n°317-318 – Faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes !

Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

C’est à peu près ce que tous les gouvernants et autres grands dirigeants s’efforcent de réaliser depuis que les « spin doctors » ont pris le pas sur les convictions politiques et les choix idéologiques ! C’est avec « la fin de l’histoire », celle de l’américain Francis Fukuyama, ce mauvais succédané ou « ersatz » hégélien, l’une des plaies du cirque médiatico-politique ambiant !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Nous devons ces pratiques, comme l’essentiel de notre pensée économiques, à nos « amis » anglais et américains, et cela est devenu caricatural au niveau le plus élevé de l’État.

En effet, sans pratiquer ici une étude de science politique poussée, on peut considérer que faute d’adversaire idéologique avec la fin du communisme en Europe, le système néolibéral Reagano-Thatchérien a enfanté ce monstre dont l’un des avatars les plus prometteurs est sans doute Tony Blair ! Depuis, il a fait des « ménages » très lucratifs grâce notamment à la « Tony Blair Associates » fermée en 2016. Il est vrai que lorsque l’on a à raconter cinq guerres déclenchées en six ans au « 10 », dont bien sûr celle provoquée par le célèbre mensonge des « armes de destruction massive » d’Irak, on est un conférencier d’excellence et un administrateur intéressant pour des entreprises saoudiennes ou russes ! Ne soyons pas si sévères, il fut admirable à la mort de Diana et avec un physique avantageux, un peu à la Barak O., on est absous à la fois par l’opinion populaire et par la médiocratie qui règne dans les salles de rédaction et les arcanes des castes au pouvoir. Son commensal le plus éclairant est le financier de sa campagne. Jean-Louis Legalery décrit en effet Peter Mandelson comme « l’incarnation du spin doctor, ce prototype de chargé de communication prêt à déformer la réalité, à la tordre [sens littéral de to spin] pour faire passer le présumé message politique[1] », ce qui sera le « New labour » qui a fortement influencé nombre de « socialistes » français !

Nous y voilà ! Tous les ingrédients sont constitués : l’affairisme et ses liens financiers, la communication et ses mensonges, l’absence de convictions qui mène à la perte de sens. Vous devez y ajouter une dose de proximité avec le monde des médias, P. Mandelson a été producteur de télévision[2], comme plus tard, l’inénarrable animateur Donald Trump ou, pour ne vexer aucun contemporain en France en parlant aussi de liens matrimoniaux, le regretté Bernard Tapie !

Cela pourrait en fait, n’avoir aucune importance si cet assemblage de hâbleurs politiques qui peuvent défendre tout et son contraire parfois dans le même discours et de petits communicants mercenaires à la solde d’intérêts oligarchiques, ne développaient des politiques tout à fait dangereuses pour l’équilibre économique et social du plus grand nombre. Laurent Mauduit[3] l’a démontré également en décrivant « l’aboutissement de l’histoire longue de la haute fonction publique, qui a cessé de défendre l’intérêt général pour se battre en faveur de ses seuls intérêts ».

Le tout, nous l’avons bien compris, s’inscrit également la pensée économique mainstream qui nous est présentée comme « neutre » alors que ses opposants seraient eux, « engagés », comme le font remarquer à juste titre Virginie Martin et Béatrice Mabilon-Bonfils[4]. Cette imposture de la majorité se marque hélas aussi dans bien d’autres domaines, comme si la science pouvait résulter simplement d’un consensus indépassable, alors que toute l’histoire humaine n’évolue que par la remise en question permanente des travaux précédents !

Penser autrement est souvent « complotiste » et l’on revoit apparaître, de « Grands Inquisiteurs » ou « ayatollahs » et pas seulement en Iran, appuyés par cette nouvelle Nomenklatura qu’on vient d’évoquer pour pourchasser tous ceux qui, dans le domaine de la pensée, ont une approche différente, jugée de ce fait hérétique ! Il est intéressant par exemple de constater que tous les économistes qui proposent une autre voie, soient classés « hétérodoxes », terme également à connotation religieuse. Il est éclairant que ces « différents » ne soient pratiquement jamais devenus Professeurs des Universités en France et restent maîtres de conférences. Cela en dit long sur ces « commissions de spécialistes » et l’autonomie de la science ! On peut en ce domaine compter sur le gourou Jean Tirolle, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, pour empêcher l’émergence d’une section nouvelle du Conseil National des Universités (CNU) intitulée « économie et société[5] ». Et pourtant, comme le souligne Nicolas Postel, il existe bien « deux paradigmes concurrents d’analyse de l’économique : l’un, que nous qualifierons d’institutionnaliste, situe l’économie dans les sciences sociales ; l’autre, que nous qualifierons de formel, considère que les questions économiques relèvent davantage d’une branche de la logique[6] ». Cette dernière est incarnée par le courant dominant. Évidemment la caste au pouvoir a soutenu Jean Tirolle contre l’innovation proposée par l’Association française d’économie politique (Afep) soutenue notamment par Thomas Piketty. « Les économistes mainstream pourront continuer à se choisir entre eux[7] ».

Toujours faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes ! En effet, cette contestation épistémologique ou critique n’est peut pas entrer dans l’air du temps qui doit être immédiatement rentable. Et pourtant, c’est cette sottise qui nous a rendus et nous rend toujours dépendants des médicaments, des objets technologiques voire de simples produits de fabrication du bâtiment, ferraille, ciment… principalement de l’Asie, mais aussi parfois de nos voisins.

Remercions les inventeurs de ce dérivé du toyotisme qu’est le « flux tendu ». Cette pratique qu’on a imposée au nom des coûts de stockage, est l’une des nombreuses illusions de la période monétariste qui, nous l’espérons, s’achève et va mettre un terme au règne des héritiers des Chicago boys. Le coût monétaire mais aussi économique et social pèse sur la majeure partie de la population alors que les profits ont, eux, été engrangés par les financiers depuis plusieurs décennies.

Comme toujours : Faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes. Bien entendu, ce sont les fonds publics : « quoi qu’il en coûte » qui vont être appelés à renflouer les caisses privées, assurer la paix sociale notamment par les caisses d’allocations familiales détournées de leur vocation initiale, et pallier les incohérences de la politique européenne, notamment sur le prix de l’électricité[8]. La caste aux affaires est l’alliée des affairistes comme à chaque fois que cela se produit. Ne parle-t-on pas couramment de cette politique qui consiste à privatiser les bénéfices (c’est fait) pour nationaliser les pertes (c’est en cours depuis 2020 plus encore qu’avant). Il est bon, même si nous le savons tous, de rappeler que selon un rapport d’Oxfam la « fortune des Français les plus riches a davantage augmenté pendant la pandémie que ces dix dernières années[9] ».

Cette pratique qui découle de la recherche permanente de la maximisation des profits n’épargne évidemment pas la recherche dont on a déjà souligné son indigent budget.

Comme le souligne le philosophe Mathias Girel : « L’agenda des recherches est fixé par l’état-major des sociétés philanthropiques.

Autrement dit, une poignée de personnes peut décider de se désengager d’un champ de recherche du jour au lendemain si les conditions de visibilité ou d’obtention de résultats à court terme ne sont pas maximales[10]… » Tempérons toutefois l’optimisme du philosophe son quant à la vertu de la budgétisation publique du fait du courtermisme imposé par les budgets publics. Ils visent à valoriser depuis au moins 2007, la start-up à effet immédiat à la recherche dite fondamentale !

Ainsi en est-il en pratique hospitalière, les coûts réels de certaines opérations nécessitant l’utilisation de technologies innovantes sont parfois d’un tiers plus élevés que la prise en charge par l’Assurance Maladie ! Cela favorise et les retards d’investissement des établissements et les dépassements d’honoraires dans les établissements privés entraînant ce que l’on appelle une médecine à deux vitesses, l’inverse donc de l’objectif de la protection sociale.

Faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes est donc le fruit de ces choix idéologiques imposés et que toute la caste politicienne a parfaitement intégré rendant même inutile pour beaucoup, le vote et donc superflue la démocratie. « Bonnet blanc et blanc bonnet », utilisé par Jacques Duclos pour caractériser le deuxième tour de scrutin de la présidentielle française de 1969 qui opposait le « gaulliste » Georges Pompidou et le centriste Alain Poher, est désormais le lot de quasiment toute élection ! Même ceux qui sont placés aux extrêmes sont accusés indistinctement de « populisme », sans que personne ne sache bien ce dont il s’agit, sauf que c’est un terme péjoratif. Le but est évidemment de les dévaloriser grâce aux médias du mainstream en évitant précautionneusement tout débat sur les idées. La caste politique, malgré ses larmes de crocodile, se satisfait très bien d’occuper les postes électifs et d’en toucher les prébendes avec l’assentiment d’une infime minorité du corps électoral.

Et l’on s’étonne que la parole publique soit dévaluée et les élus de moins en moins reconnus voire « agressés » pour un certain nombre alors que les modalités de leur élection les rendent parfaitement illégitimes pour la plupart ! Ce n’est pas en aggravant les peines prévues pour ces méfaits au code pénal que l’on évitera de faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes !

L’essentiel est surtout de ne pas poser de questions ou de poser de mauvaises questions sur les causes réelles. Lorsque nous étions jeunes étudiants en histoire à la Sorbonne, on nous disait que devant un texte, il faut toujours se poser la question « qui dit réellement quoi à qui ? ». C’est depuis longtemps une question que la plupart des médiocrates se refusent et même interdisent qu’on se la pose !

Nos lecteurs, s’il en reste après ce long réquisitoire, ont compris que nous nous situons loin du mainstream. Je suis particulièrement fier de ce numéro de l’automne car il apporte des contribuions de la francophonie dans toute sa diversité d’approches, de contextes, de d’hypothèses et de solutions !

La diversité se vit, elle ne se décrète pas par quotas !

Pour y entrer plus encore, nous avons décidé d’ouvrir nos colonnes, pour la deuxième fois, et pas la seconde, à une publication plutôt propre à la politique économique, qu’à la gestion au sens étroit du terme, celle du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF), consacrée à la Côte d’Ivoire. L’Afrique et les auteurs africains que vous pourrez lire dans les trois dossiers de ce numéro apportent une réflexion souvent différente, mais qui mène à réfléchir d’abord et parfois même très différemment vis-à-vis de nos stéréotypes de gestionnaires marqués par l’« étasunisme » ambiant. Nos collègues du Québec qui contribuent régulièrement à notre revue consolident ici dans le cas des PME, notre approche ouverte vers d’autres horizons. Universitaires comme enseignants-chercheurs et praticiens des écoles de commerce françaises constituent la deuxième source d’enrichissement de ce numéro !

Fréderic Joliot, prix Nobel de chimie 1935, invitait naguère les scientifiques « à se préoccuper de l’utilisation qui est faite de leurs découvertes[11] », à l’heure où les défis climatiques rendent plus utiles le recours à l’atome, c’est encore plus que d’actualité.

C’est à coup sûr dans cet esprit que nos auteurs travaillent pour que l’innovation organisationnelle en gestion serve réellement au progrès social et que nous ne soyons pas complices du faire semblant de traiter les effets pour éviter de s’attaquer aux causes !


1. Jean-Louis Legalery, (2008), The Prince of Darkness is back, https://blogs.mediapart.fr/jean-louis-legalery/blog/061008/prince-darkness-back.

2. London Weekend Television, membre du groupe ITV.

3. Laurent Mauduit (2008), « La Caste», enquête sur cette noblesse d’Etat qui a choisi le camp de l’aristocratie d’argent, La Découverte.

4. Virginie Martin et Béatrice Mabilon-Bonfils (2020), Pour sortir du mainstream économique – La science économique, une science entre auto-légitimation et croyance.

5. https://assoeconomiepolitique.org/dossier-nouvelle-section-au-cnu-economie-et-societe/.

6. Nicolas Postel, (2011). Le pluralisme est mort, vive le pluralisme !, L’Économie politique, 50, 6-31. https://doi.org/10.3917/leco.050.0006.

7. https://www.apses.org/spip.php?article5882#.Y5LjnHbMJPY.

8. Philippe Naszályi (2019), Electricité : l’hérésie de l’ouverture à la concurrence, https://www.marianne.net/agora/humeurs/energie-electricite-edf-heresie-concurrence.

9. https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-quatre-questions-sur-l-enrichissement-des-grandes-fortunes-francaises-pendant-lapandemie_4931281.html.

10. Entretien avec Mathias Girel par Charline Zeitoun ( 2019) « La science est-elle en crise ? » CNRS Le Journal https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-science-est-elle-encrise.

11. Cité par Hélène Langevin-Joliot (2015). « Progrès scientifique et progrès : pour sortir de la confusion », Raison présente, vol. 194, no. 2, 2015, p. 19-29. https://doi.org/10.3917/rpre.194.0019.

n°315-316 – Qu’en est-il des macaques à longue queue ?

Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Si l’on en croit, et pourquoi ne les croirait-on pas, les chercheurs qui travaillent pour la santé des êtres humains, l’un des effets de la Crise du COVID 19 est la pénurie des primates indispensables pour travailler sur la pathologie, le virus, les vaccins ! La mondialisation nous (Européens comme États-Uniens) fait là encore, dépendre de la Chine ! Paradoxe de plus qui ne semble guère émouvoir nos principales qui, discours électoraux mis à part, ne comprennent toujours pas que la division internationale du processus productif (DIPP), si chère aux néolibéraux, sectateurs du théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson, n’a certainement pas entraîné la baisse des profits des détenteurs de capital, bien au contraire.

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Cette dépendance qu’on a découvert en maints domaines de fournitures de santé depuis mars 2020, est aussi très préoccupante pour les « recherches importantes sur des organismes vivants entiers », « mais aussi le développement du système nerveux… l’immunologie et l’infectiologie[1]. » En fait, nous ne maîtrisons plus ni les matières premières, ni leur transformation, mais pas non plus la conception des processus et même désormais la recherche pour ce qui est notre santé !

Une recherche exsangue !

La Recherche, voilà bien l’un des points qui devrait être prioritaire ! Contre toute logique, les « jeunes », puisqu’ils se revendiquent tels, qui nous dirigent devraient s’en soucier pour l’avenir des générations ! Et bien que nenni !

En 1992, la France se situait au 4e rang des pays de l’OCDE pour la recherche, elle est en 2019, au 13e… et comme le résume avec son humour grinçant le Canard Enchaîné : « Nos chercheurs cherchent surtout des sous[2] » ! « En Allemagne, il faut six mois entre la demande d’un cryo-microscope par les chercheurs et sa réception. En France, il faut six ans » Il est vrai que rien ne presse, l’ARS gère !

Si nos lecteurs s’offusquent de cette référence à notre éminent confrère satyrique du mercredi, qu’ils se réfèrent alors à la tribune de quinze membres de l’Académie des Sciences qui, en octobre de la même année, 2021, et cette fois dans Le Monde[3], tentent de nous réveiller « pour remédier aux difficultés de la recherche française et en arrêter le déclin ». Et les académiciens de rappeler qu’ « entre 2011 et 2018,les crédits du seul secteur de la santé ont diminué de 28 % en France, alors qu’ils augmentaient de 11 % en Allemagne et de 16 % en Grande-Bretagne ».

Ces erreurs, liées à l’idéologie mortifère du néolibéralisme économique chérie de nos politiques, ont permis que le « pays de Pasteur est resté en retrait dans la course pour la mise au point d’un vaccin au moment même où les vaccins à ARN, après quinze ans de recherche, démontraient brillamment leur efficacité[4]. »

La peur de la liberté !

Et pourtant que n’a-t-on entendu nos Gouvernants, et avec eux, les doctes savants et spécialistes, du Diafoirus de base au plumitif, en passant par les pires « pisse-copie » voire hélas aussi certains élus locaux déchaînés, invoquer Pasteur pour faire honte à ceux qui, sans aucun doute à tort, refusaient les injonctions tonitruantes de vaccination. Dans le pays des Droits de l’Homme avec la complicité intéressée, – la place est bonne pour les retraités, anciens Premiers ministres notamment –, des conseillers constitutionnels et les palinodies ergotantes de la Haute Assemblée qui cherchait sans doute à se faire pardonner son impertinence pourtant bien utile, de la Commission Bénalla, a été concocté un ensemble extrêmement dangereux de mesures coercitives et attentatoires aux libertés. « La Peur de la liberté[5] » d’Erich Fromm reste une clef d’analyse très pertinente pour cette période où la démocratie a été et est durablement mise en péril par ceux qui ne pensent la liberté que dans le Libre-échange.

La peur de mourir nous a fait trouver acceptable qu’on enferme, car il s’agit bien de cela, nos aînés dans des maisons, devenues souvent des mouroirs. S’il existe un Contrôleur général des lieux de privation de liberté, il n’a été évidemment pas été saisi des EHPAD dont on a fait des maisons de relégation, soumis à l’autorité arbitraire et au bon vouloir de leur direction sous la coupe des oukases technocratiques quotidiennes. On a laissé mourir ces êtres humains sans aucune humanité et qui puis est au nom de la santé ! Dans un discours de 1819, Benjamin Constant, le père de ce qui est le véritable libéralisme, relevait déjà que « le danger de la liberté antique était qu’attentifs uniquement à s’assurer le partage du pouvoir social, les hommes ne fissent trop bon marché des droits et des jouissances individuelles. Le danger de la liberté moderne, c’est qu’absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre droit de partage dans le pouvoir politique[6] ».

Et pourtant, dès le 16 avril 2020, le Conseil pour l’engagement des usagers (CEU) placé auprès de la Haute Autorité en Santé, sans pourtant remettre en cause, le régime d’exception qu’est le confinement, constate que malgré tout « il eut pourtant été possible de faire vivre les principes de démocratie en santé » et « en outre, il n’est pas acceptable que la majorité des instances (de démocratie en santé) n’aient pas été réunies depuis la survenue de la crise[7] ».

Il est vrai que les instances de démocratie en santé, relèvent des ARS et que si l’on considère certains de ces directeurs généraux, c’est comme de confier à Poutine le soin de défendre la démocratie. N’était un vague décret du 28 juin 2021, à la suite du Ségur de la santé, qui tente d’accroître le poids de la Conférence régionale de Santé et de l’autonomie (CRSA), rien, depuis la loi du 4 mars 2002 instituant la démocratie sanitaire, n’est fait pour faire vivre une co-construction des citoyens aux décisions qui concernent leur santé. Évidemment, les Conseils Territoriaux de Santé dans les départements, dont aucune extension de leur rôle n’a été prévue, tout comme la CRSA, sont à la main des directions générales des ARS qui en nomment les membres et pour certaines s’arrogent même le droit, à l’iranienne, d’empêcher ceux qui auraient des velléités de libre parole d’en faire partie ! Une démocratie à la botte !

Une recherche défaillante, une démocratie bafouée, une gestion publique souvent lamentable voilà bien un premier bilan bien sinistre de la crise du COVID-19.

Démocratie en santé : un colloque en 2023 !

Pour tirer les leçons de ce que nous estimons être une question de fond pour les organisations, notre revue, en partenariat avec la Chaire de Gestion des Services de Santé que dirige avec talent Sandra Berteneze, a décidé d’organiser un colloque en juin 2023, au CNAM de Paris, pour interroger toutes les parties prenantes sur cette démocratie en santé qui a célébré bien timidement en 2022, le vingtième anniversaire de la Loi Kouchner qui l’instituait enfin, en France !

Pourquoi cette préoccupation de la santé, pour une revue de recherche en gestion ?

La réponse est simple et pourtant mal connue en France ou santé et sanitaire sont souvent mélangés er employés l’un pour l’autre.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) apporte une réponse claire aux plus dubitatifs : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Santé : le Physique, le mental et le social ! Toute la vie humaine est ainsi résumée et c’est parce que, les gouvernants ont oublié cette définition, en limitant toute leur action au « physique », le sanitaire et encore à une partie du physique, en laissant de côté nombre de pathologies dont beaucoup ont empiré, que nous sommes si affaiblis par cette crise qui n’en finit plus !

Le climat, l’énergie sont des éléments de la santé, car poursuit l’OMS dans sa constitution : « les gouvernements ont la responsabilité de la santé de leurs peuples ; ils ne peuvent y faire face qu’en prenant les mesures sanitaires et sociales appropriées ».

Ce numéro de l’été de 2022 est une étape de la réflexion de chercheurs en sciences humaines dont l’éthique doit toujours être réinterrogée comme nous le rappelle la tribune d’Elise Goiseau et Yann Bazin. Ce premier numéro consacré au COVID est multiple, varié et ouvert. Nous avons tenu à réunir ici, des contributions individuelles comme à l’accoutumée, et des articles sélectionnés par le Professeur José Allouche et Romain Zerbib qui fut naguère l’un de nos collaborateurs zélés, qu’ils soient ici remerciés de ce travail éditorial.

Et parce que l’information si malmenée pendant la crise COVID demeure pour nous un axe fondamental pour le chef d’entreprise, le cadre dirigeant, le chercheur ou… le citoyen, nous proposons une suite à l’un des chapitres du précédent numéro : « L’information au service des organisations »

« Une opinion publique éclairée et une coopération active de la part du public sont d’une importance capitale pour l’amélioration de la santé des populations. »


1. Emmanuel Procyk, directeur de recherche au CNRS, co-directeur du Groupement de recherche BioSimia (fédère les chercheurs des laboratoires de recherche publics qui font appel aux primates autres que les humains).

2. « Nos chercheurs cherchent surtout des sous », Le Canard Enchaîné, 21 avril 2021, p. 3, http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8922

3. Le Monde, 19 octobre 2021, « Quinze membres de l’Académie des sciences alertent : « Pour arrêter le déclin de la recherche française, il est urgent de réagir », https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/19/quinze-membres-de-l-academie-des-sciences-alertent-pour-arreter-le-declin-de-la-recherche-francaise-il-esturgent-de-reagir_6098940_3232.html

4. Le Monde, 19 octobre 2021 ibid.

5. The Fear of Freedom, New-York 1941, traduit de l’anglais par C. Janssens, Paris, Buchet-Chastel, 1963, 244 pages.

6. « De la liberté des anciens comparée à celle des modernes », discours prononcé à l’Athénée royal de Paris en 1819, in Benjamin Constant, Écrits politiques, éd. Marcel Gauchet, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 1997, p. 603.

7. COVID-19 – Avis du Conseil pour l’engagement des usagers, Avis n° 1/2020 du Conseil pour l’engagement des usagers. Mis en ligne le 05 mai 2020. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3182529/fr/covid-19-avis-du-conseil-pour-l-engagement-des-usagers

Mission histoire Société Générale : aides à la recherche du Master au Doctorat de 2 500 € à 5 000 €

La mission histoire Société Générale accorde des aides à des étudiants engagés dans des recherches portant sur l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales, et s’appuyant au moins en partie sur des archives bancaires.

Un état des fonds et des perspectives de recherche sont disponibles sur le site www.societegenerale.com ou sur demande.

Informations et candidatures pour bénéficier de l’aide de la Mission histoire Société Générale

Les aides à la recherche sont de : 2 500 € par an en master, 5 000 € par an en doctorat. Votre dossier de candidature doit comprendre dans l’ordre :

  • titre, présentation du sujet, nom de l’université et du directeur de recherche (2 pages)
  • les sources envisagées (notamment bancaires)
  • un cv
  • l’avis du directeur de recherche

Les dossiers de candidature doivent être envoyés sous format électronique, au plus tard au 15 novembre 2022

Société générale – service des archives historiques
01 42 13 11 53 – archives.historiques@socgen.com

Contact

Farid Ameur
service des archives historiques
+33 1 42 13 11 53
farid.ameur@socgen.com

Bruno Latour vient de s’éteindre

Bruno Latour vient de s’éteindre. Ce « constructiviste radical » comme le caractérisait son ennemi, Pierre Bourdieu, a tout pour être une référence pour La Revue des Sciences de Gestion ne serait-ce que par sa référence revendiquée à Charles Péguy et son choix délibéré du « doute méthodologique » qu’il applique à tous les objets de la connaissance du monde vivant. Nous n’aurons pas l’audace de résumer ici la pensée foisonnante de ce touche-à-tout, au bon sens du terme, celui de Pic de la Mirandole, mais de saluer  aussi l’artiste qui nous a quitté puisque le théâtre était aussi l’un de ses centres d’intérêt !

Philippe NASZALYI

Bruno Latour (22 juin 1947-9 octobre 2022)

Au milieu des éloges, nous renvoyons à un auteur original, dont nous n’épousons pas toutes les prises de parole mais qui est profondément un enrichissement du débat : Philippe Corcuff “Ecologie politique : hommage hérétique à Bruno Latour (1947-2022)”, blog Mediapart, 11 octobre 2022, https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/101022/ecologie-politique-hommage-heretique-bruno-latour-1947-2022

XXXVIIIes Journées du développement de l’Association Tiers-Monde

Les XXXVIIIes Journées du développement de l’Association Tiers-Monde se tiendront à Bordeaux du 31 mai au 1er juin 2023, en partenariat avec l’UMR 6060 CNRS, Bordeaux Science Economique (BSE), l’Université de Bordeaux, l’UMR CNRS 5319 Passages, l’Université de Bordeaux- Montaigne et le LAM, Sciences Po Bordeaux, sur le thème : 

politiques de développement, acteurs et évaluations.

Le calendrier est le suivant :

  • Date limite d’envoi des propositions de communication – 25 novembre 2022
  • Date de décision du comité scientifique – 13 janvier2023
  • Date limite d’inscription et d’envoi des communications retenue – 31 mars 2023

L’appel à communications, la fiche de proposition pour les XXXVIIIes Journées du développement de l’Association Tiers- Monde 2023 ainsi que l’invitation des Jeunes chercheurs à postuler au prix Philippe Hugon peuvent être téléchargés sur le site :

http://www.mondesendeveloppement.eu/medias/files/xxxviii-journe-es-atm-bordeaux-2023-24ix22.pdf

Guillaume de Beauregard, nouveau directeur du site ENSM du Havre

Chef de projet « Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI) » depuis 2018 en Côte d’Ivoire et coordinateur régional Action de l’Etat en mer pour le golfe de Guinée au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Guillaume de Beauregard a été nommé directeur du site ENSM du Havre, le 14 août.

L’ancien élève de l’Ecole d’administration des affaires maritimes et de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr a occupé divers postes au ministère des armées, comprenant plusieurs missions à l’étranger, puis au ministère de la mer où il a notamment exercé les fonctions de chef du Pôle maritime de Saint-Pierre et Miquelon.

Ancien directeur-adjoint du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de Corsen au sein de la Direction interrégionale de la Mer Nord Atlantique Manche Ouest, il a ensuite rejoint l’École nationale de sécurité et d’administration de la Mer (ENSAM) à Nantes en tant que chef de département des affaires internationales, de la recherche et de l’innovation, département également en charge des formations CROSS et des embarquements, avant de rejoindre la Côte d’Ivoire pour le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Il a par ailleurs accompagné et dirigé trois promotions de jeunes administrateurs des affaires maritimes dans le cadre des missions « Jeanne d’Arc ».

Au Havre, où 6600 m² sont dédiés à l’enseignement, l’ENSM accueille plus de 300 élèves.

Guillaume de Beauregard encadrera une équipe pédagogique composée d’une quinzaine d’agents, d’une trentaine d’enseignants et d’une vingtaine de vacataires.

Le Havre étant le siège social de l’ENSM, il sera également l’hôte d’une quarantaine de personnes des services support et de la direction générale.

Guillaume de Beauregard - Ensm
Guillaume de Beauregard – Ensm

La France se dote d’un Observatoire des métavers

Cette création de l’Observatoire des métavers, association à but non lucratif, a pour objet d’analyser le développement sociétal et professionnel des métavers. Parmi ses principales missions, l’Observatoire des métavers procédera à des auditions de parties prenantes, des études et rapports d’impact, des recommandations à destination des acteurs économiques et des pouvoirs publics afin de favoriser la prise de décisions.

Il est vrai que les métavers sont depuis plusieurs mois au cœur des réflexions des entreprises et des pouvoirs publics en France comme dans le monde. Forts de ce constat, il devenait impératif de créer un outil à disposition de tous les acteurs de la société : l’Observatoire des métavers.

Créé à l’initiative de Philippe Cassoulat, entrepreneur reconnu dans l’écosystème numérique, l’Observatoire des métavers est un projet collectif dont les membres fondateurs sont le groupe Talan, Bpifrance, le groupe La Poste, La Mutuelle Générale, le groupe Devinci Exécutive Éducation.

L’observatoire des métavers devrait compter d’ici fin 2023 une cinquantaine d’adhérents parmi lesquels des entreprises de premier plan, des personnes morales de droit privé ou de droit public, des organismes publics ou privés de recherche ou de formation, de nombreux acteurs de l’écosystème numérique et des personnalités de premier plan. Ils participeront à des groupes de travail afin de produire les rapports d’impact de l’Observatoire et échanger sur leurs expériences respectives.

L’Observatoire des métavers va réunir et mobiliser ses adhérents, afin de répondre aux objectifs suivants :

  • Écouter : procéder à des auditions des principaux acteurs de ce secteur d’activité pour mieux analyser les stratégies des différentes parties prenantes ;
  • Éclairer : Publier un rapport annuel sur l’impact des métavers en France et dans le monde en s’appuyant sur les retours d’expérience de ses membres ainsi qu’un baromètre sur la perception des Français face au métavers ;
  • Partager des expériences et des bonnes pratiques : analyser et partager les meilleures expériences de déploiement des métavers ; Promouvoir les meilleures pratiques, technologies et méthodologies ;
  • Réaliser des études prospectives : stimuler et favoriser le développement des métavers, à travers des études, des échanges, des réflexions et l’élaboration de propositions concrètes ;
  • Prôner un usage responsable : promouvoir le développement et le partage d’outils favorisant et vérifiant l’usage responsable des métavers et favoriser un usage inclusif ;
  • Participer au débat public : prendre de la hauteur, nourrir le débat public et formuler des recommandations aux pouvoirs publics ;

« Beaucoup considèrent le Métavers comme une comète qui va rapidement disparaître. Je pense au contraire qu’il s’agit d’un sujet de fond qui va radicalement changer le quotidien de centaines de millions de personnes et obliger les entreprises et les pouvoirs publics à se positionner rapidement. L’Observatoire des métavers s’inscrit, de manière totalement agnostique, dans une démarche collective, constructive et inclusive afin d’analyser ce mouvement de fond et partager avec l’ensemble de ses membres et des pouvoirs publics les meilleures pratiques et orientations du métavers. Je suis depuis toujours partisan de la Tech humaniste, la technologie au service de l’humain qui est la raison d’être de mon engagement dans mon parcours entrepreneurial et c’est dans cette dynamique positive que je veux, au côté de nos membres fondateurs, inscrire mon mandat de président de l’Observatoire, en ouvrant le débat sur tous les sujets majeurs qui se poseront sans exclusion : usages, inclusion, enjeux environnementaux, développement économique… Aucun sujet ne sera écarté.

“Nous sortirons chaque année grâce à nos membres et aux travaux qui seront effectués dans les différents groupes de réflexion de l’Observatoire des analyses sur l’impact des métavers. J’invite à cette occasion toutes les entreprises, les organismes de formation, les organismes de recherche, les spécialistes qui maîtrisent ces enjeux à nous rejoindre en adhérant à l’Observatoire des métavers afin de participer à ce débat et partager ainsi, avec les autres adhérents, leur point de vue.” indique Philippe Cassoulat, président de l’Observatoire des métavers.

Parmi les premières actions, une intervention publique se fera aux côtés de députés, des pouvoirs publics et d’entreprises le 20 septembre 2022 lors du 1er Forum des métavers organisé par RM conseil qui se déroulera à la maison de la Chimie à Paris de 8h30 à 12h30. Les débats porteront sur l’enjeu sociétal des métavers, le développement économique et le rôle que doivent jouer les pouvoirs publics dans la création de Métavers français et européens. Également dès septembre, les premiers groupes de travail de l’Observatoire se mettront en ordre de marche.
 
Site internet de l’observatoire des métavers : https://observatoiredesmetavers.fr/

observatoire des metavers

Classement FNEGE des revues scientifiques en sciences de gestion – Edition 2022

Depuis 2010, la FNEGE réunit les Associations Académiques en Sciences de gestion en un Collège Scientifique dans le but de classer les publications scientifiques. La FNEGE en partenariat avec son Collège Scientifique publie tous les 3 ans, le classement des revues scientifiques en sciences de gestion. Le classement précédent avait été établi en 2019. La prochaine révision aura lieu en 2025.

La Revue des Sciences de Gestion renouvelée dans le classement

LaRSG perpétue sa position au sein du classement des revues de Sciences de Gestion avec cette édition FNEGE 2022.

Pour connaître les autres indexations de LaRSG, une page est spécialement destinée aux chercheurs de la communauté scientifique.

Contre le tout-anglais, procès gagné au Conseil d’État !

Dans sa décision du 7 juin 2022, le Conseil d’État a fait droit au recours déposé par 15 associations (dont l’Afrav) en septembre 2020 et annule donc le décret et l’arrêté du 3 avril 2020 portant sur l’obligation de se présenter à une certification en anglais pour obtenir une licence, un DUT ou un BTS.

Rappel des faits

En dépit de protestations de tous horizons et d’un vote défavorable du conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), le 3 avril 2020 paraissait un décret qui conditionnait l’obtention de diplômes de 1er cycle de l’enseignement supérieur à la simple passation d’une « évaluation externe » en langue anglaise – sans condition d’obtention, de résultat ou de niveau minimal.

Dès sa parution, l’ensemble de la communauté universitaire et scientifique s’est opposé à ce décret, dénonçant entre autres :

– une atteinte au plurilinguisme au sein des universités par la seule obligation de l’anglais et, de ce fait, un appauvrissement des profils des étudiants et étudiantes s’agissant des langues vivantes.

– le financement d’organismes privés par de l’argent public pour l’obtention d’un diplôme national public, puisque le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESRI) imposait des certifications venant d’organismes certificateurs privés (le coût total de cette mesure se serait élevé, à terme, à 32 millions d’euros).

Interpellé à plusieurs reprises par de nombreux courriers d’associations, de sociétés savantes et universitaires, d’hommes et de femmes politiques ou encore de pétitions, le MESRI n’a jamais répondu aux demandes de dialogue.

Aussi, 15 associations civiles et universitaires, non syndicales, ont-elles décidé de déposer un recours devant le Conseil d’État.

Loin de retirer sa mesure décriée et contestée, le gouvernement a désigné comme prestataire une société privée grecque, LanguageCert, quasi inconnue, alors même que l’argument phare du Ministère pour justifier la mise en place de cette mesure résidait dans la « reconnaissance internationale et par le milieu socio-économique » de la certification choisie.

Prix FAS de la recherche académique sur l’Actionnariat salarié doté d’un montant de 3000 euros

Prix FAS 2022 de la recherche académique sur l’Actionnariat salarié Le Conseil scientifique de la FAS (Fédération Française des Associations d’Actionnaires salariés et Anciens salariés) attribuera le 8 novembre 2022 le Prix FAS de la recherche académique sur l’Actionnariat salarié.

Doté d’un montant de 3000 euros en 2022, ce prix est destiné à récompenser annuellement des travaux de recherche académique approfondie (thèses de doctorat, ouvrages, articles de revues scientifiques, études de cas pédagogiques) sur les aspects juridiques (tous travaux juridiques relatifs à la France devront avoir pris en compte les réformes introduites par la « Loi PACTE » du 22 mai 2019), économiques, sociologiques et de gestion de l’actionnariat salarié dans les entreprises, publiés à partir de 2020. Cela inclut aussi des études d’impact sur les relations du travail et la gouvernance des entreprises. Seront également recevables des travaux réalisés notamment dans le cadre d’un contrat CIFRE. Les candidatures tant françaises qu’internationales seront bienvenues.

Les personnes intéressées sont invitées à faire parvenir une fiche décrivant sur une à deux pages l’objet de leurs travaux à Philippe BERNHEIM, Vice-président du Conseil scientifique de la FAS*, avant le 11 octobre 2022.

À l’issue d’une présélection, il sera demandé aux candidats retenus de fournir un exemplaire de leur ouvrage sous format pdf ainsi qu’un curriculum vitae mentionnant le cas échéant la démarche du chercheur ainsi que tous autres travaux publiés. Le Conseil scientifique de la FAS décidera de l’attribution du prix lors de sa réunion du 8 novembre 2022.

Philippe BERNHEIM
contact@fas.asso.fr
Mobile : 06 71 92 84 10

À propos de la FAS

La FAS (Fédération Française des Associations d’Actionnaires Salariés et Anciens Salariés) s’est fixée comme objectif, depuis près de 30 ans, la promotion de l’épargne salariale et de l’actionnariat salarié dans les entreprises françaises cotées ou non, de toutes tailles et de tous secteurs. La FAS représente les intérêts communs des 3,5 millions d’actionnaires salariés en France. Elle édite le Guide FAS de l’épargne et de l’actionnaire salarié et réalise chaque année le benchmark FAS des meilleures pratiques par les entreprises. Elle récompense les plus exemplaires à l’occasion du Grand Prix FAS de l’actionnariat salarié.

Contact / Site web / Guide FAS : contact@fas.asso.fr www.fas.asso.fr https://guide.fas.asso.fr/

Contacts presse : Agence Fargo – Zarema Kanieva – 06 16 83 29 16 – zkanieva@fargo.agency

n°314 –  Les caprices téméraires de la volonté, sans le conseil du raisonnement[1]

Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Les périodes de crise ou d’incertitudes sont toujours propices aux craintes les plus folles en matière de déformation de l’information. « La Grande peur », du complot aristocratique, des « brigants » voire des « Anglois », de juillet 1789, à la suite de la prise de la Bastille, fait s’effondrer le système social de l’Ancien Régime en moins de trois semaines. Elle aboutit à cette nuit mémorable du 4 août, où Clergé et Noblesse viennent renoncer en une surenchère romantique, à tous les privilèges possibles y compris ceux des autres, les provinces, les villes, les métiers… C’est la base du principe de l’égalité en droit que portent haut les Français dans toute l’Europe grâce aux guerres que mènent la Première République puis le Consul et l’Empereur, si décrié depuis par une poignée d’imbéciles patentés, qui constituent la « médiocratie[2] » !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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Il n’est pas indifférent de rappeler à nos lecteurs que le député du Tiers-État, Pierre-Samuel Dupont de Nemours, dont la famille va faire souche et quelle souche industrielle aux États- Unis, propose d’abord des mesures coercitives contre ces paysans qui brûlent les « terriers » et parfois les châteaux ! Puis, dans l’emballement de cette nuit où tout l’ordre social semble vaciller, il suggère de supprimer les « droits vexatoires[3] » pour préserver la propriété ! Qu’on se rassure, quelques jours plus tard, le 26 août, le droit de propriété figure bien en bonne place comme un droit inaliénable[4]. Le clergé seul, se verra en fait, et plusieurs fois dans l’histoire, privé de ce droit ! Voltaire ou Diderot comme on le voit plus loin, ont influencés les esprits de ces constituants des Lumières !

Nul de nos jours, ne remet en cause cette abolition des droits féodaux, qu’à la pointe des baïonnettes, jusqu’à Moscou, les Français ont imposé à l’Europe. La méthode, vue d’un salon germanopratin ou d’un studio de télévision, est sans doute, très, voire trop « radicale » ! « Radical », voilà bien tant de belles âmes pour ce qui n’aurait même pas choqué une rosière, il y a 50 ans ! La période qui voit s’accroître les pires inégalités, est prude en matière d’expression politique et sociale ! Et pourtant si l’on s’émeut beaucoup de nos jours pour tout, voire son contraire, le sort des plus de 500 sans-abris (621 morts en 2021)[5] qui meurent de froid et de faim dans Paris chaque année, n’intéresse pas, le summum du « prêt à bien penser » qu’est l’émission de TMC, « Quotidien[6] ». C’est elle, la plus vue à cette tranche d’horaire, qui nous abreuve chaque soir tout particulièrement des « riches heures » mais aussi des larmes, – c’est important les larmes –, de quidams américains, présentés comme des stars. Il faut bien conforter la caste des bien-pensants repus au conformisme du colonisateur étatsunien !

Il est vrai que c’est feu le patron de ce grand groupe télévisuel, TF1, propriétaire de TMC qui déclarait sans ambages : « ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » et justifiant par avance « Quotidien », Patrick Le Lay (1942-2020) poursuivait : « Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise[7]. »

Manipulation, matraquage, publicité, diffusion de « fake news », propagande, sont de tout temps. Évidemment les progrès des technologies de l’information font craindre, avec les neurosciences que l’on fasse des pas de géants dans le « viol de foules ». L’ouvrage[8] du microbiologiste russe Serge Tchakhotine (1883-1973), l’un des pères de la « psychologie des masses » dans la lignée de Gustave Lebon distingue bien une bonne propagande, « saine », celle des démocraties et une, « nocive », celles des dictatures fascistes, nazies ou communistes aux variantes bolcheviques qui deviendront soviétiques, chinoises, vietnamiennes, éthiopiennes ou cambodgiennes pour se limiter à quelques-unes dans la longue liste des plus sanglantes !

Mais enfin, n’existe-t-il pas aussi de la propagande ou de la désinformation dans nos démocraties ?

Si l’on se reporte au passé, où classer les manipulations du grand Voltaire, l’un des inspirateurs des Lumières ? Pour détruire l’influence de l’Église qu’il abhorre, il invente, dans son Dictionnaire philosophique (1764), le mythe du dogme religieux de la « terre plate[9] ». Dans le même ordre d’idée où classer également l’invention, par son comparse Diderot, d’un pseudo « martyr de la terre ronde » en la personne de Galilée ?

Si l’Inquisition d’Urbain VIII a bien condamné Galilée, ce n’est évidemment pas à propos de la rotondité de la terre admise par tout le monde depuis plus de 2500 ans comme deux remarquables historiennes ont eu le courage de le démontrer dans une enquête passionnante à lire, parue en octobre 2021[10].

Mais ces deux « fake news » ont tellement prospéré au xixe siècle avec les différents anticléricalismes et, il faut le dire, quelques Pontifes romains peu ouverts, puis au xxe siècle des dictatures athées, que presque personne ne remet en cause ces faussetés historiques inventées au xviiie siècle. Même le saint Pape Jean-Paul II, de la même patrie pourtant que Copernic, a dû, avant le deuxième millénaire, reconnaître une culpabilité de l’Église dans une affaire où la faute n’est certainement pas là où les masses, et même, nombre de ceux qui pensent savoir, la croit.

Les idées fausses ont bien la vie dure, la Renaissance, terme que l’on voit reparaître récemment, a inventé la « légende noire » d’un Moyen-Âge, obscurantiste et superstitieux. Pas plus le talent d’une Régine Pernoud[11] et avec elle, celui de nombreux et brillants médiévistes n’a pu éradiquer la fausseté des idées propagée par les hommes de la Renaissance dont il faut donc toujours se méfier !

Même en ce xixe siècle scientiste, Vrain-Lucas[12] peut vendre au grand mathématicien Chasle, notamment deux fausses lettres de Pascal indiquant que ce dernier a découvert la « loi de la gravité universelle » avant Newton. L’auteur du célèbre théorème fut défendu par l’Académie française, heureuse comme ses commensaux de l’Académie des Sciences de cette découverte nationale avant les Anglais !

Que dire encore des affabulations d’un Secrétaire d’État étasunien, Colin Powell, au sein même du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 5 févier 2003 ? Et pourtant, l’homme présentait tous les critères de l’honorabilité par sa brillante carrière militaire comme par son appartenance aux minorités ethniques de ce pays. Une nation qui ne se remet toujours pas de l’esclavage et de la ségrégation raciale quelle continue de vivre et qu’elle exporte comme tous ses malaises depuis un siècle, à une partie de ce que l’on a peine à appeler notre « intelligentsia », tellement déculturée qu’elle en accepte cette colonisation intellectuelle !

Et pourtant, certaines fausses informations produisent d’heureux effets comme on l’a vu plus haut, avec l’abolition des privilèges en 1789 ! Voilà bien toute la difficulté du sujet, surtout dans une société où l’émotionnel a remplacé à peu près partout la connaissance et la logique !

À quels experts alors se fier ?

Faut-il suivre le pessimisme du philosophe québécois Alain Deneault qui pense que « l’expertise consiste de plus en plus souvent à vendre son cerveau à des acteurs qui en tirent profit[13] » ?

Les idées reçues, c’est-à-dire « les caprices téméraires de la volonté » comme le dit si bien Pascal, fonctionnent « sans le conseil du raisonnement » dans nos démocraties aussi, et je dirais de plus en plus !

Il y a donc bien lieu que, dans le domaine qui est le leur, les sciences de gestion essaient d’appréhender la connaissance des caractéristiques des réponses des êtres humains aux stimuli cognitifs et émotionnels qu’ils reçoivent. On pourrait imaginer de prime abord que seul le marketing répond à cette question.

C’est effectivement l’objet du second dossier de ce deuxième numéro de 2022, composé de quatre articles : « consommation, consommateurs et utilité sociale » ! Comme dans le numéro précédent, notre champ d’application est le monde.

Trois auteurs français et québécois dont nous tenons à saluer la mémoire de l’un d’entre eux, le Professeur Gabriel Mircea Chirita, qui nous a quitté, ouvrent une idée quasi neuronale avec la molécule du métabesoin qui devrait permettre aux entrepreneurs de mieux répondre aux besoins complexes des consommateurs (page 51) ! La performance des services financiers au Burkina Faso (page 63), l’identité, les valeurs et la transmission chez les propriétaires de marques allemandes Volkswagen et Porsche (page 71) et les dépenses vertes dans les PME camerounaises qui suit l’article du précédent numéro[14] (page 81) apportent des éléments d’analyse complémentaires.

Mais le marketing n’est pas loin de là, le domaine de réflexion de notre thème. Nous l’avons rappelé les nouvelles technologies sont souvent vues comme un accroissement des moyens de manipulation. En cette période électorale en France comme en Slovénie notamment, il n’est pas inutile d’offrir une réflexion sur la possibilité que présente Internet pour lutter contre l’opacité des organisations publiques (page 11). La mise en œuvre de l’orientation du marché par l’orientation des technologies de l’information appliquées cette fois aux PME manufacturières françaises et québécoises (page 21) et la qualité du service perçue de la part d’une plateforme virtuelle d’apprentissage sur les réactions des apprenants (page 41) sont les deux approches additionnelles de ce chapitre consacré à « l’information au service des organisations ».

Alors le cerveau est-il cette part « offerte à Coca-Cola » ou « aux besoins des entreprises » comme aime à le répéter le recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton[15], voilà bien une question majeure philosophique, politique, anthropologique… et cela concerne bien les sciences de gestion.

Le cerveau est bien un enjeu ! Le Centre pour la recherche et l’innovation dans l’enseignement (CERI), de l’OCDE intitulé « Sciences de l’apprentissage et recherche sur le cerveau » a été lancé en 1999. Le but premier de ce projet novateur était d’encourager la collaboration entre, d’une part, sciences de l’apprentissage et recherche sur le cerveau, et, de l’autre, chercheurs et décideurs politiques[16].

Comme toujours, appuyé sur les faits, les études de cas, nous espérons avoir sélectionné un ensemble de contributions qui, par petites touches, apportent modestement quelques éléments de réponse de la science de gestion.


1. Pascal, Pensées, éditions Didiot, 1896.djvu/329.

2. Alain Deneault, La médiocratie. Montréal, Lux, 2015, 221 pages.

3. Jean-Pierre Hirsch, La nuit du 4 août, Paris, Folio histoire, 1978, 432 pages.

4. Article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

5. http://www.mortsdelarue.org/spip.php?article14.

6. Quotidien, émission de télévision française d’information et de divertissement quotidienne diffusée en première partie de soirée depuis le 12 septembre 2016 par TMC, chaîne du Groupe TF1.

7. Patrick Le Lay, in Les Dirigeants face au changement, baromètre 2004, Éditions du Huitième Jour, 120 pages.

8. Le Viol des foules par la propagande politique, Paris, Gallimard, 1939, 270 pages.

9. Page 272.

10. Violaine Giacomotto-Charra, Sylvie Nony, La Terre plate. Généalogie d’une idée fausse, Paris, Les Belles Lettres éditions, 2021, 280 pages.

11. Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Âge, Paris, Le Seuil, 1977, 162 pages.

12. Gérard Coulon, Signé Vrain Lucas ! : La véritable histoire d’un incroyable faussaire, Arles, Éditions Errance, coll. « Le cabinet du naturaliste », 4 février 2015,

191 pages.

13. https://luxediteur.com/pourquoi-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir/, 5 septembre 2019.

14. Pascal Bello, Jules Roger Feudjo, « Les dépenses vertes : quelle lecture pour les dirigeants des petites et moyennes entreprises camerounaises ? », La Revue des Sciences de Gestion, n° 313, janvier-février 2022, p. 77-90.

15. Guy Breton – Recteur de l’Université de Montréal, « Alors tant mieux si la formation qu’on leur offre peut lancer leur carrière ! En cela, je réitère que les cerveaux doivent répondre aux besoins des entreprises » https://www.ledevoir.com/opinion/idees/336258/la-replique-developpement-universitaire-a-propos-des-cerveauxet-des-entreprises.

16. Comprendre le cerveau : naissance d’une science de l’apprentissage, OCDE 2007 http://www.vaucluse.gouv.fr/IMG/pdf/Comprendre_le_cerveau_cle6fb68c.pdf.

n°313 –  Publier pour servir à quelque chose !

Philippe Naszalyi LaRSG Stratégies et innovations

Choisir de publier tel ou tel article est une tâche que tout directeur de revue, tout rédacteur en chef, tout comité d’orientation ou de rédaction ne peut regarder qu’avec gravité.

Bien entendu dans la presse d’information politique et générale que favorisent financièrement les politiques publiques parce que l’on parle des hommes et femmes politiques et qu’ils y ont leur bobine, le choix engage moins la réflexion, pardon de ce propos quasi séditieux, puisque chaque jour ou chaque semaine, une information en chasse une autre et ainsi de suite !

par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

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La concentration en très peu de mains de propriétaires financiers, des principaux organes de presse, ne favorise pas non plus ni le débat d’idées ni la diversité et l’ennui naît bien de l’uniformité et du prêt à penser qu’on tente de nous faire ingurgiter comme on gave des oies ou des canards !

La plupart des revues académiques, disons pratiquement toutes, ne répondent à aucun des critères qu’on demande à la presse : régularité, public, intérêt général… et dans notre domaine des sciences de gestion, des comités Théodule se sont arrogés un droit au classement. La productivité académique est désormais régulièrement évaluée à partir de ratios dont la capacité à évaluer réellement la « valeur » de son objet n’est pas plus performante que l’indice Dow Jones ou le CAC 40 à un moment donné[1].

Aucun de ces comités n’a la moindre idée de ce que sont les obligations de la presse, mais qu’à cela ne tienne, ils se jugent compétents. Ils le sont d’autant plus que certains de ces juges, et parfois non des moindres, appartiennent ou ont appartenu aux rédactions des revues qu’ils vont classer. Ethique est un mot d’origine grecque et comme souvent ils ne jargonnent qu’en sabir anglo-américain, ils ne savent pas ce que cela signifie !

« Laisse les morts enterrer leurs morts » et fais ton métier, sans te soucier de ce ranking de passage, de connivence, d’ignorance même.

C’est à peu près ce que m’écrit un éminent chercheur et professeur des Universités à qui je m’ouvrais de cette réalité nauséeuse. Il me confirme que ces classements vont mourir et qu’il faudra que « les évaluateurs (reviennent) aux basiques, à savoir lire (!!!) les articles pour juger de leur qualité et de leur intérêt ? » au lieu de nous faire remplir des pages d’index et de références qui sont signe de la quantité de production et non de la qualité du fond !

Ne perds donc pas ton temps en combats inutiles, ajoute encore en substance mon éminent collègue et interlocuteur : « Poursuis avec La RSG, tu as permis à tant de jeunes et moins jeunes de publier des papiers de qualité, à progresser dans la carrière. Le reste n’est qu’écume sur l’océan ».

Publier donc ce qui peut servir à quelque chose. Voilà notre tâche ! Voilà bien aussi une responsabilité !

Après les trois évaluations de base que pratique notre revue (les autres, mieux notées se satisfont de deux comme les classeurs) pour les contributions qui lui sont soumises, il nous arrive encore de requérir plus d’avis encore lorsqu’un article recèle des potentialités mais voit s’opposer les évaluateurs.

Nous sommes allés à neuf pour l’un des articles publiés ici !

Cela d’abord doit nous donner plus qu’une once de modestie quant à la valeur de nos propres approches ou nos propres jugements, puisque d’autres au moins aussi éminents, ont jugé et évalué autrement. Il arrive que malgré le retour vers l’auteur ou les auteurs pour demander des modifications, des précisions, l’article continue de susciter des jugements discordants voire opposés. Il faut alors trancher et c’est le fruit de ces débats qui a retardé la parution de ce premier numéro de 2022.

Le choix que nous avons fait est que la recherche gagne plus d’un débat que d’une censure !

C’est donc un numéro de plus, mais toujours un numéro original que nous osons offrir à nos lecteurs avec cette constante que nous venons d’exposer sur l’inachèvement ou l’incomplétude de certaines contributions. Nous espérons que la controverse qu’elles pourront susciter soit la reconnaissance de notre parti pris de la liberté de pensée et d’écrire, si malmenée ailleurs du fait du poids de la pensée dominante !

Le premier dossier entend présenter donc quelques « questions émergentes en sciences de gestion » avec ses problématiques propres en trois contributions assez différentes par leur sujet et leurs approches. Ouvrir nos colonnes à une étude sur HAL (page 13) peut passer pour un paradoxe même si cette plateforme de publication n’est pas non plus cet « open access », cher à l’ultra-libéral Georges Soros. Traiter du concept de « géo-management » (page 25) ne pouvait se faire que dans nos colonnes qui inlassablement redisent que les concepts du management qu’on nous présente comme neutres ne sont qu’« une arme géopolitique américaine de premier ordre »… Après avoir remercié l’auteur de cet article qui fait une part belle à ce qui est souvent ignoré en France, la géographie, laissons à nos lecteurs le soin de cheminer dans ce « prolégomène » d’une rare qualité. Le dernier article ouvre une question qu’il n’arrive pas complètement à circonscrire sur les sujets sensibles en sciences de gestion (page 35). De ce fait même, il permet des compléments et des développements qui permettront de faire progresser la problématique très intéressante qu’il soulève.

Le deuxième dossier soulève lui-aussi une approche novatrice : les nouvelles problématiques en Gestion des ressources humaines (GRH). Petit dossier de deux articles car depuis quelque temps, les propositions de contributions en GRH sont rares. Notre revue généraliste est en effet, un excellent baromètre des tendances de la recherche puisque ne suscitant aucune commande d’articles, elle en reçoit bien au-delà de ses capacités de production. Elle publie donc ce qui émerge, comme nous le faisait remarquer plus haut mon correspondant chercheur. Il faut même avoir pris le parti de le gestion humaine pour avoir placer le premier article à la résonance très financière, mais la composante « genre » que ces trois chercheurs de l’Université de Mons abordent dans cette excellente étude de cas, (page 43) est convaincante. La seconde étude, dans le domaine bancaire cette fois, entend faire ressortir le rôle éminent du « conseiller client » (page 53).

Le troisième dossier présente plusieurs approches en gouvernance.

Elles sont appelées à se poursuivre au fil des années.

Notre revue francophone est d’abord et avant tout une revue multiculturelle. Les différences apportées par la géographie sont considérées comme une source inlassable d’enrichissement.

L’entreprise familiale française ouvre le bal (page 67).

Les dépenses vertes et dirigeants des petites et moyennes entreprises nous emmènes en Afrique et plus particulièrement au Cameroun (page 77) puis les investissements publics et la recherche universitaire conclut ce dossier en nous conduisant ensuite en Asie, au Viêt-Nam (page 91) !

Les notes de lecture que nous présente Daniel Bachet pour clore ce numéro sont le choix de ce brillant universitaire. Ce n’est pas en général celui de nos autres chroniqueurs du Cercle Turgot. Tant mieux, car parce que nous ouvrons nos colonnes à toute réflexion académique originale, nous souhaitons – et nous ne le répéterons jamais assez- amener à débattre. En matière d’approche économique, j’ai bien peur que l’orthodoxie qui règne en maître ne soit bien pas la pire chape de plomb qui pèse sur toute recherche libre et toute pensée originale !

Le Général de Gaulle avait cette formule « quand la lutte s’engage entre le peuple et la Bastille, c’est toujours la Bastille qui finit par avoir tort[2] ». Encore que les bastilles idéologiques soient souvent les plus tenaces !


1. Ahmet INSEL, « Publish or Perish ! La soumission formelle de la connaissance au capital », Revue du MAUSS, 2009/1 (n° 33), p. 141-153. DOI : 10.3917/rdm.033.0141. URL : https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2009-1-page-141.htm.

2. Cité par Marcel Jullian, De Gaulle, traits d’esprit, 2020.

CINQUANTENAIRE de l’INSTITUT CEDIMES

En 2012, nous avions célébré notre quarantième anniversaire durant une semaine entière en divers lieux et avec diverses institutions : CNRS, UNESCO, Université Paris-Sorbonne, Cité des Sciences, FACO. Le thème de notre colloque central portait sur la synthèse des travaux de quatre décennies de notre communauté académique qui avait débouché sur un ouvrage coordonné par le Professeur Agrégé Roger Tsafack-Nanfosso, aujourd’hui Recteur de l’Université de Dschang (Cameroun), présenté sous le titre de « Bilan d’une réflexion de quatre décennies et enjeux pour le futur ». La cérémonie de clôture à l’UNESCO s’était faite avec un orchestre algérien de Tlemcen sur une musique consensuelle arabo-judéo-andalouse et un spectacle de l’Opéra Kosmos célébrant la concorde. Le final s’était clos par l’annonce du prochain Colloque Fédérateur de l’Institut CEDIMES qui devait se tenir en 2013 à Kiev en Ukraine. Le Directeur du CEDIMES-Ukraine, le professeur Pierre Sapoun en annonçait la thématique : La sécurité alimentaire : ses dimensions économique, gestionnaire, géopolitique, environnementale et culturelle. Ce fut une des grandes rencontres du réseau CEDIMES avec ses 34 agences nationales. L’actualité redonne pertinence à l’intérêt porté par la question traitée. L’année suivante, en 2014, notre XXVe colloque fédérateur se tenait à Moscou avec pour thème « Modernisation et développement des systèmes économiques : problèmes, stratégies, changements structurels ».

Cinquantenaire de l’Institut CEDIMES

À l’occasion du cinquantenaire (1972-2022) de l’Institut CEDIMES, notre Réseau Académique International Francophone présente son nouvel appel à communications pour son Colloque anniversaire qui se tiendra fin 2022 à Paris, sous la présidence effective de M. l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.

Changements de paradigmes d’un demi-siècle écoulé et prospectives vers 2050

En 1973, le premier choc pétrolier ébranle le monde et marque la fin des « trente glorieuses » que le plan Marshall des États-Unis avait engagé en 1947. La « dégradation des termes de l’échange », référence majeure d’après-guerre, fait naufrage en ces circonstances. Un entre-deux y succède, marqué par la stagnation et l’inflation. Puis en 1989, débute une période de convergences mondialisées au sein de laquelle le Marché et le Libre-échange apparaissent comme les viatiques consensuels du développement global. Initiés par le triumvirat de Margareth Thatcher, Ronald Reagan et Deng Xiaoping, ils convertissent le monde entier, en même temps que disparaît l’Union soviétique. En 1992, un monde nouveau émerge. La « mondialisation heureuse » combine emplois au Sud et pouvoir d’achat au Nord, en découpant et internationalisant la chaine de valeurs. En 2008, une période plus équivoque s’installe avec la crise des subprimes, issue pourtant d’une généreuse initiative de Bill Clinton. Les effets structurels causés par les délocalisations massives entraîne le chômage des uns et la perte des débouchés des autres, pour une « mondialisation calamiteuse (2007-2021) ». C’est alors que surgissent une pandémie qui met en panne l’économie et la guerre qui laisse la planète en état de sidération. Quelles nouvelles perspectives se dessinent pour les prochaines décennies après ces nouveaux chocs ?

Ces cinquante dernières années ont été traversées de vérités successives. Les générations d’étudiants ont reçu sur les bancs de leurs universités, des enseignements dominants successifs suggérant que les clefs du développement changeaient, mais que la prospérité était à portée dans des élans renouvelés. Tant de postulats ont fait naufrage. 2021 s’annonce comme l’année d’une nouvelle rupture, avec des changements considérables. La césure en est portée par le Covid-19, l’écologie et la guerre. Mais quels nouveaux paradigmes sont en gestation ? Quelle redistribution de la chaîne des valeurs engage-t-elle pour les entreprises ? Quelle résurgence impériale suggère-t-elle pour les territoires ? Quel renversement des croyances pacificatrices des imbrications commerciales porte-t-elle ? Quelle substitution de la fin de l’Histoire du couple « démocratie-marché » propose-t-elle ? Quelles caractéristiques d’une émergence chinoise pour un nouveau leadership en Asie, seraient attachées à cette revanche aux prémices avortées, voici six cents ans ? … Il nous faut esquisser les possibles dans cet horizon pour la charnière du siècle dans lequel nous sommes engagés. 2050, quelles réponses auront nous donné au surarmement, à la surpopulation, à la surexploitation planétaire ? Quelles solutions notre génie inventif proposera-t-il par la science et la technologie ? Un monde hyperconnecté et un homme « augmenté » sont-ils notre futur ?

Cinquante ans nous donnent un surplomb sur une période riche en interprétations économiques, en enjeux sociaux et en perspectives historiques. Les cimetières sont gorgés de paradigmes moribonds. Comment faire l’analyse et le bilan de cette période ? Comment en esquisser de nouvelles perspectives pour les trois prochaines décennies ? Voici un passionnant débat que nous vous proposons d’engager pour esquisser quelques pistes pertinentes. La richesse de notre réseau international qui cherche à croiser nos multiples identités, peut-elle éclairer quelques jalons de notre destin ?

Les préinscriptions sont à effectuer avant le 15 juin 2022 en donnant le titre de la communication et 5 à 10 lignes pour en exposer le contenu. Cela peut intervenir dès à présent en adressant votre projet par courriel à cedimes@outlook.fr. Un bulletin d’inscription précisant la date définitive (placée dans la première quinzaine de décembre 2022) vous parviendra dans les prochaines semaines. Des conditions préférentielles seront proposées aux membres du CEDIMES à jour de leur cotisation. Les communications se feront en présentiel et en forum à distance. Les communications finalisées devront être adressées avant le 15 septembre par courriel à cedimes@outlook.fr. Les articles retenus par le Conseil Scientifique feront l’objet d’un numéro Spécial Anniversaire de nos « Cahiers du CEDIMES, Enjeux Sociaux et Stratégies Économiques » fondés en 2007. Elles devront être présentées sous la forme indiquée dans « Règles de présentation des articles », document disponible sur notre site internet www.cedimes.com à la rubrique « Publications – Cahiers ». Des communications en anglais pourront être acceptées.

Appel de l’Ordre des experts-comptables aux candidats à la présidentielle pour le pouvoir d’achat

À l’aube du second tour de l’élection présidentielle, l’Ordre des experts-comptables a souhaité rappeler les 100 propositions portées depuis de nombreux mois sur un enjeu crucial pour notre pays : le pouvoir d’achat.

“Nous sommes au cœur de l’économie et au cœur de la société, nous sommes des chefs d’entreprise au service des chefs d’entreprise : nous sommes légitimes pour proposer et orienter nos dirigeants.”

Selon l’Ordre des experts-comptables

L’Ordre des experts-comptables proposent aux candidats à la présidentielle 2022

L’Ordre des experts-comptables propose de :

  • Supprimer les cotisations sociales (hors retraite) des salaires et transférer le financement de la protection sociale par une hausse de la TVA et une micro-taxe sur les mouvements financiers ;
  • Augmenter le pouvoir d’achat en exonérant de cotisations sociales (salariales et patronales) et d’impôts les heures supplémentaires et complémentaires. Cette mesure favoriserait à la fois le pouvoir d’achat des salariés et la capacité des entrepreneurs à assurer leur production malgré les difficultés de recrutement ;
  • Pérenniser la prime PEPA version 2021 exonérée de cotisations sociales et d’IR (intéressement simplifié pour les petites entreprises jusqu’à 50 salariés) ;
  • Autoriser les déblocages exceptionnels de l’épargne salariale, sans conditions d’utilisation ;
  • Exonérer les dons d’argent pour l’acquisition d’un bien immobilier (achat, construction, investissement locatif…) ;
  • Augmenter le montant des donations exonérées et réduire la durée des abattements. Par exemple : 150 000 euros tous les 12 ans (donation en nue-propriété) ou 300 000 euros tous les 6 ans (donation en pleine propriété).

« Être acteurs plutôt que spectateurs, proposer plutôt que protester, construire plutôt que dénigrer… Fiers d’être experts-comptables ! » disent-ils.

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