Lancement du Tage Executive : test pour la formation continue

La famille TAGE s’agrandit. Destiné à l’entrée en cycle de formation continue en école de commerce ou de management, ce nouveau test initié par la FNEGE (Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion des Entreprises) s’adresse aux professionnels souhaitant développer leurs compétences ou envisager une reconversion professionnelle. Pour Emmanuel MARGERIE, responsable des tests TAGE : «Le test, peu contraignant, est conçu pour que le candidat, ayant quitté les cursus classiques, parfois depuis longtemps, ne soit pas obligé de se replonger dans des notions trop scolaires. Les questions sont contextualisées et adoptent un langage pratique du quotidien de l’entreprise.»

Tage : un test fondé sur l’évaluation des aptitudes

Le TAGE Executive vise à évaluer les aptitudes et les qualités personnelles (gestion du stress, du temps, concentration…), offrant ainsi les mêmes chances de réussite à tous les candidats, quel que soit leur profil professionnel. Il s’agit alors de comparer leurs capacités sans considération du niveau socioculturel ou d’études. Présentée sous forme de Questionnaire à Choix Multiples (QCM), l’épreuve s’articule autour de trois dimensions : compréhension et communication d’entreprise technique quantitative pour l’entreprise ainsi que raisonnement et logique d’entreprise. Il n’existe pas de programme spécifique pour s’y préparer et les 60 questions n’exigent aucune compétence particulière en gestion.

www.tageexecutive.fr

tage executive

L’obsolescence et ses déclinaisons : quels regards sur le progrès ?

Journée de recherche interdisciplinaire de l’IUT de Sceaux
L’obsolescence et ses déclinaisons : quels regards sur le progrès ?

Lundi 19 juin 2017

« Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes ».

Günter Anders, L’obsolescence de l’homme : sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, 1956, éd. française 2011.

L’IUT de Sceaux organise chaque année une journée de recherche interdisciplinaire autour d’un thème fédérateur. L’objectif d’une telle journée est de permettre à des chercheurs de partager leur manière d’appréhender un concept avec leurs homologues, issus de disciplines sans lien apparent avec la leur. L’expérience montre que ce type de croisement disciplinaire est généralement très fécond et permet d’engager des échanges très stimulants.

L’appartenance disciplinaire n’a pas d’importance ; elle peut relever aussi bien des sciences formelles (chimie, informatique, mathématiques, physique, etc.) ou de la nature (agronomie, biologie, géologie, etc.) que des sciences humaines et sociales (économie, gestion, histoire, etc.). La finalité d’une telle journée est d’ouvrir de nouveaux champs de réflexion pour chacun et de décloisonner les approches méthodologiques et les disciplines scientifiques. L’objectif est de nous donner à penser autrement et différemment nos propres champs de recherche. Tel un laboratoire d’idées, ce moment partagé doit permettre de faire émerger une pluralité de définitions établies, de défricher ensemble de nouveaux possibles, d’interroger nos certitudes et d’élaborer des pistes nouvelles de réflexion. Toutes les contributions sont donc bienvenues avec un seul impératif : rendre accessible ses connaissances pour qu’elle puisse être l’objet de discussions et d’interrogations de la part de chacun, avec la bienveillance indispensable à un échange fécond et constructif.

Si vous souhaitez assister à la journée, vous devez adresser un mail à nicolas.praquin@u-psud.fr avant le 10 juin 2017. La journée est gratuite mais l’inscription obligatoire.

Le thème de cette année est consacré au concept d’obsolescence(s) (cf. texte ci-dessous).

Texte introductif

Dans le langage commun, l’obsolescence, ou désuétude, désigne l’état de ce qui a perdu son utilité et n’est plus employé.

Transversale, la notion est régulièrement employée dans différentes disciplines. En linguistique par exemple, elle renvoie à la disparition de mots ou d’expressions, soit car le signifiant a été abandonné, soit car le signifié a lui-même disparu. En sociologie, elle renvoie à la disparition de certaines pratiques, coutumes ou usages sociaux. En droit, elle concerne certains textes de lois, progressivement abandonnés. En gestion, elle désigne la perte de valeur résultant de facteurs internes ou externes à l’entreprise. En philosophie, elle a été pensée dans sa globalité en considérant que la modernité a pour corollaire la désuétude de tout ce qui constitue notre histoire et donc notre présent.

Au nom commun peut être accolé un adjectif qualificatif afin de mieux en déterminer la nature. Ainsi, l’obsolescence peut être dite « économique » car liés à des facteurs extérieurs à l’objet lui-même, « fonctionnelle » car déterminés par son inadaptation partielle ou totale aux besoins actuels,  ou encore « programmée » car décidés par le concepteur de l’objet. Ce dernier cas a fréquemment attiré l’attention des pouvoirs publics, des associations de consommateurs ou, plus largement du grand public, car l’obsolescence n’est alors plus déterminée par l’objet ou son environnement, mais résulte d’une action délibérée visant à augmenter la fréquence d’achat et de renouvellement du bien considéré.

Quels que soient son objet et le domaine dans lequel elle se manifeste, l’obsolescence s’inscrit dans une perspective dynamique : la plupart du temps, elle implique à la fois un abandon mais aussi un renouvellement.

Un tel constat conduit à interroger différentes disciplines (sociologie, gestion, économie, , linguistique, épistémologie…) pour comprendre les tenants et les aboutissants de la désuétude, qu’elle soit naturelle ou planifiée.

Reposant à la fois sur les idées de disparition et de nouvellement, la désuétude est-elle une conséquence inévitable de l’évolution et du progrès ? Est-elle légitime, c’est-à-dire dans l’ordre « naturel » des choses ? Sur quels fondements et pour quelles raisons peut-on parfois la refuser ? Quels en sont alors les risques ?

Si vous souhaitez soumettre une communication, vous devez envoyer votre projet (2 pages maximum) à nicolas.praquin@u-psud.fr avant le 15 mai 2017. Vous serez averti avant le 5 juin 2017 si votre communication est retenue ou pas. Votre projet doit notamment comporter l’indication de votre spécialité scientifique, vos coordonnées, votre laboratoire de recherche et votre institution de rattachement.

iut sceaux obsolescence

Prix d’Amsterdam 2017

Placé et organisé sous le haut patronage de l’Initiative franco-néerlandaise et de l’ambassade des Pays-Bas en France, le Prix d’Amsterdam a pour objectif de récompenser tous les deux ans un/e étudiant/e français/e afin de l’inciter à poursuivre des recherches en sciences humaines et sociales aux Pays-Bas. Le Prix d’Amsterdam sera décerné pour la quatrième fois en 2017.

Conditions d’éligibilité du Prix d’Amsterdam

Pour postuler, les candidats doivent répondre aux conditions suivantes :

  • être de nationalité française ;
  • être un/e jeune diplômé/e en sciences humaines et sociales (histoire, histoire de l’art, lettres, langue et culture, sciences politiques, sociologie, anthropologie, philosophie, droit, économie, journalisme, géographie, urbanisme/architecture, arts, psychologie, éducation, etc.) ;
  • être en train de préparer un Master ou une thèse au sein d’un établissement d’enseignement supérieur (tout établissement français ou étranger est éligible) et avoir pour projet de passer une année universitaire aux Pays-Bas ;
  • le mémoire de recherche, le Travail d’Étude et de Recherche (TER) ou le sujet de thèse devra obligatoirement porter sur les Pays-Bas. Dans le cas d’une approche comparée avec d’autres pays, la partie néerlandaise de la problématique devra être suffisante pour justifier un séjour d’un an aux Pays-Bas.

Le Jury

Le lauréat sera sélectionné par un jury composé de spécialistes de grande renommée, de chercheurs et d’enseignants-chercheurs issus d’établissements d’enseignement supérieur et d’organismes de recherche français.

Critères d’attribution

Le Prix d’Amsterdam sera attribué selon les principaux critères suivants :

  • la motivation du candidat ;
  • l’originalité et la qualité de son projet ;
  • l’excellence du travail académique écrit soumis à l’appréciation du jury. Ce travail peut être de plusieurs natures : mémoire, TER, chapitre rédigé d’un mémoire en cours de rédaction, article etc. ;
  • la qualité de l’entretien du candidat avec le jury. Le jury auditionnera tous les candidats dont il aura retenu le dossier.

La décision du jury est irrévocable. Il n’y a pas de recours possible. Le jury est indépendant et souverain. Après examen des dossiers, il se réserve le droit de ne pas attribuer le Prix s’il estime que les dossiers ne correspondent pas aux critères du Prix d’Amsterdam.

Dotation du Prix

La dotation de ce prix d’excellence est de 15.000 €. Le montant attribué sera versé en 2017 sur le compte bancaire français du lauréat. Le Réseau franco-néerlandais prend en charge le billet de train 2e classe aller-retour de France aux Pays-Bas du lauréat. Le Prix d’Amsterdam peut recevoir des donations de divers organismes publics et privés.

Remise du prix

Le Prix d’Amsterdam sera remis au lauréat par l’ambassadeur des Pays-Bas en France, lors d’une réception à la résidence des Pays-Bas à Paris. La date de la cérémonie est fixée en concertation avec le lauréat, les membres de l’Initiative franco-néerlandaise et le jury du Prix d’Amsterdam. L’organisation du Prix d’Amsterdam proposera une liste d’invités aux services compétents de l’ambassade des Pays-Bas en France, qui se chargeront d’établir une liste définitive. Les invitations officielles seront envoyées par l’ambassade.

Obligations et engagements du lauréat

Durée du séjour : dès la remise du prix, le lauréat s’engage à organiser et effectuer un séjour d’une année dans une université néerlandaise en 2017 et 2018.

Nature du séjour : au cours du séjour, le lauréat mènera à bien le projet de recherche qui a fait l’objet de la candidature, ou la contribution qu’il souhaite apporter à celui-ci à l’occasion de son séjour aux Pays-Bas.

Hébergement : l’hébergement est à la charge du lauréat. Il pourra bénéficier à cet égard des conseils et de l’appui – autre que financier – du Réseau franco-néerlandais.

Couverture sociale : la couverture sociale (assurance maladie et responsabilité civile) du lauréat durant son séjour aux Pays-Bas est à sa charge. Le Réseau franco-néerlandais se tient à la disposition du lauréat pour le conseiller et lui indiquer la meilleure marche à suivre en fonction de sa situation.

Inscriptions : le lauréat est personnellement responsable des inscriptions nécessaires auprès des établissements d’enseignement supérieur et/ou de recherche localisés aux Pays-Bas, dans lesquels il souhaite effectuer son séjour d’études ou de recherche. L’organisation du Prix d’Amsterdam pourra fournir, à la demande du lauréat, des lettres de recommandation à cette fin.

Bilan des activités : le lauréat présentera dans un rapport le bilan des activités scientifiques, pédagogiques ou culturelles menées durant son séjour. Il y précisera également l’importance de l’obtention de ce prix dans son parcours personnel et donnera des conseils et des recommandations au prochain lauréat dans l’objectif de faciliter les démarches pour celui-ci. Si le candidat ne fournit pas de bilan détaillé dans un délai de 2 mois après la fin du séjour, le montant de la bourse devra être intégralement remboursé à l’ambassade des Pays-Bas en France.

Communication sur le Prix, les travaux et les lauréats

Toutes les communications réalisées par les organisateurs et/ou le/la lauréat/e sur les travaux réalisés dans le cadre de ce prix mentionneront au-delà des mentions obligatoires (nom du lauréat et source) le titre « Prix d’Amsterdam ».

L’organisation du Prix d’Amsterdam pourra, en concertation avec le/la lauréat/e, communiquer des informations sur les lauréats et leurs travaux, tel que le rapport final de son séjour, et les intégrer dans sa communication dans les conditions susvisées, à l’occasion d’actions de communication interne et de relations publiques concernant le déroulement du Prix d’Amsterdam.

Ces actions de communication et de relations publiques visent notamment toute information sur tout support à destination des organisateurs, des partenaires et du grand public, tels que les membres du jury, des représentants de l’ambassade de France, de l’ambassade des Pays-Bas, du Réseau franco-néerlandais, des départements universitaires concernés, des anciens lauréats et des sponsors, sans que cela confère une rémunération, un droit ou un avantage quelconque autre que l’attribution du Prix d’Amsterdam.

Les conditions de participation

La date limite de réception des dossiers de candidature au Prix d’Amsterdam est fixée au 31 mars 2017.

Les dossiers devront être envoyés sous format PDF à Thomas Beaufils, secrétaire du Prix d’Amsterdam, directeur du Réseau franco-néerlandais aux deux adresses e-mails suivantes (les candidats recevront un accusé de réception) : thomas.beaufils@univ-lille3.fr et christiaan.seemann@univ-lille3.fr.

Les dossiers devront comporter les pièces suivantes (réunies dans un PDF unique) :

  1. La copie d’une pièce d’identité ;
  2. Une lettre de recommandation du directeur de mémoire de Master ou de la thèse ou d’un enseignant-chercheur ayant encadré le travail du candidat.
  3. Un exemplaire du travail académique écrit : mémoire de Master, TER, article, ou à défaut une copie des chapitres déjà rédigés ou d’un résumé.
  4. Un projet de recherche argumenté et motivé concernant le séjour aux Pays-Bas (5 pages maximum).
  5. Un CV détaillé, précisant si le postulant est déjà allocataire d’un autre prix ou d’une bourse.
  6. Un Relevé d’identité bancaire

Le choix de la structure d’accueil aux Pays-Bas revient au lauréat, avec l’aide de l’ambassade des Pays-Bas en France et du Réseau franco-néerlandais.

Seuls les dossiers complets seront pris en considération.

Tous les cas non prévus par le règlement seront arbitrés et décidés par l’organisation du Prix d’Amsterdam.

http://frankrijk.nlambassade.org/

http://nlfr.eu/

pays-bas fr-nl

Appel à projet de la Global Social Venture Competition 2017

Antropia ESSEC, en partenariat avec la Fondation d’entreprise DELOITTE, lance son appel à projet pour l’édition 2017 de la Global Social Venture Competition (GSVC), le concours mondial de business plans sociaux dédiée aux étudiants et jeunes diplômés.  

L’essentiel à retenir :

  • Date limite de candidature : 5 décembre 2016
  • Type : appel à projets, entrepreneuriat social, étudiants et jeunes diplômés

La Global Social Venture Competition

La Global Social Venture Competition, portée par l’université de Berkeley en Californie, est le concours mondial de business plans sociaux dédié́ aux étudiants et aux jeunes diplômés. L’ESSEC Business School et son catalyseur d’entreprises sociales Antropia, coordonne la compétition sur toute l’Europe et l’Afrique Francophone.

Au-delà des 80.000 $ à la clef, nous apportons aux équipes l’accompagnement, la mise en réseau, et l’exposition nécessaire pour révéler tout le potentiel de leur projet. Le programme s’appuie à la fois sur l’expertise pédagogique de la Chaire Entrepreneuriat Social de l’ESSEC et le savoir-faire d’Antropia dans l’accompagnement d’entrepreneurs sociaux :

  • Mentoring et accompagnement personnalisé
  • Formations sur mesure
  • Rencontre avec des investisseurs et des experts du secteur
  • Opportunité unique de gagner un voyage pour pitcher son projet aux Etats-Unis

Sur l’ensemble des candidatures, 10 équipes sont retenues et bénéficieront d’un programme d’accélération entre Janvier et Avril pour participer à la finale francophone du concours. 2 projets sont alors sélectionnés pour aller disputer la finale internationale à Berkeley et tenter de décrocher un prix parmi les 80.000 $ à la clef.

Pour découvrir les détails du programme, rendez-vous sur le site internet 

Les critères de sélection

Chaque équipe doit compter au moins un étudiant ou un jeune diplômé (moins de 2 ans) de niveau BAC +4/5 minimum. Le projet doit être en phase de création ou de développement et lancé depuis moins de 2 ans.

  1. Potentiel de viabilité économique : à but lucratif ou non, l’organisation doit chercher à être financièrement autonome.
  2. Impact social et/ou environnementalle projet doit répondre à un besoin social et/ou environnemental et viser un impact social et/ou environnemental clair .
  3. Faisabilité : le projet doit avoir de vraies chances d’aboutir.
  4. Ambition de développement : le projet doit avoir un potentiel d’impact et de réplicabilité à grande échelle.

Comment candidater ?

Télécharger avant le 5 décembre 2016 inclus votre dossier de candidature sur la plateforme de la compétition 2017 – https://gsvc2017-emea-french.startupcompete.co/. Le dossier doit contenir :

  • L’Executive Summary (3 pages)
  • La synthèse d’au moins 10 entretiens avec des parties prenantes (bénéficiaires, clients…)
  • L’organisation de votre équipe et les CV des membres
  • Une présentation au format Powerpoint des concepts clés du projet

Lauréats des éditions précédentes

  • Faso Soap : Cette entreprise sociale du Burkina Faso a développé une innovation unique, un savon qui protège des moustiques et du paludisme. Retrouvez toutes les informations sur leur site internet
    • GSVC 2013 – Vainqueur de la finale mondiale et du prix de 25 000$
  • Zephyr & Borée: conjuguer technologies de pointe et énergie éolienne pour concevoir un cargo à voile moderne, à la fois performant et respectueux de l’environnement. Retrouvez toutes les informations sur cette solution de transport écologique en haute mer sur leur site.
    • GSVC 2016 : finaliste francophone participant à la finale mondiale
  • Keri&Care développe un réseau de salon de coiffure d’insertion pour permettre aux femmes immigré d’Afrique Subsaharienne de s’insérer socialement et professionnellement, par la formation et un emploi stable.
    • GSVC 2014 – vainqueur du prix du « Quick Pitch » à la finale mondiale
  • Gold of Bengalrevalorise l’industrie bangladaise de la fibre de jute, 1er pays producteur au monde, en se servant du jute comme d’un nouvel éco-matériaux qui permettra de remplacer la fibre de verre, très polluante, dans de multiples applications industrielles. Plus d’informations ici.
    • GSVC 2015 – finaliste francophone participant à la finale mondiale

Contact

Arthur Maréchaux, Tél. : +33 6 16 63 93 88 – marechaux@essec.edu

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Kerviel-Société générale : la mobilisation pour le contribuable

Engagé depuis plusieurs années sur le dossier des 2 milliards d’euros de crédit d’impôt indûment offerts à la Société Générale, Julien Bayou se réjouit de la décision de Bercy d’engager la procédure dans l’affaire Kerviel pour récupérer cette somme équivalent à 30 euros par Français. Depuis le jugement de la Cour d’appel de Versailles reconnaissant la banque responsable de ses pertes, il aura fallu 7 longues semaines pour que Michel Sapin se rende à l’évidence : cet argent appartient aux Français-e-s et il est de son devoir de tout faire pour les récupérer. Julien Bayou regrette toutefois que le ministre ait choisi l’opacité en se cachant derrière le “secret fiscal”. Cette décision confirme que Christine Lagarde et Eric Woerth doivent répondre de leurs actes devant la justice.

Kerviel contre Société Générale

Il aura surtout fallu toute la mobilisation de celles et ceux qui considèrent que l’affaire dite Kerviel est bien une affaire Société Générale et une affaire d’Etat.

Cette décision de Bercy est une première manche importante. Pour Julien Bayou, la vigilance reste de mise car les tergiversations de Monsieur Sapin et le conflit d’intérêts dans lequel est placé son directeur de cabinet (ancien dirigeant d’une banque d’investissement de la Société Générale) n’incitent pas à la confiance. “Pas plus d’ailleurs que le choix de l’opacité fait par le ministre en se cachant derrière le “secret fiscal” pour ne pas communiquer sur le sujet. Le contribuable a le droit à la transparence sur le devenir de cette somme qui lui appartient” déclare Julien Bayou.

En tout état de cause, Julien Bayou maintient son action en justice pour obtenir l’annulation du crédit d’impôt. Ainsi, si Bercy tergiversait à nouveau, la Cour administrative d’appel pourrait prochainement contraindre le ministère des Finances à récupérer cette somme équivalent à 30 euros par Français.

Cette décision de Bercy vient également légitimer la démarche en justice lancée par Julien Bayou pour obtenir que Christine Lagarde et Eric Woerth rendent des comptes devant la justice pour des faits passibles de concussion : Si l’on envisage  – enfin – de récupérer les sommes après la décision de la Cour d’appel du 23 septembre 2016, c’est qu’on n’aurait jamais dû les verser avant que la justice ne se prononce. Cette procédure a d’ailleurs peut-être incité Michel Sapin à agir puisqu’il s’exposait aux mêmes poursuites en tardant à réclamer les sommes à la Société Générale.

Quant à la Société Générale, elle est responsable de ses pertes et doit rendre l’argent. Elle s’est déjà suffisamment illustrée en étant la plus active au Panama et en réalisant plus de 30% de ses bénéfices dans les juridictions offshores selon la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires. “Si d’aventure elle venait à refuser de rendre cet argent, alors il faudra aider ses clients à changer de banque : il est temps de mettre fin à l’impunité des banquiers” conclut Julien Bayou.

BAYOU julien Kerviel.
Julien Bayou

Féminisation des conseils d’administration : des efforts à faire

Deloitte vient de publier, pour la deuxième année, la radiographie de la gouvernance des sociétés cotées avec un regard porté sur la féminisation. Ce rapport résulte de la lecture des pratiques et de la structure de gouvernance de 343 sociétés cotées sur le marché EuroNext Paris. Il mesure ainsi pour la première fois sur un échantillon de cette taille le taux de féminisation des comex.

Say on pay : la saison de la maturité

La saison des assemblées générales de 2016 était la troisième année de mise en œuvre du vote consultatif des actionnaires, dit  » Say on pay « , sur la rémunération des dirigeants mandataires sociaux. Si le taux d’approbation moyen a été en très légère hausse en 2016 (89% contre 88% en 2015) au sein du SBF 120, l’événement majeur a été le rejet par les actionnaires, pour deux sociétés du CAC 40 et deux sociétés du CAC Small, de la résolution relative aux éléments de rémunération de leurs dirigeants. L’étude note également que pour les entreprises du CAC Small, le taux d’approbation moyen (90%) est en recul de 3 points par rapport à 2015.
Les assemblées générales 2016 ont aussi été l’occasion pour les conseils de solliciter auprès des actionnaires l’autorisation d’attribuer les Long Term Incentive (LTI), principalement sous la forme  » d’actions gratuites  » ou  » d’actions de performance « , bénéficiant des nouvelles dispositions introduites par la loi Macron du 4 août 2015. Les résolutions relatives à l’attribution de ces actions de performance ont été en hausse de 200% pour les sociétés du CAC 60 et de 50% pour les sociétés du CAC Mid 60. S’il n’y a eu qu’un nombre très faible de résolutions rejetées (2%), un tiers d’entre elles ont recueilli moins de 80% de suffrages favorables, ce qui en fait un des sujets les plus contestés par les actionnaires.

La féminisation croissante des conseils

La loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011 a introduit la règle d’une représentation minimale de 40% de chaque sexe au sein des conseils à l’issue de la première assemblée générale de 2017. Sous cette contrainte, la proportion de femmes au sein des conseils des sociétés du CAC 40 a progressé de 180% en 6 ans. Pour autant, à un an de l’échéance, le nombre de femmes manquantes est encore très significatif, même s’il a progressé de manière positive, notamment dans les groupes faisant référence au code AFEP MEDEF dont la date butoir était 2016.
Sur la base des hypothèses retenues, les sociétés du CAC All tradable (SBF 120 + CAC Small) font ainsi face à un déficit de 235 administratrices au sein de leurs conseils. A la condition que l’arrivée d’une administratrice soit associée au départ d’un administrateur, et si les sociétés du SBF 120 poursuivent leurs efforts en 2017, une large majorité d’entre elles devraient être au rendez-vous en 2017, leur déficit d’administratrices étant comparable aux progrès enregistrés en 2016.
En revanche, pour les sociétés du CAC Small, le déficit est à ce jour de 165 administratrices, à comparer aux 47 entrées comptabilisées en 2016. Dès lors, il est probable que beaucoup de sociétés ne seront pas en conformité avec les exigences de la loi Copé-Zimmermann à l’issue de leur assemblée générale de 2017.
 » Nous ne pouvons que nous réjouir des progrès réalisés en quelques années. Pour autant, la dynamique engagée doit s’amplifier pour devenir une pratique durable et s’étendre aux sphères du pouvoir exécutif, encore trop masculin avec un tiers des comités exécutifs du SBF 120 composé exclusivement d’hommes « , estime Denis Lesigne, Directeur Capital humain chez Deloitte.

Des administrateurs français moins rémunérés que leurs collègues européens

La rémunération des administrateurs, versée sous la forme de  » jetons de présence « , est très variable d’une entreprise à l’autre et fortement dépendante de la participation et de la présidence de comités spécialisés du conseil. Ceci explique pour partie l’écart de rémunération constaté entre les administrateurs indépendants et les administrateurs non indépendants (34% au sein du CAC Small et 29% au sein du CAC 40) et, dans une moindre mesure, l’écart existant entre les femmes et les hommes (8% au sein du CAC 40 et 6% au sein du CAC Small).
Concrètement, si le montant médian d’un administrateur du CAC 40 (hors dirigeant exécutif) est de 65 k€, il est de 39 k€ pour le CAC Next 20, de 35 k€ pour la CAC Mid 60 et de 15 k€ pour le CAC Small. Alors que la charge de travail et les responsabilités des administrateurs ne cessent de croître, cette pratique positionne la France très en retrait par rapport à de nombreux pays européens (UK, Belgique, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas…).

Prédominance des pratiques de l’autoévaluation du conseil

L’évaluation des travaux du conseil, recommandée par toute les bonnes pratiques de gouvernance, est encore très largement limitée à un processus d’autoévaluation. En effet, l’autoévaluation au sein du CAC 40 demeure très majoritaire avec seulement une société sur quatre qui fait appel à un cabinet externe. Au sein du CAC Small, un peu plus d’une entreprise sur deux déclare procéder régulièrement à l’évaluation des travaux du conseil, c’est également le processus de l’autoévaluation qui est le plus souvent retenu (82%).
 » Pour les grandes entreprises, l’évaluation du conseil est un exercice rodé dont l’apport est reconnu. Néanmoins, le CAC Mid 60 et le CAC Small restent encore réticents à l’idée de faire appel à un cabinet externe. Autre voie de progrès, l’évaluation demeure un processus plutôt autocentré. Les relations avec les actionnaires ou les parties prenantes n’y sont pas évoquées et il est rare que le conseil considère son action de manière pluriannuelle ou revienne sur l’évaluation des décisions qui ont été prises (ou pas) « , conclut Carol Lambert, Associée Ethique et Gouvernance responsable du Centre de Corporate Governance de Deloitte France.

deloitte féminisation

Affaire Kerviel : Michel Sapin en plein conflit d’intérêts ?

Alors que le gouvernement gagne du temps depuis fin septembre sur le dossier du remboursement par la Société Générale des 2,2 milliards d’euros de déduction fiscale perçus dans le sillage de l’affaire Kerviel, Michel Sapin a annoncé le 9 novembre que la décision de Bercy sera couverte par le « secret fiscal ».

Julien Bayou, porte-parole d’EELV, dénonce le choix de l’opacité fait par Michel Sapin. “Il s’agit d’une décision scandaleuse qui protège uniquement les intérêts de la banque au mépris de ceux des Français. Elle illustre les conflits d’intérêts majeurs à l’oeuvre dans cette affaire. Ce type d’agissements ne fait que renforcer la défiance des Français à l’égard du pouvoir politique”.

Que fait Monsieur Michel Sapin ?

Quel pire jour que la victoire “anti-élites” de Trump choisir pour annoncer qu’on va couvrir la Société Générale, l’ex banque de son directeur de cabinet ?

Julien Bayou dénonce une hypocrisie manifeste. En effet, il faudra attendre le prochain rapport annuel de la banque pour connaître le sort fait à ce crédit d’impôt : les 2 milliards d’euros n’y passeront pas inaperçus (ils figuraient d’ailleurs dans les rapports annuels 2009 et 2010). On ne saura donc que dans un an si l’administration a récupéré les sommes, ou pas. Entre temps, Michel Sapin sera parti. Il sera trop tard pour le poursuivre pour avoir agi trop légèrement avec l’argent du contribuable.

Pour Julien Bayou, “les 2,2 milliards, soit 30 euros par Français, appartiennent aux Français. A ce titre, ils doivent être informés des démarches engagées par le Ministère. Il appartient d’ailleurs au ministre de tout faire pour récupérer cette somme”.

Dans un contexte de profonde défiance vis à vis de cette oligarchie qui donne trop souvent l’impression de privilégier des intérêts privés à l’intérêt général, la seule réponse possible c’est la transparence” explique Julien Bayou. “Comment peut-on prétendre combattre la montée des populismes alors que l’on encourage l’opacité sur des décisions de cette importance ?

Les actionnaires comme les salariés ont intérêt à la transparence sur une décision qui peut atteindre le cours de l’action de l’entreprise.

Les citoyens contribuables ont bien évidemment intérêt à la transparence sur une décision aussi importante pour le budget français. “Les Français ont droit à la vérité, ces transactions ne doivent pas être faites derrière des portes closes. Il ne doit pas y avoir de secret sur de telles sommes”.

Seuls la banque et le directeur de cabinet de Michel Sapin, Thierry Aulagnon, ancien dirigeant d’une banque d’investissement de la Société Générale, ont intérêt à la discrétion.

Le conflit d’intérêt est manifeste.

Depuis le début du quinquennat Hollande, l’administration fiscale protège la banque, dans le secret.

Le secret entourant cette affaire dure depuis 2012. Julien Bayou est en effet encore en attente de la décision du tribunal administratif sur la publication de l’enquête interne à l’administration fiscale de 2012. L’existence de ce rapport, sur les conditions dans lesquelles la décision de déduire la somme de 2 milliards à la Société Générale a été prise, a été prouvée par la publication d’un Procès Verbal d’audition du directeur adjoint de la DVNI au ministère des Finances, dans le livre Kerviel : une affaire d’État – 2 milliards pour la société en général, publié en septembre 2016.

Quand est-ce que ce gouvernement fera-t-il preuve de courage ? Quand va-t-il cesser de courber l’échine face à la Finance ?” s’interroge Julien Bayou.

Le Président de la République doit trancher entre l’intérêt des Français et celui de la banque, défendu par son Ministre des Finances, et faire appliquer la loi.

BAYOU julien Michel Sapin

Les objectifs de la CJC

La Confédération des Jeunes Chercheurs (CJC), durant son Assemblée Générale accueillie par les associations Addal (Association des doctorants et docteurs d’Alsace) et StrasAir (Association of the International Researchers of Strasbourg) des 5 et 6 novembre 2016, a présenté ses objectifs prioritaires pour l’année 2016-2017 et renouvelé son bureau.

Objectifs de la CJC pour l’année 2016-2017

La CJC a renouvelé ses engagements afin d’améliorer les conditions de travail des jeunes chercheur-e-s en situation précaire en France et pour participer activement à la promotion du doctorat.

Réforme du doctorat : surveiller et accompagner la mise en application

Suivre l’application des nouveaux textes réglementaires tout en évitant la mise en œuvre d’interprétations préjudiciables aux doctorant-e-s. S’inscrire dans une logique d’amélioration continue des pratiques menant à la contractualisation de tous les doctorant-e-s pour effectuer leurs recherches.

Guide du doctorat : encourager les réflexions

Valoriser les bonnes pratiques décrites dans l’ensemble des fiches du “Doctorat à la Loupe” en interpellant les structures et personnes concernées par le doctorat.

Reconnaissance du doctorat par l’ensemble de la société

Encourager et engager les actions concrètes pour favoriser la reconnaissance des docteur-e-s comme atouts aussi bien dans tous les secteurs socio-professionnels, qu’ils soient publics ou privés.

Jeunes chercheur-e-s internationaux

Veiller aux bonnes conditions d’accueil et de travail en France des jeunes chercheur-e-s internationaux, notamment en suivant l’application réglementaire de la loi du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers en France.

Europe : une vision européenne du doctorat

Développer les réflexions de la CJC au sujet des enjeux européens des politiques de recherche, entre autre par des collaborations entre les jeunes chercheur-e-s européens.

Egalité femme-homme

Recueillir des informations sur les discriminations liées au genre au sein de l’ESR et travailler à une sensibilisation afin de promouvoir de bonnes pratiques.

Elections 2017

Placer les problématiques des jeunes chercheur-e-s au cœur des débats politiques qui vont accompagner les élections présidentielles et législatives 2017.

Renouvellement du bureau

La CJC a renouvelé son bureau composé de doctorant-e-s issus de l’ensemble du territoire et de disciplines variées :

A la présidence a été élu Yoann Abel de l’association A-Team of BioSE (Association des doctorants en Biologie, Santé et Environnement de l’Université de Lorraine).

A la vice-présidence ont été élus Farouk Alloush de l’association StrasAIR (Association of the International Researchers of Strasbourg), Manon Houbre de l’association Par(en)thèse (Association des doctorant-e-s de l’école doctorale Stanislas) et Alexandre Matic de l’association A’Doc (Association des Jeunes Chercheurs de Franche-Comté).

A la trésorerie a été élu Maximilian Lesellier de l’association Addal.

Au secrétariat a été élue Ophélie Morand de l’association Par(en)thèse.

confederation jeunes chercheurs cjc

 

Derrière l’affaire Kerviel, une affaire Christine Lagarde

Julien Bayou saisit la justice pour signaler des faits passibles de “concussion” par les anciens ministres Christine Lagarde et Eric Woerth, un délit puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 €.

« … pour favoriser la Société Générale »

Dans le sillage de l’affaire dite Kerviel, la Société Générale a touché plus de 2 milliards d’euros du contribuable en vertu d’un dispositif fiscal réservé aux victimes d’escroquerie.

Le 23 septembre 2016, la justice a décidé que la banque portait la plus grande part de responsabilité, au point que l’administration Sapin réfléchit – lentement – à réclamer les sommes à la Société Générale.

Pour Julien Bayou, “si l’on se pose – enfin – la question de récupérer les sommes après la décision de la Cour d’appel du 23 septembre 2016, c’est qu’on n’aurait jamais dû les verser avant que la justice ne se prononce”.

L’octroi d’un tel avantage, sans vérifier les responsabilités respectives de la banque et de son trader et en écartant tous les rapports d’experts estimant que la banque ne pouvait bénéficier de ce cadeau fiscal, témoigne d’une précipitation et d’une légèreté constitutives de graves négligences de la part de ministres chargés de la conduite des affaires de l’État au moment de l’octroi, en 2008, et pire s’il est démontré que les autorités de tutelle ont cherché à s’affranchir intentionnellement des textes applicables pour favoriser la Société Générale.

Christine Lagarde et Eric Woerth visés

Les ministres Christine Lagarde et Eric Woerth doivent donc rendre des comptes pour des carences, négligences et fautes passibles du délit de concussion puisqu’il s’agit bien d’avoir accordé […] une exonération d’impôts en violation des textes légaux ou réglementaires. es agissements des membres de leurs cabinets ou des hauts fonctionnaires éventuellement responsables pourraient également être passibles de poursuites devant la Cour de discipline budgétaire et financière.

Il appartient désormais au procureur de la République d’engager les poursuites qu’il estime pertinentes.

Pour Julien Bayou, “les ministres Sapin et Eckert s’exposent aux mêmes poursuites s’ils tardent à réclamer les sommes à la Société Générale”.

Julien Bayou
bayou julien Christine Lagarde

Mme Najat VALLAUD-BELKACEM pour la fin du pluralisme en économie ?

Madame Najat VALLAUD-BELKACEM Souhaitez-vous vraiment la fin du pluralisme en économie ?  Madame la Ministre, vous le savez l’économie est en crise. C’est un constat que nul ne conteste. Cette crise est une crise externe car sa capacité à expliquer et à comprendre le fonctionnement contemporain du capitalisme est légitimement mise en doute compte tenu de son incapacité à prévoir la crise de 2008 et plus encore à en décrire de possibles voies de sortie. Elle est aussi, et c’est lié, une crise interne consécutive à une entreprise de purification idéologique en cours depuis maintenant vingt ans.

Cette entreprise de purification a pris un visage plus explicite et inquiétant avec la parution de l’ouvrage Le Négationnisme économique et comment s’en débarrasser paru début septembre 2016. Mis à part l’AFEP, aucune association savante n’a dénoncé la violence et l’indignité du propos, qui se situe bien au-delà de la controverse scientifique, ainsi que son incroyable indigence. Lorsqu’un texte appelle à se « débarrasser » d’une partie des contradicteurs scientifiques, et que celui-ci n’est condamné par personne, ne peut-on légitimement considérer qu’il y a urgence à agir ? Vous êtes vous-même directement accusée d’être dans le camp des négationnistes : « La ministre Najat Vallaud-Belkacem avait formellement promis à l’AFEP la création d’une section CNU (…) ouverte à toutes les formes de négationnisme économique » (op cit, p.197).

Cette violence est à l’appui d’un programme politique explicite : celui d’éradiquer toute forme de discussion politique sur l’économie pour laisser libre cours à une approche qui ne peut se perpétuer que par la terreur intellectuelle. M. Hautcoeur, Président de l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS) indique ainsi dans Le Monde du 20/09/2016 : «Ici, on pourrait s’amuser de voir des partisans de la concurrence réclamer le monopole professionnel, des partisans de l’autorité des revues spécialisées publier un ouvrage dans un domaine (l’épistémologie) qu’ils ne connaissent pas, des victimes du prétendu « négationnisme» dénier le droit de s’exprimer à leurs opposants, et des chercheurs éminents affirmer que sont définitivement trouvées les solutions à tant de questions aussi complexes que débattues et évolutives. On pourrait en conclure que, décidément, l’économie est trop sérieuse pour être laissée aux seuls économistes. Malheureusement, ce scientisme étroit contribue aussi à la mise en doute de toute science sociale et à la montée des violences de tout genre qui va avec. ». P-C. Hautcoeur reprend ici à son compte le cœur de notre argumentaire pour créer un appel d’air et sauver la possibilité d’un débat.

Madame la Ministre, vous nous avez assuré de votre plein soutien, de celui du gouvernement et du Président. Nous vous avons convaincue que l’unique solution durable qui permettrait d’assurer le pluralisme en économie serait de créer une nouvelle section CNU reliant économie et sciences sociales. Vous avez signé un décret l’instituant. Plus de 600 chercheurs la réclament. 350 ont déjà indiqué qu’ils la rejoindraient si elle était créée. Une pétition en ligne a recueilli plus de 5 000 signatures de chercheurs français et étrangers internationalement connus. De nombreux étudiants en économie réclament une telle section depuis plusieurs années pour permettre l’ouverture de parcours de formation diversifiés. Une telle section n’enlèverait évidemment rien aux collègues économistes qui souhaitent continuer dans la même voie. Elle ouvrirait simplement à la diversité !

Nous sommes, et nous avons toujours été favorables aux débats car nous pensons que c’est seulement dans la confrontation d’interprétations opposées que progresse la connaissance.   Madame La Ministre, le constat est connu. Si vous n’agissez pas, le pluralisme de la pensée disparaîtra sous peu. C’était un fait statistique. C’est maintenant un programme politique dûment annoncé et argumenté.

Madame la Ministre, votre responsabilité est grande : vous avez la possibilité d’un geste institutionnel qui pourra rendre possible une pensée pluraliste, ouverte et dynamique en économie.

Madame la Ministre : publiez maintenant le décret que vous avez signé et qui institue une nouvelle section CNU « économie et société »

André Orléan, Président de l’AFEP
et l’ensemble du Conseil d’Administration de l’AFEP

Najat VALLAUD-BELKACEM

Pétition en ligne sur : http://assoeconomiepolitique.org/petition-pour-le-pluralisme-maintenant/

afep Najat VALLAUD-BELKACEM

CETA : L’espoir suscité par la Wallonie ne doit pas être déçu

Il y a deux semaines, en refusant de donner l’autorisation au gouvernement fédéral belge de s’engager dans la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (le CETA), le Parlement wallon a porté la voix de tous ceux qui, en Europe, plaident, depuis plusieurs mois, en faveur d’une démocratie européenne qui s’exerce par et pour ses peuples. Loin des logiques de replis nationaux, les revendications des opposants à la signature précipitée du CETA s’inscrivent, au contraire, dans un mouvement de fond visant à refonder un projet européen ambitieux, tenant compte des aspirations nouvelles des peuples, dans leur diversité.

CETA : faire bouger les lignes

Cible de multiples pressions, il semblerait que le Président de la Wallonie ait néanmoins obtenu une évolution des positions, aussi bien européennes que canadiennes, sur des points sensibles de l’accord (protection des services publics, clause de retrait en matière agricole, examen par la Cour de justice de l’Union de l’instauration d’une Cour d’arbitrage…), qui reste cependant à analyser plus finement. Il a, en tout état de cause, démontré que la volonté politique pouvait faire bouger les lignes, là où les responsables européens martelaient depuis plusieurs semaines qu’elles étaient désormais figées.

Pour notre part, nous ne pouvons pour autant nous satisfaire d’un éventuel nouvel accord sur ces bases, qui ouvrirait la voie à une signature prochaine du CETA et à sa mise en application provisoire ou partielle, avant que l’ensemble des États membres de l’Union n’en aient débattu dans les Parlements nationaux, comme ce fut le cas en Wallonie. Au cours des dernières semaines nous avons été 120 députées et députés de gauche à interpeller, d’abord le président de la République par courrier, puis nos collègues parlementaires en déposant une proposition de résolution européenne sur le bureau de l’Assemblée nationale pour demander la non-application provisoire du CETA. Des réponses doivent être apportées et le débat public doit avoir lieu en France aussi.

Exemplaire en la matière, la démocratie belge a suscité l’espoir, pour de nombreux peuples d’Europe, d’être enfin directement acteurs de leur avenir européen et décideurs du modèle de développement et d’échanges dans lequel ils s’engagent. Cet espoir ne doit pas être déçu, faute de quoi la confiance entre les peuples et leurs représentants nationaux et européens, déjà largement entamée, risquerait d’être durablement affectée, et le projet européen radicalement remis en cause.

Ce n’est pas ce que nous voulons et c’est pourquoi nous demandons au gouvernement français de faire preuve de sagesse en refusant de signer dans la précipitation un accord initié il y a déjà huit ans et élaboré, depuis, dans des conditions pour le moins opaques. Nous souhaitons que les récentes déclarations du secrétaire d’État français au commerce, déplorant les « trente années de dérives où tout le monde a intégré les lois néolibérales, où les négociations se font dans l’opacité, où aucun accord n’est jamais évalué »[1], trouvent une traduction concrète dans le refus de donner à la Commission européenne l’autorisation de signer et d’appliquer le CETA avant une ratification dans les États membres.

Suzanne TALLARD, députée de Charente-Maritime
Danielle AUROI, députée du Puy-de-Dôme
Jean-Paul CHANTEGUET, député de l’Indre
Jean-Noël CARPENTIER, député du Val d’Oise

[1] http://www.liberation.fr/planete/2016/10/24/en-france-les-opposants-sauves-par-la-wallonie_1524089

ceta-agreement

TAFTA-CETA : Et si l’Europe des territoires passait par là

Le pouvoir de l’information spectacle est malheureusement croissant. Si cela peut parfois contribuer à rendre le débat public plus accessible à tous, le risque n’en est pas moins de réduire les enjeux à des formules chocs et à des propositions polluées par un souci de communication politicienne, oubliant les vrais sujets.

TAFTA-CETA, une question fondamentale

Le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) et l’accord économique et commercial global (CETA) sont de ceux-là. Fort peu évoqués par les acteurs et les commentateurs de la vie publique hexagonale, il représente pourtant un enjeu autrement plus conséquent que les tenues vestimentaires des uns et des autres, y compris à la plage !

Le TAFTA et le CETA, immenses chantiers ouverts en 2013, visent à faire tomber les barrières commerciales entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis d’une part et le Canada d’autre part. Au-delà des droits de douane, ils impliquent la levée des restrictions réglementaires entravant l’accès aux marchés européens (comme la remise en cause du système d’appellation d’origine contrôlées, ou les normes sanitaires du secteur agroalimentaire) et ce, dans le cas du TAFTA, sans aucune forme de réciprocité.

Ces traités introduisent par ailleurs des tribunaux d’arbitrage privés, totalement contraires à la notion de souveraineté des Etats. Cette notion d’ « arbitrage privé international » est un véritable scandale philosophique. Elle s’attaque directement au modèle de société européen, où les fonctions collectives (solidarité, éducation, sécurité, protection des populations, respect de l’environnement) relèvent d’abord de la sphère publique. Elle offre in fine une fenêtre de tir aux grandes firmes multinationales, qui disposent de moyens très importantes et attirent à coup de rémunérations indécentes les meilleurs juristes (dont certains ont été formés pour servir l’Etat, mais « pantouflent » allégrement), pour attaquer les politiques publiques mises en place, dans la plupart des domaines.

Ce sont les raisons pour lesquelles les contradicteurs du TAFTA et du CETA – dont beaucoup, comme moi-même, ne sont absolument pas opposés au libre-échange – les estiment dangereux pour la démocratie, pour la sécurité alimentaire, pour les normes sociales et environnementales, etc.

D’une certaine façon, ce dossier illustre les faiblesses de la démocratie européenne. L’opacité des négociations menées pendant des années entre Bruxelles, Washington et Ottawa contribue à alimenter un peu plus encore la défiance des citoyens vis-à-vis des institutions européennes. Elles renvoient d’ailleurs à d’autres traités de libre échange, notamment avec des pays d’Asie du sud-est, signés dans l’indifférence générale dans un passé récent.

Le rêve européen a malheureusement laissé la place au désenchantement. Cette Union européenne imposant ses politiques à coup de normes et d’humiliations – ratification à marche forcée du traité constitutionnel, gestion de la crise grecque – est tout bonnement devenue insupportable pour nombre d’Européens. En France, l’institution est désormais rejetée par 61% des citoyens, en Grèce par près des trois quarts [1]. Cette fracture entre « élites » bruxelloises et « peuples » fait le lit des populismes de tout bord. Dernière victime en date, la Grande-Bretagne.

Mais l’Union européenne, c’est avant tout, aujourd’hui, la Commission et le Conseil européen. Des instances dans les mains, en réalité, des Etats nationaux et plus précisément, des gouvernements centraux. Ce sont eux qui ont laissé faire, voire qui ont poussé, les négociations sur les traités de libre-échange, même si certaines voix au sein même du gouvernement français notamment s’élèvent depuis longtemps pour appeler à la prudence. Jamais la Commission ne serait allée aussi loin si le Conseil européen ne l’y avait pas encouragée.

La façon actuelle de traiter des textes d’une telle importance au sein de l’Union alimente clairement la crise démocratique européenne, autant qu’elle pose aussi des questions sur l’utilité du personnel politique. Dès lors, la reconstruction de la légitimité de l’Union passe notamment par une bien plus grande implication des parlements nationaux et du parlement européen. A l’heure de la fin du cumul des mandats, les parlementaires doivent bien mieux jouer ce rôle de relai d’information auprès des citoyens et prendre en compte, bien mieux que ne le font des gouvernements centraux plus ou moins discrédités, les aspirations réelles des peuples européens.

La Belgique a prouvé ces derniers jours que les élus locaux savent faire preuve de courage et de sagacité. Les maux que posent emploi et croissance aux sociétés occidentales ne sauraient justifier un remède ultralibéral aux effets secondaires hasardeux. C’est le message fort qu’ont envoyé les parlementaires wallons à la technostructure européenne. Il appartient désormais aux élus locaux de tous bords et de tous pays de le relayer pour fédérer les Européens autour d’un projet démocratique, juste et équilibré, tenant véritablement compte de notre histoire et de nos valeurs communes d’humanisme et de foi en l’action publique.

[1] http://www.pewglobal.org/2016/06/07/euroskepticism-beyond-brexit/

philippe-laurent-taftaPhilippe Laurent

Prix de thèse RIODD VIGEO-EIRIS 2017

Le Réseau International de recherche sur les Organisations et le Développement Durable organise le Prix de thèse RIODD VIGEO-EIRIS 2017 pour valoriser les meilleures thèses en sciences sociales en lien avec la responsabilité sociale ou sociétale des organisations et/ou le développement durable.

Comment participer au prix RIODD VIGEO-EIRIS

Les thèses éligibles au prix RIODD VIGEO-EIRIS 2017 doivent avoir été soutenues durant les deux années civiles précédant la date du congrès du RIODD, donc entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2016. Les chercheurs ayant candidaté au Prix RIODD VIGEO-EIRIS 2016 et dont la thèse n’a pas été récompensée peuvent soumettre à nouveau un dossier. Toutes les thèses rédigées en français ou en anglais sont éligibles, quels que soient les contextes universitaires, notamment thèses de doctorat en France, PhD anglo-saxons, DBA, etc. En revanche les thèses dites « professionnelles » qui correspondent à des mémoires réalisés dans le cadre de masters ou de mastères ne sont pas éligibles.

Les candidats doivent envoyer un dossier avant le vendredi 27 janvier 2017 à l’adresse suivante : prixthese.rioddVE@gmail.com

Ce dossier (en version électronique) doit comprendre les documents suivants (en français ou en anglais):

  • Un exemplaire de la thèse ;
  • Un résumé de la thèse compris entre 5 et 10 pages ;
  • Les deux pré-rapports autorisant la soutenance ainsi que le rapport de soutenance de la thèse ;
  • Une réponse sur une page à la question suivante : « En quoi votre travail fait-il progresser l’état des connaissances et des pratiques d’organisations concernant la RSE et/ou le DD » ;
  • Un engagement à être présent au 12e congrès du RIODD, qui aura lieu en octobre 2017 à l’Université Paris Dauphine, si le prix est décerné à cette thèse.
  • Un document mentionnant : Nom, prénom, institution de rattachement pendant la thèse, institution de rattachement au moment de la candidature.

Les dossiers seront évalués par le comité scientifique du RIODD. Les critères d’évaluation sont les suivants :

  • L’originalité de la problématique ;
  • L’intégration d’une approche multidisciplinaire (champ des sciences sociales) dans le processus de recherche ;
  • Le caractère innovant de la recherche dans sa dimension théorique ou méthodologique.

Le ou les lauréats recevront un prix d’un montant de 1 500 euros remis par la Présidente du RIODD et le représentant de Vigeo lors du 12 octobre 2017 à l’Université Paris Dauphine. Le RIODD et Vigeo Eiris publieront également l’information sur le lauréat sur leur site respectif et dans la Revue de l’Organisation Responsable.

VIGEO-EIRIS

Journées d’Études Internationales : Travail et consommation

Travail et consommation, XIXe-XXe-XXIe siècle

Journées d’Études Internationales
27 et 28 Avril 2017
Université Paris Est Créteil

La division du travail scientifique en sous-champs de recherche distincts conduit souvent à fractionner des objets autrement bien plus liés dans l’expérience des individus ou la vie des institutions. Le décloisonnement des sous-champs de recherche est alors un bon moyen de renouveler les discussions scientifiques de manière féconde. En croisant les travaux sur la consommation et ceux sur le travail, c’est un tel décloisonnement que nous souhaitons favoriser lors de ces journées d’études afin de faire dialoguer ces ensembles de travaux couramment disjoints.

En effet, le plus souvent, les recherches sur la consommation oublient la production (Chatriot, Hilton et Chessel, 2004) et/ou la vente tandis que celles s’intéressant au travail évoquent peu les salarié-e-s comme des consommateurs et des consommatrices potentielles. L’histoire des ouvriers au XIXe siècle a été très majoritairement centrée sur le travail et la production, tandis que la consommation est longtemps apparue comme une pratique de la bourgeoisie (Auslander, 1996 ; Tiersten, 2001). Pour les XXe et XXIe siècles, les études historiques sur la « consommation de masse » ont pour leur part eu tendance à occulter la question des stratifications sociales. Sophie Chauveau (2006, p.4) écrit par exemple que la consommation de masse redéfinit « des modalités d’intégration sociale au moment où s’efface la notion de classe sociale, où le sentiment d’appartenance ne passe plus par le métier ».

En sociologie, les sous-champs de la sociologie du travail d’une part et de la consommation d’autre part se sont construits séparément, même si les études statistiques de consommation prennent largement en compte les catégories socioprofessionnelles. Les travaux pionniers de Frédéric Le Play sur les budgets ouvriers, poursuivis notamment par Maurice Halbwachs (2011) ou Paul-Henry Chombart de Lauwe (1956) ont en effet été développés pour toutes les catégories sociales par les approches statistiques plus récentes (Siblot et al., 2015). Celles-ci croisent systématiquement catégories socioprofessionnelles et consommation pour souligner les inégalités qui subsistent dans les budgets des différents groupes sociaux (par exemple Chauvel, 1999, INSEE, 2009). Mais ces recherches rentrent peu dans le détail des professions et dans la nature du lien entre travail et consommation. Par ailleurs, les recherches qualitatives sur la consommation ou les styles de vie ont difficilement accès aux espaces de travail des individus étudiés et traitent ainsi plutôt de segments de l’espace social que de travailleurs ayant des métiers spécifiques (par exemple Hoggart, 1957 ; Perrot, 1961 ; Verret, 1988 ; Weber, 1989 ; Schwartz, 1990). De même, en sociologie du travail, les études qualitatives qui questionnent la consommation des travailleurs sont assez rares.

Pourtant, le travail et la consommation sont intimement liés et surtout se mêlent dans les quotidiens salarié-e-s si bien qu’il est parfois difficile de dissocier d’un côté le temps du travail et de l’autre, celui de la consommation, notamment lorsque les travailleurs/euses consomment le produit, matériel ou immatériel, de leur travail. Qu’il s’agisse de la production de biens ou de services, les salarié-e-s peuvent parfois être mis à contribution dans la conception ou la vente de produits alors même que cela n’est pas initialement prévu dans leur travail. Ce sont alors leurs qualités de consommateur ou consommatrice qui se trouvent mobilisées. Enfin, la consommation peut également être pensée comme un travail, que ce soit en tant que partie du travail domestique féminin (Delphy, 1978) ou comme un travail gratuit d’évaluation des produits (Dujarier, 2014).

En d’autres termes, ces journées d’études ambitionnent de repenser les liens entre travail et consommation dans la lignée de ce que propose Frank Trentmann (2004) lorsqu’il souligne que « toute discussion sérieuse autour de la société de consommation doit recenser les pratiques et les significations de la consommation en tant que phénomène indissociable de structures sociales et d’activités qui ont lieu loin des comptoirs des magasins. Au lieu d’opposer des grilles de lecture – la consommation contre la production – et de faire se succéder des phases historiques – la société de consommation après la société des classes –, le défi du renouvellement de la recherche dans ce domaine sera celui de l’intégration de ces différentes dimensions. »

Dans une approche interdisciplinaire (histoire, sociologie, science politique, anthropologie), il s’agit donc de s’intéresser à tous les métiers d’une part, et à tout type de consommation d’autre part. Trois axes de recherche sont envisagés : les liens entre l’entreprise et la consommation des salariés ; la consommation de travailleurs/euses et leurs identités de race, de classe ou de sexe ; consommation, travail et mobilisations. Les propositions travaillant les catégories de sexe, de classe ou de race seront particulièrement appréciées, de même que les contributions portant sur d’autres pays que la France.

Axe 1 : Les liens entre l’entreprise et la consommation des salariés

La consommation est souvent pensée comme une activité qui a lieu en dehors du travail. Un certain nombre de travaux montrent pourtant bien qu’il y a de la consommation au travail, qu’elle soit amenée par les salarié-e-s ou encouragée par les directions d’entreprises. La question de l’alimentation au travail a, par exemple, fait l’objet de plusieurs études récentes (Bruegel, 2004 ; Bouchet et al., 2016). Les entreprises ont depuis longtemps mis en œuvre des politiques internes susceptibles de favoriser ou d’encadrer la consommation – cantines, vente des produits au personnel, ou autres avantages en nature (Tanner, 1999 ; Clarke, 2012 ; Gallot, 2013). Les salarié-e-s peuvent eux/elles aussi être amené-e-s à participer, dans le cadre de l’entreprise, à l’organisation d’activités liés à la consommation – notamment par le biais du Comité d’entreprise ou des coopératives de consommation. Lors de ces journées d’études, nous souhaitons rendre compte de la diversité et de l’évolution de ces pratiques, en nous interrogeant sur leur rôle dans la construction des identités et leurs effets sur les comportements.

Comment ont évolué les politiques internes des entreprises dans ce domaine depuis le XIXe siècle ? Dans quelle mesure et par quels moyens les entreprises cherchent-elles à mobiliser les salarié-e-s en tant que consommateurs-trices ? Comment s’articulent les identités de travailleur-euse et de consommateur-trice, lorsqu’on achète/acquiert des biens de consommation au travail ? Comment l’expertise sur un produit acquise au travail peut-elle amener le/a travailleur/euse à consommer lui/elle-même ce produit d’une manière spécifique ? Que signifient les pratiques de revente ou de partage de ces biens dans son entourage (on peut penser aux trajets gratuits dont les personnels des compagnies aériennes peuvent faire bénéficier leurs proches) ? En ce qui concerne le monde ouvrier, il a souvent été question de l’attachement de l’ouvrier-ère à sa machine, à son moyen de production, mais qu’en est-il du rapport au produit de son travail, dès lors que les ouvriers-ères des industries de fabrication sont amenés à consommer les produits qu’ils/elles fabriquent ? Dans quelle mesure le produit fabriqué – ou le produit vendu dans le cas des employés du commerce – participe-t-il de l’attachement à l’entreprise ?

On pourra également s’interroger sur le rapport travail/consommation dans les métiers où les pratiques vestimentaires du personnel (souvent imposées) participent fortement à la construction de la marque (hôtesses de l’air, métiers de la mode…).

Axe 2 : Consommation de travailleurs/euses et identités de race, de classe ou de sexe

Une autre piste de questionnement est celle de la manière dont les travailleurs signalent une appartenance sociale par leur consommation. Prenant acte que les biens et services sont classés et classants dans l’espace social, les pratiques de consommation peuvent à la fois être vues comme autant d’indices pour reconnaître les appartenances sociales des individus, et comme des stratégies (conscientes [Veblen, 1899] ou inconscientes [Bourdieu, 1979]) mises en place par les individus pour se donner une identité sociale spécifique. Dès lors on peut s’interroger sur les significations des consommations, et au-delà, sur les styles de vie de certains travailleurs appartenant à la même profession ou la même entreprise. Existent-ils des types de consommation caractéristiques d’un groupe de travailleurs/euses ? Comment l’activité de travail peut-elle jouer dans les consommations adoptées par les travailleurs/euses ? Dans quels cas ces pratiques constituent-elles des stratégies de distinction pour les travailleurs/euses, qui cherchent alors à se rapprocher socialement d’un groupe de classe, de sexe et/ou de race par le biais de leur consommation (Albert, 2013 ; Menoux, 2015, Bernard, 2016) ?

Les pratiques de consommation vestimentaire peuvent à ce titre être particulièrement fécondes pour l’analyse, en tant qu’identificateur central du sexe, de la classe et de la race des individus (Gallot, 2012 ; Avril, 2015). Les dépenses pour des prestations de service comme celles de restauration ou de tourisme (Furlough, 2005) sont aussi des pistes intéressantes à creuser, en étudiant par exemple l’utilisation des tickets repas ou des chèques vacances obtenus sur le lieu de travail. Les voyages que permettent les congrès de médecins à l’étranger peuvent ainsi être des moyens de lier statut social acquis par le travail et son renforcement par la consommation. De même, les communications pourront aussi s’interroger sur les consommations culturelles des travailleurs/euses. Par exemple, qu’en est-il des pratiques effectives permises par la possession d’une carte professionnelle donnant un accès gratuit aux musées (pour les journalistes ou les enseignants) ?

Une autre manière d’envisager cette question est la façon dont la sociabilité au travail peut impliquer des consommations qui mettent en jeu l’identité des salarié-e-s (en dehors ou sur le lieu de travail, avec les collègues ou sans) : que ce soit par exemple par la consommation attendue d’alcool entre collègues ou par le biais de discussions lors des pauses où il faut mettre en avant son capital culturel, ce qui provoquerait des consommations culturelles spécifiques. Ce questionnement peut permettre de penser les contradictions entre consommation et statut pouvant être relevées par les collègues ou amis, montrant la circulation entre ces différents aspects dans la vie des travailleurs/euses.

Axe 3 : Consommation, travail et mobilisations

Le thème des mobilisations collectives et de leurs formes est une question classique de l’histoire ouvrière. La consommation a été un motif important des luttes collectives, comme l’ont montré de nombreux historiens : E. P. Thompson dans son article classique sur l’économie morale de la foule (Thompson, 1971), Michelle Perrot dans son ouvrage sur les grèves en France au XIXe siècle (Perrot, 1974) ou Lawrence Glickman dans son étude sur la revendication du living wage (salaire pour vivre) aux États-Unis au début du XXesiècle (Glickman, 1997). Dans la lignée de ces travaux, on s’interrogera sur toutes les formes de mobilisations des travailleurs et des travailleuses où la consommation joue un rôle moteur : les grèves contre la vie chère, pour l’augmentation du pouvoir d’achat ou celles conduisant à la relance de la production, mais aussi les manifestations ou encore les émeutes. Comment s’articulent les rôles de consommateur et travailleur dans ces mobilisations ? Comment évolue cette relation du XIXe au XXIe siècle ?

Le discours du mouvement ouvrier, partis et syndicats, sur la consommation est également une dimension à interroger. Au XIXesiècle, il est dominé par l’idée que le système capitaliste, en recherchant la production de davantage de biens à moindre coût, repose sur l’exploitation des travailleurs et pressure leurs salaires. La consommation de masse est alors condamnée, au motif qu’elle dégrade les conditions de travail des ouvriers ou alors parce qu’elle endort leurs aspirations révolutionnaires en les « embourgeoisant ». La revendication du « salaire pour vivre » ou du « pouvoir d’achat » émerge peu à peu, signe d’un tournant majeur dans la conception de la valeur du travail. Les revendications sur la rémunération se fondent alors de plus en plus sur la quantité de biens qu’il est possible d’acheter, et de moins en moins dans la mesure et la qualité du travail fourni.

On pourra également se demander s’il est possible – et heuristique – d’analyser les mobilisations de consommateurs avec les outils de l’histoire et de la sociologie du travail. Des travaux sur la « politisation de la consommation », en France (Trentmann, 2008 ; Hilton, 2003) ou en France (Chatriot, Chessel, Hilton, 2005) ont ouvert la voie à de telles interrogations. Ces études se sont penchées sur des formes de mobilisations de consommateur, mais qui concernent au premier chef le monde du travail, comme les coopératives de consommation (Furlough, 1991) ou encore les phénomènes de boycott et des listes blanches (Vincent, 2005). Le potentiel révolutionnaire ou insurrectionnel de ces mouvements (Stovall, 2012) est également une question qui rejoint celle de l’histoire du mouvement ouvrier. D’ailleurs ces mobilisations de consommateurs et de consommatrices peuvent tisser des liens originaux avec le monde ouvrier, comme dans le cas de la Ligue Sociale d’Acheteurs, où des femmes de la bourgeoisie luttent par la consommation, pour améliorer les conditions de travail des ouvrières (Chessel, 2012). Aujourd’hui, des associations d’usagers des transports ont vocation de donner la parole à celles et ceux qui sont obligé(e)s de faire un trajet quotidien pour se rendre à leur travail (cette double identité de travailleur/euse et consommateur/trice se résumant parfaitement en anglais dans le mot ‘commuter’). Enfin, on pourra se demander si les luttes collectives de salariées font plus de place que celles des hommes aux questions de consommation.

Modalités de soumission

Les propositions de communication d’une page maximum sont à envoyer avant le 30 novembre à l’adresse suivante :travailetconsommation@gmail.com. Un retour sur les propositions sera effectué avant le 17 décembre.

Bibliographie

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Organisation

Anaïs Albert (historienne, Centre d’histoire du XIXe, Université Paris 1) ; Amélie Beaumont (sociologue et politiste, CESSP/Cresppa-CSU, Université Paris 1); Jackie Clarke (historienne, School of Modern Languages and Cultures, University of Glasgow); Fanny Gallot (historienne, CRHEC, UPEC-ESPE)

Action financée par la Région Ile-de-France, le CRHEC et le Cresppa-CSU

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