Sur le canton de Limours (Essonne), socialistes et sympathisants ont participé en octobre 2012 à une Conférence-Débat : « Quels modèles économiques pour sortir de la crise ? » avec Daniel Bachet et Philippe Naszàlyi* qui est toujours d’actualité.
Les auditions du Lem : Philippe Naszalyi – l’autre finance
Le Lem recevait Philippe Naszalyi à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage co-écrit avec Daniel Bachet : L’autre finance. Existe-t-il des alternatives à la banque capitaliste ?
Les auditions du Lem – Philippe Naszalyi – l… par LEMpcf
Journée LITEM – Enjeux et perspectives de la publication en français en sciences de gestion

Laboratoire en Innovation, Technologies, Economie et Management
Recherche organisée dans le cadre de la Journée LITEM
Telecom Ecole Management, Grenoble Ecole Management et Université d’Evry-Val d’Essonne
jeudi 26 mars 2015
sur le Campus de Télécom Ecole de Management (Evry)
PROGRAMME
Inscription obligatoire
Plan Vigipirate – une pièce d’identité sera demandée à l’entrée
Enjeux et Perspectives
de la publication en français en sciences de gestion
en partenariat avec
50 ans d’innovations
Depuis cinquante ans, La Revue des Sciences de Gestion – Direction & Gestion des entreprises vise à offrir une tribune à des recherches originales en gestion. Sans se limiter à une thématique, sans exclusivité disciplinaire, sans parti-pris méthodologique, LaRSG privilégie les articles innovants.
A l’occasion de l’anniversaire de la parution du 1er numéro (mars-avril 1965), cette journée d’étude aborde les enjeux et les perspectives de la publication en français en sciences de gestion.
Elle accueille à dessein des communications originales qui ne trouvent pas nécessairement leur place dans les canaux académiques traditionnels de diffusion. Qu’elles se situent à la frontière de plusieurs disciplines, qu’elles concernent des thématiques émergentes pour lesquelles les champs institutionnels ne sont pas encore constitués, qu’elles fassent entendre des voies dissidentes par rapport aux théories bien établies, les propositions de communication sont considérées avec bienveillance, dès lors qu’elles sont stimulantes et rigoureuses.
Les recherches réflexives sur les pratiques professionnelles de la communauté académique sont particulièrement bienvenues mais, à l’image de la politique éditoriale de La RSG, toute recherche innovante peut être proposée.
Programme provisoire
8h30 – 9h00 Accueil des participants
9h00 – 9h30 50 ans de publication francophone en gestion
Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion-direction et gestion des entreprises)
- « Le dogmatisme, voilà l’ennemi ! »
Aude d’Andria (Rédactrice en Chef de La Revue des Sciences de Gestion – LITEM – UEVE)
Chantal Ammi (Directrice du LITEM – TEM)
9h45 – 11h15 Sessions parallèles : Ateliers 1-2-3 et 4
Atelier 1 : Publications et référencements
Présidente : Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)
- Droit et gestion : la pluridisciplinarité à l’épreuve de la non reconnaissance des publications juridiques d’enseignants-chercheurs rattachés aux départements de gestion
Emmanuel Bayo (ESSCA Ecole de Management)
- La publication au Maroc
Hayat El Adraoui (Université Hassan II, Casablanca)
- La recherche et la publication francophone en management stratégique
Mouhoub Hani (IRG – Université Paris-Est Créteil)
- L’Afrique, un continent en marche vers une constitution de bases de données d’entreprises : une application aux entreprises camerounaises
Nadège Ingrid Gouanlong Kamgang (Université de Ngaoundéré-Cameroun)
Atelier 2 : Quelles nouvelles pistes en entrepreneuriat ?
Présidente : Aude d’Andria (LITEM-UEVE-rédactrice en chef de LaRSG)
- Etude de la motivation entrepreneuriale des jeunes entrepreneurs de la génération Y
Inès Gabarret (EDC Paris Business School) et Pascal Etzol (EDC Paris Business School)
- Bricolage et effectuation dans les pratiques d’accompagnement des petits incubateurs
Annabelle Jaouen (Montpellier Business School), Walid A. Nakara (Montpellier Business School), Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)
- Sur l’intrapreneuriat dans le champ de la stratégie : quelques implications épistémologiques
Aurélie Ewango-Chatelet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
- Le projet est mort, vive le projet ! Le rôle de l’effectuation dans la survie des entreprises en création
Benjamin Vedel (IAE Lille, École universitaire de Management), Florence Law (EDC Paris Business School) et Inès Gabarret (EDC Paris Business School)
Atelier 3 : Recherche et action
Président : Chantal Ammi (LITEM-TEM)
- Une démarche innovante de recherche-action : le voyage apprenant
Elizabeth Poutier (ESSCA Ecole de Management) et Valérie Billaudeau (Université d’Angers)
- Une approche philosophique de la responsabilité sociale du chercheur
Jean-Jacques Pluchart (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
- Réflexivité et éthique du chercheur dans la conduite d’une recherche intervention
Pascale Château-Terrisse et al. (Université Paris-Est Marne-la-Vallée, IRG)
- L’évaluation des compétences orthographiques lors du processus de recrutement : une analyse expérimentale des décisions et des discours d’un échantillon de recruteurs
Christelle Martin-Lacroux (Université de Toulon)
Atelier 4 : La finance, toujours des questions ?
Président : Fredj Jawadi (LITEM-UEVE)
- La contagion des crises financières à travers l’interdépendance de long terme des marchés des actions
Nadhem Selmi (Université de Sfax) et Nejib Hachicha (Université de Sfax)
- Une refonte des enseignements et de la recherche en finance
Catherine Karyotis (Neoma Business School), Denis Dupré (Université de Grenoble), Emmanuel Raufflet (HEC Montréal) et Sharam Alijani (Neoma Business School)
- La relation entre la politique d’endettement et la gestion du résultat
Safa Lazzem (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis)
11h30 – 13h00
Table ronde n°1 : Publication et évaluation de la recherche
animée par Sylvie Chevrier (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée)
Participants :
- Jean-François Chanlat (Université Paris-Dauphine)
- Claude Martin (Président du réseau PGV, Université Pierre Mendès France deGrenoble)
- Eric Pezet (Université Paris Ouest, Nanterre La Défense)
- Eric Séverin (IAE de Lille, Ecole universitaire de Management)
13h00 – 14h15 Buffet-Déjeuner
14h30 – 16h30
Table ronde n°2 : La publication scientifique francophone et la vie des entreprises
animée par Philippe Naszályi (Directeur de La Revue des Sciences de Gestion– LITEM-UEVE)
Participants :
- Gérard Chevalier (président de Cybel)
- Lionel Ferraris (Directeur du Développement Durable, des Achats et de l’Immobilierde l’UCANSS)
- Patrice Noailles (auteur et ancien conseiller du Ministre de la Recherche, Seillans Investissement)
- Thierry Perdereau (Président de l’Association des Acteurs Economiques de l’Arpajonnais)
16h30 Clôture de la journée par M. Denis Guibard, directeur de Télécom Ecole de management et pot du cinquantenaire
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Comité d’organisation : Chantal Ammi, Aude d’Andria, Sylvie Chevrier, Philippe Naszályi, Eric Séverin, Yves Soulabail, Thibaut Daudigeos, Romain Zerbib
Comité scientifique :
– Amina Bécheur, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Sami Ben Larbi, Université de Toulon/Kedge Business School
– Martine Brasseur, Université Paris Descartes
– Didier Chabaud, Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse
– Amélie Clauzel Charbaut, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
– Andrée De Serres, ESG, Université du Québec à Montréal, GIREF
– Delphine François-Philip de Saint-Julien, Université Versailles St Quentin
– Inès Gabarret, Ecole des Dirigeants & Créateurs d’entreprise, Paris La Défense
– Fredj Jawadi, Université d’Evry Val d’Essonne
– Annabelle Jaouen, Groupe Sup de Co Montpellier-Montpellier Business School
– Vassili Johannidès, Grenoble École de Management / Queensland University of Technology
– Catherine Léger-Jarniou, Université Paris Dauphine
– Jérôme Maati, IAE de Lille, Ecole universitaire de Management
– Olivier Mamavi, ICD/LARA, groupe IGS
– Olivier Meier, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Maria Mercanti-Guérin, Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris
– Gilles Paché, Aix-Marseille Université
– Serge Raynal, Université du Québec à Chicoutimi
– Evelyne Rousselet, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Michel Roux, Groupe international de recherche en éthique financière et fiduciaire (GIREF)
– Sylvie Scoyez, IAE de Valenciennes
– Pascale Terrisse, Université Paris-Est Marne la Vallée
– Benjamin Vedel, IAE de Lille, Ecole universitaire de Management
Leclerc-Fournier : L’hyper duel / le making-off avec Paul Dubrule
Documentaire exceptionnel
sur france5 le jeudi 5 mars 2014 à 21:35
Leclerc-Fournier : L’hyper duel
On savait Paul Dubrule très ouvert à l’échange sur les évolution du commerce et prompt à commenter l’actualité du secteur… Lire la suite
L’hyper duel entre Edouard Leclerc et Marcel Fournier – sur france 5 le jeudi 5 mars 2014 à 21:35
Documentaire exceptionnel
Leclerc-Fournier : L’hyper duel
C’est l’histoire d’une lutte sans merci entre Marcel Fournier, le fondateur de Carrefour et Édouard Leclerc, l’épicier militant. En 1959, le bras de fer qui s’engage entre les deux hommes, sur fond de combat idéologique, de coups marketing et d’affrontements sur leurs implantations de magasins, donne naissance à deux géants du commerce hexagonal. Marcel, le savoyard au destin de commerçants tout tracé, rêve de commerce à l’américaine. Pour casser les prix, il devient le champion des économies d’échelle. Édouard, le breton qui aurait dû devenir militaire au prêtre trouve sa vocation : aider les Français de l’après-guerre à manger mieux en dépensant moins. Sa méthode ? Vendre au prix de gros en supprimant les intermédiaires. Les stratégies opposées de ces deux pionniers de la grande distribution vont bouleverser, en moins de 20 ans, les modes de consommation des Français et les rendre accro au prix cassés.
Plus de détails sur le site Carrefour Un combat pour la liberté
Documentaire : Duels – saison 2
Jeudi 5 mars à 21h35 – 52 minutes
Présentation Annick Cojean
Réalisation : Philippe Allante
Conseiller historique : Yves Soulabail
Production : Nilaya Productions
Avec la participation de France Télévision
Visionnage pour la presse, nous contacter.
Des mots de… Bernard Maris, un mois après
Dans l’émission Des mots de minuit, de Philippe Lefait, Bernard Maris revient notamment sur le rôle de l’Etat face aux entreprises privées (16:30).
Un ami nous dit
“Cet entretien de Philippe Lefait avec Bernard Maris, à propos “d’Houellebecq économiste“, évoque des maux vrais, des mots lucides.
Et dans l’air du temps ambiant, j’ai la sensation que sa liberté de penser risque de nous manquer, tout comme certains coups de crayon de ses collègues qui sont tombés sous la mitraille, il a déjà un mois.” Merci à Philippe A. pour ce message important.
Nominés du 28e PRIX TURGOT
Vœux de LaRSG
13-14 septembre 1515 – Victoire de Marignan
26 mars 1965 – 1er numéro de direction et gestion des entreprises… La Revue des Sciences de Gestion
500 ans après ou 50 ans après… 2015 une année de grands anniversaires !
Philippe Naszalyi
Directeur de La Revue des Sciences de Gestion,
direction et gestion des entreprises
et la rédaction
souhaitent que l’année 2015
soit elle-aussi une grande et bonne année pour vous !
Que pensait Bernard Maris des grandes entreprises et des patrons ?
Bernard Maris évoquait également la “morale” de l’économie…
« Nous sommes tous des Charlie »
Nous condamnons fermement l’attentat terroriste perpétré ce mercredi 7 janvier 2014 contre le siège de Charlie Hebdo et qui a coûté la vie à au moins 12 personnes, journalistes et policiers, sans compter d’autres victimes.
Journalistes professionnels réunis dans diverses associations, nous réaffirmons notre attachement indéfectible à la liberté d’expression et de pensée sans laquelle toute vie en société et toute démocratie sont impossibles.
Nous tenons à exprimer notre soutien à Charlie Hebdo, aux familles et aux proches des victimes touchées par cet acte ignoble. Il ne nous empêchera pas de poursuivre notre devoir d’informer librement.
Association de la Presse Présidentielle (APP) ; Association de la Presse Ministérielle (APM) ; Association de la Presse Diplomatique française (APDF) ; Association des Journalistes Economiques et Financiers (AJEF) ; Association des Journalistes Parlementaires (AJP); Association des Journalistes de l’information sociale (AJIS) ; Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) ; Association des journalistes de l’Environnement (AJE); Association des journalistes de l’énergie (AJDE) ; Association des journalistes Médias (AJM).
Thierry Henry est un banquier : il en sera blâmé, par Yves Soulabail
Petit poème de fin d’année à l’usage de la réflexion bancaire concernant “la main” de Thierry Henry
Lui qui portait couleur de France,
Et qui depuis sa tendre enfance,
Avait su que pour sa pitance,
Il fallait garder confiance,
Avec tous, qui lui donnaient…
Le voilà qu’il vient de prendre,
Avec défiance, à rien comprendre,
Alors qu’il devait surtout surprendre,
Il mettra une vie à le suspendre,
Ce réflexe pourtant si laid…
Il avait voulu gagner,
Comment ce fameux banquier,
Et mettre en cage pour amasser,
Sans jamais pouvoir l’emporter,
Ce fameux geste qui porte-monnaie…
De passage à Londres, une église s’effondre, par Yves Soulabail
On parle de Toi, Oh Cathédrale St. Paul
Voilà qu’aujourd’hui,
En crapaütant
Dans le vent
et sans la pluie,
Je fus surpris
Par ce Mendiant,
Devenu Marchant
Pour la vie.
Lui qui baisait,
Pour soulager,
Pieds d’étrangers,
A l’instant venaient
Faire tinter monnaie
Pour l’encaisser
Dès l’entrée,
Ce qui est laid.
Aujourd’hui seul l’office de tourisme
Fit ce truisme de donner ce paradis : un guide.
Entrée payante à la Cathédrale St. Paul
n°269-270 Coopérations
Editorial : « Coopérations »
par Philippe Naszályi – Directeur de La RSG

Le titre de ce numéro de fin 2014, n’est pas seulement dû à la présence du cahier central consacré aux coopératives. La rédaction a entendu privilégier, en marketing ou en RSE, en finance ou en ressources humaines, en stratégie ou en organisation, des contributions qui démontrent que co-construction, collaborations, compromis même, des coopérations donc, sont un élément constitutif fondateur de l’entreprise telle que nous la concevons.
Deux jeunes auteurs, Julien Granata et Pierre Marquès(1), viennent d’ailleurs de faire connaitre au public francophone, le néologisme que constitue le mot « coopétition ». Le mot est issu de la théorie des jeux. Il entend mettre en évidence ces situations, ignorées par les théoriciens de la compétition hélas à la mode, comme Porter, mais qu’on rencontre souvent. J’entends celles où le résultat de la collaboration entre deux joueurs en compétition sera supérieur à celui qu’ils auraient pu obtenir par une pratique classique de concurrence. Il s’agit de remplacer les attitudes de type « gagnant-perdant » (l’un remporte tout et l’autre rien) par des attitudes « gagnant-gagnant » (tous les adversaires devenus ainsi partenaires, gagnent quelque chose). C’est un paradigme, né comme il se doit en gestion de la pratique, celle du P-DG de Novell, Raymond Noorda qui le premier utilise le terme « co-opetion » en 1992. Adam M. Brandenburger d’Harvard et Barry J. Nalebuff de Yale en offrent, en 1996, un développement théorique(2).
Le réseau de valeur : source : Julien Granata et Pierre Marquès, page 10.
La coopétition, stratégie opportuniste ou machiavélique au sens littéral et non péjoratif, offre des voies d’application qu’il ne sera pas inutile de travailler en sciences de gestion. Les « cartes d’infidélité » que l’on rencontre aux États-Unis ou dans certains pays européens, procèdent de cette idée. En effet, pour écarter un consommateur de Starbucks, quoi de mieux que de l’habituer à fréquenter des établissements similaires au sien, certes concurrents, mais finalement dans le même esprit de qualité du café et lui offrir pour le fidéliser un dixième café gratuit. Cela crée un niveau de concurrence acceptable, celle que l’on ne peut éradiquer et amène à une union face à un géant qui lui, est mortel pour tous les « petits » cafés. C’est une véritable coopétition(3).
Dans un tout autre secteur, Romaric Servajean-Hilst et Frédéric Le Roy, dans un article du Monde, consacré à Alstom la prônent avec conviction. Les deux chercheurs en gestion y voient même l’alternative à la braderie de ce fleuron industriel hexagonal et le moyen « d’arrêter l’hémorragie des savoir-faire français ». «Les exemples de réussite » écrivent-ils « de projets industriels basés sur la coopétition sont légions. Les programmes Airbus, Eurocopter ou Ariane sont tous, à l’origine, fondés sur la coopération entre concurrents. Sans le recours à la coopétition, aucune des entreprises européennes impliquées dans ces projets n’avait la taille suffisante pour affronter les marchés mondiaux. (4) ». Louis Pouzin, ingénieur, polytechnicien, Président d’honneur de la société française de l’Internet ne dit pas autre chose. Cet homme méconnu en France, est considéré par les Anglo-américains comme l’un des pères d’Internet. Il a inventé le « datagramme », ces sortes de petits paquets d’informations circulant librement et indépendamment sur un réseau, avant d’être recomposés en bout de course. Ses travaux ont été repris par Vinton Cerf pour créer le protocole de transmission TCP/IP. S’inspirant d’arpanet, il a développé en Europe, le réseau « Cyclades » à partir de 1971. On doit évidemment au successeur de Georges Pompidou d’avoir mis un terme à cette expérience de coopération, jugée « trop universitaire » et pas assez « industrielle ». On sacrifia la recherche fondamentale comme on continue de le faire bien souvent, au profit du gain, certes important, mais immédiat et limité qu’était le minitel. « Nous aurions pu être parmi les pionniers du monde Internet (…), écrit Maurice Allègre, « nous n’en sommes que des utilisateurs, fort distants des lieux où s’élabore le futur »(5). » On sait en revanche ce qu’en ont fait les Américains. Ce projet européen, tué dans l’œuf par le « libéralisme avancé » et la cabale des ingénieurs des télécoms, était pourtant un bel exemple de coopération. Poussées par le désir gaullien d’indépendance face à l’Amérique, les firmes européennes s’unissaient en un consortium C2I. Olivetti, Philips, Siemens ou l’anglais Place s’alliaient à un CII, renforcé de Bull pour faire bonne mesure ; déjà une coopétition innovante.
À l’instar de Richard D. Lewis qui pense que « la question vitale est de savoir comment l’esprit est culturellement conditionné…(6)», Louis Pouzin préside le conseil d’administration du Native Language Internet Consortium (NLIC) dont l’objectif est de promouvoir des technologies de gestion multilingue du Réseau. L’ingénieur français estime ainsi que « s’attaquer au monolinguisme d’Internet, c’est s’attaquer à l’hégémonie américaine sur Internet. Voilà encore quelques années », poursuit-il, « les Américains légitimaient par un baratin technique la nécessité de faire fonctionner le système d’adresses du Réseau (le Domain Name System, ou DNS) avec des caractères latins non accentués. Il n’y a aucune nécessité technique à cet état de fait » (7). Le réseau est de fait, sous le contrôle de l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation de droit californien qui est chargée depuis 1996, de relier les noms de domaine (assigned names) et les adresses IP (numbers). « L’Icann, monopole autoproclamé, prétend qu’il n’y a qu’une seule racine, dont Verisign assure le fonctionnement, par contrat avec le département du commerce (DOC) étasunien. Toute modification de cette racine doit être approuvée d’abord par l’Icann, puis par le DOC. En réalité, il existe de nombreuses racines créées par d’autres organismes, pour permettre aux internautes d’utiliser des sites dont, pour diverses raisons, les TLD (Top Level Domain) n’existent pas dans la racine Icann » explique encore Louis Pouzin(8). L’Icann a assoupli sa position en 2014. Toutefois, il a longtemps imposé un alphabet américain (l’ASCII), inaccessible à des milliards d’êtres humains utilisant d’autres alphabets (russes, chinois, arabes, indiens, etc.) ainsi qu’un modèle économique qui reste très contestable : la location des noms de domaine. C’est à l’évidence, un sérieux avantage qui permet au Gouvernement étatsunien de disposer de la capacité technique d’espionner la toile mondiale. L’Icann et ses correspondants comme l’Afnic(9) en France, contrôlent les serveurs racines d’Internet. Cela permet aux internautes – 3,07 milliards en 2015, soit 42,4% de la population mondiale (10) – de trouver en quelques clics leur chemin sur les millions de serveurs hébergeant des données sur la toile. A l’heure des « grandes oreilles » de la NSA, de l’espionnage d’hommes ou de femmes d’État, mais aussi d’entreprises innovantes, la menace est à prendre très au sérieux et les solutions alternatives toujours à privilégier. 2015 doit être l’année de « la création d’une organisation chargée de superviser tout ou partie des fonctions de gestion de la racine à la place du gouvernement américain »(11). A 84 ans, le lauréat du prix « Queen Elizabeth for Engineering » 2013(12), le Prix Nobel de l’ingénierie, n’entend donc pas laisser à d’autres cette opportunité. Il est aujourd’hui à l’origine d’une « start up », Open Root, qui se veut une solution alternative à celle de l’Icann puisque le sujet est d’actualité.
Cela suscite comme toujours, la résistance des « titulaires de la rente », agrippés à leur pré-carré et les moqueries des suiveurs, ces « matons de panurge », selon la formule de Philippe Muray. Les mauvais choix français et de ce fait, européens, des années 1975 et suivantes sont lourds de conséquences. « Ce sont les rentes académiques (qui) induisent des rentes financières. » (13) et la baisse des crédits à la recherche fondamentale aboutit toujours à terme, à la régression et à l’obsolescence. « Innovation » comme le parcours de Louis Pouzin le rappelle, rime évidemment avec « coopération », car « Internet n’aurait pas été aussi mondial s’il n’avait pas été conçu et développé par une multiplicité d’équipes issues de divers domaines »(14). C’est l’un des credo de notre revue depuis 50 ans. « Pour faire changer les choses, pour inciter les scientifiques à réfléchir au système, il faut créer un journal, sinon la communauté scientifique n’existe pas. La presse scientifique a un rôle de connaissance sociale. Si vous voulez rendre le changement possible, il faut créer un journal. La science est un monde ouvert. Si vous êtes isolés des autres, ce n’est pas favorable au développement des innovations, de la créativité collective »(15). Il est toujours bon de le rappeler tant les vents contraires soufflent toujours de très mauvaises solutions. Nous appartenons à ceux qui « en France et à l’étranger… pensent qu’il y a des voies fécondes en dehors du mainstream américain. »(16) Les articles de ce numéro double de nouveau, tant il y avait matière à publier, s’articulent autour d’un cahier central et de deux dossiers thématiques. Nous avons confié à des chercheurs du jeune laboratoire LITEM(17) dont le cœur de la recherche est l’innovation, Sandrine Ansart, Stéphane Jaumier, Séverine Le Loarne et Virginie Monvoisin de Grenoble École de Management, le soin de sélectionner et d’ordonnancer un dossier sur les coopératives, à partir des travaux d’un workshop dont notre revue était partenaire en décembre 2012, à Grenoble. Comme nous aimons à le faire, cette réflexion, née des communications et des échanges au cours d’une journée de réflexion, a maturé pour aboutir à ce travail en six articles, qui est présenté ; finis coronat opus. Mon prédécesseur, Jean-Pierre Gravier, disparu il y a bientôt dix ans, et qu’en ce cinquantenaire de notre revue il convient plus particulièrement de ne pas oublier le rôle fondateur, avait coutume de dire qu’un article soumis à notre revue et qui ne peut attendre plus d’un an, n’est pas un article pour elle, car elle privilégie la solidité de la recherche à l’information immédiate qui s’apparente de plus en plus à la communication et son asservissement aux commanditaires. « La presse spécialisée s’inscrit dans la durée. C’est une presse qui va tranquillement, dans le bon sens du terme, vers la durabilité. »(18) Les « coopératives » sont enchâssées, si j’ose la métaphore, dans deux puissantes thématiques liées : « constructions et collaborations entrepreneuriales » qui réunit quatre contributions pluridisciplinaires et « comportements et responsabilité sociale » que nous avons ordonné autour de six approches territoriales ou sectorielles. Le Réseau des Pays du groupe de Vysegrad (PGV), partenaire de notre revue, célèbre le 20e anniversaire de sa création. Coopération de chercheurs et coopération de pays, il est à lui seul emblématique de ce numéro. L’article qui interroge « La cohésion européenne », proposé par son fondateur, Claude Martin qui, depuis 1977, accompagne notre revue de recherche, nous paraissait symbolique de l’esprit que nous entendions donner à ce numéro. Il l’introduit donc. « Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun ; en s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant » est l’ambitieux programme, l’utopique programme que le Contrat social assigne, c’est celui à n’en pas douter des coopérations !
_________________________________________________
- Julien Granata et Pierre Marquès (2014), Coopétition : s’allier à ses concurrents pour gagner, Pearson, 215 pages.
- Adam M. Brandenburger and Barry J. Nalebuff (1996), Co-opetition by, Currency/Doubleday, 290 pages.
- http://www.merkapt.com/entrepreneuriat/business_model/la-coopetitioncomme-strategie-dinnovation-de-sa-concurrence-4800.
- Romaric Servajean-Hilst, et Frédéric Le Roy, Alstom : la « coopétition », une alternative à la vente. Il faut arrêter l’hémorragie des savoir-faire français, Le Monde Editions, 20/06/2014.
- Courrier des lecteurs du Monde, en 1999 cité dans http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html#pf78Hgu3W14exuTv.99
- Richard D Lewis. (1996), When Cultures Collide : Managing Successfully Across Cultures; published by Nicholas Brealey, London, 2nd edition (2001).
- http://www.lemonde.fr/technologies/article/2006/08/04/louis-pouzin-l-homme-qui-n-a-pas-invente-internet_801052_651865.html
- http://www.silicon.fr/open-root-louis-pouzin-internet-gouvernance-79985html#IJFHoIdmcdy51xuT.99
- Association française pour le nommage Internet en coopération.
- http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/le-nombre-d-internautesdans-le-monde-en-2015-1114.shtml
- Mathieu Weill (Afnic) : « Nous restons préoccupés par les dysfonctionnements de l’Icann », propos recueillis par Pascal Samama, 01net, 31 octobre 2014. http://www.01net.com/editorial/630234/mathieu-weill-afnic-nous-restonspreoccupes-par-les-dysfonctionnments-de-licann
- Le prix Queen Elizabeth for Engineering, en 2013 récompense cinq ingénieurs, créateurs d’Internet et du Web pour leur innovation qui a révolutionné la manière de communiquer et permis le développement de nouvelles industries. Ce sont : Louis Pouzin, Robert Kahn, Vinton Cerf, Tim Berners-Lee et Marc Andreesen.
- Jean-Claude Thoenig : Décider, gérer, réformer. Les voies de la gouvernance. Revue Sciences humaines, n° 44 (hors série), mars-avril-mai 2004.
- http://www.01net.com/editorial/589033/le-francais-louis-pouzin-recompense-par-le-prix-queen-elizabeth-for-engineering
- Prononcé par Marion Guillou, Polytechnicienne, Ingénieur Général des Ponts, eaux et Forêts et docteur en Sciences de l’aliment, Présidente d’Agreenium, établissement Public de Coopération pour l’enseignement et la recherche, en agriculture, alimentation et environnement, ancienne présidente de l’Inra, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.
- Michel Berry, (2003), Classement des revues : le CNRS va-t-il perdre son âme ? Lettre ouverte au CNRS.
- Laboratoire en Innovation, Technologie, Economie et Management, créé en juillet 2013.
- Prononcé par Thierry Jeantet, directeur Général d’Euresa (Groupement européen d’Intérêt économique rassemblant 14 mutuelles et coopératives d’assurance européennes rassemblant 23 millions de sociétaires). Il est Président de l’association des rencontres du Mont-Blanc-Forum International des dirigeants de l’économie Sociale depuis octobre 2005, lors du 40e anniversaire de la FNPS, Paris, 25 novembre 2014.
La mort du JUGE MICHEL
Hors de nos habitudes, nous souhaitions porter à la connaissance de nos lecteurs un ouvrage événement…
33 ans après, contre-enquête sur l’assassinat d’un magistrat marseillais
De novembre 1980 au 21 octobre 1981, de Palerme à Marseille… 300 pages séquencées comme un polar, des dialogues précis et percutants. Rappel des faits…













