• Les Pionniers de l’Observatoire du français dans le commerce (Ofc) : d’avril à janvier 2025, inscription par courriel à l’adresse : apfa.lemotdor@orange.fr
Devenus Pionniers de l’Ofc, vous participerez à la création et à l’application d’une méthode pour observer et quantifier dans le commerce :
l’emploi des termes recommandés par la Commission d’Enrichissement de la Langue Française (CELF) ;
la présence d’intrus. Un intrus est un « élément qui n’est pas à sa place dans un ensemble cohérent ». Le Nouveau LITTRÉ, Éditions Garnier, Paris 2005. Les intrus, dans notre domaine, continuent à relever essentiellement du franglais, de termes anglais ou américains, d’anglicismes, d’américanismes et d’une anglomanie périodique.
Le traitement de chaque intrus éclaire les échanges commerciaux dans la francophonie tout en évitant l’appauvrissement de la langue française
• Le Mot d’Or de la francophonie 2025 de Jean-Marc Chevrot pour les élèves, les étudiantes et étudiants le mardi 18 mars 2025 de 14 heures à 15 heures, inscription à l’adresse : https://www.apfa.asso.fr/historique/motdor/motdor.htm
• Pour ceux qui veulent organiser l’épreuve dans leurs locaux : laisser un message à apfa01@orange.fr
• 35e Journée du français des affaires et des Mots d’Or de la francophonie à Paris : vendredi 21 mars 2025, inscription par courriel à l’adresse : apfa.lemotdor@orange.fr
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET Cachan), J.-M. Lauginie est professeur agrégé des Techniques économiques de gestion. Il a été inspecteur pédagogique régional, inspecteur d’académie à Orléans-Tours et membre de la Commission ministérielle de terminologie économique et financière. Il est le créateur de l’A.P.F.A. en 1984, sous le patronage de la Délégation générale à la langue française et en a été président jusqu’en 2016. Il en est redevenu le président en mars 2022 avec l’objectif de mettre en œuvre un plan de quatre ans ! Rappelons que l’association a pour objectifs de faire connaître la langue des affaires, d’appliquer à celle-ci la démarche de la mercatique et de montrer que chaque langue est susceptible de traduire avec son génie propre les termes du monde des affaires. On doit à J.-M. Lauginie plusieurs ouvrages, dont Action commerciale : Enseignement technique supérieur, édition en anglais en 1982 ; Économie de l’Entreprise, tomes 1 et 2 en 1984 avec Michel Darbelet…
Qui valut à notre revue son deuxième « Mot d’Or du français des affaires », pour un article écrit avec Philippe Naszályi et François Rossi : « Comment investir en Chine », (Direction et gestion des entreprises, n° 166, juillet-août 1997, pages 57-66, et n° 167, septembre-octobre 1997, pages 57-74 qui donne lieu à une conférence le 26 novembre 1998 au Ministère de l’Industrie à Paris sur « Les sociétés à parapluies chinoises », où la conclusion est toujours de pleine actualité : « La politique de la Chine est celle de la bicyclette condamnée à rouler pour ne pas tomber. Elle peut donc aller très loin » ! Tout cela est encore bien actuel au moment où la France reçoit le Président chinois ! http://www.apfa.asso.fr/
LALFA N° 8, mai 2024, ISSN 2968-4358
Arrêté du 28 novembre 1985, JORF du 21 décembre 1985, révisé au JORF du 22 septembre 2000.
Shalev Vayness, ancien président et co-fondateur d’Isako, entreprise pionnière dans le domaine de la structuration et de l’enrichissement de documents, annonce avoir transmis ses parts à la société Cairn.info, plateforme dédiée à la diffusion des savoirs.
Cairn.info est un partenaire historique de Isako
« Cairn.info est un partenaire historique d’Isako. Son dynamisme et son exigence de qualité ont servi d’aiguillon à notre propre développement. Nous sommes enthousiastes à l’idée de ce rapprochement, qui va permettre à Isako de multiplier ses projets au service de l’édition, des bibliothèques et des archives », expliquent Frédéric Pierrat, directeur technique et co-fondateur, désormais en charge de la gestion quotidienne d’Isako, et Shalev Vayness.
« Depuis plus de 20 ans, nous avons pu mesurer la maîtrise technologique et le sens du service de l’équipe d’Isako », déclare Jean-Baptiste de Vathaire, co-fondateur de Cairn.info. « Avec le développement actuel des technologies d’intelligence artificielle, le coût et la qualité du traitement numérique dépendent de plus en plus de l’intégration optimale de ces technologies. Notre projet avec Isako, dont les efforts en recherche et développement ont été constants, s’inscrit parfaitement dans cette démarche ».
Thomas Parisot, co-directeur de Cairn.info, complète « Pour les services que propose Cairn.info à ses utilisateurs, ainsi qu’à ses partenaires éditeurs et bibliothécaires, ce rapprochement est gage de performance et d’innovation. A l’heure où notre développement s’accélère, notamment dans le monde francophone, le besoin de structurer et valoriser de larges corpus de publications est énorme. »
Créée en 2002, Isako est une entreprise qui dispose d’une technologie propriétaire d’analyse sémantique, de traitement automatique du langage et d’extraction intelligente de contenus. Isako réalise sur cette base des prestations de conversion dans des formats riches et divers : Word structuré, EPUB, XML, HTML, PDF Web et IAD, ALTO, METS, etc.
Une acquisition au service de la stratégie de développement de Cairn.info
L’essentiel des fonctionnalités proposées sur le portail Cairn.info concernent la version « en ligne » (HTML) des publications. Or, la version « en page » (PDF, feuilletage) regroupe 30 % des consultations les plus qualitatives, celles effectuées au sein des plus de 2.000 institutions abonnées dans 70 pays. C’est aussi celle qui rend compte de l’identité éditoriale d’une publication. Enrichir cette version, la sécuriser et la lier davantage à la version en ligne représentent sur le long terme un enjeu de fidélisation de nos utilisateurs. De nombreuses possibilités sont également ouvertes pour la synthèse vocale, l’accessibilité numérique des publications ou encore l’indexation multi-format.
Des synergies technologiques au service des éditeurs et des bibliothèques
Cairn.info et Isako s’adressent historiquement aux mêmes partenaires : les éditeurs et les bibliothèques. Les prestations réalisées par les équipes d’Isako gagneront en visibilité grâce au fort positionnement de Cairn.info dans le domaine des sciences humaines et sociales, mais aussi désormais des sciences et techniques, de la médecine et du droit. A l’heure où notre secteur fait face à de grands défis, comme la systématisation de l’accessibilité numérique du livre ou le développement de l’intelligence artificielle, cette alliance sera de nature à répondre à un besoin croissant à disposer de corpus riches et finement structurés.
Pour l’année universitaire 2024, la Fondation de Wendel renouvelle son programme de soutien à la recherche, destiné aux étudiants de Master 2 et aux doctorants dans les sciences humaines et sociales. Avec un intérêt prononcé pour les études historiques et économiques, les aides portent sur les projets concernant les techniques, les entreprises et plus généralement la société industrielle, Ce faisant, ce programme accorde une préférence aux projets utilisant des archives industrielles.
Ce qui est offert par la Fondation de Wendel
Pour les étudiants en Master 2, une aide de 1 500 € pour une année.
Pour les doctorants, une aide de 5 000 € par an, pouvant durer trois ans pour une candidature de première année.
Critères d’admissibilité
Candidature ouverte pour les étudiants de Master 2.
Candidature ouverte aux doctorants en première ou deuxième ou troisième année.
Dossier de candidature à constituer
Pour les étudiants de Master 2 – Présentation du sujet de recherche, problématiques, sources envisagées et bibliographie provisoire. – Curriculum Vitae. – Avis du directeur de recherche.
Pour les doctorants – Présentation du projet de thèse, problématiques et sources à consulter. – Calendrier de réalisation. – Curriculum Vitae. – Avis du directeur de recherche.
Dates clés
Le dossier complet doit être soumis avant le 15 octobre 2024. Les dossiers doivent être envoyés exclusivement sous format électronique aux deux adresses suivantes : – Académie François Bourdon : contact@afbourdon.com – Fondation de Wendel : contacts@fondationwendel.eu
Florent Menegaux, Président du Groupe Michelin depuis 2019 et à la tête de 132 000 collaborateurs, a dévoilé les nouvelles orientations stratégiques pour les six prochaines années du Pacte mondial de l’ONU – Réseau France. Il a mis en avant le rôle crucial de cette initiative volontaire à un moment où la réglementation sur la responsabilité sociétale des entreprises se renforce en Europe. L’initiative “Forward Faster”, lancée à mi-parcours de l’Agenda 2030, vise à inciter les entreprises à prendre des actions concrètes autour de priorités telles que le salaire décent, l’égalité des sexes, le climat, l’eau et le financement des ODD.
Croissance continue du Réseau France du Pacte mondial de l’ONU
Avec 2 030 adhérents à la fin de 2023, dont 324 nouveaux, le réseau français du Pacte mondial de l’ONU connaît une expansion significative. Il a renforcé son offre de services et sa dynamique territoriale grâce à ses entreprises ambassadrices, proposant plus de 40 espaces d’échanges d’expertises à travers la France. De plus, le réseau a augmenté sa visibilité internationale en participant à plus de 20 événements de grande envergure, dont la COP28.
Le rôle des entreprises dans un monde fragmenté
L’Assemblée générale du Pacte a été suivie par une table ronde sur le rôle des entreprises dans un monde fragmenté. Parmi les participants figuraient Florent Menegaux, Estelle Brachlianoff (Directrice générale de Veolia), Philippe Dessertine (Professeur des Universités et Président du Comité 21), et Anne-Catherine Husson-Traore (Directrice générale de Novethic) en tant que modératrice. Les discussions ont porté sur les défis actuels des entreprises, leur rôle en temps de crise géopolitique et les leviers d’action disponibles, ainsi que la transformation des chaînes de valeur.
Enjeux géopolitiques et perspectives
Aujourd’hui, les entreprises doivent naviguer dans un contexte de forte instabilité géopolitique, avec des visions limitées à 3-5 ans. Florent Menegaux a souligné que le Pacte mondial de l’ONU offre des fondamentaux stables nécessaires à cette navigation. “Le Pacte mondial est un outil de transformation profonde de l’entreprise. Cette transformation est possible et nécessaire, car le monde évolue rapidement,” a-t-il déclaré.
Le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France, sous la direction de Florent Menegaux et avec le soutien des collaborateurs de Michelin, s’efforce de guider les entreprises dans une transition essentielle face aux défis actuels et futurs.
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