Telle est bien ce qui marque la gestion de la crise pandémique par les autorités de santé, y compris les médecins et chercheurs embarqués dans une spirale dirigiste qui méconnait les principes de la Santé selon la définition de l’OMS, notamment en France et par les grandes revues scientifiques dont The Lancet. Voilà pourquoi notre modeste revue entend s’intéresser à la Responsabilité dans ce numéro double de l’été 2020.
La responsabilité est d’abord, personnelle et donc incessible. Elle est le fruit même de la Liberté et du discernement à l’exercer qui va jusqu’au droit de « résister à l’oppression », le quatrième de nos droits naturels depuis 1789[1], c’est-à-dire de ne pas exécuter un ordre injuste et de s’opposer même à la loi… De ce droit personnel découle bien entendu celui de l’exercice du pouvoir. C’est cette thématique qui s’illustre dans un cahier central que le Professeur Medhi Nekhili et Eric Bidet de l’université du Mans ont intitulé : « Gouvernance responsable ». « Ce que nous apprend la finance », en deux articles achève et renforce notre réflexion entamée par le premier dossier consacré aux « Organisations responsables ». En cette période où la crise économique, découlant de la pandémie, sévit, qu’il me soit permis de citer juste le premier article « consacré aux accords de Ruptures Conventionnelles Collectives ». Il allie les sciences juridiques et de gestion. Il illustre notre souci constant de ne pas nous limiter à la « gestion gestionnaire », mais de la confronter, comme cela se fait dans les entreprises, aux réalités des circonstances. Notre riche et internationale équipe d’évaluateurs a seule permis cette complémentarité des disciplines qui nous rappelle combien notre revue est estimée par les décideurs eux-mêmes[2]. C’est finalement cette renommée-là qui nous importe et nous évite comme Cyrano « d’avoir son encensoir, toujours… »
_________
1. Article 2 de la Déclarations des Droits de l’Homme et du Citoyen, 26 août 1789
2. Etude FNEGE 2016 “L’impact de la recherche en management”
Merci à nos relecteurs, réviseurs et correcteurs ! ou Comment fonctionnons-nous
par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG
La crise mondiale a frappé notre publication comme tout le reste de la presse ou de l’économie.
Certes beaucoup de relations se font par Internet et le confinement qui frappait nombre de nos collègues et confrères comme nous-mêmes, n’entravait pourtant pas les liaisons, objectera-t-on !
En effet, mais notre revue contre vents et marées depuis 1965,
pense que la recherche en gestion n’est pas le monopole des anglo-américains,
refuse les contributions, qu’acceptent pourtant des revues encore francophones et souvent mieux « rankées « que nous, qui ne sont que de mauvais « remakes » souvent mal traduits d’ailleurs de pensées américanisées,
favorise les jeunes auteurs et les auteurs aux cultures et pratiques différentes du « main stream », et de ce fait a permis de faire émerger nombre de respectables « professeurs »,
ne publie pas les articles d’un soir mais une réflexion rigoureuse et durable,
a tenu, durant cette crise à ne pas modifier sa rigueur unique et son fonctionnement international.
En effet, rappelons-le : toutes les propositions qui nous sont adressées, sont analysées par TROIS évaluateurs dont au moins, un n’est pas hexagonal.
Après les différents échanges entre auteur(s) et évaluateurs, le texte définitif est ensuite adressé à DEUX RELECTEURS pour :
la langue,
l’orthographe,
la vérification de toutes les sources et références bibliographiques contenues par chaque article.
Je mets au défi les évaluateurs, rankeurs, classeurs de revues de trouver une telle rigueur ailleurs !
En effet, ami lecteur, cadre d’entreprise, chercheur, universitaire, étudiant, nous pensons que « tu » mérites le mieux !
Permettez-moi alors tous simplement de dire merci à tous ceux qui interviennent aux différentes étapes de ce processus (souvent trouvé long par nos auteurs) qui aboutit à la publication d’un numéro de cette revue qui, depuis 1965, souhaite promouvoir recherche et pratiques dans toute ce qui est le champ des sciences de gestion en toute liberté et honnêteté intellectuelle !
L’incompétence est-elle seulement le fruit de l’idéologie ? Kakistocratie, cleptocratie et cacocratie
par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG
Dans un article de 1953, Karl Loewenstein défendait la thèse que « toute idéologie doit pour se réaliser en tant qu’action politique et sociale, créer et utiliser des institutions et des techniques adaptées à ses principes[1]. Staline dirigeait alors l’empire soviétique et il faut bien reconnaître que l’idéologie était sans nul doute le fruit « des actions-non logiques », comme Pareto le prétendait.
L’apparente disparition, du moins en Europe, de la terreur qu’inspirait le communisme, a fait croire à nombre de nos contemporains que nous sortions de l’« âge idéologique » pour entrer dans un monde sans histoire où la rationalité du système de production capitaliste serait contrôlée par ce nouveau dieu qu’est le marché.
Il s’agit là d’une nouvelle croyance propagée par un cercle d’initiés, formés aux mêmes sources, et se prenant pour une élite mondialisée. Elle a pour fondement la croyance en « l’intérêt du consommateur » comme valeur suprême. Ni le travailleur, cher au modèle socialo-communiste, ni le pauvre, éminent parmi tous, dans la foi catholique, ni le citoyen, valeur suprême de la république, ne pouvaient désormais servir de référence à cette toute-puissance, au sens psychanalytique, qu’est l’acte d’acheter.
La sécularisation de l’Europe principalement, a favorisé la « réceptivité » de cette nouvelle religion qui, en conditionnant les masses, après avoir conquis les dirigeants, l’emporte désormais en vidant l’Occident de son passé religieux.
C’est justement parce que la religion ne va plus de soi que se dressent les conflits qu’on observe un peu partout, et en France un peu plus que partout. Même les entreprises y sont confrontées ! Notre revue dans son numéro précédent a traité fort justement de ce sujet grâce à deux articles de fond[2].
Ce n’est toutefois pas cet aspect que nous entendons ici, rapidement mettre en avant. C’est plutôt celui qui, a contrario du talent que requiert l’entrepreneur, place la caste politico-affairiste à la tête interchangeable des grands postes de gouvernement comme des grandes entreprises.
Le fait d’avoir fait croire à l’ensemble de la planète qu’une seule voix désormais menait le monde, est une idéologie qui génère tout autant de serviteurs zélés et incompétents que l’on trouvait jadis à la tête des organisations du Gosplan. Cette foi des croyants en absolu indiscutable et indépassable a été, nous l’avons dit maintes fois, théorisé si l’on ose accoler ce noble mot à cet « archevêque de la pensée unique[3] qu’est Alain Minc. Ce promoteur du « cercle de la raison » semble avoir triomphé. Depuis 2012, l’establishment de « gauche raisonnable et de droite raisonnable », pour reprendre ici, les propos de l’inénarrable, lecteur de « Zadig & Voltaire » qu’est l’ancien député et ancien ministre sarkozyste devenu macroniste, Fréderic Lefebvre, en est convaincu !
Cette bourde culturelle, peut-être malencontreuse, illustre pourtant bien ce qui nous semble être la véritable caractéristique de ces gens du « nouveau monde ». lls croient dur comme fer, qu’ils vont réformer, un verbe transitif qu’ils transforment en absolu, avec les recettes éculées du libéralisme des xviiie et xixe siècles, que leur ignorance du passé, leur fait prendre pour nouvelles. Le film de Terrence Malick, Le Nouveau Monde, sorti en 2006, contient déjà toute la désillusion de ce qui est alors une rencontre entre « la civilisation » et la nature. C’est le viol des sanctuaires, le vol du territoire et la destruction des pratiques qui concluent cette confrontation. Par-delà l’aspect symbolique, ce film se révèle prémonitoire de ce qui se vit aujourd’hui. Ce n’est bien sûr pas la représentation des Indiens de l’empire brisé de Powhatan en Amérique au moment de sa conquête par les Européens qui est en jeu désormais, mais la vieille Europe. C’est le retour d’une idéologie, dominante outre-Atlantique, assimilée comme credo, par notre caste inculte et prête à tout « larguer » pour apparaître, comme jadis le père du « libéralisme avancé »[4] : « moderne » !
Mais cette caste est aussi souvent, très étatique, ce qui n’est pas le moindre de ses paradoxes. Le financier Charles Gave qui préside aux destinées de « l’Institut des Libertés » qu’il a créé dénonce cette palinodie. Plus sérieusement, Sebastián Pérez Sepúlveda défend l’idée que le niveau de précarité du travail ainsi que son invisibilité comme objet de la critique collective, au Chili, premier pays à avoir appliqué sous Pinochet, les effets du monétarisme friedmanien par l’action des « Chicago boys », correspondent à un désarmement radical des sens normatifs associés au travail [5]. C’est ce à quoi nous avons assisté ces dernières années lors des coups de boutoir donnés contre la protection sociale et le Code du travail. C’est ce à quoi nous avons assisté par les débuts de l’étatisation de la sécurité sociale lors des ordonnances Juppé de 1995. Son successeur idéologique à Matignon s’emploie à soviétiser le chômage (ASSEDIC) et les retraites avec la même volonté destructrice du vieux monde que ses devanciers bolcheviques, tant leur conception du néo-libéralisme marie si bien Lénine et Elstine : violences et accaparement !
Les effets, comme au Chili d’ailleurs, sont favorables aux Grandes firmes et n’apportent à peu près aucun avantage au véritable tissu économique et de l’emploi que constituent les PME et TPE qui assurent 95% des embauches.
C’est ce que l’on pourrait appeler la « cleptocratie » où, le copinage de formation et l’interchangeabilité des carrières, font qu’en gouvernant, on favorise, par le vol des deniers publics, les entreprises des copains de promotion, allés « pantoufler », et qui se montreront accueillants, lors des changements de pouvoir. Il est intéressant de voir que la Cour des comptes, constate qu’en 2018, un tiers seulement des élèves sortant de Polytechnique, choisissent la fonction d’État, alors qu’ils ont été rémunérés pendant toutes leurs études par ce même État ! Petite cleptocratie… encore que, ce sont bien les mêmes qui dirigeront nos grands Corps d’État et les grandes entreprises : Certains, comme Erwan Le Noan, parlent alors de relations incestueuses et de « capitalisme de copinage »[6] !
Mais cette cleptocratie qui n’a pas empêché, un Richelieu ou un Mazarin d’être de très grands ministres pour la France, se double désormais du règne des médiocres : la Kakistocratie est une nuance certaine de la cacocratie (Kakocratie), ce cinquième système socio-technico-économique qu’André Maïsseu voit se développer sous nos yeux. Il y voit la confiscation des pouvoirs du peuple par les représentants de la démocratie représentative voulue par Siéyès, ce gouvernement des plus mauvais au détriment de la démocratie directe telle qu’appliquée en Suisse[7] !
La kakistocratie correspond bien à ce que nous constatons, du moins en France. La caste dirigeante formée pour l’essentiel dans les mêmes écoles, dites « Grandes », est bien une sorte d’aristocratie inversée. L’ampleur du phénomène touche toutes les grandes administrations de l’État comme des régions ou des départements. Brigue, ou pour le dire plus communément, copinage, préside aux nominations. Point n’est besoin de connaître le système de santé, pour se trouver à la tête de la plus grande agence de santé du pays, tout comme il n’est pas nécessaire d’avoir jamais enseigné pour se trouver, grâce à un corps électoral irrégulièrement constitué, élu président d’une université. De toutes manières, les juges administratifs qui auraient à examiner la chose, sont issus des mêmes origines endogamiques et font carrière dans les mêmes réseaux !
Ce n’est pas pour rien que de petits chefs d’entreprise se sont retrouvés aux côtés d’authentiques ouvriers, de chômeurs en fin de droit ou de retraités appauvris à partir de novembre 2018, sur des ronds-points, avec des gilets jaunes. Cette désespérance d’une partie des populations résulte directement de ce mirage qu’est cette religion de la consommation qui s’enfonce dans une financiarisation incontrôlable des rapports économiques et sociaux. Cette absence de repère se double des scandales connus, et parfois supposés, d’une caste dirigeante qui oscille entre la cleptocratie et la kakistocratie. Cette idéologie néolibérale a vidé le débat démocratique et intellectuel de tout contenu au nom de la vérité indépassable du « main stream » qui refuse toute alternative. Cette « seule voie possible » crée elle-même les angoisses et les rejets dès que le déclassement économique et social, du fait des inégalités croissantes, montre aux populations l’inanité de son efficacité et de ses promesses d’une consommation sans fin !
Loin de cette « société des individus »[8] au narcissisme mortifère, s’il faut vraiment parler d’une seule voie possible, retenons celle que Kofin Annam proposait au monde, celle « qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat, où toutes les forces sociales – les États, le secteur privé, les institutions de savoir et de recherche, et la société civile sous toutes ses formes – conjuguent leurs efforts en vue d’atteindre des objectifs concrets et réalisables. »[9]
On pourra objecter que l’on est loin des problèmes qu’une revue de gestion doit traiter et à coup sûr, on aura tort. Comme Térence, nous faisons nôtre cette sentence qu’étant hommes, « rien de ce qui est humain ne nous est étranger ! » et que c’est l’oubli de cette vérité qui est la cause de bien des problèmes économiques et sociaux qui concernent au premier chef les gestionnaires.
C’est dans cet esprit qu’a été organisé ce numéro autour de ces quatre dossiers :
L’entrepreneur, un métier ou des pratiques ?
Le changement : un moyen de survie ?
La RSE et l’Éthique !
Digitalisation : clef de la performance ?
[1] Les systèmes, les idéologies, les institutions politiques et le problème de leur diffusion. Revue française de science politique Année 1953 3-4 pp. 677-698
[2] Olivier Guillet et Martine Brasseur, « Le comportement des managers face au fait religieux. Apports de la théorie du comportement planifié », pp11-18, La Revue des Sciences de Gestion, n°297, mai-août 2019, Hugo Gaillard et Thierry Jolivet, « L’entreprise émancipatrice. Dépasser la « régulation » du fait religieux au travail par le disputatio, » pp. 89-102, La Revue des Sciences de Gestion, n°297, mai-août 2019
[4] Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981
[5] Pérez Sepúlveda, S. (2019) « La précarité du travail à l’ère du néo-libéralisme avancé », Emulations – Revue de sciences sociales, 0 (28), p. 63-77. doi : 10.14428/emulations.028.05.
[6] Erwan Le Noan, « Mettre fin aux relations incestueuses entre Medef et Etat », l’Opinion, 1er juillet 2008.
[7] André Maîsseu, (2019), De la féodalité à la cacocratie – Tome 1 : Le Paradigme Médiéval, les éditions Persée, 574 pages.
[8] Norbert Elias (1991), La Société des individus, Fayard, 301 pages[9] Kofi Annan, Discours à l’Assemblée générale de l’ONU, 24 septembre 2001.
A l’occasion de la journée internationale pour la défense des libertés académiques, le SNESUP-FSU organise un colloque à l’ENS site JOURDAN, le samedi 8 février 2020 de 14h à 17h, au 48 boulevard Jourdan, Paris XIVe.
Au programme des interventions et des témoignages à propos : – des attaques contre les libertés académiques dans le monde, avec un focus sur la Turquie et un autre sur l’Europe et la France ; – du développement du néolibéralisme au niveau international et de ses attaques contre les libertés académiques, sous la formes de l’autoritarisme étatique, de la mise en concurrence et de la focalisation sur l’innovation marchande ; – des mobilisations pour la défense des libertés académiques et de la coopération syndicale internationale sur ce sujet.
Dans une intervention publique dans un colloque à Arras en 2006, reprise par une publication en 2007[1], je m’exprimais ainsi : « Il convient donc que dans les pays libres, la profession s’organise et se légitime par un ensemble de principes dits éthiques et de règles dites déontologiques valables pour toutes les familles de médias. Ces principes et règles constituent des repères de l’exercice responsable de la liberté d’informer dans une société où, tant du côté des pouvoirs publics que de la justice, persiste une vieille tendance, héritée du passé mais toujours prête à resurgir, à instrumentaliser la Presse ou à limiter la liberté des journalistes et à préserver leurs sources.
Pour ce faire, il sous semble
qu’il faut concilier le contrôle de la déontologie et des informations grâce à
des observatoires indépendants[2]
et, et cela est parfaitement complémentaire, comme le disait l’un des plus
grands professionnels de l’information, Jean Miot[3],
mettre en place « la labellisation de l’information (qui) permettra
(seule) de sauver le métier d’informer »[4] !
C’est dire, si notre revue s’est associée à cet « Austerlitz » pour la déontologie de la presse en France, ce 2 décembre 2019, qu’est la création d’un Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM).
Bien entendu, les résistances sont nombreuses et parfois inattendues de la part de personnalités ou d’organes dont on pouvait penser qu’elles avaient le souci de la liberté de la presse qui s’assortit toujours de l’indépendance que donne un organisme paritaire par rapport à toute autre structure, y compris la Justice. L’histoire nous enseigne que cette dernière suit souvent plus la mode ou les pouvoirs que le droit à la liberté.
Il y
a ceux qui veulent croire à l’organisation autonome de la profession et les
tenants d’un immobilisme du quant à soi. Même si quelques impulsions sont
venues de l’actuel gouvernement français, nous pensons préférable de choisir,
dans l’esprit de 1945, une structure paritaire librement consentie que le
carcan toujours insupportable des interventions étatiques.
Se cacher derrière la formule : « Ce sont les lecteurs qui jugent les journalistes, pas les journalistes qui se jugent entre eux.[5] » est oublié que selon le rapport du Reuters Institute[6], 24% de nos concitoyens font confiance aux médias… donc de moins en moins de lecteurs …
Invoquer « une norme artificielle de déontologie », est tout simplement nier toute valeur à une affirmation de principes de Droits et d’éthique ce qui est un non-sens grave en démocratie. Il y a bien une déontologie professionnelle, indépendante de celui à qui elle est adressée. Le nier est aussi stupide que de prétendre que seule l’appréciation du malade vaut pour l’éthique ou la déontologie médicales par exemple.
La presse et les médias renforceront leur liberté et leur crédibilité en concourant à participer à cette construction collective et paritaire qu’est le Conseil de déontologie journalistique et de médiation. La RSG en est un membre fondateur au titre des éditeurs de presse et à sa place et avec toutes les parties prenantes souhaite un plein succès à cette initiative que nous appelions de nos vœux déjà, il y a plus de 10 ans.
Philippe NASZALYI
[1]. Philippe Naszalyi, 2007. « La gestion de l’information en cas de crise la responsabilité des médias (Information management in a situation of crisis the responsability of media), » Working Papers 150, Laboratoire de Recherche sur l’Industrie et l’Innovation. ULCO / Research Unit on Industry and Innovation. https://ideas.repec.org/p/rii/riidoc/150.html
[2]. On citera parmi les observatoires qui se sont mis en place pour vérifier et dénoncer les dérives d’information en France : Acrimed,http://www.acrimed.org/ ou l’Observatoire français des Médias, http://www.observatoire-medias.info/ ou Media ratings : http://www.m-r.fr/accueil.php
[3]. Jean Miot (1939-2017) Directeur du Figaro
(1979-1980), Président de l’Asssociation Presse-Enseignement, Président de la
FNPF, Directeur de l’AFP….
[4]. Jean Miot, « La déontologie du
Net », in La gazette de la presse francophone, N°124, octobre-novembre
2005, page 4. Jean Miot a été, notamment : directeur du Figaro, de
l’Agence France Presse (AFP), de la Fédération Nationale de la Presse française
(FNPF) et de l’Association Presse Enseignement (APE) …
Depuis 2005, grâce à Yves Soulabail, notre société d’édition avait mis en place un site que connaissent tous ceux pour qui la recherche et les informations en sciences de gestion veut dire quelque chose dans l’espace académique et des entreprises francophone.
Notre
rédaction a décidé en juin de passer une étape et de faire de ce site une
publication à part entière aux côtés de la revue papier qui elle, existe depuis
1965, 54 ans.
En
France, pour bénéficier du régime de la presse, il faut que la CPPAP, une
instance composée à parité de représentants de l’administration de l’État et de
professionnels de la presse, reconnaisse au demandeur « la qualité la
qualité de service de presse en ligne (SPEL) »[1].
Appuyés
sur les conseils de notre Fédération de presse (FNPS) nous avons déposé un
dossier et La RSG.fr a été agréé le 4
juillet 2019…
Comme « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », selon la formule célèbre de la pièce « Bruis et Palaprat » de Charles-Guillaume Etienne[2], il nous semble important de présenter rapidement LaRSG.fr, car cette reconnaissance ne constitue que les prémisses d’un projet éditorial d’une plus grande envergure et sur lequel désormais nous travaillons. Nous y associerons toutes les bonnes volontés.
LaRSG.fr est née de cette
idée de partir d’une revue académique et internationalement reconnue de
recherche, pour présenter une information destinée à un public plus diversifié
et plus vaste. En effet, on le voit tous les jours « Tout se gère »[3].
C’est cette réalité profonde et ancienne qui a constitué l’idée que,
par-delà les limites socio-culturelles et sémantiques, le terme
« gestion », concerne bien toutes les actions de l’information dans
une société économique développée. On gère certes les entreprises, mais aussi
les associations, les administrations, les collectivités territoriales et même
l’Etat (et souvent très mal d’ailleurs) … On voit fleurir partout des masters
de gestion des activités sportives, des activités culturelles, de la santé …
En en mot, la gestion concerne bien la politique, la société en général.
On fait de la gestion comme M. Jourdain faisait de la prose.
LaRSG.fr, est déjà un site qui totalise 2 369 textes en accès gratuit, ainsi que deux années d’articles téléchargeables de la revue, bien entendu payants et sous format PDF, en dehors des éditoriaux de la publication qui sont en accès libre.
LaRSG.fr à la mesure des
moyens qui sont les siens souhaite étendre son rôle pour devenir une, voire la
passerelle c’est-à-dire ce passage entre un monde de la gestion (enseignement
comme entrepreneurial) et des activités dans toutes les domaines :
diffuser de manière large dans tous les champs de la société pour informer et
distraire, mais aussi pour contribuer à faire prendre en compte des réalités et
forger un esprit critique et citoyen sur des problèmes généralement laissés aux
spécialistes ou ignorés du plus grand nombre.
Une source
d’innovations pour que la pensée francophone de management !
C’est ce vaste chantier qui va occuper la rédaction élargie durant les mois qui viennent. Il fait de notre revue qui est déjà pratiquement la seule à être une publication répondant aux normes et aux exigences de la presse, une source d’innovations pour que la pensée francophone de management ne soit pas enfermée dans les combines de copinages que sont les pseudo classements qui ont paru eux-aussi cet été. On reviendra dans un numéro prochain sur celui de Shanghai.
Depuis des années, ces manœuvres lilliputiennes, « je crée une « association de recherche », qui imprime une revue et je deviens de cette sorte membre d’un comité Théodule qui attribue un classement aux revues » sont la pratique du classement des revues de gestion en France. C’est la magnifique ritournelle enfantine, « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».
Notre revue n’appartient pas à ce petit cénacle de l’entre soi et ne
grouillotte donc pas pour s’y faire reconnaître.
Elle avance des arguments sérieux : une triple évaluation des
articles, puis s’ils sont acceptés une double relecture pour vérifier toutes
les sources bibliographiques. Aucune autre revue n’a ce degré de qualité. Notre
revue est reconnue par la Commission paritaire des publications, aucune des
autres revues ne l’est. Est-il utile de conclure sur ces classements et leur
légitimité ?
Déjà pratiqué par nombre de « comités de sélection », ces pratiques incestueuses ont été dénoncée par nombre d’entre nous sans que la puissance publique qui pourtant sait mettre en place des instances de régulation à la hauteur, la CPPAP que nous citions plus haut en est un exemple, ne s’en émeuvent.
C’est sans doute que dans l’esprit d’une partie de la caste aux affaires,
la publication en français n’est pas digne d’intérêt.
Contre cette nouvelle « trahison des clercs », nous prétendons que penser et publier dans la 3e langue la plus parlée au monde, n’est en rien dépassé.
Robert Aron, journaliste et chercheur, disait qu’ « il n’y aura jamais de repos sur la terre pour les hommes de bonne volonté ![4] »
La 8e école d’été d’histoire économique se réunira à Suse, en Italie (province de Turnin les 26, 27 et 28 août 2019. Les séances auront lieu à l’Archivio Diocesano à partir de 9h00 le lundi 26 août. La thématique retenue cette année est : « Entreprendre dans les économies medievales et modernes. innover, risquer, organiser ».
Affiche du colloque
La 8e école d’été d’histoire économique se réunira à Suse
(Piémont, Italie) les 26, 27 et 28 août 2019. La thématique retenue cette
année, « Entreprendre dans les économies médiévales et modernes : innover,
risquer, organiser », insistera sur la liaison entre les innovations
techniques et l’action économique. Entreprendre signifie en effet agir sur le
réel et, à cette fin, implique de mobiliser des compétences, des savoirs, des
techniques et de les mettre à la preuve de la vie économique.
Ce thème, « Entreprendre dans les économies médiévales et modernes :
innover, risquer, organiser », permettra de poursuivre et d’approfondir
celles qui ont été développées les années précédentes (la valeur des choses, la
pauvreté, les biens communs, les moyens de paiement, la qualité, l’organisation
du travail, les écritures de l’économie[1][1]
Institutions partenaires
L’école d’été d’histoire économique rassemblera des chercheurs, des
enseignants-chercheurs, des chercheurs postdoctoraux, et des doctorants de
toutes nationalités. Les institutions partenaires sont l’Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne, l’Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès, l’EPHE, les
Archives Nationales (Paris) et le CNRS. Les laboratoires impliqués sont les
suivants : LAMOP (UMR 8589, Paris 1/CNRS), FRAMESPA (UMR 5136, Toulouse
2/CNRS), SAPRAT (EA 4116 EPHE), IDHES (UMR 8533 Paris 1/CNRS). La manifestation
reçoit également l’appui financier du LabEx HASTEC (Histoire et Anthropologie
des Savoirs, des Techniques et des Croyances) et se déroulera sous le patronage
de l’Association Française d’Histoire économique (AFHé).
La nature du thème implique, outre la mobilisation d’historiens médiévistes
et modernistes, la présence d’économistes et de sociologues spécialisés dans
l’étude de la vie économique. La méthode proposée est de faire présenter une
série d’exposés par des spécialistes et de les mettre en débat. Le but
poursuivi est d’approfondir nos connaissances et nos réflexions sur ces
matières et de permettre à des doctorants ou à des postdoctorants de s’associer
à ces travaux par une participation active. La partition des
doctorants/postdoctorants prendra la forme d’exposés sur leurs propres travaux
et de prises de paroles dans le débat suivant les interventions.
Thématique de la session
2019
Entreprendre dans les économies medievales
et modernes
innover, risquer, organiser
Entreprendre ne peut se concevoir sans un arrière-plan de compétences et de
techniques. Le Moyen Âge a beaucoup entrepris et su innover. Si le secteur
agraire a longtemps connu une sorte de stase technologique, il a cependant
toujours eu à sa disposition les moyens matériels et organisationnels de sa
croissance et a pu par conséquent mener des entreprises de plus ou moins grande
taille qui ont assuré l’augmentation globale de la production et de la
richesse. La question de la mobilisation du stock technique disponible a permis
aux agents de multiplier les constructions d’infrastructures de toute taille,
souvent d’importance vitale. Édifier un moulin suppose, par exemple, de
maîtriser les problèmes du foncier, ceux de l’hydraulique, ainsi que la
métallurgie nécessaire à la mise en place et à l’entretien des engrenages.
L’opération, au total, n’est pas compliquée, mais elle est complexe dans le
détail de sa réalisation. Elle suppose aussi que des risques soient assumés.
Risque du crédit souvent nécessaire à la réalisation d’infrastructures même de
petite taille. Risque aussi de la perte, si l’affaire n’est pas bien menée ou
pensée.
D’autres opérations supposent également de savoir mobiliser et risquer pour
réussir. Les opérations de peuplement, par exemple, entraînent des prises de
risque financier souvent considérable, même durant le haut Moyen Âge. Il faut
souvent procéder à des emprunts sur gage foncier pour couvrir l’investissement
que constitue l’ouverture d’un nouveau terroir, la construction des habitations
paysannes et des fortifications nécessaires à leur mise en sûreté et à
l’affirmation du pouvoir seigneurial. L’entreprise de peuplement amène les
seigneurs, d’autre part, à user de leur prestige pour convaincre ou de leur
force pour contraindre : les conditions concrètes des déplacements de
population, même sur de courtes distances sont, elles aussi parfois
compliquées. Si l’entreprise agraire médiévale passe par l’utilisation des
instruments de domination et de pouvoir que sont les seigneuries, elles ne
s’affranchissent cependant pas des règles qui amènent ou non à la réussite
d’une opération et l’incompétence du seigneur autant que les difficultés
matérielles peuvent être cause d’échecs et de matérialisation des risques. Les
défrichements organisés selon des opérations de grand style peuvent être
abandonnés. Les villages de fondation ne pas connaître l’expansion que les
seigneurs espéraient. Dans ces domaines, au demeurant, les actions
individuelles, souvent subreptices, font de la prise d’initiative individuelle
un facteur de changement économique et favorisent l’accroissement de la
production.
Le monde artisanal, de son côté, connaît une organisation structurée qui ne
se limite pas à l’encadrement juridique, moral et religieux que proposent les
corporations. Les ateliers sont de véritables entreprises dont la logique
économique peut être retracée. Le monde de la métallurgie a ainsi fait l’objet
ces dernières années d’enquêtes novatrices qui montrent quelles sont les
logiques à l’œuvre en matière d’organisation du travail et en matière
d’utilisation des innovations. Les moulines du xve
siècle, qui combinent un dispositif de soufflerie et un moulin à battre sont,
en Catalogne, un très bel exemple de ce qu’est une entreprise de la fin du
Moyen Âge et du début de l’époque moderne : un instrument de production,
identifié par le nom de son propriétaire et la qualité de ses produits. Les
dépouillements systématiques des registres de notaires ont permis, de plus, de
cerner assez précisément les identités sociales des agents, montrant que les
propriétaires de moulines avaient parfois une formation intellectuelle non
négligeable (l’un d’eux était apothicaire) et qu’ils maîtrisaient parfaitement
aussi, depuis, leurs villages, les circuits financiers, de même que les
techniques de maniement de l’argent, nécessaires à leur activité.
Entreprendre, dans ces cas, signifie élaborer des objets identifiables par
leurs propriétés et dont la valorisation se fait aisément. Les ateliers
proposent, en fonction des savoir-faire et de la nature des minerais des
produits de qualité différente. Il a fallu pour cela raffiner des procédés de
fabrication déjà sophistiqués afin de parvenir à fabriquer les objets demandés
par un marché exigeant, mais surtout segmenté et éclaté en fonction des besoins
spécifiques de chaque activité ou de chaque localité. La petite taille des
unités de production dont chacune correspond peu ou prou à une entreprise
correspond à l’état de ce marché. Des remarques analogues peuvent être faites pour
le textile médiéval, ou pour toute autre branche d’activité devant allier des
compétences, des tours de main mais aussi des capitaux et des réseaux.
Entreprendre, dans ces conditions, c’est mettre en valeur tous ces éléments.
Cela implique aussi la mobilisation des réseaux familiaux et clientélaires,
l’échange, né et développé autour des produits, échappant souvent aux règles du
marché mais recoupant aussi des préoccupations non directement économiques.
Entreprendre, c’est aussi organiser des activités à grande échelle. Le
commerce à longue distance est ainsi le vecteur d’innovations techniques de
première importance. Son activité repose sur les progrès de la navigation et
donc sur les modifications intervenues dans la construction navale. Elle repose
aussi sur la mobilisation de formes juridiques particulières, celles des
associations commerciales qui vont des ententes les plus simples, comme celles
de la commenda, aux formes les plus
sophistiquées qui organisent la vie des grandes compagnies, de leur formation à
leur dissolution. L’action de l’entrepreneur passe donc aussi par l’invention
et l’utilisation de formes juridiques qui permettent de rassembler des capitaux
afin de promouvoir une activité et de programmer la répartition des bénéfices
ainsi que le partage des risques qui, au Moyen Âge, sont considérables. Des
formes documentaires neuves apparaissent et se perfectionnent autour de ces
activités, et en particulier les comptabilités, qu’elles soient strictement
analytiques ou qu’elles reposent sur une capacité mathématique importante
commSTLS e le sont les comptabilités à partie double, apparues au xve siècle, sans que leur
usage soit jamais généralisé dans l’activité commerciale.
Ces entreprises sont désormais mieux connues grâce à l’attention portée aux
correspondances commerciales qui, à la fin du Moyen Âge et durant l’époque
moderne, documentent la matérialité même de la vie des bureaux comme elles
éclairent la nature et les modalités des échanges, les négociations qui ont
lieu autour des prix, les vérifications de poids des marchandises, l’estimation
des pertes et des coulages, bref tout ce qui fait le quotidien de la vie
commerçante. Les grandes firmes internationales, comme celle de Francesco di
Marco Datini, qui ont des représentants et des boutiques dans tout le bassin
méditerranéen, tiennent par la multiplication des courriers. Cela suppose un
personnel compétent, toujours à la recherche d’informations de toute nature,
susceptibles de guider les choix du patron qu’est Datini ou de rendre compte ou
d’expliquer ceux effectués par les facteurs répartis dans un très vaste espace.
Le réseau de correspondance qui naît et se développe alors, d’une densité tout
à fait remarquable, est une nouveauté : il mobilise des formes d’écriture
particulières et inaugure une communication éloignée des formes documentaires
très sophistiquées des correspondances officielles, qu’elles relèvent de l’État
ou de l’Église. Elles donnent à voir un monde grouillant, dont la novellistique
italienne du xive
siècle, qu’il s’agisse des textes de Boccace ou de ceux Sercambi, a donné un
aperçu extraordinaire. Le monde de l’entreprise commerciale et le monde de la
haute culture ou celui des humanistes sont en rapport l’un avec l’autre et ce
rapport donne à l’action économique une saveur particulière propre à la fin du
Moyen Âge sans doute et aux débuts de l’époque moderne.
D’autres formes d’entreprise très spectaculaires requièrent des prodiges
d’organisation. Il en est ainsi du travail de la mine, spécialement en contexte
colonial à l’époque moderne. L’extraction de l’argent du Potosi, par exemple,
et son transport jusqu’en Espagne entraînent une activité matérielle
considérable, la construction d’une infrastructure, le recours au travail forcé
des Indiens et l’organisation d’un transport toujours périlleux et de toute
façon délicat à mettre en œuvre. À une autre échelle, et avec des valeurs
moindres, l’économie de transhumance pose des problèmes de logistique
considérables. Elle pose également la question du rapport entre l’entreprise
privée qu’est l’élevage et le public, puisqu’il faut parcourir des distances
importantes et, pour cela, utiliser les routes et les chemins qui, eux,
relèvent d’une gestion publique. La question de l’affectation des espaces de
pâturage implique les autorités de l’État comme elle implique aussi les
communautés humaines auxquels ils appartiennent. La question de la réunion et
de la gestion des capitaux nécessaires à l’organisation du déplacement de
troupeaux de plusieurs milliers de têtes, qu’il s’agisse de moutons, de bovins
ou de chevaux n’est pas de facile résolution et fait passer l’élevage du stade
d’une économie largement informelle et ne nécessitant pas l’apport d’un capital
particulier à une économie d’entreprise mobilisant d’importants capitaux ainsi
que différents métiers, complémentaires les uns des autres et ayant besoin pour
exister d’un rapport stable à l’État, caractérisé par des droits d’usage sur
l’espace public et ses infrastructures et s’appuyant sur les biens communs
produits par l’État, à savoir la justice et la sécurité.
Enfin, entreprendre suppose aussi d’assumer le risque de l’échec. Celui-ci
se marque matériellement dans le territoire par l’abandon, celui de sites
d’habitat mal choisis ou celui de sites industriels lorsque cesse l’activité.
L’échec se marque aussi par la faillite, qui est l’un des problèmes de droit
commercial les plus importants et les plus complexes qui soient. La faillite
est également une question d’ordre politique et social, parce qu’elle est un
des modes de régulation de la vie économique et des conflits qui traversent les
élites sociales, comme dans la Florence du xive
siècle, où les faillites des grandes compagnies des Bardi et des Peruzzi
apparaissent comme éléments d’un système économique qui intègre la disparition
et la liquidation dans ses paramètres de fonctionnement. Le risque et la perte
font partie intégrante de la vie économique. Ce ne sont pas seulement des
accidents mais aussi des moments normaux, voire attendus dans des processus de
régulation.
Le fait d’entreprendre afin d’agir sur son environnement et de produire,
d’échanger et de transformer des biens, a une histoire. Celle-ci part des
actions individuelles, non formalisées, comme les défrichements subreptices
opérés aux dépens de la forêt seigneuriale, et culmine avec les grandes
institutions commerciales ou industrielles de la fin du Moyen Âge et de
l’époque moderne, qui sont, elles de véritables entreprises au sens où
l’entendent les économistes.
L’étude de cette évolution, qui oblige à multiplier les angles d’approche
et à considérer différents niveaux d’organisation et d’institutions comme elle
oblige aussi à considérer la capacité des sociétés anciennes à lier techniques,
innovations et prise de risques, a été puissamment renouvelée ces dernières
années à la fois par l’histoire des techniques mais aussi par celle des
entreprises comme du travail. C’est de ce renouvellement que nous voudrions
discuter lors de la 8e école d’été d’histoire économique.
C’est pourquoi nous envisageons une école d’été comportant six sessions de
leçons, entrecoupées d’études de cas présentées par les doctorants et
postdoctorants. D’autre part, la documentation produite par les entreprises
sera mise en valeur dans un atelier dirigé par deux conservateurs des Archives
Nationales afin que la question de la documentation et des sources puisse être
abordée.
1. L’historiographie
médiévale et moderne
2. Le point de vue des
économistes et des sociologues
3. Entreprendre :
figures et réseaux
4. Entreprendre :
investir, risquer, financer
5. Innover et organiser
une entreprise
6. Présentation de deux
fonds des Archives Nationales
La Revue des Sciences de Gestion, membre du SPIIL, adhère totalement au communiqué que vient de diffuser le Syndicat de la Presse Indépendante d’Information en Ligne. C’est un fait que les récentes déclarations de deux membres du gouvernement, la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le secrétaire d’État chargé du numérique Cédric O, alimentent de dangereuses confusions dans un débat public, par ailleurs légitime, sur la propagation de propos haineux, la diffusion massive de fausses nouvelles, les opérations d’influences étrangères destinées à peser sur des résultats électoraux, et l’un des fondements de la démocratie, à savoir la liberté de la presse.
SPIIL, le Syndicat de la Presse Indépendante d’Information en Ligne
Pour éviter les amalgames
Tous ces sujets sont certes liés au numérique, mais chacun d’eux relève de
logiques différentes, et mérite des réponses spécifiques. Le Syndicat de la
presse indépendante d’information en ligne (Spiil) estime que les amalgames
entretenus par le gouvernement montrent une méconnaissance grave des problèmes
soulevés, ce qui risque d’engendrer des évolutions législatives qui, in fine,
iront à l’encontre des principes démocratiques prétendument défendus.
Préservons la loi de 1881 sur la liberté de la presse
En associant étroitement l’injure et la diffamation dans son projet de réforme de la loi 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (Le Journal du Dimanche du 15 juin), la ministre de la Justice mélange deux concepts juridiques bien distincts. La diffamation s’appuie sur des données factuelles, alors que l’injure ne renferme l’imputation d’aucun fait.
Plus grave : dans la réalité numérique actuelle, l’injure et les
propos haineux sont essentiellement diffusés sur les réseaux sociaux, et dans
la très grande majorité des cas, de manière anonyme. Donc en toute impunité. La
diffamation, en revanche, est typiquement un délit de presse, intervenant dans
un cadre réglementé. Chaque organe de presse est légalement tenu de publier des
“mentions légales” comprenant une adresse physique, un hébergeur et un
directeur de publication qui est juridiquement responsable de toutes les
informations publiées sur son site.
De fait, les journaux sont très exceptionnellement condamnés pour injure,
mais peuvent l’être pour diffamation. En mettant en avant les propos injurieux
pour mieux faire sortir la diffamation du cadre de la loi de 1881, afin de
l’intégrer au droit commun, Mme Belloubet porte gravement atteinte au droit de
la presse, fondement de notre démocratie depuis… 138 ans.
Contre un Conseil de l’ordre des journalistes
En préconisant la création d’un Conseil de l’ordre des journalistes qui serait chargé de recommander au gouvernement de l’interdiction de tel ou tel organe de presse (Reuters du 25 juin), M. Cédric O s’engage sur une pente encore plus dangereuse. Le fait qu’il ait fait machine arrière le 27 juin sur France Culture en affirmant que ses propos n’engageaient que lui et non le gouvernement, ne change rien au fait qu’il s’agit bien de la position d’un ministre en exercice.
Cedric O ignore notamment qu’une instance officielle, la Commission
paritaires des publications et agences de presse (CPPAP), composée à égalité de
membres de l’administration et de représentants des organisations
professionnelles d’éditeurs, est chargée depuis 1945 d’attribuer l’agrément
“presse” aux publications qui répondent à un nombre de critères très
précis.
Il ignore également que l’ancien patron de l’AFP, Emmanuel Hoog, a remis au
gouvernement, au mois de mars, un rapport préconisant la création d’un Conseil
de déontologie des médias, qui serait une instance d’autorégulation de la
profession, de facto une autorité morale sans aucun pouvoir de coercition. À
l’opposé d’un Ordre qui, comme pour les avocats et les médecins, dispose d’un
pouvoir de sanction.
Un tel niveau d’ignorance se double d’un raisonnement confus et dangereux
préconisant de faire des journalistes des auxiliaires de police du
gouvernement, en leur demandant de dénoncer les médias qui « fragilisent la
démocratie », un concept pour le moins fourre-tout.
Pour une régulation des plateformes
Pour défendre sa position, Cédric O donne comme exemple le fait que les
chaînes russes RT et Sputnik sont mieux référencées sur YouTube que BFM ou
CNews. Et il estime que c’est aux journalistes d’y mettre fin ! Dans un
bel aveu d’impuissance, le secrétaire d’État chargé du numérique oublie avec
légèreté que YouTube n’est pas un organe de presse et que la régulation des
grandes plateformes relève de sa compétence.
Cédric O ne devrait donc pas se réfugier derrière la responsabilité des journalistes, mais s’interroger sur les meilleurs moyens d’obtenir de ces plateformes véhiculant haine, propagande, et injures, qu’elles assurent une certaine transparence quant à leurs algorithmes ainsi qu’une plus grande responsabilité juridique des contenus qu’elles diffusent.
Le Spiil ne conteste pas la nécessité d’un débat sur la nécessaire adaptation de la loi de 1881 à l’ère numérique, sur la création éventuelle d’un Conseil de déontologie de la presse, et sur l’obligation de réguler des plateformes dont la puissance de diffusion fait qu’elles devraient assumer une responsabilité juridique sur leurs contenus.
C’est pourquoi le Spiil fera prochainement des propositions concrètes. Il
apportera ses connaissances et son expertise de dix ans de défense de la
déontologie de la presse numérique à un débat complexe, soulevant des questions
inédites, mais qui ne peuvent souffrir d’approximations, de propos simplistes
ou encore d’injonctions contradictoires.
L’Institut français du Monde associatif, en création sous l’égide de la Fondation pour l’Université de Lyon, constitue son équipe et poursuit sa recherche à Lyon d’un(e) chargé(e) de mission pour lancer son activité de soutien financier et de valorisation des travaux de recherche sur le fait associatif. À la croisée des enjeux du monde associatif et des enjeux de recherche, le poste requiert capacités d’ingénierie, de communication et d’animation. Participer à la naissance de cette Institut constituera indéniablement un tremplin à la trajectoire professionnelle de cette nouvelle recrue.
Logo de ce nouvel Institut Français du Monde Associatif
Contexte
Dans le
cadre de la création sous son égide de l’Institut français du Monde associatif,
la Fondation Pour l’Université de Lyon (FPUL) procède au recrutement d’un(e)
Chargé(e) de missions en CDD.
Structure pour l’Institut Français du Monde Associatif
L’Institut
français du Monde associatif a l’ambition de promouvoir une meilleure
connaissance du monde associatif dans toute sa richesse comme une composante
essentielle de la civilisation universelle et comme un pilier de la démocratie.
La
mission de l’Institut est triple :
Inciter à la recherche et l’orienter sur des sujets d’intérêt Par la promotion du fait associatif comme un objet de connaissance, et par l’apport de financements dédiés, l’Institut français du monde associatif se donne comme objectif de créer une émulation auprès de jeunes chercheurs et doctorants et d’inciter à la publication de travaux sur les associations. Parmi les premières thématiques de recherche quatre ont été identifiées comme prioritaires : la création de valeur(s), la gouvernance, l’Europe et l’histoire.
Mettre à disposition les résultats de la recherche auprès du secteur Centre de ressources et de partage de l’information, en réseau avec les bases de données et centres de ressources existants en France et à l’étranger, l’Institut favorisera l’accès à un vivier de documentations et travaux de recherche. Ces travaux seront largement partagés, en ligne et lors d’événements, avec les chercheurs, mais aussi avec les associations, leurs organisations et leurs parties prenantes.
Lever des fonds pour appuyer et renforcer la recherche sur le monde associatif Par son statut de fondation, l’Institut développera une mission inédite et permanente de levée de fonds au profit de la recherche sur le secteur associatif à travers des approches interdisciplinaires.
Le
programme d’actions de l’Institut pour 2019 est le suivant : lancement
d’un 1er appel à candidatures exploratoire de recherche, mise en place de
groupes de travail sur 2 premières thématiques d’intérêt (histoire,
gouvernance), lancement d’un travail de recensement des écrits sur le fait
associatif, installation de notre gouvernance scientifique, articulations et
partenariats avec les grands réseaux et acteurs de la recherche en France et à
l’étranger.
L’Institut
est particulièrement attaché à ancrer sa mission dans ses environnements
académiques et associatifs, tant en France qu’à l’international. Figurent parmi
ses premiers soutiens et partenaires : la Fondation de France, la
Fondation Daniel & Nina Carasso, l’Institut Mérieux, l’Université Lyon III,
le Mouvement associatif, la Fonda et la Ville de Lyon.
Descriptif du poste
La création
du poste de Chargé(e) de mission sera une ressource fondamentale pour la
création de l’Institut français du Monde associatif et le lancement de ses
premières actions au bénéfice de la promotion de la connaissance de l’ensemble
du secteur associatif.
Sous
l’autorité globale du Délégué général de l’Institut français du Monde
associatif et du Directeur Général de la FPUL, le/la chargée de missions aura
pour mission de participer à la conception et à la réalisation de programmes de
soutiens à la recherche sur le fait associatif, de contribuer à l’élaboration
d’études et autres contenus et à la valorisation de ces contenus.
Contribuer
à la conception et à la mise en place des programmes de financement de
l’Institut
Contribuer
à la conception et à la diffusion des appels à projets, en lien avec les
instances de gouvernance.
Participer
à l’organisation de l’instruction et de la sélection des projets à financer.
Superviser
et s’assurer de la réalisation des engagements et des paiements des prix,
bourses et subventions accordés.
Organiser
le suivi et l’évaluation des projets soutenus.
Mettre
en oeuvre des actions de soutien et de mise en réseau des bénéficiaires.
Coordonner
la production de travaux et d’études sur le fait associatif
Assurer
une veille continue sur les travaux de recherche concernant les associations,
en France et à l’étranger.
Participer
au processus de sélection de prestataires (cahier des charges, appels d’offre)
et à la contractualisation de partenariats pour les études et leur diffusion.
Animer
des rencontres, conduire des auditions avec nos parties prenantes (acteurs
associatifs, représentants institutionnels, chercheurs, partenaires académiques
et éditoriaux, observatoires) et rédiger des comptes rendus
Participer
à l’analyse et à la rédaction d’études.
Participer
à la valorisation des travaux de recherche sur le fait associatif
Contribuer
à la production de supports de communication et à leur diffusion (lettre
d’informations, articles, site internet, réseaux sociaux, …)
Appuyer
l’organisation d’événements
Contribuer
aux activités de reporting
participer
au suivi budgétaire
contribuer
au reporting et à l’évaluation des activités de l’Institut, à destination des
instances internes et des parties prenantes extérieures
Profil
‐ Capacité d’analyse et de synthèse ; curiosité, créativité et audace ; très forte autonomie ; sens relationnel et capacité d’animation ; capacités de communication écrite et orale ; goût pour le travail en équipe – Excellente maîtrise de l’Anglais professionnel (oral et écrit) ‐ Connaissance du monde associatif et du milieu académique – Esprit start-up !
Formation
– Diplômé(e) d’une grande école, Doctorat, Master 2, ou thèse dans le domaine associatif – Expérience : 0 à 3 ans
Conditions
– Selon profil candidat/e -‐ entre 29 000 et 31 000 € brut annuel – Il est prévu un Contrat à Durée déterminée de 18 mois, qui peut débuter au 26/08/19 – Lieu de travail : MILC, 35 rue Raulin, 69007 LYON.
Contact
CV et lettre de motivation (en précisant votre
dernière rémunération) sont à adresser à : recrutement@fpul-lyon.org avant le 30 juin 2019
Il fallait s’y attendre, mais est réapparu
dans les bagages des idées néolibérales, habitées toujours au fond par le mythe
de l »homo economicus,
le scientisme et sa volonté de tout expliquer par une raison qui n’a que de très
loin rapport avec une méthodologie cartésienne bien comprise.
Ad veritatem per scientiam, lisait-on au fronton de l’observatoire de Camille Flammarion, il y a deux siècles. Être moderne désormais, du moins en France, consiste donc à ressasser les idées développées par quelques physiocrates de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et quelques rationalistes du siècle suivant !
Les attendus et
arguments qui justifient les récentes ordonnances réformant le droit du travail
en France, sont à peu de chose près les mêmes que ceux de l’Édit de Turgot de
février 1776 puisque comme de nos jours, les « codes sont obscurs » ! À
l’instar de nos juges prud’homaux, les jurés d’alors ont besoin d’être encadrés
pour éviter que des sommes importantes soient dilapidées dans des procès (sic).
Bien entendu la
liberté de circulation de la main-d’œuvre est une bonne chose et il ne faut pas
craindre « que l’affluence subite d’une multitude d’ouvriers nouveaux ruine les
anciens, et occasionne au commerce une secousse dangereuse ». L’accueil des
travailleurs anglais, non pas chassés par le Brexit, mais alors par
l’Indépendance des colonies américaines, est une opportunité du moment qui
justifie des mesures particulières… « S’il y a un moment où l’on puisse espérer
d’attirer en France beaucoup d’ouvriers anglais, et avec eux une multitude de
procédés utiles inconnus dans nos fabriques, c’est celui-ci ! ».
L’innovation n’est
pas non plus en reste dans cet argumentaire contre l’organisation du travail
qu’on veut disqualifier car il existe des « difficultés multipliées que
rencontrent les inventeurs auxquels différentes communautés disputent le droit
d’exécuter des découvertes qu’elles n’ont point faites ». Même aussi et déjà,
sont remises en cause certaines formations professionnelles jugées inutiles, en
2016 c’était notamment celles des coiffeurs[1], car
« fermant la porte à tout ouvrier qui n’a pas passé par de longues épreuves, et
en général aux étrangers » écrit Turgot. Quant à Madame de La Fayette, elle n’a
qu’à bien se tenir[2] !
On pourrait s’en
arrêter là, dans ce rapide et instructif comparatif entre les textes dits
modernes et leurs devanciers d’il y a trois siècles que l’on vient de citer. Ce
serait oublier cette croyance, cette conviction même et affirmée en la
régulation optimale par le marché : « dans les lieux où le commerce est le plus
libre, le nombre des marchands et des ouvriers de tout genre est toujours
limité et nécessairement proportionné au besoin, c’est-à-dire à la
consommation ».
L’étude de
l’actualité est devenue un bain de jouvence pour un « moderniste » voire pour
un « contemporanéiste » au sens des historiens français, et qui les change de
l’habituelle référence aux années 1930, toujours largement exploitées par une
caste politique qui ignore généralement ce qui s’est passé avant. Les imbéciles
et les ignares croient toujours que leurs idées sont neuves et qu’ils sont des
innovateurs ! Les plus cyniques exploitent la méconnaissance générale et la crédulité
publique grâce à la complicité des médiocrates que l’information en continu
devenue un produit à vendre et donc une communication, a érigé en arbitre d’un
prêt à penser réduit aux émotions et aux lynchages.
À ce plagiat des
idées libérales initiées notamment par un Clicquot de Blervache dont le mémoire
sur les « obstacles que les
corps de métiers apportent au travail et à l’industrie, avait été
primé par l’Académie d’Amiens », (l’histoire offre quelques clins d »œil) en
1757, ce que l’on nomme néolibéralisme de nos jours, s’ajoute naturellement car
ils sont fils d’une même pensée, cet autre sophisme qu’est le « scientisme » !
Même si l’école autrichienne en économie a essayé de faire passer cette
doctrine pour celle du clan haï des « planificateurs » ou « collectivistes »,
il faut bien constater, tout en restant le plus impartial qui soit, que les
justifications « scientistes » se trouvent le plus souvent dans ceux qui
apportent de l’eau au moulin des produits les moins défendables des firmes
industrielles ! Car c’est effectivement dans le domaine de la santé que cette
alliance contre nature fleurit le plus et depuis bien longtemps. Les comités
Théodule dits de déontologie sont aussi myopes que des taupes (celui de
l’administration française semble vouloir s’illustrer par son aveuglement) et
sauf très rares exceptions, les déclarations obligatoires de liens d’intérêts
sont autant d’inutiles prétextes à une bonne conscience pharisaïque.
Mais les scientistes
en santé, ne sont pas seulement des affidés plus ou moins stipendiés des grands
groupes ou leurs dévots soumis par une mauvaise compréhension du « doute
méthodique », ils professent en outre « qu’en dehors de la connaissance
scientifique, aucune autre forme de connaissance n’est légitime[3] ».
L‘on est confondu devant tant de suffisance et de prétention alors que le
cerveau humain est encore si vaste à explorer, les interactions entre molécules
si inconnues qu’elles permettent une crise sanitaire comme celle du Levothyrox[4], que
les pratiques médicales des autres civilisations échappent pour beaucoup à nos
perceptions comme celles des médecines « dites alternatives » dont fait partie
l’homéopathie…
L’appel des 124
« médecins et professionnels de santé[5] »
contre les médecines alternatives, appelées « fake médecines » vaut son pesant
de suffisance, de vision limitée à un scientisme qui exclut toute ouverture à
des pistes à venir et des découvertes dans des champs jusqu’ici inconnus. Ce
relent de « vraie foi », qui en fait de véritables émules de Torquemada, nous
rappelle avec sourire que le Dr Georges Clemenceau, fier de son titre de
médecin, fut avec nombre de professionnels de santé, y compris de l’Académie de
Médecine, un virulent propagandiste de la « théorie de la génération
spontanée » contre la « découverte » des microbes de Pasteur, à qui on
reprochait de n’être même pas médecin ! Contre ces nouveaux inquisiteurs
agissant au nom des vérités qu’il faudrait démontrer avec une seule méthode,
c’est un rejet de tout découverte hors du connu.
Devant les plaies,
Saint Thomas a cru, mais un scientiste ne l’aurait pas fait car son présupposé
l’aurait empêché de faire même le constat puisqu’il va contre la vérité
scientifique du moment !
On est affligé devant
tant de suffisance qui démontre tant de vacuité et qui empêche en fait
l’expérimentation, le doute et la marche en avant. « Nous n’avons pas le droit
d’avoir un désir, quand la raison parle ; nous devons écouter, rien de plus ;
prêts à nous laisser traîner pieds et poings liés où les meilleurs arguments
nous entraînent » disait déjà Renan[6].
Ce n’est évidemment
pas cette religion de substitution qui rend serf que nous avons voulu
développer dans ce numéro en plaçant l’Intelligence comme principe,
l’« intelligence des choses » est bien autre et bien plus riche que ces
quelques 124 Diafoirus devenus Trissotin et il y a fort à parier que quelque
ministre ou Haute Autorité ne serve de Vadius !
Ce qui est indémontré
avec nos modestes connaissances du moment ne peut être voué aux gémonies par
quelque pédant ou quelque ayatollah !
C’est donc avec cette approche ouverte sur la multiplicité que nous continuerons à rejeter cette science-là en ne séparant pas ce qui la connaissance du laboratoire et celle du terrain ce que dénonce comme nous, Boris Cyrulnik car « Il n’y a pas d’intelligence froide. Il n’y a d’intelligence qui si elle est éveillée. Pour cela, il faut qu’il y ait des émotions et une relation ».
C’est ce que les deux dossiers de ce numéro présentent :
– « Intelligence
et perceptions » entend intégrer différentes approches fondées sur la
diversité des points de vue pour pouvoir appréhender cette part essentielle
dans les organisations que sont :
– « Investissements
et gouvernance », un lien ténu, lui-aussi circonstanciel du fait des
différentes cultures entrepreneuriales dans le temps et dans l’espace.
« Je crois que 2 et 2
sont 4 et 4 et 4 sont 8 » répond Don Juan à Sganarelle[7] qui
demandait à son maître à quoi il croyait.
Eh bien, en ce qui
nous concerne et parce que pour paraphraser Térence tout ce qui est humain ne
nous est pas étranger, et est aussi sciences de gestion, nous pensons aussi que
1 et 1 sont parfois 3 et que 2 et 2 sont parfois 5, et que tout cela est Intelligere : comprendre, penser, réfléchir, estimer, évaluer, percevoir… en
fait tout sauf rejeter l’altérité !
Et nunc, reges, intelligite, erudimini, qui judicatis terram[8] !
[8]. « Et maintenant,
rois de la terre, instruisez-vous, vous qui décidez du
sort du monde ! » Psaumes, 2, 10, cité par Bossuet dans son oraison funèbre
d’Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, 16 novembre 1669.
La Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’UNESCO et l’Académie des Sciences, vient d’annoncer l’ouverture de l’appel à candidature de l’édition 2019 des Bourses France L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science. Comme chaque année, cet événement est l’occasion de mettre en avant le travail de femmes en lien avec les activités de recherche.
Remise des Bourses France L’Oréal-UNESCO 2018
La Bourses France L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Sciences
Créé en 2007, ce programme a pour objet de révéler et récompenser de jeunes chercheuses talentueuses. Au total, 230 jeunes femmes ont bénéficié d’une Bourse France L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science depuis la création de l’événement.
En 2019, la Fondation L’Oréal remettra trente-cinq Bourses, dont au moins cinq seront exclusivement dédiées à des chercheuses effectuant leurs travaux de recherche dans les DOM-TOM :
d’un montant de 15.000 € chacune à des doctorantes,
d’un montant de 20.000 € chacune à des post-doctorantes.
Pour présenter sa candidature, une plateforme est mise à disposition. Vous y retrouverez le règlement des Bourses.
A noter que la date limite de dépôt des dossiers de candidature est le dimanche 14 avril 2019.
L’affaire
des « gilets jaunes » qui fleurit
en France depuis
la mi-novembre et semble
vouloir durer au moins jusqu’à
la fin de ce l’on appelle
le « Grand Débat », pose à l’évidence,
même si les élus poussent des cris d’orfraie, le principe de la
représentation, de sa légitimité, de sa durée et de ce fait de sa révocabilité.
Des tombereaux d’injures
et d’invectives se déversent de part et d’autre et n’enrichissent pas
le débat qui repose sur les questionnements de marketeurs aux ficelles trop grosses pour ne pas être vues même des plus partisans favorables !
« Plus c’est
gros, mieux ça passe
» du langage populaire qu’avait
repris Jacques Chirac est avec la poursuite de la « politique du pire
» une des réponses classiques. En effet, la poursuite
de la confrontation violente pour retrouver le soutien de ce que l’on peut
appeler la « petite bourgeoisie pusillanime » a souvent été utilisée en histoire, lorsque
se pose un problème
de légitimité du pouvoir.
L’histoire
du XVIIIe siècle nous rapporte que déjà en 1757,
Simon Clicquot de Blervache, avait remporté le prix de l’Académie
d’Amiens (ça ne s’invente pas !), en fustigeant les « obstacles que les corps de métiers apportent au travail et à l’industrie ». On récompensait déjà les auteurs « libéraux » appelés alors physiocrates dans la lignée
de Gournay et Turgot… qui écrivait
que « Les hommes sont puissamment intéressés au bien que vous
voulez leur procurer, laissez-les faire, voilà le grand, l’unique principe »!
Devant la crise qui montait avec le déficit
du pays, on envisagea tout, des «assemblées de notables » d’abord, en 1786-87 qui firent remonter certes des préoccupations, mais perdirent toute autorité
car engluées dans leurs divergences et le maintien de leur « autorité ». Les Parlements, alors hautes assemblées de justice, comme le sont
notre conseil constitutionnel ou notre
Conseil d’État, apparurent vite comme les défenseurs de leur caste
et perdirent leur influence… Il ne resta
plus
que les états-généraux avec la suite qu’on
connaît. L’histoire
ne se reproduit jamais à l’identique, mais les problèmes de légitimité de la représentation sont toujours les
plus graves et ne
se résolvent que par une action en profondeur.
C’est pour cela que ce 1er numéro de 2019, entièrement dédié au Marketing, s’ouvre par un dossier consacré aux innovations en marketing : « Un nouveau Business Model pour réussir la transition énergétique : quels impacts sur les relations producteur/ client ? » est d’une actualité brûlante, mais il se veut comme tous les articles choisis par les évaluateurs et la rédaction comme porteur de « durabilité » par une redéfinition de la relation producteur-client comme une combinaison de ressources à susciter et organiser et sur l’introduction de la notion de service orienté résultat nécessitant de revoir le jeu des parties prenantes en y introduisant tous les acteurs institutionnels et territoriaux de l’efficacité énergétique. Le e-marketing dans les associations et la prise en compte du rôle des femmes dans les conseils d’administration sont deux aspects développés chacun dans un article permettent d’introduire les représentations dans le marketing : le rôle de la mémoire des enfants dans le prix, l’image du point de vente, la personnalité de la marque, et l’uniformisation des services télécoms sont autant de points saillants qui permettent tout en nous situant dans une actualité brûlante d’apporter une méthodologie et des réponses adaptées et éclairantes dans un univers en recherche. C’est dans cet esprit que vient opportunément la chronique bibliographique : L’économie comportementale : entre faiblesses méthodologiques et idéologie que Bruno Tinel, fait à partir de l’ouvrage, paru aux éditions Charles Léopold Meyer de Jean-Michel Servet : L’économie comportementale en question !
Il est toujours
utile de confronter les idées et de ne pas se contenter
des apparences simplificatrices !
Une idée neuve, comme le bonheur, selon la formule de Saint-Just, remis au goût du jour par quelque révolutionnaire d’antichambre, telle est aussi, comme on l’a vu dans le précédent numéro, le
MANAGEMENT.
Il nous a donc paru cohérent
pour terminer l’année
2018, d’en explorer deux autres aspects afin de rester dans une démarche propédeutique.
Rappelons que pour l’essentiel des TPE et PME, le management
reste une idée vague, mal comprise et parfois rejetée comme propre
aux « gros » ou aux « grands » !
Telle n’est pas notre
conviction et les articles que nous proposons à la lecture,
permettent une grille
de lecture éclairante
et adaptable à toutes les organisations, petites
et grandes.
Le premier dossier : Contrôle et droit des entreprises, rappelle que le droit
n’est pas autre chose qu’un
élément de gestion de l’entreprise, même
si dans de nombreux enseignements de gestion, on l’oublie…Le droit
n’est pas que l’affaire
du spécialiste, et nombre d’entrepreneurs l’apprennent souvent
trop tard. Ivan Tchotourian et Jérôme Turcotte, de l’Université de Laval au Canada, en
décrivant « Le droit des sociétés au
service d’une gouvernance d’entreprise sociétalement responsable », ne décrivent pas seulement des sociétés et un droit qui nous seraient étrangers, ils démontrent que tout cela est le fruit d’une idéologie « qu’il convient
de remettre en cause
pour que les entreprises de demain soient
vectrices de progrès économiques, environnementaux et sociétaux. » Voilà
bien un apport concret
à un Débat national, aux questions biaisées
de mauvais marketeurs, qui oublient, mais savent-ils réellement ce qu’est le management, les
vraies questions fondées sur de
vraies compétences. Emmanuel Bayo, l’un des
meilleurs connaisseurs français du droit des coopératives, souvent
de petites et moyennes tailles, indique que celles-ci semblent mieux résister
aux défaillances que les sociétés
financières, pourtant seul
modèle de Bruxelles et de ses sectateurs les
plus zélés. Y aurait-il des solutions de pérennité des PME qui seraient
plus profitables à l’économie que celles
des adorateurs du « veau
d’or » du courant dominant ? Une jeune
chercheuse, enfin, a le courage, en s’appuyant sur la littérature et des entretiens avec des professionnels du secteur agroalimentaire, de proposer des solutions pour une gestion
durable de la chaîne logistique. Au moment où les scandales du lait, de la viande
de cheval, et bien d’autres cachés ou à venir,
viennent démontrer les limites de la
régulation par le marché, pourtant seule solution
vantée comme la panacée par des
candides et sans doute beaucoup de pervers
!
« Réflexions sur la prise de décision » en découle
logiquement. Le management a bien pour fonction de « faire avancer dans une direction
précise ». Que la planification puisse être une échelle de mesure avec
son apport multidimensionnel, ou que l’africanité
puisse avoir une incidence sur la prise en compte de la RSE dans la performance
globale, posent des modèles et
tentent d’apporter des « boîtes à outils », au manager. Deux chercheurs de
cette nouvelle Lotharingie souhaitée par Charles le Téméraire (Université de
Franche-Comté et de Université de Bourgogne), démontrent le rôle de l’attractivité affective du pays d’origine dans la démarche d’achat et ouvrent ainsi
des pistes au marketing international ! L’histoire et les rêves territoriaux ne sont donc pas vains
! Les deux derniers articles du dossier[1], ont été sélectionnés
lors de la 9è édition de l’International Finance
Conference qui s’est tenue à l’ISC Business
School[2] que nous présentions dans le numéro précédent, se sont parfaitement insérés. Le premier, par une étude de cas, nous apporte une vision un peu moins officielle sur l’indépendance et la
compétence des comités d’audit de nombreuses d’entreprises françaises. Le second analyse le dispositif de Bâle 2
concernant la détermination du capital réglementaire des banques. Tous
ces éléments qui importent
à la prise de décisionhttps://thema.u-cergy.fr/IMG/pdf/lfc9_official_program.pdf.
«Tout comme M. Jourdain
faisait de la prose, le mot d’origine anglaise, mais parfaitement inséré
dans notre langue française, management, est suffisamment vaste pour qu’on puisse tous à un
moment donné, le pratiquer sans le savoir.
Le bien pratiquer est une autre affaire !
Qui n’a en mémoire,
l’impressionnante idée d’« entreprise sans usine » du brillant polytechnicien
Serge Tchuruk, qui permit à Alcatel
de disparaître en tant que « leader mondial des télécoms »!
Car depuis l’américain Taylor, le français
Fayol, ou l’autrichien Peter Drucker, « Pape du management », il est bien clair
que le management est bien
l’ensemble des processus combinant la compétence, la capacité d’innovation et une organisation du travail en fonction du
facteur humain permettant de faire
progresser une organisation.
POCCC :
Prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler, symbole des fonctions
du « manager », telles
qu’Henry Fayol, reprises par
L. Urwick, les a décrites, sont devenues classiques. On exhorte
aujourd’hui les
entreprises à faire
preuve d’innovation en termes
de management.
5, 6… 8 fonctions clés… ?
Si ces
notions ont un sens et même sont pratiquées par
certains grands groupes, grâce aux brillantes cohortes de diplômés
de MBA qu’ils recrutent, avec les succès
qu’on connait parfois,
comme aime à le souligner Henry Mintzberg, qui a toujours notre
adhésion, les fonctions mêmes du management
sont généralement méconnues des TPE et des PME.
Le management : une question
(toujours) neuve ?
Voilà pourquoi ce numéro essaie, à sa modeste place, après
une remise en perspective que présente Baptiste Rappin, Brève Histoire cybernétique du management contemporain, de
placer trois illustrations concrètes visant
à faire comprendre la richesse du management. Grace Moussaid,
publie un processus repreneurial
original, celui de la veuve. Cet
article passionnant est émouvant puisqu’il est aussi le dernier que notre ami, le professeur Robert Paturel, nous avait adressé avant sa tragique disparition.
Deux jeunes auteurs prometteurs, formés sous le harnais de Jean-Marie Peretti, nous
rappellent que le management concerne aussi les collectivités territoriales et que l’employabilité et la fidélisation des agents sont
une question sensible
! Ce dossier se termine par les travaux
de Joël Gouteron, en marketing, sur l’attachement ou de l’implication ?
Fidèle
à notre ouverture à la recherche qui se fabrique, nous présentons dans ce numéro, un dossier sur la « gestion
des réseaux » par trois contributions sélectionnées[1] lors de la 9e édition de
l’International Finance Conference qui s’est tenue à l’ISC Business School[2].
Finalement le management a pour fonction de diriger : « faire avancer dans une direction précise », et gérer, c’est- à-dire direction et gestion…